1 Pierre

Chapitre 3

Pareillement vous, femmes, soyez soumises à vos propres maris, afin que, si même il y en a qui n’obéissent pas à la Parole, ils soient gagnés sans la Parole, par la conduite de leurs femmes, ayant observé la pureté de votre conduite dans la crainte, — vous, dont la parure ne doit pas être une parure extérieure qui consiste à avoir les cheveux tressés et à être paré d’or et habillé de beaux vêtements, mais l’homme caché du cœur, dans l’incorruptibilité d’un esprit doux et paisible qui est d’un grand prix devant Dieu; car c’est ainsi que jadis se paraient aussi les saintes femmes qui espéraient en Dieu, étant soumises à leurs propres maris, comme Sara obéissait à Abraham, l’appelant seigneur, de laquelle vous êtes devenues les enfants, en faisant le bien et en ne craignant aucune frayeur. (v. 1-6)

Nous avons vu plus haut que l’apôtre met une importance particulière à la conduite (2:12), mais surtout ici, où le témoignage public confié à la femme ne consiste pas dans ce qu’elle peut avoir à dire, ni dans sa parure, mais dans l’homme caché du cœur. Ces femmes auxquelles l’apôtre s’adressait pouvaient être liées à des maris juifs sur lesquels la Parole de Christ n’avait encore eu aucune influence, de là ce qui est dit ici: «S’il y en a qui n’obéissent pas à la Parole» (v. 1). Or nous avons vu que ce qui distinguait le christianisme du judaïsme c’était précisément cette obéissance appelée en 1:2 l’obéissance de Jésus Christ. En admettant chez le mari cette incrédulité et cet état de désobéissance quant à Christ, la femme pouvait être tentée de le convaincre en lui parlant, de raisonner avec son mari pour le gagner à la vérité; mais la femme devait être convaincue que son mari pouvait être converti et gagné par sa conduite à elle, sans la parole, et parce qu’il avait devant les yeux une conduite pure, exempte des souillures du monde, et dirigée par la crainte de Dieu (2:17). Ce qui devait distinguer la femme chrétienne, ce n’était pas une parure semblable à celle que le monde recherche, mais une parure incorruptible, non du corps, mais de l’esprit, caractérisée par la douceur et la paix qui, devant Dieu, est d’un grand prix. C’était le caractère des saintes femmes d’autrefois. Leur habitude était la soumission à leurs maris; elles avaient l’exemple de Sara, dont, tout en étant chrétiennes, elles étaient devenues les enfants et ne craignaient rien, en faisant le bien. «Faire le bien», cela ne caractérise-t-il pas la conduite de Christ au même degré que l’obéissance? (3:6; 2:20; Act. 10,38).

 

Pareillement, vous, maris, demeurez avec elles selon la connaissance, comme avec un vase plus faible, c’est-à-dire féminin, leur portant honneur comme étant aussi ensemble héritiers de la grâce de la vie, pour que vos prières ne soient pas interrompues. (v. 7)

L’apôtre s’adresse maintenant aux maris chrétiens de femmes chrétiennes. Le mari chrétien doit demeurer avec sa femme selon la connaissance, partageant avec elle les intérêts de Dieu et de Christ, ne la méprisant aucunement, mais tenant compte que le vase féminin n’a pas la résistance du masculin, et doit être traité avec ménagement. Seulement la femme ne doit en aucune manière être traitée avec mépris. Il faut lui porter honneur. N’ont-ils pas, maris et femmes, un héritage commun, où l’un n’est pas plus privilégié que l’autre? Nos prières communes seraient interrompues si le mari avait un domaine dans lequel il pourrait seul entrer et auquel sa femme serait étrangère.

 

Enfin, soyez tous d’un même sentiment, sympathiques, fraternels, compatissants, humbles, ne rendant pas mal pour mal, ou outrage pour outrage, mais au contraire bénissant, parce que vous avez été appelés à ceci, c’est que vous héritiez de la bénédiction; «car celui qui veut aimer la vie et voir d’heureux jours, qu’il garde sa langue de mal, et ses lèvres, de proférer la fraude; qu’il se détourne du mal et qu’il fasse le bien; qu’il recherche la paix et qu’il la poursuive; car les yeux du Seigneur sont sur les justes et ses oreilles sont tournées vers leurs supplications; mais la face du Seigneur est contre ceux qui font le mal». (v. 8-12)

Maintenant l’apôtre les comprend tous indistinctement dans une commune catégorie, celle de la famille chrétienne. Le tableau qu’il nous présente nous arrête pour ainsi dire à chaque mot et, tout en citant longuement l’Ancien Testament, fait ressortir, comme nous allons le voir, l’impossibilité pour le peuple juif de reproduire un tel tableau.

