2 Chroniques

Chapitre 36

Les derniers rois

Ce chapitre n’est qu’un résumé, très bref à dessein, du récit contenu dans les derniers chapitres du livre des Rois (2 Rois 23:31-25). Avec les rois qui succèdent à Josias, l’effondrement de la royauté est complet et définitif. À peine semble-t-il nécessaire à l’auteur inspiré d’enregistrer ses dernières convulsions. Elles n’ont plus d’importance réelle dans le livre des Chroniques, sinon pour compter, aussi loin que l’histoire les poursuit, les anneaux de la chaîne qui aboutira à l’Oint de l’Éternel. C’est pourquoi aussi l’Esprit de Dieu relie, d’une manière si remarquable, la fin des Chroniques au livre d’Esdras, répétant mot pour mot, aux v. 22 à 23 de notre chapitre, les paroles par lesquelles le livre suivant commence. En effet, Zorobabel, dans le livre d’Esdras, est encore un rejeton affaibli de la royauté de Juda — puis viennent des réveils en Esdras et Néhémie, réveils produits au milieu du résidu remonté de Babylone pour attendre le Messie promis; mais ces réveils aussi sont sans résultat durable, et quand apparaît enfin le vrai roi d’Israël, son peuple le crucifie. Cependant les conseils de Dieu s’accomplissent: ce sont les souffrances de Christ qui ouvrent la porte à l’établissement de son trône glorieux sur la terre.

Tous les derniers rois «firent ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel». Joakhaz (v. 1-4) est lié de chaînes par le Pharaon Neco que Josias avait eu la témérité de combattre. Ainsi la seule faute de ce roi pieux eut pour effet de hâter la décadence du royaume. Transporté en Égypte, Joakhaz y meurt après trois mois de règne à Jérusalem.

Jéhoïakim (v. 5-7) commet des abominations; lié avec des chaînes d’airain, il est conduit par Nebucadnetsar à Babylone où il meurt de la mort des malfaiteurs (Jér. 36:30). Le nom de sa mère manque dans les Chroniques, comme il en est du reste de tous les mauvais rois depuis Ézéchias.

Jéhoïakin, son fils, est transporté à Babylone. Sa restauration à la cour d’Évil-Merodac, après 37 ans de captivité, n’est pas mentionnée (voyez 2 Rois 25:27-30), car il ne s’agit ici que d’accentuer la ruine complète et définitive de la royauté en Juda.

L’énumération prend fin avec Sédécias. Nous avons parlé autre part (2 Rois) de son règne en rapport avec ce qui nous en est dit dans les prophètes Jérémie et Ézéchiel. Les v. 12 à 13 résument toute sa triste carrière: Il fit ce qui est mauvais aux yeux de l’Éternel, son Dieu. Quand la parole de l’Éternel lui est adressée par le prophète Jérémie, il ne s’humilie pas. Il se révolte contre le pouvoir établi sur lui, comme châtiment de la part de Dieu; bien plus encore, il viole un serment fait au nom de l’Éternel. Que pouvait-il y avoir de plus odieux que cet acte vis-à-vis des nations idolâtres, et aux yeux de Dieu dont le saint nom était déshonoré par un parjure et jeté dans la boue? Enfin il roidit son cou et endurcit son cœur pour ne pas retourner à l’Éternel. Une décision irrévocable est prise contre lui, car Sédécias ne voulait pas de Dieu.

Ainsi finit l’histoire de la royauté. Celle des sacrificateurs et du peuple ne fut pas plus édifiante (v. 14-21). «Ils rendirent impure la maison de l’Éternel». Et pourtant, jusqu’au bout, Dieu leur montrait sa grâce, caractère si remarquable des Chroniques: «L’Éternel, le Dieu de leurs pères, envoya vers eux par ses messagers, se levant de bonne heure et envoyant, car il avait compassion de son peuple et de sa demeure» (v. 15). Ils lui répondirent par la moquerie, le mépris, la raillerie au sujet des prophètes. Enfin la colère arriva sur eux à son dernier terme: Le roi des Chaldéens monta contre Jérusalem. Nous savons d’après le récit des Rois et le prophète Jérémie quel fut le sort de Sédécias. Ici, sans autre détail, il est comme englouti dans le jugement général. Dieu avait eu «compassion de son peuple et de sa demeure» jusqu’au dernier moment, mais l’heure vient où il «n’a pas compassion du jeune homme, ni de la vierge, ni de l’ancien, ni du vieillard: il les livra tous» entre les mains du roi des Chaldéens (v. 17). Ceux-ci «brûlèrent la maison de Dieu, et abattirent la muraille de Jérusalem, et brûlèrent par le feu tous ses palais; et tous ses objets désirables furent livrés à la destruction. Et il transporta à Babylone le reste échappé à l’épée; et ils furent ses serviteurs, à lui et à ses fils, jusqu’au règne du royaume des Perses; afin que fût accomplie la parole de l’Éternel, dite par la bouche de Jérémie, jusqu’à ce que le pays eût joui de ses sabbats. Tous les jours de sa désolation il se reposa, jusqu’à ce que soixante-dix ans fussent accomplis» (v. 19-21).

Le premier Adam avait mis à néant, par sa chute, les conseils de Dieu à son égard; Dieu y a répondu par le second Adam. La royauté en Israël avait fait de même; Dieu y répondra en oignant son Roi sur Sion, la montagne de sa sainteté! (Ps. 2:6).