Apporter, offrir à Dieu

Pierre Combe

Donner, ou recevoir?

L'homme sans relation vitale avec Dieu ne saurait lui apporter ce qui peut lui être agréable. Il ne peut que déposer à ses pieds, dans la confession, le poids de ses péchés. Alors, libéré de ce fardeau, il reçoit de sa part cette «grâce qui apporte le salut», qui est apparue en Christ, à l'intention de tout pécheur (Tite 2:11).

Lorsque l'homme est tombé dans le péché, la bonté de notre grand Dieu sauveur n'a pas tardé à se manifester envers lui, en l'appelant alors qu'il cherchait vainement à se cacher. Au frais du jour déjà, la voix divine s'adresse à lui: «Où es-tu?… Qu'est-ce que tu as fait?». Puis Dieu lui-même apporte et met sur les épaules d'Adam et d'Ève les vêtements de peau qu'il avait faits pour eux, parure qui préfigure celle dont les croyants sont revêtus devant Dieu. Ce sont «les vêtements du salut, la robe de la justice» dont nous sommes couverts (Ésaïe 61:10). Nous avons là une image de Christ qui a fait par lui-même la purification de nos péchés. Lui est la mesure de notre acceptation devant Dieu. N'est-il pas pour nous cette «plus belle robe» qui fut apportée dehors au fils repentant? (Luc 15:22). C'est le don de l'amour du père, qui nous permet de nous tenir devant lui. Au crépuscule du jour de la grâce, cette même voix retentit encore, la voix «de celui qui apporte de bonnes nouvelles, qui annonce la paix, qui apporte des nouvelles de bonheur, qui annonce le salut» (Ésaïe 52:7). Dieu veuille qu'elle trouve encore le chemin de beaucoup de consciences et de cœurs!

Le croyant, conscient de la grâce dont il est l'objet, est alors en mesure d'apporter à l'Auteur de son salut la reconnaissance, la louange, l'adoration. Et il désire le faire. N'ayant rien à offrir qui provienne de lui-même, il ne peut apporter à Dieu que ce qu'il a reçu de sa part. Ainsi que le dit David: «ce qui vient de ta main, nous te le donnons» (1 Chronique 29:14).

Le besoin de présenter une offrande à Dieu anime déjà les premiers descendants d'Adam et d'Ève. Caïn et Abel avaient tous deux hérité d'une nature pécheresse, et en cela ils étaient semblables; mais ce qui les distingue, c'est la conscience de leur condition devant Dieu et la perception qu'ils ont de la sainteté de Dieu. L'offrande de Caïn résulte d'un dur labeur, mais elle est le produit d'un sol maudit à cause de l'homme. Elle ne peut être agréée. Celle d'Abel est l'expression d'une conscience réveillée qui réalise la nécessité d'un sacrifice sanglant. Elle est agréable à Dieu.

L'offrande faite à Dieu est une chose que l'on trouve tout au long des Écritures. Elle a été réalisée, au cours des diverses dispensations, en fonction de la révélation des pensées de Dieu. Au temps d'Énosh, on commença à invoquer le nom de l'Éternel (Genèse 4:26). Noé bâtit un autel et y offrit des holocaustes; «et l'Éternel flaira une odeur agréable» (Genèse 8:20, 21). Abraham édifia plusieurs autels, au nombre desquels celui de Morija occupe une place particulière. Moïse construisit celui de Jéhovah-Nissi, après la victoire sur Amalek; il en érigea un au pied de la montagne, lorsqu'il écrivit le livre de l'alliance (Exode 17:15; 24:4). Les ordonnances divines concernant le tabernacle et les sacrifices qui devaient y être offerts soulignent ce que l'Éternel attendait d'Israël, peuple mis à part afin qu'il le serve. Dieu avait formé ce peuple pour lui-même, afin qu'il raconte sa louange (Ésaïe 43:21). Et il dit: «Tu ne différeras point à m'offrir de l'abondance de ton grenier et de ce qui coule de ton pressoir. Le premier-né de tes fils, tu me le donneras» (Exode 22:29).

Si Israël était appelé à offrir des sacrifices, s'il a effectivement loué et célébré l'Éternel à plusieurs reprises, combien plus le peuple céleste de Dieu est-il en mesure et a-t-il des motifs de lui apporter quelque chose! Il constitue «une sainte sacrificature, pour offrir des sacrifices spirituels, agréables à Dieu par Jésus Christ» (1 Pierre 2:5). Si nous réalisons ce que nous avons en Christ, nous serons pressés d'offrir, «par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom» (Hébreux 13:15).

La nature humaine est souvent plus disposée à recevoir qu'à donner. Mais l'apôtre Paul nous apprend que le Seigneur Jésus a dit: «Il est plus heureux de donner que de recevoir» (Actes des Apôtres 20:35). L'amour qui se plaît à donner, et qui se donne, a trouvé sa glorieuse expression, sa parfaite mesure en Celui qui a donné sa vie pour nous. Que pouvons-nous offrir en retour de l'amour de Dieu versé dans nos cœurs par l'Esprit Saint (Romains 5:5), si ce ne sont les prémices de nos affections et de notre vie? Nos corps mêmes ont à être présentés en sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu.