Soyez tous d’un même sentiment. C’est la réalisation pratique de l’amour qui ne peut découvrir chez nos frères aucune occasion à divergence et coupe court à toute dispute. Sympathiques. L’attachement à Christ seul peut nous porter à aider le plus petit d’entre ses frères (Matt. 25:38-40). Fraternels. Ce sentiment est plus intime encore. Mes frères me sont chers, à la fois parce qu’ils sont de la famille de Christ et parce que je fais partie de la même famille. Compatissants. Employant la grâce à venir en aide à ceux qui souffrent et ne méritent peut-être même aucun secours. Humbles. La miséricorde n’est pas employée à me faire valoir. La communion avec le Seigneur m’a montré à moi-même ce que je suis et c’est sans effort que j’ai pu prendre la dernière place. Ne rendant pas mal pour mal, ou outrage pour outrage, mais au contraire bénissant. L’esprit de vengeance est absolument étranger au cœur. Ceux qui nous veulent du mal ne reçoivent en échange que bénédiction, car notre héritage est la bénédiction, comme au v. 7 il était la grâce de la vie. Un tel héritage n’a aucune place réservée pour le mal. L’héritage occupe une grande place dans les épîtres de Pierre parce que, comme nous l’avons déjà dit, la seule bénédiction actuelle est le salut de son âme et qu’il n’a, ni sur la terre, ni dans le ciel, l’entrée en possession de bénédictions présentes. Nous sommes régénérés pour cet héritage futur (chap. 1:4); nous sommes appelés à hériter de la bénédiction (3:9), de la grâce de la vie (3:7). Le passage du Psaume 34:13-17 cité ensuite est de toute importance pour nous. Il nous enseigne à garder notre langue du mal, si nous voulons aimer la vie et voir d’heureux jours; à nous détourner du mal et à faire le bien, la première de ces conditions ne suffisant pas; à rechercher la paix et, si elle fuit, à la poursuivre pour l’atteindre. Puis il nous montre que les yeux du Seigneur sont sur les justes; que ses oreilles les entendent; que sa face est contre ceux qui font le mal.

Tout se résume à faire le bien, ce que le Seigneur, allant de lieu en lieu, selon la parole de Pierre à Corneille, faisait toujours (Actes 10:38). Et, de fait, toute l’exhortation de l’apôtre dans cette épître, se résume à ceci: «Suivre Christ ici-bas».

La citation du Psaume 34 est d’autant plus frappante qu’il n’y est parlé que de Christ et du Résidu fidèle qui suit ses traces. La nation juive, comme telle, n’a aucune part quelconque à ces bénédictions. J’ai intitulé ce Psaume: «un Psaume de Christ» (voyez v. 5, 7, 9, 12, 20, 21, 22), mais il est aussi un Psaume du Résidu fidèle marchant sur ses traces (voyez 6, 8, 10, 16, 23). Combien cette citation est à sa place ici où il est montré que les chrétiens seuls sont capables de suivre ici-bas la marche, la conduite et les caractères du Sauveur!

 

Et qui est-ce qui vous fera du mal, si vous êtes devenus les imitateurs de Celui qui est bon? Mais, si même vous souffrez pour la justice, vous êtes bienheureux; «et ne craignez pas leurs craintes, et ne soyez pas troublés, mais sanctifiez le Seigneur, le Christ dans vos cœurs»; et soyez toujours prêts à répondre, mais avec douceur et crainte, à quiconque vous demande raison de l’espérance qui est en vous, ayant une bonne conscience, afin que, quant aux choses dans lesquelles ils médisent de vous comme de gens qui font le mal, ceux qui calomnient votre bonne conduite en Christ, soient confus. (v. 13-16)

Comme nous venons de le dire: «Suivre Christ ici-bas», telle est la pensée qui a poursuivi l’apôtre Pierre, ce cher serviteur de Dieu, tout le long de sa carrière. Le Seigneur ne lui avait-il pas dit avant de le quitter: «Toi, suis-moi» (Jean 21:22). Et combien cette exhortation est à sa place dans une épître pleine du pèlerinage chrétien et qui qualifie le croyant de forain et d’étranger! Lui était Celui qui est bon; qui pourrait nous faire du mal si nous l’imitons? Mais, de fait, Lui a souffert et souffert pour la justice, c’est-à-dire pour maintenir, par l’absence absolue du péché, le caractère de Dieu vis-à-vis d’un monde injuste. Si nous devons suivre ce chemin, nous en plaindrons-nous? C’est le chemin de Christ; estimons-nous bienheureux de le suivre! Craindrions-nous de souffrir ainsi? En aucune façon! Le prophète Ésaïe n’a-t-il pas dit: «Ne craignez pas leurs craintes, et ne soyez pas troublés; mais sanctifiez le Seigneur, le Christ, dans vos cœurs» (És. 8:12, 13). Dieu est avec nous; eux seront brisés. Mon secret, c’est que Lui soit ma seule ressource. Cette attitude (v. 15) me rend libre de répondre à tous ceux qui me demandent raison de mon espérance, mais je dois le faire «avec douceur et crainte». Je n’ai pas à prendre vis-à-vis de ce monde hostile une tournure agressive. C’est ce qu’ont fait plus d’une fois ceux qui connaissent la vérité, sans se connaître eux-mêmes. Le monde les traite d’orgueilleux et non sans raison; cela ne convient pas à un serviteur. En outre, nous avons à montrer la crainte de Dieu dans nos paroles et en toutes choses, tandis qu’il nous est dit (v. 14) que nous n’avons pas à craindre leurs craintes.

