2 Thessaloniciens

Chapitre 2

V. 1-12

Dans le premier chapitre, l’apôtre avait parlé du jour du Seigneur (v. 10), et montré qu’en ce jour Il viendrait pour la Rétribution des méchants. Une question bien propre à troubler les Thessaloniciens se posait maintenant devant eux. Ce jour était-il arrivé ou était-il encore à venir? En ce temps-là, Satan ameutait le monde contre les enfants de Dieu, pensant les décourager, mais aussi les tromper par les tribulations en leur faisant admettre que le jour du Seigneur était là. En tout temps l’Ennemi cherche à détruire l’œuvre de Dieu dans le cœur des rachetés. On le voit, dans les Épîtres, attaquer toujours les grandes vérités qui constituent notre patrimoine spirituel. Il n’a pas changé de tactique aujourd’hui. Qu’il s’agisse de la rédemption, de la foi, de l’amour, de la résurrection, de la vie éternelle, de l’existence de Satan lui-même, de l’éternité des peines, de la Parole inspirée, de la divinité et de la parfaite humanité de Christ, toujours cet Adversaire inlassable est à l’œuvre pour nous enlever ces choses et les enlever souvent, hélas! aux âmes et aux consciences des enfants de Dieu, par ceux qui devraient les instruire. Dans ce cas-ci, il profitait de la tribulation suscitée par lui pour égarer les Thessaloniciens. De faux docteurs leur disaient que le jour du Seigneur était là; qu’il n’était plus question de la venue du Seigneur pour enlever les saints, et qu’ils avaient été trompés dans leur espérance.

C’est pourquoi l’apôtre montre à ces chrétiens, en danger d’être ébranlés, que trois événements doivent précéder le jour du Seigneur: le premier est la venue, la Parousie de Christ, le second l’apostasie, le troisième l’apparition de l’homme de péché. Aussi longtemps que ces trois faits n’ont pas eu lieu, l’apparition du Seigneur Jésus est impossible. Car, s’il est vrai qu’aucun événement ne doit précéder Sa venue, il est vrai aussi que toute une série d’événements nous séparent de Son apparition.

Ces vérités sont exposées en détail dans notre chapitre, en même temps que les caractères de l’Antichrist. Aucune partie de la Parole, sauf l’Apocalypse et la première Épître de Jean, ne nous parle d’une manière aussi claire des rapports de cet «homme de péché» avec la Chrétienté.

Un jour arrivera où le Seigneur, qui considère les saints comme son plus précieux joyau, exercera la vengeance sur ceux qui les ont tourmentés et opprimés, et fera retomber en jugement sur la tête de ses ennemis toutes les iniquités commises contre ses élus. Mais ce jour, comme nous l’avons vu au chap. 1, est en même temps le jour glorieux où ceux qui ont souffert pour Lui auront leur récompense. Dans ce jour ils auront du repos et le Seigneur lui-même, le témoin fidèle, verra la manifestation de sa propre gloire, à laquelle rien ne manquera désormais. C’est alors que les saints apparaîtront avec Lui en gloire. Sa gloire resplendira à la fois dans ses rachetés et dans l’exécution de ses jugements, sans lesquels elle ne serait pas complète, puisque sans eux la justice et la sainteté d’un Dieu qui a le mal en horreur, ne seraient pas prouvées.

Les hommes parlent beaucoup de la bonté de Dieu, mais cherchent par ce moyen à se cacher Sa justice qui les inquiète. Méconnaissant la sainteté de Dieu, ils rabaissent son amour à l’indifférence au sujet du péché. Ils ne veulent pas savoir que Celui qui est Amour est aussi Lumière et ne peut accorder celle-ci avec les ténèbres!

Le jour du Seigneur est celui où la puissance satanique qui s’est élevée contre Christ sera définitivement brisée par «l’apparition de Sa venue». Le caractère de Satan se résumera dans la venue d’un homme, l’homme de péché, tandis que le caractère de Dieu s’était révélé dans la venue du second Adam, de l’homme saint, dépendant et obéissant jusqu’à la mort de la croix. Le chap. 2 place devant nos yeux tous les caractères du Méchant et nous montre combien il sera juste de faire subir à cet Ennemi de Dieu et de Christ un sort pire que celui des plus grands pécheurs et de le jeter vivant dans l’étang de feu et de soufre, lui qui a osé s’attaquer à la personne du Fils de Dieu dans le ciel.

«Or nous vous prions, frères, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de Lui, de ne pas vous laisser promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c’était par nous, comme si le jour du Seigneur était là» (v. 1, 2).

Nous l’avons dit, c’est la seule fois que la Venue du Seigneur, sa Parousie, soit mentionnée séparément dans cette Épître. Sa venue était la première vérité que les Thessaloniciens eussent à retenir ici, en présence des ruses de Satan pour les induire en erreur. L’exhortation de l’apôtre porte sur une chose qu’ils connaissaient parfaitement. La première Épître ne leur avait-elle pas développé la venue du Seigneur Jésus pour ravir ses saints et les rassembler auprès de lui? L’apôtre a soin de leur rappeler cette vérité, de peur de la leur voir abandonner. S’ils la retenaient, tout l’effort de Satan pour les tromper était annulé. Le dernier chapitre de la première Épître avait fait ressortir la différence entre la Venue du Seigneur pour les siens et le jour du Seigneur pour le monde, montrant que ces deux choses étaient entièrement distinctes, tout en formant un seul tout quand il s’agissait des saints. Dans le second chapitre de la seconde Épître, tout en maintenant la différence essentielle entre la Venue et le jour du Seigneur, il a soin de faire ressortir leur liaison, en appelant ce dernier «l’Apparition de Sa Venue». Ce terme même implique que lors de Sa Venue (Parousie) personne d’autre que les siens ne le verra, tandis que «tout œil le verra» lors de son apparition (Apoc. 1:7).

