Joël

Chapitre 2

Le jour de l’Éternel ou l’invasion de l’Assyrien

Devant les invasions de sauterelles, si désastreuses que les hommes sont obligés d’y reconnaître un jugement de Dieu, devant les circonstances solennelles qui les accompagnent, telles que l’interruption des fonctions sacerdotales et des relations du peuple avec Dieu, enfin devant la terrible famine les hommes crient: «Hélas! quel jour! car le jour de l’Éternel est proche!» — Mais tous ces événements, dont Joël est le témoin, ouvrent une scène lointaine devant ses yeux visionnaires. Il voit dans ces maux un tableau des choses futures, un symbole des calamités qui accompagneront le jour de l’Éternel. Ne devrait-il pas en être ainsi aujourd’hui, quand nous assistons aux bouleversements dont le monde est le théâtre?

La prophétie de Joël, si différente de celle d’Ésaïe et d’Osée, nous l’avons déjà noté dans l’Introduction, a soin de garder un silence complet sur les événements historiques. Nous ne sommes donc pas autorisés à les introduire ici, comme dans les autres prophètes. La plaie des sauterelles, à quelque moment qu’elle ait eu lieu, est le point de départ; l’attaque de l’Assyrien prophétique contre Juda et Jérusalem, au chap. 2, en est l’application symbolique. Le prophète Ésaïe porte continuellement nos regards de Sankhérib, l’Assyrien historique, à l’Assyrien de la fin, et part du caractère et du sort de l’un pour prédire le caractère et le sort de l’autre; le prophète Joël passe absolument sous silence le premier. Pour lui, l’invasion assyrienne de la fin dans le pays de Juda est un trait caractéristique du «jour de l’Éternel, grand et fort terrible». Les événements du chap. 1 y font penser, mais n’en sont qu’un faible avant-coureur.

L’Assyrien joue donc un rôle capital dans les événements qui précéderont l’établissement du règne millénaire de Christ, tel qu’il est décrit à la fin de notre chapitre, v. 23-27, et au chapitre 3, v. 18 à 21. Peut-être serait-il plus exact de parler ici d’une confédération assyrienne dont le chef politique, le Gog d’Ézéchiel (chap. 38 et 39), ou le chef militaire, le Roi du Nord de Daniel (chap. 8 et 11, 40-45), est appelé dans notre prophète: «Celui qui vient du Nord... qui s’est élevé pour faire de grandes choses» (2; 20). Cette armée symbolique des sauterelles a toujours un roi (voyez notre chapitre et Apoc. 9:11), tandis que, considérées au point de vue non symbolique, comme au chap. 1, il est dit: «Les sauterelles n’ont point de roi, mais elles sortent toutes par bandes» (Prov. 30:27).

Nous nous sommes déjà occupés en détail de l’Assyrien dans d’autres écrits et ne jugeons pas nécessaire d’y revenir1; nous nous bornerons donc à quelques remarques supplémentaires sur ce terrible ennemi d’Israël aux derniers jours. Le roi du Nord de Daniel et le Gog d’Ézéchiel n’ont rien de commun avec Babylone, quoique le prophète Jérémie parle souvent des armées du Nord, du peuple du Nord, du pays du Nord au sujet de Nebucadnetsar et de Babylone, et aussi des Mèdes et des Perses qui plus tard conquirent la Chaldée. Gog, dont le domaine primordial s’est étendu graduellement vers le Nord jusqu’au fond de la Russie et de l’Asie, est le descendant et le successeur de l’Assyrien historique. La confédération assyrienne de la prophétie comprend tous les territoires qui sont sous la domination de Gog. Le roi du Nord, domine sur l’Asie Mineure qui, primitivement, a fait partie du domaine de l’Assyrien historique, mais est devenu un royaume séparé sous Seleucus, l’un des quatre successeurs d’Alexandre, puis sous les Antiochus. Sans être identique à Gog, le roi du Nord s’identifie avec lui, agit conjointement avec lui et joue un rôle prépondérant comme chef de ses armées2. L’Assyrien d’Ésaïe est l’Assyrien historique, reparaissant aux derniers jours, longtemps après que Babylone qui avait jadis subjugué, anéanti et englobé son royaume, a disparu pour toujours. En effet, Babylone ne sera jamais rétablie, excepté sous forme symbolique, pour caractériser, dans l’Apocalypse, la corruption de la chrétienté apostate retombée aux derniers jours dans l’idolâtrie. Un seul des quatre empires universels, l’empire romain, ressuscitera comme tel et sera un sujet d’étonnement pour le monde entier. Sous la direction de Gog, chef de la Russie, la confédération assyrienne sera le grand antagoniste de l’empire romain occidental, ressuscité, et de son allié, l’Antichrist, faux Messie et faux prophète, roi du peuple juif apostat. C’est l’Assyrien qui, dans le conflit de la fin, envahira la Palestine et spécialement la Judée et Jérusalem.

1 Voyez: L’histoire prophétique des derniers jours, par H. R. Le livre de Zacharie le prophète, par H. R.

2 Plusieurs mettent en doute le rôle militaire du roi du Nord, mais son caractère historique comme roi de l’Asie-Mineure et général d’armée, et son caractère prophétique qui n’en diffère en rien, nous semblent ressortir très clairement de l’étude du chap. 11 de Daniel (v. 5-19 et v. 40-45).

