Ézéchiel

Chapitre 21

Dans la version autorisée du roi Jacques, les versets 1 à 5 de ce ch. 21 sont rattachés au ch. 20 en tant que v. 45 à 49 contrairement au texte hébreu et à certaines versions anciennes.

Les cinq premiers versets nous montrent la conquête de la Judée sous l’image d’une forêt en feu. Le prophète doit tourner sa face vers le Sud [le Midi] et prophétiser à son sujet; cela est répété sous trois formes, avec emphase.

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, tourne ta face vers le sud, et distille tes paroles contre le midi, et prophétise contre la forêt des champs du midi, et dis à la forêt du midi: Écoute la parole de l’Éternel: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Voici, j’allume en toi un feu qui consumera en toi tout bois vert et tout bois sec» (21:1-3). Le jugement est exercé contre tous, forts ou faibles.

«La flamme flamboyante ne sera pas éteinte, et tout ce qu’elle rencontrera en sera brûlé, du midi jusqu’au nord. Et toute chair verra que moi, l’Éternel, je l’ai allumé; il ne sera pas éteint» (21:3-4). La manière complète dont le jugement est exercé montre que c’est la main de l’Éternel.

«Et je dis: Ah, Seigneur Éternel! ils disent de moi: Celui-ci ne parle-t-il pas en paraboles?» (21:5). La parole était assez claire, mais l’homme trouve difficile à comprendre ce qu’il n’aime pas entendre.

La communication suivante est cependant plus distincte et plus complète (v. 6-12).

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, tourne ta face contre Jérusalem, et distille tes paroles contre les sanctuaires, et prophétise contre la terre d’Israël, et dis à la terre d’Israël: Ainsi dit l’Éternel: Voici, c’est à toi que j’en veux, et je tirerai mon épée de son fourreau, et je retrancherai de toi le juste et le méchant» (21:6-8). Il n’est plus parlé en images, mais en langage ordinaire. Le carnage atteindrait tous sans distinction, non pas en châtiment, mais en vengeance. Ce n’est plus un incendie, mais l’épée.

«Parce que je retrancherai de toi le juste et le méchant, à cause de cela mon épée sortira de son fourreau contre toute chair, du midi jusqu’au nord; et toute chair saura que moi, l’Éternel, j’ai tiré mon épée de son fourreau: elle n’y retournera plus» (21:9-10). La sentence irrévocable était lancée contre la Judée.

«Et toi, fils d’homme, gémis à te briser les reins, gémis avec amertume devant leurs yeux» (21:11). Tous devaient y prendre garde. Ce n’était pas un sujet secondaire, ni de l’affectation de la part d’Ézéchiel. Dieu entendait que cela fût senti profondément, — par le prophète d’abord, afin que les autres en aient de la crainte.

«Et il arrivera que, quand ils te diront: Pourquoi gémis-tu? tu diras: C’est à cause de la rumeur, car elle vient; et tout cœur sera défaillant, et toutes les mains deviendront lâches, et tout esprit faiblira, et tous les genoux se fondront en eau. Voici, elle vient, elle est là, dit le Seigneur, l’Éternel» (21:12). La certitude du jugement, bien que jugement national, devait remplir d’angoisse très profonde le cœur du prophète.

«Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Fils d’homme, prophétise, et dis: Ainsi dit l’Éternel: Dis: L’épée, l’épée est aiguisée et aussi fourbie. C’est afin qu’elle égorge bien, qu’elle est aiguisée; c’est pour briller comme l’éclair, qu’elle est fourbie. Ou bien nous réjouirions-nous, disant: Le sceptre de mon fils méprise tout bois? Et il l’a donnée à fourbir, pour qu’on la prenne dans la main; c’est une épée aiguisée, et elle est fourbie, pour la mettre dans la main de celui qui tue. Crie et hurle, fils d’homme! Car elle sera contre mon peuple, elle sera contre tous les princes d’Israël: ils sont livrés à l’épée avec mon peuple; c’est pourquoi frappe sur ta cuisse. Car l’épreuve est faite; et quoi?.... si même le sceptre méprisant n’existe plus? dit le Seigneur, l’Éternel» (21:13-18).

Puis vient la direction: «Et toi, fils d’homme, prophétise, et frappe tes mains l’une contre l’autre, et que les coups de l’épée redoublent jusqu’à la troisième fois; c’est l’épée des tués, l’épée qui a tué les grands, et qui les environne. C’est afin que le cœur se fonde et que les occasions de chute soient multipliées, que j’envoie l’épée menaçante contre toutes leurs portes. Ah! elle est faite pour briller comme l’éclair, et affilée pour tuer. Ramasse tes forces, va à droite, tourne-toi, va à gauche, où que ta face soit dirigée. Et moi aussi je frapperai mes mains l’une contre l’autre, et je satisferai ma fureur. Moi, l’Éternel, j’ai parlé» (21:19-22). Il est maintenant parlé d’eux comme de grands hommes, non plus au figuré comme d’arbres, secs ou verts. L’Éternel frapperait ses mains l’une contre l’autre, et satisferait Sa fureur.