Paul exhorte les Thessaloniciens à ne pas se laisser «bouleverser dans leurs pensées». C’était, en effet, ce que Satan voulait produire. L’apôtre tient tête à l’Ennemi pour ses enfants dans la foi. Satan profitait de la tentation qu’il avait suscitée pour leur ravir leur espérance. Elle n’avait, en effet, aucune raison d’être s’ils traversaient les détresses du jour du Seigneur. Remarquez avec quelle audace et quelle ruse mensongère Satan cherche à tromper les chrétiens. D’un côté, il suscite le monde contre eux, de l’autre il cherche à détruire leur foi et leur espérance. Il est ici à la fois le lion rugissant et le serpent ancien habile à séduire les enfants de Dieu. Ce que Satan faisait alors, il le fait encore aujourd’hui. Dans le bouleversement actuel des nations, combien de fois avons-nous entendu cette question: «Ne traversons-nous pas les temps prophétiques de la fin et les derniers jugements de Dieu sur le monde?» Ce n’est pas autre chose qu’une ruse de l’Ennemi pour détourner les pensées des hommes de la venue du Seigneur et du temps de la grâce.

Remarquez encore l’habileté de l’adversaire à semer le trouble et la défiance dans les âmes. L’apôtre dit: «ni par esprit». Ces faux docteurs — il y en avait beaucoup en ce temps-là — pareils aux faux prophètes parmi le peuple d’Israël, prétendaient à l’inspiration pour proclamer que le jour était là. — «Ni par parole»: En un temps où la parole de Dieu n’était pas encore complétée, ils avaient la prétention de donner, dans leurs discours, la pensée de Dieu au sujet des événements de la fin. — «Ni par lettre, comme si c’était par nous»: La falsification des écrits inspirés était une chose aussi commune qu’odieuse, dès les premiers temps de l’Église. Des épîtres, soi-disant de Paul, forgées de toutes pièces, étaient répandues parmi les chrétiens et Paul, pour les mettre en garde contre ces falsifications de la parole de Dieu, signait toutes ses Épîtres de sa propre main. Soutenues de commentaires et d’interprétations, ces fausses épîtres bouleversaient les âmes, y introduisaient l’incertitude quant à l’espérance chrétienne, et cherchaient à annuler les enseignements inspirés donnés précédemment. Aussi Paul a-t-il soin de dire, au v. 15 de notre chapitre, que seules sa parole et sa lettre faisaient autorité.

L’apôtre donne une seconde preuve (la première était que la Venue du Seigneur n’avait pas encore eu lieu) qui contredisait et réduisait à néant toutes les affirmations de l’Ennemi: L’apostasie n’était pas encore arrivée. Or elle doit nécessairement précéder le jour du Seigneur. L’apostasie est l’abandon complet de la foi et de la doctrine chrétiennes, en un mot, du christianisme. Les principes subversifs se sont beaucoup développés dès lors, cependant la pleine apostasie n’a pas encore eu lieu de nos jours, mais nous la voyons se préparer de plus en plus. La négation de l’inspiration des Écritures en est le commencement fatal, la négation de la divinité de Christ et de l’existence de Dieu le Père est le point où elle aboutira. (L’apostasie juive reniera le Dieu souverain et le Messie.) L’apôtre enseigne donc ici que l’apostasie aura lieu avant l’apparition du Seigneur.

La troisième preuve, que le jour du Seigneur n’était pas là était que «l’homme de péché» qui incarnera cette apostasie et en sera le représentant sur la terre, n’était pas encore révélé. Cet homme de péché est appelé l’Antichrist dans la première Épître de Jean, nom qui ne lui est donné que là. L’Antichrist, tel que Jean le présente, incarne l’esprit d’opposition à Christ et enseigne des doctrines subversives du christianisme. C’est pourquoi «il y a déjà plusieurs Antichrist» dont les fausses doctrines préparent l’avènement de cet homme.

Nous retrouvons ce personnage avec d’autres caractères en diverses parties de la Parole. Au chap. 13 de l’Apocalypse il est présenté comme la seconde Bête. Une première Bête, l’Empire Romain incarné dans son chef, sortira de la mer, de l’anarchie des peuples. La seconde Bête, l’Apostasie, incarnée dans l’Antichrist, sortira de la terre, du monde organisé. Elle aura deux cornes semblables à un agneau, un pouvoir temporel et le pouvoir religieux, ayant une lointaine analogie avec la puissance papale d’autrefois. Nous savons que l’Antichrist se fera adorer à Jérusalem, qu’il établira sa puissance spirituelle sur tout le monde apostat d’alors, en liaison avec la première Bête, l’Empire Romain, ressuscité sous forme de Confédération latine, et introduira d’un côté l’idolâtrie de l’État, représenté par l’image de la Bête, et l’idolâtrie de l’homme dans sa propre personne. Cet «inique» (appelé aussi le faux prophète, Apoc. 19:20), «l’homme de péché... le fils de perdition, s’oppose et s’élève contre tout ce qui est appelé Dieu ou qui est un objet de vénération, en sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu, se présentant lui-même comme étant Dieu» (vers. 3, 4). En Apoc. 13, nous le voyons faire de grands miracles, par lesquels les Juifs qui «demandent des miracles» (1 Cor. 1:22) sont séduits; notre chapitre fait aussi mention de ce caractère (v. 9). Dans l’Apocalypse, usurpant la puissance de Dieu dans ce monde, il fait, comme Élie, «descendre le feu du ciel sur la terre devant les hommes» (Apoc. 13:13), de manière à les convaincre qu’il dispose à son gré des puissances du ciel. À la fin de l’Apocalypse, quand le Seigneur sort du ciel pour détruire les nations, la Bête et le faux prophète sont tous deux «jetés dans l’étang de feu embrasé par le soufre» (Apoc. 19:20).

Dans le livre de Daniel, ce même Antichrist a un autre nom. Voici ce que nous lisons au chap. 11:36: «Et le Roi agira selon son bon plaisir, et s’exaltera, et s’élèvera contre tout dieu, et profèrera des choses impies contre le Dieu des dieux». Il est considéré dans ce passage sous son caractère juif comme puissance temporelle, mais comme faux Messie et Adversaire de l’Éternel, du Dieu souverain, bien qu’idolâtre lui-même à sa manière (v. 36-39). Le peuple juif l’acceptera, le proclamera même comme son roi, au lieu de revenir au Christ; il n’aura pas d’obstacle à sa volonté; il sera blasphémateur et prospérera jusqu’à ce que l’indignation soit accomplie. C’est donc surtout comme Roi et faux Messie qu’il est présenté en Daniel. Vous trouvez ce même caractère en Ésaïe 30, 33. En Zach. 11:15-17, il est le «pasteur de néant» sur lequel l’épée tombera. En Ésaïe 9:15, il est le «prophète qui enseigne le mensonge». Dans les Psaumes il est constamment nommé «le Méchant».