Notre vie chrétienne, dans l'exercice de la piété, comme aussi notre vie d'assemblée, comporte un cycle complet: Nous demandons par la prière, nous recevons par la Parole et nous offrons, sous diverses formes, ce qui est agréable au divin Donateur.

Offrir les prémices à l'Éternel (Deutéronome 26:1-10)

Les ordonnances divines données aux Israélites comportaient la mise à part, pour l'Éternel, des prémices des produits de leur terre. Transposée sur le plan spirituel, cette institution conserve pour nous toute sa valeur. L'apôtre Paul, écrivant aux Colossiens, insiste sur cette première place que Dieu a donnée à Christ, et ceci «en toutes choses» (1:18). Ce verset devrait toucher nos cœurs et dicter nos choix et nos priorités dans tous les domaines de la vie. Une telle disposition de cœur — qui n'a rien de pénible, même lorsqu'elle comporte des renoncements — conduit à mettre à part pour lui les prémices, le meilleur de notre existence. Il en va de sa gloire dans les siens, de notre prospérité spirituelle, de notre bénédiction. C'est ainsi que nous pouvons «lui plaire à tous égards», marcher avec lui, devant lui et pour lui.

En parlant des croyants de la Macédoine, l'apôtre Paul écrit qu'«ils se sont donnés premièrement eux-mêmes au Seigneur». Avec joie, et malgré leur grande pauvreté, ils ont agi spontanément, abondant dans la richesse de leur libéralité (2 Corinthiens 8:1-5). Et la Sulamithe, parlant de tous les fruits exquis, nouveaux et anciens, pouvait s'écrier: «Mon bien-aimé, je les ai gardés pour toi» (Cantique des Cantiques 7:13). Comme nous aimons à le chanter, que notre désir soit de mettre à son service nos jours, nos biens, nos corps, nos cœurs!

Comment offrir, et qui peut apporter? (1 Chroniques 29)

Apporter à Dieu, offrir au Seigneur, est un privilège accordé aux croyants. David comprenait cette faveur lorsqu'il disait: «Et qui suis-je, et qui est mon peuple, que nous ayons le pouvoir d'offrir ainsi volontairement? car tout vient de toi; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons» (1 Chroniques 29:14). Dans un profond attachement à son Dieu, il a consacré toute sa force et toute son affection à préparer en abondance les précieux matériaux destinés à la maison de l'Éternel. Le faisant, il considère comme une grâce, accordée tant à lui-même qu'au peuple, le fait de pouvoir offrir quelque chose à Dieu, pour sa demeure. Soulignons quelques expressions significatives et encourageantes de ce chapitre: l'offrande a été «préparée», elle est un acte «volontaire», de «franche volonté», le fruit d'un «cœur parfait et droit», de sorte que «le peuple s'en réjouit» et que le roi en eut «une grande joie».

Faut-il donc être riche pour offrir? Certainement pas. Nombreux sont les passages qui montrent l'appréciation du Seigneur à l'égard de ceux qui, bien que pauvres, ont eu à cœur d'offrir. Nous avons déjà rappelé l'exemple des Macédoniens, qui ont montré une grande libéralité malgré leur extrême pauvreté. Le don de la pauvre veuve jetant deux pites au trésor du temple, donnant «de son indigence», «tout ce qu'elle avait pour vivre», n'a pas passé inaperçu aux yeux de Celui qui connaît les cœurs. Grande sera sa récompense (Marc 12:41-44; Luc 21:1-4). Ce qui compte pour le Seigneur, ce n'est pas l'importance du don, mais l'état du cœur de celui qui le fait. David en était conscient. En apportant à l'Éternel l'abondance des biens préparés pour la maison qu'il ne pouvait bâtir, il déclare: «Je sais, ô mon Dieu, que tu sondes le cœur, et que tu prends plaisir à la droiture» (1 Chroniques 29:17). Lors de la préparation du tabernacle, en Exode 35, un accent particulier est mis sur la disposition des cœurs, l'esprit libéral. Nous y reviendrons plus loin. L'invitation à offrir à Dieu s'adresse à chacun en particulier, dans la mesure et sous la forme qu'un exercice de foi et de dépendance montrera. Joas, roi fidèle de Juda, invita les sacrificateurs à recueillir ce qui était monté au cœur de chacun d'apporter à la maison de l'Éternel, afin d'en réparer les brèches (2 Chroniques 34:8, 9). Le don ne doit pas être forcé: «Que chacun fasse selon qu'il se l'est proposé dans son cœur, non à regret, ou par contrainte, car Dieu aime celui qui donne joyeusement» (2 Corinthiens 9:6, 7).