Puis avec une image particulièrement énergique du Chaldéen et de ses augures, nous avons une nouvelle description de ce qui avait attiré la colère de l’Éternel contre Jérusalem. «Et la parole de l’Éternel vint à moi, disant: Et toi, fils d’homme, place devant toi deux chemins par où vienne, l’épée du roi de Babylone: qu’ils partent tous deux du même pays; et fais-toi un indicateur, fais-le à l’entrée du chemin d’une ville. Tu disposeras un chemin pour que l’épée vienne à Rabba des fils d’Ammon, et un chemin en Juda, pour que l’épée vienne à Jérusalem, la ville forte [Ni le roi ni le peuple n’avaient confiance en l’Éternel]. Car le roi de Babylone se tient au point d’embranchement de la route, à la tête des deux chemins, pour pratiquer la divination: il secoue les flèches, il interroge les images, il examine le foie. Dans sa droite est la divination touchant Jérusalem, pour placer des béliers, pour qu’on ouvre la bouche en cris de carnage, pour qu’on élève la voix en cris de guerre, pour placer des béliers contre les portes, pour élever des terrasses, pour bâtir des tours. Et ce sera pour eux, à leurs yeux, une divination fausse, pour eux qui se sont engagés par serment; mais lui, il rappellera le souvenir de l’iniquité, pour qu’ils soient pris. C’est pourquoi, ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Parce que vous rappelez en mémoire votre iniquité, en ce que vos transgressions sont découvertes, de sorte que vos péchés paraissent dans toutes vos actions; parce que vous êtes rappelés en mémoire, vous serez pris par sa main» (21:23-29). Le roi de Jérusalem était encore plus perfide envers l’Éternel que le roi idolâtre de Babylone. Ce dernier avait compté que Sédécias respecterait son serment, mais Sédécias n’avait aucun respect de ce serment.

C’est pourquoi Sédécias est appelé un prince profane d’Israël, dont le jour était venu au temps où l’iniquité prendrai fin (21:30).

«Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel: Ôte la tiare, et enlève la couronne; ce qui est ne sera plus. Élève ce qui est bas, et abaisse ce qui est élevé. J’en ferai une ruine, une ruine, une ruine! Ceci aussi ne sera plus, jusqu’à ce que vienne celui auquel appartient le juste jugement, et je le lui donnerai» (21:31, 32). Le Messie viendra et règnera, mais jusque là il y aura ruine, et seulement de la ruine. À lui appartient le juste jugement.

Le chapitre se clôt avec une prophétie concernant les fils d’Ammon. «Et toi, fils d’homme, prophétise, et dis: Ainsi dit le Seigneur, l’Éternel, touchant les fils d’Ammon et touchant leur opprobre; et tu diras: L’épée, l’épée est tirée, elle est fourbie pour la tuerie, pour dévorer, pour briller, pendant qu’ils ont pour toi des visions de vanité et qu’ils devinent pour toi le mensonge, pour te jeter sur les cous des méchants qui sont tués, dont le jour est venu au temps de l’iniquité de la fin. Remets-la dans son fourreau! Je te jugerai au lieu où tu fus créé, au pays de ton origine. Je verserai sur toi mon indignation, je soufflerai contre toi le feu de mon courroux, et je te livrerai en la main d’hommes brutaux, artisans de destruction. Tu seras pour le feu, pour être dévoré; ton sang sera au milieu du pays; on ne se souviendra pas de toi; car moi, l’Éternel, j’ai parlé» (21:33-37). Ce n’était pas une question d’un peuple seulement, mais de deux. Jérusalem était le premier objet de la vengeance destructrice, mais les fils d’Ammon n’échapperaient pas, et tomberaient à leur tour. Le rejet du gouvernement de Dieu au moyen de la loi aboutirait à la disparition complète d’Israël; mais la grâce interviendrait, et Dieu se réserverait en grâce de restaurer ce qui était sans espoir, tant que les promesses étaient liées à des conditions, car le peuple avait violé toutes les conditions, sans en remplir aucune. Ils devaient être emmenés captifs, et le royaume renversé, jusqu’à la venue du Messie. Mais les fils d’Ammon seraient jugés dans leur propre pays. C’est une erreur de nier tant leur captivité que leur restauration en son temps (comparer Jér. 49:6).