Notre Épître ne le présente pas dans son caractère royal, mais uniquement sous l’image d’une puissance spirituelle satanique qui déçoit les hommes, est déjà depuis longtemps à l’œuvre dans ce monde et s’incarnera à la fin dans l’homme de péché en rapport, non avec le peuple Juif, mais avec la Chrétienté. Cependant le fait qu’il «s’assied dans le temple de Dieu» introduit ici la liaison entre son caractère comme représentant l’Apostasie juive et ce qui nous est dit de ses rapports avec la Chrétienté apostate.

Tous ces principes de l’Antichrist sont à l’œuvre aujourd’hui. La doctrine qui élève l’homme et le déifie est acceptée maintenant par des milliers d’âmes. Quand elle se manifestera dans son plein développement infernal, les hommes se prosterneront devant le «Sur-homme» qui prétend être Dieu. C’est alors que le Seigneur apparaîtra dans le ciel, réservant un sort terrible aux deux représentants de l’apostasie finale; alors la gloire de Celui qui montrera se justice et sa sainteté en rétribution, et sa grâce en rémunération, sera manifestée et la création tout entière sera affranchie de la servitude de la corruption pour goûter la liberté de la gloire des enfants de Dieu.

 

Nous disons souvent avec raison que ce qui peut rendre nos âmes heureuses, c’est d’être occupés du Seigneur Jésus seul et des choses excellentes que nous avons en Lui. Mais il arrive souvent aussi que Dieu, pour nous montrer le vrai caractère du milieu dans lequel nous avons à marcher, doit nous faire un tableau solennel de ce qu’est le monde et nous montrer sa fin. C’est en partie la cause pour laquelle le commencement de ce chapitre contient une description si détaillée des événements prophétiques, et nous occupe uniquement du mal. Il importait que les Thessaloniciens ne fussent plus bouleversés ni séduits. L’Esprit de Dieu leur dévoile ce qu’est le monde, caché sous les belles apparences dont il se pare et se parera de plus en plus. Satan se présente souvent comme ange de lumière: tel sera le rôle joué par l’Antichrist devant les hommes.

Le chap. 2 est divisé en deux parties. La première comprend les versets 1 à 12, la seconde les versets 13 à 17. La première place devant nous le règne du prince des ténèbres, la seconde nous introduit dans la pleine lumière devant Dieu. Au commencement du chapitre nous apprenons ce que Satan fait contre nous, à la fin, ce que Dieu, dans sa grâce infinie, a fait pour nous: le salut glorieux qu’Il nous apporte et qui sera consommé par la Venue du Seigneur; la manière dont Dieu nous a acquis ce salut, enfin notre consolation éternelle dans la possession des bénédictions que nous avons en Christ. Quand nous lisons ce chapitre d’un bout à l’autre, le contraste entre la part des enfants de Dieu et celle des hommes éclate d’autant plus que le présent et l’avenir lumineux des premiers se détachent sur un fond de ténèbres absolues qui sont le caractère et la part du monde.

Dieu ne nous donne pas sans raison l’avertissement de ces premiers versets, car de nos temps il y a déjà beaucoup d’Antichrists, et nous sommes appelés à distinguer, pour nous en séparer, l’esprit d’iniquité qui conduit aujourd’hui le monde vers l’Apostasie finale.

L’Antichrist, l’homme de péché, l’inique, a trois caractères: Il est premièrement le fils de perdition. La perdition l’a pour ainsi dire enfanté: il est le produit immédiat de l’enfer et retournera à la perdition dont il est sorti. Sa carrière commence par la perdition quand il s’élève contre tout ce qui est un objet de vénération dans ce monde et se termine par elle lorsque le Seigneur Jésus l’anéantira par le souffle de sa bouche.

En second lieu, il s’oppose et s’élève contre tout ce qui est «appelé Dieu, ou qui est un objet de vénération». Ces termes, nous n’en doutons pas, comprennent (comme ceux de Dan. 11:36) les divinités idolâtres, aussi bien que le vrai Dieu. L’homme de péché veut anéantir toutes les religions existantes, afin de leur substituer une «religion» nouvelle dont il est l’auteur, l’objet et le centre. Il supprime tout ce qui est un objet de vénération pour le remplacer par sa propre personne. Il ne permet pas même que les hommes se prosternent devant leurs idoles.

En troisième lieu, il s’élève contre Dieu lui-même, «en sorte que lui-même s’assiéra au temple de Dieu (à Jérusalem) se présentant lui-même comme étant Dieu». Faisant table rase de toute religion, il n’en supporte qu’une seule, le culte de lui-même, l’homme devenu Dieu, dont la philosophie allemande a apporté l’idée dans le monde. Dans l’Apocalypse il met la marque de la Bête (13:16, 17) sur le front et la main de tous ses adorateurs. Ceux qui ne recevront pas cette marque seront les martyrs de la fin qui feront partie de la «première résurrection» et seront reçus dans la gloire céleste où les saints et l’Église les auront devancés à la Venue du Seigneur.