La confédération assyrienne des derniers jours a Gog pour chef politique (Ézéch. 32:22-30; 38:1-6). C’est de lui que l’Éternel a «parlé dans les jours d’autrefois», par ses serviteurs «les prophètes d’Israël, qui, en ces jours-là, pendant des années ont prophétisé» que l’Éternel le ferait venir contre eux (Ézéch. 38:17). Or les prophètes d’Israël annonçaient l’Assyrien, ce qui prouve que Gog et l’Assyrien sont le même personnage1.

1 Voyez encore sur l’Assyrien: És. 5:26-30; 7:18-25; 10:12; 14:24; 18:2; Ézéch. 31:12; Michée 5:5; Nahum 3; et sur le roi du Nord: Dan. 8:21-24; 11:40-45; Joël 2:20.

Dans notre chapitre, l’Assyrien avec ses armées est comparé aux sauterelles du chap. 1. En une seule occasion la Parole nous présente un ennemi méridional sous cette image, et cela s’accorde parfaitement avec l’origine des sauterelles, venant presque invariablement du Sud et de l’Orient. C’est en Juges 6, 5, où Madian, Amalek et les fils d’Orient viennent contre Israël «nombreux comme des sauterelles». Dans tous les autres passages, cette image est employée pour désigner l’ennemi du Nord. Ainsi en Jér. 46:20, 23; 51:14, 27 et dans notre chapitre. Le fait que l’armée des sauterelles vient du Nord confirme donc le caractère symbolique de cette invasion.

Examinons maintenant les détails de notre chapitre:

«Sonnez de la trompette en Sion, sonnez avec éclat dans ma sainte montagne! Que tous les habitants du pays tremblent, car le jour de l’Éternel vient; car il est proche, un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres: c’est comme l’aube qui s’étend sur les montagnes — un peuple nombreux et fort, tel qu’il n’y en eut jamais, et qu’après lui il n’y en aura point jusqu’aux années des générations et des générations» (v. 1, 2).

La pensée que le jour de l’Éternel est proche, pensée suscitée par la calamité tombée sur Juda (1:15), est le point de départ de ce qui va suivre. Joël voit une armée future, semblable aux nuées de sauterelles, image, comme nous l’avons vu, familière à la prophétie. Cette armée est bien plus terrible que celle des insectes dévastateurs. Il est dit de ces derniers, plaie d’une intensité inouïe jusqu’à ce jour-là: «Ceci est-il arrivé de vos jours, ou même dans les jours de vos pères?» (1:2); mais des armées du chap. 2, il est dit: «Un peuple... tel qu’il n’y en eut jamais, et qu’après lui, il n’y en aura point jusqu’aux années des générations et des générations.»

L’éveil est donné, il faut signaler leur approche: «Sonnez de la trompette en Sion, sonnez avec éclat dans ma sainte montagne!» En deux occasions la sonnerie des trompettes d’argent avait lieu avec éclat en Israël: D’abord pour le départ du camp, ensuite pour aller à la guerre contre l’ennemi. Dans ce dernier cas, la sonnerie avec éclat rappelait le peuple en mémoire devant l’Éternel et ils étaient délivrés de leurs ennemis (Nombres 10:1-9). C’est cette occasion qui nous est rappelée ici. L’armée innombrable des Assyriens envahit la terre de Juda. Comment lui tenir tête? Une poignée d’hommes peut-elle être de quelque ressource devant ce puissant adversaire? Pourtant la trompette sonne avec éclat dans Sion et sur la sainte montagne: il faut se rassembler. Pour combattre? Quelle folie! Ne comprenez-vous pas que ce serait combattre contre l’Éternel? Cette armée, tu ne t’en doutais pas, pauvre peuple aveuglé, est l’armée de l’Éternel! «L’Éternel fait entendre sa voix devant son armée» (v. 11). Il ne reste donc aucune ressource! Aucune, sinon que l’Éternel est avec ceux qui sont contre vous. C’est à Lui que vous avez affaire. Sonnez de la trompette avec éclat, non pas pour combattre un ennemi devant lequel vous devez nécessairement succomber, mais Pour vous rappeler en mémoire devant Dieu. En mémoire? N’est-ce pas lui rappeler notre culpabilité? Sans doute, mais qui sait? Il n’y a pas rien que la vengeance dans le cœur du Juge. Peut-être abandonnera-t-il la verge de son jugement pour s’intéresser à vous. «Auprès de Lui est la bonté.» Telle est la vraie signification de ce passage, et la solution à laquelle l’Esprit de Dieu veut amener son peuple coupable. Hélas! le résultat voulu est encore loin d’être produit ici et nous verrons ce qui manque encore pour que la bénédiction puisse se répandre sur Juda et Jérusalem, quand nous considérerons au v. 15 le second usage des trompettes.

