Ajoutés au Seigneur

O. Demaurex

L'union de Christ et de l'Église dans le livre des Actes

Il est toujours rafraîchissant de revenir aux premiers chapitres du livre des Actes des Apôtres. On y trouve l'expression pratique de l'union de Christ et des siens. Dans les premiers temps du christianisme, la communion des saints résulte directement de l'enseignement du Seigneur et de ses apôtres après lui. Cela nous encourage à revenir au fondement de notre foi concernant l'Église, corps de Christ.

«Étant assemblé avec eux»

Le premier chapitre s'ouvre sur une scène pleine de douceur et de force, dans la présence du Seigneur ressuscité, «assemblé avec eux» pour leur commander «de ne pas partir de Jérusalem, mais d'attendre la promesse du Père: … vous serez baptisés de l'Esprit Saint dans peu de jours» (versets 4 et 5). Avant de les quitter, Jésus s'est présenté à ses disciples réunis, il s'est joint à leur rassemblement pour confirmer ses paroles et leur donner des ordres. Sa présence personnelle au milieu des quelques-uns qu'il attire à lui est le vrai centre de ralliement des croyants. Elle est le bien le plus précieux et le motif à la fois unique et pleinement suffisant pour être assemblé à son nom. De grandes bénédictions en découlent. «C'est là que l'Éternel a commandé la bénédiction, la vie pour l'éternité» (Psaumes 133).

Il s'ensuit d'importantes conséquences et des responsabilités, les chapitres suivants en témoignent.

Après le départ de leur Maître, le petit noyau de fidèles se réunit dans la chambre haute où demeurent les disciples, pour persévérer avec eux «d'un commun accord dans la prière» (Actes des Apôtres 1:14). Telle est la première condition pour que la promesse s'accomplisse. Au jour de la Pentecôte, nous les retrouvons «tous ensemble dans un même lieu» (2:1). Le Saint Esprit descend sur eux et les remplit. Le Consolateur se trouve dès lors sur la terre au sein de l'Église. Il exerce sa mission divine, comme le Seigneur l'avait enseigné: «Il vous conduira dans toute la vérité… Celui-là me glorifiera; car il prendra de ce qui est à moi et vous l'annoncera. Tout ce qu'a le Père est à moi…» (Jean 16:13, 14). Selon la promesse de Jésus, il en sera toujours ainsi: par l'action de l'Esprit Saint dans le croyant et au milieu de l'Assemblée, Christ sera glorifié. Par son opération si diversifiée et si complète (1 Corinthiens 12:11), l'Église pourra bénéficier de tous les dons nécessaires. Elle aura ce qu'il faut pour croître comme un édifice vivant, pour l'accomplissement du conseil divin, «jusqu'à ce que nous parvenions tous à l'unité de la foi et de la connaissance du Fils de Dieu, à l'état d'homme fait, à la mesure de la stature de la plénitude du Christ» (Éphésiens 4:13).

Le but merveilleux de Dieu pour l'Assemblée, qu'il a acquise par le sang de son propre Fils (Actes des Apôtres 20:28), était de l'unir à lui, la tête glorifiée dans le ciel. Et maintenant, il l'enseigne par l'Esprit Saint présent sur la terre. Nous nous sentons humiliés en considérant la grande réalité de cette union, dont pourtant nous sommes si peu conscients, et que l'histoire de la chrétienté semble avoir continuellement bafouée. Mais, nous le savons, rien ne saurait contrecarrer le propos éternel de notre Dieu.

Trois mille âmes ajoutées à l'Assemblée

Après la prédication de l'apôtre Pierre, nombreux sont ceux qui furent baptisés, ayant reçu sa parole avec foi. Environ trois mille âmes, est-il dit, furent «ajoutées» (2:41). Cette expression est caractéristique de ce deuxième chapitre des Actes, qui marque le début de l'histoire du christianisme. «Sur ce roc (Christ le Fils du Dieu vivant) je bâtirai mon assemblée», avait annoncé Jésus à son disciple Pierre (Matthieu 16:18). Aussi lisons-nous plus loin: «Le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés» (Actes des Apôtres 2:47). Il s'agissait d'abord de Juifs convertis, de ce pieux résidu d'Israël qui avait reçu le Messie rejeté par le peuple incrédule.