L’apôtre ajoute: «Ne vous souvenez-vous pas que, quand j’étais encore auprès de vous, je vous disais ces choses?» (v. 5). Nous ne voyons, ni dans les Actes, ni dans la première Épître, que l’apôtre leur en eût parlé, mais nous l’apprenons ici: «Et maintenant vous savez ce qui retient pour qu’il soit révélé en son propre temps» (v. 6). C’était un point important: ils souffraient des persécutions, mais ils savaient ce qui retenait la manifestation de l’homme de péché. Nous pourrions mettre en question ce qui retient maintenant; les Thessaloniciens le savaient alors. Au temps où Paul leur écrivait, il y avait une autorité établie de Dieu dans ce monde, ayant, quelque méchante qu’elle fût, le pouvoir de retenir le dernier développement de puissance satanique, l’apparition de l’homme de péché. Cet homme ne devait apparaître que sous un nouveau régime, au temps déterminé de Dieu. Les Thessaloniciens vivaient sous la domination romaine, sous cette quatrième monarchie des nations, auxquelles Dieu lui-même avait remis l’autorité. Les quatre dominations avaient été confiées aux Gentils, en suite de l’infidélité d’Israël, et maintenant tout devait être soumis au formidable quatrième empire sous lequel Israël était alors en esclavage. Dieu avait donné à Rome le sceptre et la force. Qu’en avait-elle fait? Sans doute, Rome, tout en opprimant Israël, lui avait permis de restaurer splendidement son temple rebâti, mais la tribulation des Thessaloniciens, sortis du paganisme, était autorisée, sinon suscitée, par ce même empire. Et cependant, au moment même où ces choses s’accomplissaient sous cette domination, Dieu la maintenait.

Aux jours où nous sommes, ce n’est plus l’empire Romain qui a la puissance (il la retrouvera); et cela explique le vague des mots: «ce qui retient», qui peuvent s’appliquer à tous les temps. Mais, à tout prendre, nous savons aujourd’hui ce qui retient, comme les Thessaloniciens le savaient alors. Dieu a laissé à d’autres gouvernements l’autorité dans ce monde; on trouve partout (mais on ne la trouvera pas toujours) une organisation civile, militaire, politique, religieuse, que Dieu reconnaît, tout en ayant horreur de tout ce qui s’y fait; on trouve encore des puissances ordonnées de Dieu, reconnues de Lui et par lesquelles (mais plus pour longtemps) il met un frein au dernier développement du mal, à l’apostasie finale. Après ces organisations qui, au jour actuel, tendent rapidement à leur fin, et sombreront dans l’anarchie (comme la Russie en offre l’exemple aujourd’hui1) l’empire Romain qui était, de fait, ce qui retenait alors, réapparaîtra, non plus comme institué de Dieu, mais ressuscité par Satan, et au lieu de «retenir», il favorisera l’Antichrist et s’appuiera sur lui. Sous cet empire Romain ressuscité, rien ne retiendra plus la révélation de l’homme de péché.

1 En 1917.

«Car le mystère d’iniquité opère déjà» (v. 7). Nous rencontrons dans la Parole beaucoup de mystères révélés aux croyants, mais je ne veux mentionner ici que deux d’entre eux: le mystère de la piété et le mystère d’iniquité.

1 Tim. 3:16 nous renseigne sur le mystère de la piété: «Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde, a été élevé dans la gloire». Il n’existe qu’un secret pour produire toute piété véritable dans nos cœurs et dans notre conduite. Ce secret est Christ, vu, prêché et cru depuis qu’il est venu dans ce monde, jusqu’au jour où il fut élevé dans la gloire.

Le mystère d’iniquité est le secret de toute l’iniquité qui prévaudra dans le monde et s’y prépare déjà: l’homme indépendant de Dieu et se substituant à Lui, l’abandon de Jésus Christ. Christ, mystère de la piété, nous a été prêché; nous le connaissons et nous croyons en Lui et nos relations avec Dieu dépendent de cette connaissance. Le mystère d’iniquité n’est pas encore révélé, mais Dieu nous avertit qu’il le sera. La Chrétienté parle maintenant beaucoup plus de morale et d’œuvres humanitaires que de la personne de Christ et prétend toujours plus se passer d’une religion révélée. Ce mal a déjà jeté de profondes racines dans le monde professant qui nous entoure. Lorsque nous aurons été enlevés à la rencontre du Seigneur en l’air, ce mystère sera pleinement révélé: «il opère déjà, seulement Celui qui retient maintenant, le fera jusqu’à ce qu’il soit loin» (v. 7). Il y a donc deux choses: Ce qui retient, et Celui qui retient. Ce qui retient: une autorité, reconnue de Dieu dans ce monde, quelque méchante et corrompue qu’elle puisse être, et variant selon les époques. Elle empêche que le jour de l’Antichrist ne vienne avant le moment déterminé de Dieu, mais si dans le jour actuel nous avons quelque peine à la distinguer, il y a «Celui qui retient», et Celui-là, nous le connaissons parfaitement. C’est le Saint Esprit, le Saint Esprit dans et avec l’Église, car il ne se sépare jamais de l’assemblée Corps et Épouse de Christ, non plus que de chaque chrétien individuellement. Le Saint Esprit, personne divine descendue dans ce monde, habitant dans l’Assemblée et dans chacun de nous, retient encore. Quand il remontera dans sa sphère céleste, «il sera loin» — mais il n’y retournera pas tout seul, car il est venu ici-bas faire, pour ainsi dire, corps avec l’Église, et avec chaque enfant de Dieu. Voilà pourquoi nous lisons à la fin de l’Apocalypse: «L’Esprit et l’Épouse disent: Viens!». Dans l’instant même où l’Esprit qui retient «sera loin», tous les croyants «seront loin avec Lui». Telle est, je pense, la raison pour laquelle la Parole dit «Celui» au lieu de: «l’Esprit». l’Épouse de Christ, dont il est inséparable, s’en ira, conduite par cette troisième personne de la Trinité à la rencontre du Seigneur en l’air.

«Alors (Celui qui retient étant loin) sera révélé l’Inique, que le Seigneur Jésus consumera par le souffle de sa bouche et qu’il anéantira par l’apparition de sa venue» (v. 8). Nous savons que cela aura lieu quand le Seigneur sortira du ciel avec tous ses saints pour exécuter le jugement sur la terre et y établir son règne.