«Que tous les habitants du pays tremblent, car le jour de l’Éternel vient; car il est proche» (v. 1). Ici le jour de l’Éternel vient. Ce n’est plus, comme au chap. 1, 15, une anticipation de ce jour: «Il est proche, et il viendra», mais: il vient, il est proche. C’est le commencement de ce jour terrible dont il est dit: «Un jour de ténèbres et d’obscurité, un jour de nuées et d’épaisses ténèbres: c’est comme l’aube qui s’étend sur les montagnes» (v. 2), non pas pour amener la lumière sur le monde, mais, au contraire, les ténèbres, comme il est dit en Amos 4:13. Mais ces ténèbres sont loin d’équivaloir à celles qui nous seront décrites plus tard (2:30, 31; 3:15); nous n’avons encore ici que les premiers phénomènes du jour de l’Éternel. L’ennemi, semblable à une armée de sauterelles, comme une épaisse nuée obscurcit la lumière du jour prête à paraître. Ézéchiel 38:9 dit de même, en parlant de l’Assyrien: «Tu monteras, tu viendras comme une tempête, tu seras comme une nuée pour couvrir le pays, toi et toutes tes bandes, et beaucoup de peuples avec toi.» Si l’avant-goût du jour de l’Éternel avait été donné par la plaie du chap. 1, l’arrivée de ce jour est liée à l’invasion future de l’Assyrien.

Partout où cette armée a passé, le pays, semblable au jardin d’Éden, comme au temps, où Lot contemplait la plaine du Jourdain, est entièrement dévasté: «Devant lui un feu dévore, et une flamme brûle après lui; devant lui le pays est comme le jardin d’Éden, et après lui, la solitude d’un désert; et rien ne lui échappe.» C’est une allusion à la seconde partie des calamités du chap. 1 (v. 19, 20). Puis vient la description de cette armée: «Leur aspect est comme l’aspect des chevaux, et ils courent comme des cavaliers. Ils sautent: ... c’est comme le bruit des chars sur les sommets des montagnes, comme le bruit d’une flamme de feu qui dévore le chaume, comme un peuple puissant rangé en bataille» (v. 4, 5). Le prophète a assisté à l’invasion des sauterelles et lui emprunte ses images. Tous ceux qui ont été témoins de ces invasions les décrivent de la même manière. Un observateur dit: «Cette immense armée au repos faisait une sorte de bruit particulier en mangeant. Ce bruit, nous l’entendions avant d’atteindre le corps d’armée.» Un autre dit: «Il est difficile d’exprimer l’effet que produisit en nous la vue de toute l’atmosphère, remplie de tous les côtés et à une très grande hauteur, d’une innombrable quantité de ces insectes, dont le vol était lent et uniforme, et dont le bruit ressemblait à celui de la pluie; le ciel en était obscurci, et la lumière du soleil considérablement affaiblie ...» Un autre dit encore: «Réunis en un corps compact et formant de vastes bataillons, et, suivant une direction rectiligne, gardant leurs rangs comme des hommes de guerre, ils escaladèrent les arbres, les murs et les maisons et détruisirent toute la verdure qu’ils rencontrèrent en chemin. Bien plus, ils s’introduisirent dans toutes les maisons et dans les chambres à coucher comme des voleurs.»

Mais ici, la description de l’ennemi dépasse le phénomène: «C’est comme le bruit des chars sur les sommets des montagnes... comme un peuple puissant rangé en bataille... ils se précipitent à travers les traits et ne sont pas blessés... ils se répandent par la ville» (v. 5-9). C’est «l’armée de l’Éternel», «le puissant exécuteur de sa parole». Au v. 1, le jour vient, car il est proche, au moment où la trompette sonne avec éclat; maintenant: «Le jour de l’Éternel est grand et fort terrible; et qui peut le supporter?» (v. 11). Au chap. 3:14, nous le voyons encore «proche dans la vallée de jugement».