Le verbe «ajouter» nous parle déjà de l'union vitale des pierres vivantes avec la pierre angulaire «choisie et précieuse auprès de Dieu» (1 Pierre 2:4). Le divin constructeur assure maintenant la croissance de l'Église. Le commun accord des premiers chrétiens résulte de l'intervention directe du Seigneur. Il n'est que la réalisation pratique de l'union des croyants avec leur chef dans le ciel. Rien ne peut les séparer de lui, et ils sont unis ensemble à lui. Tous en un même lieu, ils partagent leurs biens et persévèrent… La doctrine, la communion, la fraction du pain et les prières, forment les quatre piliers de leur union en Christ. Ils rompent le pain dans les maisons (Actes des Apôtres 2:46), certes en petits groupes, mais ils sont un cœur et une âme et ils ont toutes choses en commun, matériellement et spirituellement (4:32).

Dans un temps de misère et de confusion, le même Seigneur nous rassemble sur le même fondement et dans la même union vitale avec lui. Nous le réalisons dans la plus grande simplicité et dans la faiblesse, mais toujours avec les mêmes bénédictions et les mêmes ressources de la grâce («une grande grâce était sur eux tous» — 4:33). Le témoignage à la résurrection du Seigneur Jésus y est maintenu, et nous pouvons être comme Barnabas des «fils de consolation». Mais notre responsabilité reste entière, nos cœurs doivent être engagés. Aucune hypocrisie, aucune dissimulation, aucun orgueil, aucune prétention humaine, aucun intérêt personnel, n'ont de place, là où le Seigneur seul est le Chef, la Tête du corps, là où l'Esprit Saint est la seule puissance qui opère. Nous savons qu'Ananias et Sapphira payèrent de leur vie d'avoir voulu «tenter l'Esprit du Seigneur» (5:9).

«Ajoutés au Seigneur»

Lorsque l'autorité du Seigneur se manifeste, une grande crainte s'empare de toute l'assemblée (Actes des Apôtres 5:11). «Toute âme avait de la crainte», est-il dit au commencement (2:43). N'est-ce pas aussi le secret de la fidélité dans les jours où nous vivons? Une attitude de crainte, de respect, de soumission à l'autorité du Seigneur, d'obéissance à sa Parole, de soumission les uns aux autres dans sa crainte, ne nous convient-elle pas aujourd'hui plus que jamais? Dieu veut la vérité dans l'homme intérieur, un esprit brisé, un cœur pur, un esprit droit. David l'avait compris lorsqu'il fut amené à confesser humblement sa faute, au psaume 51. L'humiliation ne produit pas le découragement mais nous fait retrouver «la joie du salut». Et, nous le voyons dans la suite du chapitre 5 des Actes, la crainte qui s'empara de l'assemblée ne fut en aucune manière un obstacle à la propagation de l'Évangile, mais bien au contraire un moyen de bénédiction. Des miracles et des prodiges s'accomplirent avec puissance. «Et des croyants d'autant plus nombreux se joignaient au Seigneur, une multitude tant d'hommes que de femmes» (Actes des Apôtres 5:14).

Nous retrouvons dans ce passage l'expression «se joindre» ou «être ajoutés au Seigneur». Quelle belle évocation de l'unité des croyants en Christ! Ils lui sont indissolublement liés «par les jointures du fournissement» (Éphésiens 4:16), c'est-à-dire par des fonctions vitales qui s'exercent pour la croissance de l'organisme vivant qu'est la véritable Église du Seigneur. La vie de Christ irrigue tout le corps, selon qu'il l'a lui-même enseigné: «Parce que moi je vis, vous aussi vous vivrez» (Jean 14:19). Et son amour, qui est aussi la nature du Père, opère dans chacun de ses membres: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui» (verset 23).

C'est par la Parole que le Seigneur sanctifie (met à part) et purifie l'Église, son Épouse, qu'il se présentera, glorieuse, sans tache, ni ride, ni rien de semblable… (Éphésiens 5:26, 27). Aussi lisons-nous dans le chapitre 6 des Actes: «La parole de Dieu croissait, et le nombre des disciples se multipliait beaucoup dans Jérusalem» (verset 7). Dans ce passage, nous voyons que les apôtres désirent se consacrer en priorité à la prière et au service de la Parole (verset 4). Le Seigneur guide ses serviteurs. Il leur accorde les dons nécessaires, comme aussi des diacres, des évangélistes comme Philippe, et de fidèles témoins comme Etienne. Il multiplie les disciples pour que le grand travail de l'édification de son Assemblée s'accomplisse, avec le secours puissant de l'Esprit Saint dont ils sont remplis. Que Dieu nous accorde d'être disponibles, nous aussi, pour les tâches particulières qu'il veut nous confier! Que sa Parole croisse encore aujourd'hui!