Au v. 9, l’apôtre décrit la manière dont l’Antichrist se présentera: «Duquel la venue est selon l’opération de Satan, en toute sorte de miracles et signes et prodiges de mensonge, et en toute séduction d’injustice pour ceux qui périssent». Remarquez le contraste entre la venue de l’Antichrist et la venue du Christ. Jésus vient une première fois dans ce monde, plus humble que les plus humbles, homme dépendant, obéissant, prendre place au milieu des pécheurs, dans un dévouement absolu et divin, afin de pouvoir être leur Sauveur. À un moment donné, quand Celui qui retient sera loin et que l’heure aura sonné pour l’apparition du Méchant, cet autre homme vient aussi. Lorsque le Seigneur vient, il se révèle par des miracles de grâce, car (sauf un seul, la malédiction du figuier, qui fut un miracle de jugement) tous ses miracles furent des miracles d’amour et de délivrance. Il est dit de Lui: «Jésus le Nazaréen, homme approuvé de Dieu auprès de vous par les miracles et les prodiges et les signes que Dieu a faits par lui au milieu de vous» (Actes 2:22). Le monde l’a rejeté, mais un autre homme, créature de Satan, vient en son propre nom et les hommes le recevront. Ils diront: C’est le Messie attendu qui nous arrive, notre Messie, notre Christ, et tous seront dans l’admiration devant lui. Il opérera, devant le peuple, en apparence les mêmes «miracles, signes et prodiges» que le Christ, mais ce seront des miracles de mensonge, provenant du père du mensonge. Le Seigneur faisait valoir par ses miracles la grâce et la puissance de Dieu; le Méchant les opérera pour s’exalter lui-même dans son orgueil sans borne et pour se faire adorer. Tous les miracles du Sauveur étaient marqués du coin de l’amour et de la vérité, sans aucune déception. Ils montraient tous la vérité sur l’état de l’homme et sur la présence de Dieu en grâce. Les miracles de l’Antichrist auront pour caractère l’illusion avec une apparence de réalité, et leur but sera de séduire et de tromper les âmes; ces miracles séduiront «ceux qui périssent, parce qu’ils n’ont pas reçu l’amour de la vérité pour être sauvés» (v. 10). Ce passage est souvent mal interprété. On lui fait dire que Dieu ne leur a pas donné l’amour de la vérité, ce qui se rapprocherait de la doctrine calviniste de la prédestination, mais il ne dit rien de semblable. L’amour de la vérité est l’amour qui appartient à la vérité. Dieu n’abandonne jamais son caractère de Dieu vrai, pour être un Dieu d’amour, ni son caractère de Dieu d’amour pour être un Dieu de vérité. Lorsque l’Évangile avait été annoncé à ces apostats de la fin, ils ne l’avaient pas reçu, ni l’avaient voulu l’accepter. Ils avaient rejeté l’obéissance de foi à la vérité qui condamne et à l’amour qui sauve les pécheurs. Les ressources de la grâce offerte à des êtres perdus ne les avaient pas tentés. Cet amour de la vérité, nous, chrétiens, nous l’avons reçu, comme nous le verrons dans la seconde partie de ce chapitre (v. 11, 12). Le moyen de recevoir le salut, c’est de «croire la vérité», en un mot, c’est la foi. Il ne faut pas autre chose. Les âmes qui sont perdues éternellement auraient pu recevoir ce salut par la simple foi, mais n’ayant pas cru la vérité, il sera trop tard pour elles. La Parole, remarquez-le bien, ne fait aucune exception pour tous les êtres responsables qui n’ont pas obéi à la vérité par la foi. Le dernier mot de l’histoire de l’Antichrist et de ses adhérents, c’est que tous périront, sans qu’un seul soit épargné. Combien donc c’est chose urgente de présenter «l’amour de la vérité» aux pécheurs, afin qu’ils soient «arrachés hors du feu» et mis à l’abri de la colère à venir!

 

V. 13, 14

La fin de ce chapitre n’est que lumière, en contraste avec son commencement qui nous fait le sombre tableau du fils de perdition et de ceux qui périssent pour l’avoir écouté. Aussi l’apôtre quitte avec joie le sujet des jugements qui forme la substance propre de la seconde Épître, pour célébrer les résultats de la grâce de Dieu envers les chrétiens de Thessalonique.

«Mais nous, nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut, dans la sainteté de l’Esprit et la foi de la vérité, à quoi il vous a appelés par notre Évangile, pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ» (v. 13, 14).

En premier lieu l’apôtre rend grâces à Dieu, et ce cas se répète souvent dans ses Épîtres. On le voit rendre grâces pour la foi des saints, pour leur amour, pour leur attachement de cœur à l’Évangile, mais aussi pour les dons abondants qui leur étaient départis, car il y a des occasions où l’on ne peut rendre grâces pour l’état des chrétiens.

À ne considérer que les Épîtres aux Thessaloniciens, l’apôtre rend grâces deux fois dans chacune d’elles. Dans la première Épître, au chap. 1:3, il rend grâces pour tous les fruits de la vie divine en eux, fruits qui lui fournissaient la preuve de leur élection. Au chap. 2:13 il rend grâces de ce que sa parole, alors qu’elle n’était pas encore écrite, avait été pour eux non une parole d’hommes, ni même la parole d’un apôtre éminent, mais la vraie parole de Dieu, une parole impeccable et divine. Cela me donne l’occasion d’insister de nouveau sur ce point. Restons attachés, de la manière la plus absolue, à la vérité de la Parole écrite. Ce qui nous est donné dans les Écritures est la parole même de Dieu. Quand elle n’était encore que prêchée, elle était déjà reconnue par les croyants comme telle; a-t-elle perdu ce caractère depuis qu’elle est écrite? La doctrine insensée qui a cours aujourd’hui chez une certaine classe de théologiens qui, avant d’enseigner les autres, auraient dû commencer par se placer eux-mêmes à l’école de l’Esprit de Dieu, cette doctrine, que «la parole de Dieu est contenue dans les saintes Écritures» est diamétralement opposée à tout ce que Dieu nous enseigne. Quand le Seigneur parlait aux Juifs de la parole de Dieu, il parlait des Écritures, et de même les apôtres. Dans une multitude de passages, les Écritures sont présentées comme la vraie parole de Dieu en laquelle on peut avoir une pleine confiance. S’il n’en était pas ainsi, à quoi serions-nous réduits aujourd’hui? Nous n’avons plus d’apôtre inspiré pour présenter cette parole à nos oreilles, mais nous avons, pour nous y appuyer, les Écritures, les écrits par lesquels ils ont complété cette Parole.