Le peuple de Jérusalem prend-il garde au son éclatant de la trompette? Hélas! dans ce temps futur il ne l’entendra pas plus qu’aux jours d’autrefois. Tous les prophètes nous renseignent sur ce point. Jérusalem, se confiant dans son alliance avec l’empire romain et l’Antichrist, se vantera d’avoir fait «une alliance avec la mort, et... un pacte avec le shéol». Elle dira: «Si le fléau qui inonde passe, il n’arrivera pas jusqu’à nous» (Ésaïe 28:15). L’ennemi la surprend; la ville est en son pouvoir. Remarquez qu’il ne s’agit ici que de la ville, Jérusalem, et de sa muraille. C’est là, en effet, que toute cette scène de Joël se passe; c’est en Sion, qu’on est appelé à sonner avec éclat de la trompette. L’armée escalade la muraille, se répand dans la ville, monte dans les maisons, entre par les fenêtres. Jérusalem est ici en contraste avec les autres villes du territoire d’Israël. En Ézéchiel, ce même ennemi, Gog, dit: «Je monterai dans un pays de villes ouvertes, je viendrai vers ceux qui sont tranquilles, qui habitent en sécurité, qui tous habitent là où il n’y a pas de murailles et chez qui il n’y a ni barres ni portes, pour emporter un butin et faire un pillage... sur un peuple rassemblé d’entre les nations, qui... habite le centre du pays» (Ézéch. 38:11-22). D’autre part, Zach. 14:2 nous apprend que Jérusalem sera assiégée et que la ville (ce mot est répété trois fois; voyez aussi Luc 24:49) sera prise par ce même ennemi. Enfin Ésaïe nous apprend que la ville ne sera pas épargnée devant «le fléau qui inonde», c’est-à-dire l’Assyrien, mais que, lorsque viendra la délivrance, on ne s’appuiera plus désormais sur «l’enregistreur» et «celui qui compte les tours» (Ésaïe 28:14-21; 33:18). Nous voyons donc que, en contraste avec «les villes ouvertes», Jérusalem, la capitale, centre de la résistance à l’ennemi du Nord, sera fortifiée. Mais le prophète va plus loin et son langage nous montre clairement que l’armée des sauterelles n’est qu’une image affaiblie de l’invasion future de l’Assyrien. «Devant eux la terre tremble, les cieux sont ébranlés, le soleil et la lune sont obscurcis, et les étoiles retirent leur splendeur» (v. 10). C’est que «l’Éternel fait entendre sa voix devant son armée, car son camp est très grand, car l’exécuteur de sa parole est Puissant; parce que le jour de l’Éternel est grand et fort terrible; et qui peut le supporter?» Ce n’est plus, comme au commencement du chapitre, le jour qui vient, mais maintenant il est là. La question se pose de nouveau: Que faire? Le chap. 17:30, 31 des Actes nous donne la réponse: «Dieu... ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent; parce qu’il a établi un jour auquel il doit juger en justice la terre habitée, par l’homme qu’il a destiné à cela, de quoi il a donné une preuve certaine à tous, l’ayant ressuscité d’entre les morts.» La repentance en présence du jugement est donc la seule chose nécessaire aux hommes; et c’est ce que nous trouvons aussi dans notre prophète. Il y a, encore maintenant, dit-il, place pour la repentance: «Ainsi, encore maintenant, dit l’Éternel, revenez à moi de tout votre cœur, avec jeûne, et avec pleurs, et avec deuil; et déchirez vos cœurs et non vos vêtements, et revenez à l’Éternel, votre Dieu; car il est plein de grâce et miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté, et il se repent du mal dont il a menacé» (v. 12, 13). Il appelle le peuple à cela, comme il est dit en Osée 6:1: «Venez, retournons à l’Éternel, car lui a déchiré, et il nous guérira; il a frappé, et il bandera nos plaies», ou en Jacques 4:9: «Sentez vos misères, et menez deuil et pleurez. Que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera.» «Qui sait? il reviendra et se repentira, et laissera après lui une bénédiction, une offrande et une libation à l’Éternel, votre Dieu» (2:14). L’offrande et la libation avaient disparu de la maison de l’Éternel, alors que ses jugements préliminaires S’abattaient sur le peuple (1:9, 13). Peut-être les retrouveront-ils maintenant s’ils se repentent. Nous apprenons, en effet (És. 66:20; voyez aussi 18:7), que tel sera le cas à la fin des temps quand le Résidu d’Israël sera retourné à l’Éternel: Ce sera comme les fils d’Israël «apportant l’offrande dans un vase pur à la maison de l’Éternel.» Alors l’offrande et la libation seront le Résidu croyant lui-même, offert à Dieu comme étant à Lui et pour Lui. Seulement cette repentance, pour être efficace, doit être véritable et non extérieure: «Déchirez vos cœurs et non vos vêtements» (v. 13; voyez aussi Zach. 12:10-14).

Ainsi toutes les parties de la prophétie s’accordent pour nous montrer que la bénédiction future des Juifs dépendra du retour, avec une humiliation véritable, au Dieu qu’ils ont offensé. Le premier appel de la trompette au son éclatant pour rappeler le peuple en mémoire devant Dieu, quand l’Assyrien et son armée, verge de l’Éternel, s’abattait sur Jérusalem, n’avait pas été entendu (2:1), et cet endurcissement avait eu pour résultat, comme nous venons de le voir, la prise de la ville par le roi du Nord, que Zacharie nous décrit d’une manière si frappante, et dont ce chapitre nous entretient1. Après ce désastre, les fidèles entendront-ils l’appel que le Dieu de grâce adresse à leur conscience? Il leur dit: «Revenez à l’Éternel, votre Dieu; car il est plein de grâce et miséricordieux, lent à la colère et grand en bonté, et il se repent du mal dont il a menacé» (v. 13). Il prend ici les titres révélés à Moïse en Exode 34:6, 7, car il ne faut pas oublier que le peuple, c’est-à-dire les fidèles du Résidu futur d’Israël, seront encore sous l’alliance de la loi. Mais le prophète ajoute ici: «Il se repent du mal dont il a menacé». Au moindre signe de repentance, l’Éternel revient en arrière, se repent, change de disposition dans ce contrat légal où les deux parties sont engagées. La nouvelle alliance, cette alliance unilatérale, dépendant uniquement de la grâce de Dieu envers son peuple, n’aura lieu que lorsque l’Esprit de Dieu aura produit une vraie repentance dans le cœur d’Israël.