«Je suis Jésus que tu persécutes»

L'union de Christ avec l'Église, vue comme son Épouse, est un mystère révélé à l'apôtre Paul, qui nous le transmet d'une manière saisissante dans son épître aux Éphésiens. Il nous présente l'amour parfait du Seigneur pour les siens, dans ses soins pour eux, son activité incessante en leur faveur. Christ nourrit et chérit son Église comme son propre corps, «car nous sommes membres de son corps — de sa chair et de ses os» (Éphésiens 5:30). Pourrait-il exister une relation plus intime, une liaison plus étroite, plus vitale, entre Christ et les siens? Une telle description nous confond, nous jette aux pieds du Seigneur dans une profonde reconnaissance, comme aussi dans l'humiliation, lorsque nous pensons à tout le mal que nous avons produit par notre insoumission, notre esprit d'indépendance, notre manque d'amour et de fidélité. Il nous aime d'un amour infini, et nous, comment y répondons-nous? Sommes-nous soumis à Christ comme nous le devrions, nous qui sommes membres de son corps, et appartenons à l'Église, son Épouse? Comprenons-nous que sa vie est notre vie, que notre cœur lui appartient?

L'apôtre Paul est pour nous un modèle à imiter. Il disait: «Pour moi vivre, c'est Christ». «Je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi.» Mieux que personne, il peut s'écrier: «L'amour de Christ nous étreint!» Tout son ministère fut consacré à transmettre le message de l'amour de Christ pour l'Église, pour laquelle il s'est livré lui-même. Ses lettres mettent constamment en évidence l'union intime de Christ et des croyants: Christ en vous… vous en Christ. N'avait-il pas été préparé pour ce service, pour «l'administration de ce mystère», dès sa conversion, par l'extraordinaire révélation de Jésus qui l'avait arrêté sur le chemin de Damas? Lorsqu'une lumière céleste brille autour de lui comme un éclair et qu'il tombe par terre, il est terrassé par cette question du Seigneur: «Saul! Saul! pourquoi me persécutes-tu?» Et lorsqu'il demande: «Qui es-tu Seigneur?», la voix lui répond: «Je suis Jésus que tu persécutes».

Saul, le pharisien, qui pensait servir Dieu en jetant les chrétiens en prison, était certainement persuadé que le corps de Jésus de Nazareth avait été enlevé par ses disciples pour faire croire à une fausse résurrection. Mais le voilà soudain en présence de Jésus glorifié, qui se déclare intimement lié aux siens sur la terre et directement touché par leur persécution. Quel choc terrible! Mais aussi quelle illumination! Saul découvre la réalité de la présence du Seigneur ressuscité dans le ciel et son union intime avec les croyants sur la terre. Il pourra dès lors, «aussitôt» (Actes des Apôtres 9:20), prêcher Jésus, prêcher Christ crucifié, et il comprendra le mystère de Christ glorifié, chef de l'Assemblée qui est son corps et son épouse, pour l'éternité.

Tout l'amour du Seigneur s'exprime dans cette parole: «Je suis Jésus que tu persécutes». Toute la puissance de sa grâce et toute sa tendresse envers son Assemblée sont résumées dans cette révélation. Rien ne saurait mieux définir l'union de Christ et de l'Église véritable, son épouse. Dieu veuille que notre vie soit imprégnée de cette réalité vivante, que la sève de notre Cep irrigue tout notre être, nous qui sommes les sarments, et que l'épreuve de notre foi, la taille du grand Cultivateur, nous amène à porter plus de fruit, beaucoup de fruit (Jean 15:1, 2, 5, 8).

L'apôtre Paul déclarera plus tard: «Outre ces choses exceptionnelles (toutes ses épreuves liées aux circonstances extérieures), il y a ce qui me tient assiégé tous les jours, la sollicitude pour toutes les assemblées» (2 Corinthiens 11:28). C'est dans la mesure où nous comprendrons toujours mieux l'union vitale de Christ et des siens, comme l'apôtre en avait pris conscience sur le chemin de Damas, que nous pourrons vraiment aimer et servir l'Assemblée qui est son corps.