La seconde Épître contient aussi deux actions de grâces. Au chap. 1:3, l’apôtre rend grâces pour leur foi et leur amour, car il y avait chez eux, comme nous l’avons vu, un accroissement et un développement de ces vertus précieuses.

Ici (2:13) Paul dit: «Nous devons toujours rendre grâces à Dieu pour vous, frères aimés du Seigneur, de ce que Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut». Il rend grâces à Dieu pour le libre choix par lequel il Lui a plu, dès le commencement, de désigner les Thessaloniciens pour le salut. Dans la première Épître, leurs œuvres les faisaient reconnaître comme des élus; l’apôtre rend grâces ici de ce que leur élection dépendait entièrement de Dieu, en contraste avec la perdition éternelle de ceux qui n’avaient pas voulu recevoir le salut. L’œuvre accomplie en leur faveur, montrait combien les Thessaloniciens étaient aimés du Seigneur, alors qu’ils n’étaient pas dignes d’un meilleur sort que le peuple dont ils étaient sortis. Leur salut dépendait uniquement de l’amour de Dieu. L’apôtre dit un peu plus loin (v. 16): «Notre Dieu et Père qui nous a aimés». Ainsi ces chrétiens, jadis idolâtres, entièrement étrangers au salut et sans Dieu dans le monde, avaient été de tout temps les objets de l’amour du Seigneur et de l’amour du Père. Ces êtres misérables étaient devenus, par la foi, des enfants de Dieu; ils avaient souffert la tribulation pour Lui, et l’amour de Dieu y avait pris occasion pour se manifester d’autant plus à leurs cœurs. L’amour du Père et du Fils reposait sur eux.

Cependant l’apôtre ne cherche pas le motif de cette grâce dans leur conduite. Il est vrai que, si nous marchons dans la crainte de Dieu et dans la piété, nous serons les objets d’un témoignage particulier de l’amour du Père et du Fils (Jean 14:23). Le père dont l’enfant est désobéissant ne peut lui témoigner sa satisfaction et son amour, mais nous trouvons ici une tout autre vérité. L’apôtre n’est occupé que du fait que Dieu, dans sa grâce infinie, les «avait choisis dès le commencement pour le salut». Tel était Son objet dès les temps éternels. Dieu qui voit la fin dès le commencement, savait où aboutirait le chemin de l’homme responsable; il savait qu’Adam serait séduit, qu’il écouterait la voix du serpent; il connaissait d’avance les terribles conséquences de son péché; — mais Dieu avait en vue, non pas de rendre heureux l’homme innocent, dans le Paradis terrestre (car son but n’est pas le bonheur sur la terre, d’un homme ignorant le bien et le mal, même si ce bonheur devait durer à l’infini), mais de rendre l’homme, saint comme Lui, éternellement et parfaitement heureux comme Lui, dans le ciel.

«Dieu vous a choisis dès le commencement pour le salut... pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ».

Rendons-nous bien compte de ce que ce seul mot — le salut — signifie. On voit beaucoup d’âmes très heureuses d’avoir reçu le pardon de leurs péchés, et c’est par ce bonheur-là que tout racheté commence nécessairement. Chose infiniment précieuse, en effet, pour une âme convaincue de sa culpabilité devant Dieu, d’apprendre que Dieu a fait une œuvre par laquelle tous ses péchés ont été ôtés! En 1 Cor. 15:55, 56, l’apôtre décrit le péché comme l’aiguillon de la mort qui, semblable au scorpion venimeux, a frappé l’homme. Ce venin, comme un feu infernal, pénètre dans les veines du malheureux qui en est atteint. Qui pourra décrire la misère éternelle de l’homme que le péché a conduit à la mort parce qu’il a refusé de recevoir la grâce? Mais voici que, l’aiguillon de la mort étant ôté, la misère éternelle qui en était la suite a disparu! Le péché étant pardonné, il n’existe plus devant Dieu et il n’en sera plus jamais question. L’abolition du péché est un fait déjà accompli sur la croix pour le croyant. Le pardon des péchés est donc une chose grande et merveilleuse; c’est le salut, mais non pas tout le salut.

Que sont devenues pour un tel homme les conséquences du péché? Elles ont disparu! Dieu a exécuté sa justice en jugement, et cette sentence a atteint son propre Fils sur la croix. Ce jugement est derrière nous; il nous faut nous retourner pour le voir s’appesantir tout entier sur le Juste quand il prenait notre place. Le jugement a été si complet, a si entièrement consumé la Victime sur l’autel, que la croix reste vide désormais. Pour nous, la colère est passée; la colère n’est plus!

La mort sera engloutie en victoire, mais déjà sa puissance a disparu; déjà la victoire nous appartient. La porte d’airain qui devait se fermer sur nous pour toujours est brisée à tout jamais par la résurrection de Christ. Elle est devenue la voie largement ouverte par laquelle nous entrons actuellement dans la maison du Père.

Satan lui-même n’a plus désormais aucun droit sur nous. Sans doute il peut nous séduire, parce que la chair en nous n’ayant pas changé est capable d’écouter, si nous manquons de vigilance, les propositions du Tentateur; mais nous ne sommes plus jamais obligés de lui obéir, n’étant plus ses esclaves, étant délivrés de son empire pour être mis en liberté. Avec mes péchés, la puissance tyrannique du Diable a disparu.

Ayant saisi par la foi ce grand fait que nos péchés sont ôtés pour toujours, nous possédons devant Dieu une justice qu’il se déclare tenu d’accepter, justice qui nous appartient par le fait que Dieu a justifié Celui qui a été fait péché pour nous, en le ressuscitant d’entre les morts et en le faisant asseoir à sa droite. C’est ainsi que nous sommes faits justice de Dieu en Lui.