1 Voyez le «livre de Zacharie le prophète» et «L’histoire prophétique des derniers jours».

Les v. 15-17 sont la réponse à l’invitation des v. 12-14. Sous la pression de l’ennemi qui a envahi Jérusalem, l’appel pressant à s’humilier est entendu. Il n’a pas fallu moins que cette calamité finale pour atteindre enfin la conscience des élus. «Sonnez de la trompette en Sion, sanctifiez un jeûne, convoquez une assemblée solennelle.» Ici la trompette ne sonne plus avec éclat, car il ne s’agit pas de faire face à l’ennemi qui presse le peuple dans son pays, mais de réunir la congrégation. «Quand on réunira la congrégation, est-il dit, vous sonnerez, mais non pas avec éclat. Les fils d’Aaron, les sacrificateurs sonneront des trompettes» (Nombres 10:7, 8). Cette réunion n’a pas encore le caractère de ce que sera la réunion millénaire, la «grande congrégation», dont il est dit: «Dans vos jours de joie, et dans vos jours solennels, et au commencement de vos mois, vous sonnerez des trompettes sur vos holocaustes, et sur vos sacrifices de prospérités, et elles seront un mémorial pour vous devant votre Dieu» (Nombres 10:10) — mais elle précède la réunion définitive qui ne peut avoir lieu sans elle. C’est un rassemblement de quelques-uns, du Résidu croyant à Jérusalem, dans le jeûne solennel, l’humiliation et les larmes.

N’en est-il pas de même pour les fidèles dans le jour actuel? L’humiliation nationale ne trouve pas aujourd’hui plus d’écho réel parmi les populations frappées de désastres sans précédents, qu’elle n’en trouvait en Juda, appelé à «sanctifier un jeune» lors de la plaie des sauterelles (1:14); mais la repentance est la part de quelques-uns que le Seigneur a scellés et qui «soupirent et gémissent» au milieu d’un monde rebelle. Il s’agit d’une repentance réelle et non extérieure, d’une repentance où les fidèles d’entre le peuple déchirent leurs cœurs et non leurs vêtements (v. 13). La ruine de l’Église, le jugement final sur la chrétienté, l’humiliation d’avoir contribué à cet état de choses et d’avoir déshonoré le nom de Christ, produisent la repentance dans le cœur d’un petit nombre qui, dans cet esprit, représentent l’Assemblée. Le pauvre Résidu de Jérusalem et de Juda humilié formera le peuple futur et deviendra le noyau de l’Israël terrestre millénaire, comme le Résidu chrétien d’aujourd’hui est le représentant de la grande assemblée céleste. Cependant l’humiliation de Jérusalem diffère encore en plus d’un point de la nôtre. D’abord elle est amenée, non par l’annonce des jugements futurs, mais par le jour grand et fort terrible de l’Éternel que ces fidèles traverseront en même temps que le peuple apostat, tandis que la nôtre a lieu avant la «colère à venir». Ensuite la scène se passe, avec la conscience que la relation du peuple avec Dieu est rompue, tandis que pour nous, si le péché interrompt notre communion avec Dieu, il n’interrompt jamais notre relation avec Lui, basée sur l’œuvre accomplie de Christ.

Combien cette scène future sera solennelle: «Assemblez le peuple, sanctifiez la congrégation, réunissez les anciens, assemblez les enfants et ceux qui tètent ...; que l’époux sorte de sa chambre, et l’épouse de sa chambre nuptiale!» (v. 16). Toutes les classes de la population sont conviées à la repentance; même les enfants à la mamelle doivent porter le poids de la culpabilité du peuple; du plus grand au plus petit, personne n’est exempt de la réprobation. Les jouissances les plus intimes de la famille sont abandonnées pour venir célébrer le jeûne. Toutes les autorités civiles et religieuses y ont part: «Que les sacrificateurs, les serviteurs de l’Éternel, pleurent entre le portique et l’autel.» Ils n’osent même se tenir devant l’autel. N’ont-ils pas rejeté, puis crucifié l’Agneau de Dieu, le seul qui pût les réconcilier avec l’Éternel? Ils disent: «Épargne ton peuple, ô Éternel, et ne livre pas ton héritage à l’opprobre, en sorte qu’ils soient le proverbe des nations. Pourquoi dirait-on parmi les peuples: Où est leur Dieu?» On voit ici que, malgré tout, et dans un temps où ils sont encore sous la sentence de Lo-Ammi (pas mon peuple) ils persistent à dire: «Ton peuple». C’est réellement la foi et cela caractérise le Résidu croyant qui parle ici et qui, s’il doute absolument de lui-même, n’a jamais douté de la fidélité de Dieu à ses promesses. Ces mots: «Où est leur Dieu?» combien de fois ils retentiront aux oreilles du Résidu de Juda, fugitif parmi les nations, lors de la persécution suscitée contre lui par la Bête et le faux prophète, comme on le voit au second livre des Psaumes (Ps 43:3, 10 et aussi 79:10; 115:2); ils atteignent maintenant les oreilles de cette partie du Résidu resté à Jérusalem. Ah! comme ils pénètrent d’une manière cuisante dans le cœur repentant des fidèles! N’étaient-ce pas les mêmes paroles que leurs pères avaient prononcées contre le Messie, mourant pour la nation? «Il s’est confié en Dieu; qu’il le délivre maintenant, s’il tient à lui; car il a dit: Je suis fils de Dieu» (Matt. 27:43).