Apporter pour la maison de Dieu

Lors des réalisations successives de la maison de Dieu dans l'Ancien Testament, donc sous la loi, l'Écriture se plaît à souligner le zèle de ceux qui y ont collaboré par des offrandes variées. Ces offrandes matérielles traduisaient la valeur qu'avait pour chacun d'eux la présence divine au sein de son peuple. Sous cet aspect, le chapitre 35 de l'Exode démontre un zèle, un empressement qui nous confond. Chaque lecteur peut relever le nombre de mentions du verbe «apporter». Plusieurs enseignements de ce chapitre conservent toute leur valeur pour nous.

Premièrement, quel est l'or qui a pu être donné pour l'Éternel, pour sa maison? Ce n'est certes pas celui qui avait été offert auparavant pour le veau d'or! Celui-là fut brûlé, réduit en poudre et répandu sur la surface de l'eau (32:20). Nous ne pouvons offrir qu'une fois ce que la grâce divine nous accorde. Ce que nous mettons au service de la chair ou du monde, que ce soit en temps ou en énergie, pour satisfaire des convoitises, ne pourra plus être mis au service du Seigneur. Plus tard, de profonds regrets peuvent être éprouvés, lorsque nous mesurons la perte spirituelle qui en résulte. Mais le temps qui s'écoule ne se vit qu'une fois. Jacob l'a douloureusement réalisé en confessant que ses jours avaient été «courts et mauvais» (Genèse 47:9). De surcroît, il y a un temps pour collaborer, mais un moment où le service prend fin (Exode 36:4-7). Il y a un temps pour tout, dit l'Ecclésiaste; ne le laissons pas passer.

Deuxièmement, nous lisons: «Prenez, de ce qui est à vous, une offrande pour l'Éternel» (35:5). David a dit à Ornan, quant à la place de l'aire où il allait bâtir l'autel: «Donne-la-moi pour son plein prix en argent», «certainement je l'achèterai pour son plein prix en argent; car je ne prendrai pas pour l'Éternel ce qui est à toi, pour offrir un holocauste qui ne coûte rien» (1 Chroniques 21:22, 24). Mettre à part pour le Seigneur ce qui nous coûte, renoncer aux choses qui sont dans le monde afin d'être trouvé fidèle, pour honorer Celui duquel nous sommes les témoins, comporte bien des choix. Notons qu'il est plus facile de délier notre bourse que de payer de notre personne, de nos aises. Couper les amarres qui lient encore nos cœurs aux choses qui ne sont pas profitables spirituellement sera ressenti comme une privation tant que nos affections seront partagées. Et pourtant, tel est le prix de l'approbation du Seigneur et de la bénédiction qui l'accompagne. Sommes-nous prêts à renoncer à quelque chose pour le Seigneur? Il saura récompenser richement le peu qui aura été fait pour lui (Matthieu 25:21, 23).

Troisièmement, nous y trouvons l'expression répétée: «Tout homme que son cœur y porta, tous ceux qui avaient un esprit libéral» (verset 21, etc.). De ce chapitre, que l'on pourrait titrer «L'offrande du cœur», s'exhale un parfum que nous retrouvons au début du livre des Actes. Aux jours printaniers du christianisme, les croyants avaient toutes choses communes, ils vendaient leurs possessions et leurs biens, et les distribuaient à tous, selon que quelqu'un pouvait en avoir besoin (Actes des Apôtres 2:45). L'apôtre Paul nous enseigne que «celui qui sème libéralement moissonnera aussi libéralement (2 Corinthiens 9:6).

Quatrièmement, qu'apportait-on? Ce qui était ordonné par l'Éternel, rien d'autre! Toute offrande était prescrite par Dieu lui-même (versets 5-9). Il ne suffit pas d'être actif, d'apporter généreusement, il importe d'être obéissant. Or cette obéissance des Israélites, attestée dans les chapitres 39 et 40 de l'Exode par dix-huit mentions qu'ils firent ces choses «selon tout ce que l'Éternel avait commandé», ou «comme l'Éternel l'avait commandé à Moïse», conditionnait la descente de la nuée, la présence de la gloire de l'Éternel dans sa demeure. De même actuellement, la présence du Seigneur au milieu des siens rassemblés en son nom implique le respect de ses droits sur nous et sur sa maison. Un rassemblement réalisé selon les pensées humaines peut-il compter sur sa présence?

Cinquièmement, nous lisons que tout homme chez qui se trouvèrent des éléments ayant leur utilité dans la maison de Dieu les apporta (verset 23). Cette expression laisse penser qu'il ne s'en trouvait peut-être pas chez tous. Combien il est affligeant de ne rien avoir à offrir à Dieu, pour sa maison! Le bois que les hommes remontés de la captivité babylonienne ont utilisé pour lambrisser leurs maisons n'a pas pu être apporté à la maison de l'Éternel (Aggée 1:4, 7-9).

Il est également dit que les femmes collaboraient, à leur place dans leur tente, à l'enrichissement de la maison de Dieu, filant avec intelligence et dévouement les tentures, les tapis, contribuant ainsi à ce qui parle du témoignage visible de la maison de Dieu.

Ceci souligne l'étroite liaison qu'il y a entre nos maisons et la maison de Dieu, dans laquelle se retrouve la qualité de ce qui est tissé dans nos demeures.

À suivre