Salut merveilleux! Et cependant il nous reste encore à en mentionner le couronnement. Nous sommes sauvés, mais le dessein éternel de Dieu à notre égard va bien plus loin que la justification. Il veut nous introduire dans la gloire: «Pour que vous obteniez la gloire de notre Seigneur Jésus Christ». Cette gloire n’est pas une gloire inférieure à la sienne. Ainsi notre salut commence à la croix de Christ et se termine dans Sa gloire. Cette gloire sera la perfection divine, absolue, éternellement mise en évidence et contemplée par tous, dans l’homme, Christ Jésus. Nous la partagerons avec le Fils de l’homme tout en contemplant sa gloire unique, appartenant à Lui seul comme Fils éternel de Dieu.

Tout cela est le salut!

Nous pouvons comprendre que l’apôtre fléchisse les genoux devant le Père de notre Seigneur Jésus Christ, en voyant que ce salut immérité, puisque les Thessaloniciens n’avaient rien fait pour l’obtenir, leur appartenait désormais par le libre choix de la grâce!

«À quoi il vous a appelés par notre Évangile»: c’est, en effet, par l’Évangile que Dieu nous a appelés à ce salut.

L’Évangile comprend deux grands sujets: Le premier est la vérité; le second la grâce.

L’Évangile nous révèle l’état de l’homme séparé de Dieu par le péché et le jugement de Dieu sur cet état. C’est la vérité: l’homme, atteint par elle, se reconnaît pécheur et perdu. Mais ce même Évangile lui ouvre le trésor des ressources divines en lui révélant que le Dieu juste est aussi le Dieu de grâce. Quand il s’agit du salut, la grâce et la vérité, venues par Jésus Christ, sont inséparables. Nous avons été appelés et amenés à Dieu par l’Évangile qui a ce double caractère. Mais, s’agit-il de la responsabilité, ces caractères sont dissociés et celui qui a refusé le salut aura affaire une fois au jugement sans rémission du Dieu de vérité.

Or cet Évangile n’est pas autre chose que la parole de Dieu. C’est de lui qu’il est dit d’abord: «la parole de la vérité de l’Évangile» (Col. 1:5); «la parole de vérité, l’Évangile de votre salut» (Éph. 1:13); «Sanctifie-les par la vérité; ta Parole est la vérité» (Jean 17:17). C’est de lui qu’il est dit ensuite: «l’Évangile de la grâce de Dieu»; «la parole de sa grâce» (Actes 20:24, 32); et enfin: «Vous avez entendu et connu la grâce de Dieu en vérité» (Col. 1:6). Et, comme couronnement du tout, c’est de lui qu’il est dit: «L’Évangile de la gloire du Dieu bienheureux» (1 Tim. 1:11).

L’Évangile se résume donc, comme nous venons de le voir, dans ces trois mots: La vérité, la grâce, la gloire.

Après avoir développé, dans l’Évangile, l’immense plan de Dieu à notre égard, depuis l’éternité passée jusqu’à la gloire éternelle, l’apôtre mentionne les deux moyens par lesquels Dieu agit pour accomplir son dessein.

«Choisis pour le salut, dans la sainteté de l’Esprit et dans la foi de la vérité».

Ces deux moyens sont l’œuvre opérée dans nos cœurs. D’abord «la sainteté de l’Esprit». Dès que la Parole atteint nos consciences, le Saint Esprit nous met à part pour Dieu. Cette sainteté est la première chose produite dans l’âme du pécheur qui reçoit l’Évangile. L’Esprit agit dans le cœur pour y produire le dégoût des choses qu’il avait cherchées jusque-là, des relations qu’il avait avec le péché et avec le monde, et pour tourner ses regards et ses pensées du côté de Dieu comme le fils prodigue quand il dit: «Moi, je péris ici de faim». La première Épître de Pierre exprime cette même action primordiale: «Élus selon la préconnaissance de Dieu le Père, en sainteté de l’Esprit» (1:2).

Mais il faut en outre que la vérité soit reçue dans le cœur; c’est la foi de la vérité. Sans cette foi qui s’attache à la vérité, il n’y a pas de salut possible. La foi est inséparablement liée à l’œuvre de l’Esprit lors de notre conversion. C’est ainsi que l’Évangile du salut nous est appliqué.

Ce court passage nous donne, comme peut-être aucun autre passage des Écritures, tout le plan de la grâce de Dieu à notre égard et la manière dont Dieu s’est plu à le réaliser. Il est merveilleux de voir comment Dieu s’y est pris pour amener de pauvres êtres tels que nous à la possession de ce grand salut, dont la gloire est le dernier mot. L’œuvre de Dieu en nous, agissant de concert avec Son œuvre pour nous, nous met en possession de la béatitude éternelle auprès de notre Sauveur qui est le Seigneur de gloire. Nous attendons maintenant des cieux, Jésus comme Sauveur pour nous y introduire.

Vos cœurs sont-ils assez reconnaissants pour une telle grâce? Attendrez-vous, pour éclater en louanges, que vous soyez réunis autour du trône de l’Agneau, ou bien, sentez-vous dès aujourd’hui le besoin de lui rendre grâces? Mais encore, combien, en attendant le Seigneur, nous devrions nous conduire d’une manière digne de la grandeur d’une œuvre qui nous associe éternellement, dans la gloire, avec le Fils bien-aimé du Père!

 

V. 15-17

Nous n’avons pu dépasser l’autre jour le sujet merveilleux contenu dans les versets 13 et 14 du second chapitre. Dieu n’a besoin que de quelques mots pour développer le plan éternel de sa grâce et nous ouvrir à la fois le passé, le présent et l’avenir. Si les hommes avaient à traiter un sujet pareil, il leur faudrait des volumes pour en expliquer seulement la plus petite partie. Cela ne prouve-t-il pas la divinité de la Parole? En quelques lignes elle nous fait pénétrer dans le mystère des conseils éternels de Dieu, nous nourrit de nos bénédictions présentes et nous fait vivre dans l’espérance des choses futures.

Abordons maintenant les versets 15 à 17 de ce même chapitre: «Ainsi donc, frères, demeurez fermes, et retenez les enseignements que vous avez appris, soit par parole, soit par notre lettre. Or notre Seigneur Jésus Christ lui-même, et notre Dieu et Père, qui nous a aimés et nous a donné une consolation éternelle et une bonne espérance par grâce, veuille consoler vos cœurs et vous affermir en toute bonne œuvre et en toute bonne parole».