Qu’était-ce que le jeûne d’autrefois, lors de l’invasion des sauterelles (1:14), en comparaison du jeûne actuel? Un mouvement passager de componction, si même il était prouvé que Jérusalem eût, à ce moment-là, répondu à l’appel: «Sanctifiez un jeûne!» car, comme nous l’avons vu, un seul avait dit alors: «À toi, Éternel, je crierai» (1:19). Maintenant l’humiliation est réelle, la repentance complète. C’est «la grande lamentation de Jérusalem» dont nous parle le prophète Zacharie (12:11-14). Chose bénie que l’humiliation! Elle nous fait retrouver la face de Dieu! Et pendant combien de siècles l’Éternel avait-il attendu, attendu en vain qu’elle se produisît chez ce peuple rebelle! S’était-il humilié de son idolâtrie? S’était-il humilié après avoir cloué le Fils de Dieu, son Messie, sur la croix? Ah! combien le cœur de l’homme, notre cœur à tous, est rebelle, obstiné, orgueilleux, dominé par une volonté qui refuse de se soumettre! Ces choses, illustrées par 1 histoire d’Israël, ne sont-elles pas dites pour notre instruction? Quand notre conscience, juge inexorable, nous dit que nous avons péché, sommes-nous prêts à le reconnaître? Ne sommes-nous pas plutôt, comme Adam, prompts à nous excuser, comme si des excuses pouvaient nous blanchir? Nous excusons notre mondanité, nous excusons notre tiédeur, notre lâcheté, notre manque d’activité pour les intérêts de Christ, et la dernière chose à laquelle nous pensons, c’est de «sanctifier le jeûne». Il arrive plus d’une fois que, pareils à David, nous gardons par devers nous quelque faute cachée, étouffant la voix de notre conscience quand elle cherche à parler, oubliant que Dieu a tout vu, jusqu’à ce que se lève enfin le «jour de l’Éternel grand et fort terrible», ce jour où tout est mis à nu et où le coupable s’écrie enfin: «J’ai péché contre l’Éternel!»

Oui, l’humiliation est une chose solennelle et douloureuse. C’est le couteau du chirurgien appliqué aux membres qui n’ont pas été mortifiés et sont, par conséquent, sensibles à crier quand l’instrument atteint la chaire vive. Mais combien l’humiliation est précieuse! «Avant que je fusse affligé, j’errais», dit le Psalmiste; «il est bon pour moi que j’aie été affligé» (Psaume 119:67, 7 1).

La bénédiction ne se fait pas attendre; voyez comme elle se montre aussitôt! Si nous avions su cela, ah! comme nous aurions été prompts à courber nos fronts dans la poussière, confessant nos péchés devant le Père qui est fidèle et juste pour nous les pardonner et nous purifier de toute iniquité! Combien elle est touchante, la réponse instantanée de Dieu, après vingt siècles d’endurcissement de ce peuple qui avait rejeté son Sauveur et son Roi! «Alors l’Éternel sera jaloux pour son pays, et aura pitié de son peuple. Et l’Éternel répondra et dira à son peuple: Voici, je vous envoie le blé, et le moût, et l’huile, et vous en serez rassasiés; et je ne vous livrerai plus à l’opprobre parmi les nations» (v. 18, 19). «Épargne ton peuple», avait dit le Résidu (v. 17), faisant appel aux relations de jadis entre Dieu et lui; y faisant appel, quand il est encore sous la sentence de Lo-Ammi, et que le jour grand et terrible de l’Éternel s’est abattu sur lui. Aussitôt Dieu répond à son peuple. La sentence est levée, abolie, anéantie pour toujours; les relations avec Dieu sont rétablies, toutes les bénédictions terrestres qui en découlent sont retrouvées, car il s’agit ici d’un peuple terrestre. «Dans le lieu où il leur a été dit: Vous n’êtes pas mon peuple, il leur sera dit: Fils du Dieu vivant» (Osée 1:10). Le blé, le moût et l’huile, l’offrande et la libation, détruits autrefois lors des jugements préparatoires (1:9), redeviennent la part du peuple qui en est rassasié. La maison de l’Éternel qui se trouvait depuis une demi-semaine d’années sans sacrifices et sans offrandes est de nouveau ouverte (Dan. 9:27); le fidèle peut s’approcher de Dieu dans son temple; il n’est plus «livré à l’opprobre parmi les nations» qui disent: «Où est leur Dieu?» (v. 19, 17).

Mais qu’est-ce que l’Éternel va faire de cet Assyrien, verge de sa colère qui a envahi la terre d’Israël et s’est même emparé une première fois de la ville sainte? «J’éloignerai de vous celui qui vient du Nord, et je le chasserai dans un pays aride et désolé, sa face vers la mer orientale, et son arrière-garde vers la mer d’occident; et sa puanteur montera, et son infection montera, parce qu’il s’est élevé pour faire de grandes choses» (v. 20).

Cet événement dont le jugement de Sankhérib, sous le règne d’Ézéchias, n’est qu’une faible image (2 Rois 19:35; 2 Chron. 32:21) est continuellement mentionné par les prophètes qui traitent du jugement de l’Assyrien futur. Ainsi Ésaïe 10:24-27: «C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel des armées: Mon peuple, qui habites en Sion, ne crains pas l’Assyrien! Il te frappera avec une verge et lèvera son bâton sur toi à la manière de l’Égypte; car encore très peu de temps, et l’indignation sera accomplie, et ma colère, dans leur destruction. Et l’Éternel des armées suscitera contre lui un fouet, comme Madian a été frappé au rocher d’Oreb; et son bâton sera sur la mer, et il le lèvera à la manière de l’Égypte. Et il arrivera en ce jour-là, que son fardeau sera ôté de dessus ton épaule, et son joug de dessus ton cou; et le joug sera détruit à cause de l’onction.» Et encore Ésaïe 14:24, 25: «Pour certain, comme j’ai pensé, ainsi il arrivera, et, comme j’ai pris conseil, la chose s’accomplira, de briser l’Assyrien dans mon pays; et je le foulerai aux pieds sur mes montagnes; et son joug sera ôté de dessus eux, et son fardeau sera ôté de dessus leurs épaules.» Ézéchiel, parlant de Gog, l’Assyrien, dit: «Et tu viendras de ton lieu, du fond du Nord, toi et beaucoup de peuples avec toi, tous montés sur des chevaux, un grand rassemblement et une nombreuse armée; et tu monteras contre mon peuple Israël comme une nuée, pour couvrir le pays. Ce sera à la fin des jours.» «Et j’appellerai contre lui l’épée sur toutes mes montagnes, dit le Seigneur, l’Éternel; l’épée de chacun sera contre son frère. Et j’entrerai en jugement avec lui par la peste et par le sang; et je ferai pleuvoir une pluie torrentielle, et des pierres de grêle, du feu et du soufre, sur lui et sur ses bandes, et sur les peuples nombreux qui seront avec lui» (Ézéch. 38:15, 16, 21, 22). Et le même prophète. «Voici, j’en veux à toi, Gog... et je te ferai retourner, et je te mènerai, et je te ferai monter du fond du Nord, et je te ferai venir sur les montagnes d’Israël. Et j’abattrai ton arc de ta main gauche, et je ferai tomber tes flèches de ta main droite; tu tomberas sur les montagnes d’Israël, toi et toutes tes bandes, et les peuples qui seront avec toi; je te donnerai en pâture aux oiseaux de proie de toute aile, et aux bêtes des champs; tu tomberas sur la face des champs; car moi, j’ai parlé, dit le Seigneur, l’Éternel» (39:2-5). «Voici, cela vient et s’accomplit, dit le Seigneur, l’Éternel: c’est ici le jour dont j’ai parlé» (39:8). Et de même Daniel: «Le roi du Nord fondra sur lui comme une tempête, avec des chars et des cavaliers, et avec beaucoup de navires, et entrera dans le pays et inondera et passera outre; et il viendra dans le pays de beauté, et plusieurs pays tomberont; mais ceux-ci échapperont de sa main: Édom, et Moab, et les principaux des fils d’Ammon. Et il étendra sa main sur les pays, et le pays d’Égypte n’échappera pas. Et il aura sous sa puissance les trésors d’or et d’argent, et toutes les choses désirables de l’Égypte; et les Libyens et les Éthiopiens suivront ses pas. Mais des nouvelles de l’Orient et du Nord l’effrayeront, et il sortira en grande fureur pour exterminer et détruire entièrement beaucoup de gens. Et il plantera les tentes de son palais entre la mer et la montagne de sainte beauté; et il viendra à sa fin, et il n’y aura personne pour le secourir» (Daniel 11:40-45). Citons encore, en terminant, Michée 5:6: «Et Il nous délivrera de l’Assyrien, quand il entrera dans notre pays, et qu’il mettra le pied dans nos confins.»