Ce passage commence par les paroles d’exhortation auxquelles nous avons fait allusion dans un entretien précédent, mais je sens le besoin d’y revenir comme à un sujet d’une importance capitale pour les chrétiens, dans le jour actuel. La parole de l’apôtre et sa lettre étaient la parole de Dieu. Nous avons maintenant cette Parole tout entière dans les Écritures, mais avant qu’elles fussent complétées, Dieu parlait aussi par la bouche de son apôtre inspiré. Aujourd’hui la parole de Dieu est complète (Col. 1:25), et toute prétention à l’inspiration personnelle ne peut être qu’une illusion ou un mensonge. «La parole de la prédication» en 1 Thess. 2:13, avait une autre valeur qu’une prédication ordinaire; elle était «de Dieu» et «véritablement la parole de Dieu». Quand l’apôtre ne parlait pas par inspiration, il écrivait par inspiration; c’est pourquoi il exhorte ici les Thessaloniciens à retenir les enseignements communiqués «soit par parole, soit par sa lettre». Le Ps. 119, qui décrit les effets de la loi écrite dans le cœur du croyant, confond continuellement la Parole — ce que Dieu a dit — avec la loi ou la Parole écrite.

Les Thessaloniciens avaient reçu la Parole parlée comme étant véritablement la parole de Dieu; les Corinthiens avaient à recevoir la Parole écrite comme étant «le commandement du Seigneur» (1 Cor. 14:37). Une simple exhortation, une simple recommandation données par l’apôtre devaient être considérées, dans ce cas, comme étant la parole de Dieu.

Nous retrouvons cette vérité dans le chapitre 3 de notre Épître. Au verset 1 «la parole du Seigneur» était la prédication de l’apôtre, soit au milieu d’eux, soit au dehors. Au v. 4, ce que l’apôtre avait commandé était les commandements du Seigneur. Au verset 6, l’enseignement qu’ils avaient reçu de Paul était l’enseignement du Seigneur et la parole de Dieu (cf. 2:15). Au v. 14, la parole de Paul, adressée dans cette lettre, avait le même caractère.

En résumé, la parole de la prédication de l’apôtre était la parole de Dieu, l’enseignement donné par l’apôtre, soit de vive voix, soit par écrit, était la vérité, c’est-à-dire la Parole, en opposition avec l’enseignement mensonger des hommes (2:2, 15; 1 Cor. 2:13).

Retenons donc fidèlement cette vérité; elle est notre sauvegarde au milieu de l’apostasie grandissante; ne nous en laissons pas enlever la moindre parcelle, par la théologie rationaliste moderne. Affirmons hautement que la Parole inspirée, quel que soit l’organe par lequel Dieu la communique, et la Parole écrite, quelle que soit la plume dont Dieu se sert pour la communiquer, ont la même valeur absolue, parce que toutes deux sont la parole de Dieu.

Le passage que nous avons cité contient en outre un encouragement. Les Thessaloniciens avaient besoin de consolation au milieu de la tribulation qu’ils traversaient. L’apôtre leur montre d’abord qu’ils possédaient déjà de la part du Seigneur Jésus Christ et de Dieu le Père «une consolation éternelle». Leurs cœurs pouvaient être consolés en la réalisant d’avance. Lazare, dans le sein d’Abraham (Luc 16:25) était consolé à l’état d’âme séparée du corps, en attendant la résurrection; les Thessaloniciens qui avaient été retirés avant la venue du Seigneur jouissaient de cette consolation dans le sein du Père; mais ceux qui restaient pouvaient déjà la goûter maintenant comme attachée au repos qui leur serait donné dans la révélation du Seigneur.

En même temps que cette consolation éternelle, ils avaient reçu «une bonne espérance par grâce». L’espérance qui nous est donnée comprend trois sujets qui se rapportent tous à la personne de Christ: Christ dans le ciel où il nous a préparé une place (Héb. 6:18; 7:19); Christ venant prendre les siens auprès de Lui (1 Thess. 1:3, etc.); Christ manifesté en gloire et nous avec Lui (Col. 1:5, 27; 2 Thess. 1:10). C’est de ce dernier sujet qu’il est question dans notre épître, aussi la consolation éternelle se lie-t-elle ici à l’espérance.

Mais l’apôtre ne demande pas seulement que Dieu console leurs cœurs; il désire aussi que Dieu les affermisse «en toute bonne œuvre et en toute bonne parole», car cela doit caractériser notre marche ici-bas. À la jouissance des choses célestes doit se joindre la pratique journalière de la vie chrétienne. L’apôtre place (selon les meilleures leçons du texte) l’œuvre en premier lieu. Il veut avant tout que la vie pratique des enfants de Dieu soit caractérisée par les bonnes œuvres. Ces œuvres sont celles qui sont faites pour Christ. Elles ne sont comptées pour rien par le monde, parce qu’elles s’adressent à Celui que le monde ne connaît pas, à Christ qui seul peut en apprécier la valeur. Mais de plus, nous ne pouvons, comme le monde, ni inventer ces œuvres, ni les choisir; c’est Dieu lui-même qui nous les prépare et nous n’avons qu’à y marcher (Éph. 2:10).

Les «bonnes paroles» viennent ensuite. Il est plus facile de parler que d’agir et la chair se soucie peu de mettre ses actes en accord avec ses paroles. Elle aime à discourir, souvent à dire de bonnes choses, quitte à n’en pas tenir compte dans la pratique; c’est pourquoi l’activité chrétienne nous est ici recommandée en premier lieu. Toutefois ce n’est nullement une chose sans importance que «toute bonne parole» dans la bouche de ceux qui font les bonnes œuvres. Il ne s’agit pas ici de discours, mais de paroles par lesquelles nous apportons les encouragements, les exhortations, les consolations aux affligés; par lesquelles nous plaçons Christ devant le cœur de ses bien-aimés, par lesquelles enfin nous pouvons atteindre les âmes encore éloignées du Seigneur et leur apporter la vie et le salut.