Ainsi donc, «celui qui vient du Nord»1, l’Assyrien, après avoir une première fois saccagé Jérusalem, puis passé outre pour envahir l’Égypte, reviendra de là contre la ville et le pays de beauté (la Palestine) et y sera anéanti par l’intervention immédiate de l’Éternel: «J’éloignerai de vous celui qui vient du Nord.» C’est alors, et alors seulement qu’aura lieu la délivrance finale de Jérusalem, accomplie en partie une première fois, historiquement et en type sous Ézéchias, quand l’ange de l’Éternel frappa 185 000 hommes dans le camp de Sankhérib, roi d’Assyrie, qui assiégeait Jérusalem, mais ne la prit pas. Cet ennemi sera chassé «dans un pays aride et désolé (le désert de Juda?), sa face vers la mer orientale (la mer Morte), et son arrière-garde vers la mer d’Occident» (la Méditerranée). Les cadavres de cette multitude couvriront le sol et leur puanteur montera et leur infection montera. (Ici, allusion nouvelle à l’armée des sauterelles qui, détruite, répand sa puanteur dans les airs.) Une subite et terrible destruction vient sur ce dernier ennemi d’Israël, «parce qu’il s’est élevé pour faire de grandes choses» (v. 20). Mais il n’y a que l’Éternel qui en fasse: «Ne crains pas, terre; égaye-toi et réjouis-toi; car l’Éternel fait de grandes choses» (v. 21). En effet, l’orgueil de l’homme qui va devant l’écrasement, sa haine contre Dieu et son peuple qui lui fait méditer les attaques brusquées, le mal, le pillage et la destruction, tout cela est réduit à néant lorsque Dieu se lève pour intervenir. Dieu fait de grandes choses! Si ses jugements sont grands, si son jour «est grand et fort terrible», si l’Assyrien, par lequel il châtie son peuple est sa «grande armée» (v. 25), sa miséricorde, sa gratuité et ses délivrances sont plus grandes encore. La grandeur de son caractère divin est de faire sortir ses délivrances du sein même de ses jugements. Ainsi, avant toutes choses, il est grand en conciliant des caractères absolument inconciliables pour l’esprit de l’homme, sa justice et sa grâce, sa sainteté et son amour. Oui, l’Éternel fera de grandes choses pour Israël qui les reconnaîtra à l’aube du règne du Messie, mais, loué soit Son nom, ces choses sont déjà faites pour nous sans qu’il nous en coûte rien, sans qu’il nous faille traverser le jour de la tribulation, le grand jour de l’Éternel pour les connaître! À Golgotha, lieu du jugement qui est tombé sur notre Substitut, Dieu, en donnant son propre Fils, a fait s’entrebaiser sa haine pour le péché et son amour pour le pécheur.

1 Nous le répétons: «le roi du Nord» ou «celui qui vient du Nord», n’est jamais Nebucadnetsar, quoique la Chaldée et les contrées avoisinantes soient souvent appelées le Nord.

«Ne craignez pas, bêtes des champs, car les pâturages du désert verdissent, car l’arbre porte son fruit, le figuier et la vigne donnent leur force» (v. 22). À la suite de la défaite de l’Assyrien, toutes les plaies qui avaient atteint le pays ont disparu. La terre reverdit, les champs sont couverts de moissons, la vigne et le figuier, ces heureuses images d’Israël, portent leur fruit. L’offrande et la libation pourront être de nouveau offertes à l’Éternel. On trouve les mêmes promesses en Ézéchiel 36:29, 30. «J’appellerai le blé, et je le multiplierai, et je ne vous enverrai pas la famine; et je multiplierai le fruit des arbres et le produit des champs, afin que vous ne portiez plus l’opprobre de la famine parmi les nations.»

«Et je vous rendrai les années qu’a mangées la sauterelle, l’yélek, et la locuste, et la chenille, ma grande armée que j’ai envoyée au milieu de vous» (v. 25). Ces mots nous reportent au chap. 1 et ne sont pas une allusion aux armées de l’Assyrien. Il s’agit, dans tout ce passage, de la bénédiction du pays, mis à l’abri des calamités envoyées comme jugements aux jours de l’endurcissement du peuple. L’ère de paix dont la Création jouira sous le règne du Messie, n’est pas un fait sans importance, et cette pensée devrait remplir nos cœurs de joie et d’espérance. «La création elle-même aussi sera affranchie de la servitude de la corruption, pour jouir de la liberté de la gloire des enfants de Dieu. Car nous savons que toute la création ensemble soupire et est en travail jusqu’à maintenant» (Rom. 8:21 et 22).

«Et vous, fils de Sion, égayez-vous et réjouissez-vous en l’Éternel, votre Dieu; car il vous donne la première pluie dans sa mesure, et fait descendre sur vous la première pluie et la dernière pluie, au commencement de la saison.» Il s’agit ici de bénédictions purement temporelles; la première pluie, celle qui suit les semailles faites en octobre, la seconde pluie, celle de mars à la suite de laquelle le grain semé en octobre promet une moisson abondante. Mais il est à remarquer que la bénédiction des pluies par lesquelles la récolte et la vendange sont assurées, est liée à la présence de l’Éternel, du Messie, du Roi, au milieu de son peuple. «Sa sortie est préparée comme l’aube du jour; et il viendra à nous comme la pluie, comme la pluie de la dernière saison arrose la terre» (Osée 6:3). «Dans la lumière de la face du Roi est la vie, et sa faveur est comme un nuage de pluie dans la dernière saison» (Prov. 16:15)1. C’est alors que l’Éternel reprendra et reconnaîtra publiquement ses relations avec son peuple, déclaré jadis Lo-Ammi; alors aussi, que le peuple lui-même se réjouira dans le nom de son Dieu: «Vous louerez le nom de l’Éternel, votre Dieu, qui a fait des choses merveilleuses pour vous; et mon peuple ne sera jamais honteux. Et vous saurez que je suis au milieu d’Israël, et que moi, l’Éternel, je suis votre Dieu, et qu’il n’y en a point d’autre; et mon peuple ne sera jamais honteux» (v. 26, 27). Toute la honte d’autrefois est passée (1:10, 11, 12); le Seigneur de gloire vient prendre place au milieu de son peuple. C’est ainsi que se termine cette division du livre.

1 Voyez encore pour les pluies: Zach. 10:1; Deut. 11:14; Jér, 5:24; Ps. 84:7; 2 Sam. 23:4.