Combien cette pensée: la crainte, remplit notre texte! Elle caractérise la femme chrétienne (v. 2, 6). Elle est à la base de toutes les perfections des versets 8 à 13. Au v. 14, elle est la source de l’absence complète de crainte du monde. Cette réponse avec douceur et crainte quand on nous interroge sur notre espérance peut couvrir de confusion ceux qui «calomnient notre bonne conduite en Christ» (car la conduite chrétienne est toujours le grand sujet présenté ici par l’apôtre) et peut les amener à découvrir le mensonge de ceux qui médisent de nous comme de gens qui font le mal. De cette manière les Juifs chrétiens auxquels cette épître est adressée étaient différenciés, vis-à-vis de tous, des membres non convertis de leur nation.

 

Car il vaut mieux, si la volonté de Dieu le voulait, souffrir en faisant le bien, qu’en faisant le mal; car aussi Christ a souffert une fois pour les péchés, le juste pour les injustes, afin qu’il nous amenât à Dieu, ayant été mis à mort en chair, mais vivifié par l’Esprit (v. 17, 18).

Il peut convenir à la volonté de Dieu que nous souffrions, mais souffrirons-nous pour avoir bien fait ou mal fait? Dans le dernier cas, notre souffrance peut être ordonnée de Dieu comme discipline; dans le premier cas, elle nous donne communion avec la marche de Christ ici-bas. Cette marche de Christ l’a amené à souffrir une fois pour les péchés1 (sans parler d’une vie où chaque pas était une souffrance) lui juste (tel est son caractère absolu) pour les injustes (tel est notre caractère tout aussi absolu) afin qu’il nous amenât à Dieu. Nous avons ici le but de toutes ses souffrances.

1 L’apôtre Pierre ne parle jamais, comme Paul, du péché comme état, mais des péchés comme actes.

Il nous est donné de pouvoir souffrir pour faire le bien; Lui aussi l’a fait dans sa perfection absolue; mais Lui seul pouvait souffrir pour nous réconcilier avec Dieu, pour que nous devinssions des enfants de Dieu. Son œuvre en notre faveur a deux côtés: 1° Il a été mis à mort en chair; il a passé à travers l’absolue condamnation qui nous était due pour nos péchés et qui ne pouvait se terminer que par la mort. Mais il a passé de l’autre côté de la condamnation; il a été vivifié par l’Esprit. L’Esprit a trouvé cet homme dans la mort et lui a rendu la vie, une vie à jamais triomphante de la mort et des péchés!

 

Par lequel (Esprit) aussi étant allé, il a prêché aux esprits qui sont en prison, qui ont été autrefois désobéissants, quand la patience de Dieu attendait dans les jours de Noé, tandis que l’arche se construisait, dans laquelle un petit nombre, savoir huit personnes, furent sauvées à travers l’eau. (v. 19, 20)

Comme nous avons vu, au v. 18, le rôle de l’Esprit dans la résurrection de Christ, nous le voyons au début du jugement de la création d’alors, et de son renouvellement par les eaux du déluge. C’était par l’Esprit que Christ était allé jadis avertir les incrédules qui, selon le caractère de toute cette épître, sont appelés les désobéissants, et que Dieu avait supportés avec patience jusque là. L’Esprit qui parlait à ces incrédules par le moyen de Noé pour les sauver du désastre final, était le même Esprit qui avait proclamé le salut accompli par la résurrection de Christ d’entre les morts. Dieu avait montré jadis toute sa patience envers le monde d’alors, mais il arrive un moment où la patience prend fin. L’arche que Noé et ses fils avaient mis tant d’années à construire, telle était la prédication de Noé. Elle «condamnait le monde» sans avoir besoin de paroles pour s’expliquer et ce qui semblait une folie aux yeux des incrédules fut ce qui sauva le patriarche et sa famille à travers les eaux de la mort. Ces hommes pouvaient être sauvés par la foi de la même manière que nous; maintenant ils sont des «esprits en prison». Dépouillés de leurs corps, ils sont retenus dans le hadès, dans le «grand gouffre infranchissable fermement établi» entre les croyants et les incrédules, en attendant le jugement du grand jour. La génération croyante de Seth avait été retirée à temps du désastre. Seules huit personnes avaient été sauvées, mais en passant à travers la mort que l’eau, dans la Parole, représente toujours, tout en signifiant aussi la vie dans laquelle la mort introduit le croyant. Il en était de même de ceux auxquels cette épître s’adresse. Ils étaient sortis par grâce de la masse de ceux qui ne croyaient pas, pour appartenir à une génération nouvelle, à la veille même du jugement qui allait atteindre la nation juive incrédule.

 

Or cet antitype vous sauve aussi maintenant, c’est-à-dire le baptême, non le dépouillement de la saleté de la chair, mais la demande à Dieu d’une bonne conscience, par la résurrection de Jésus Christ, qui est à la droite de Dieu (étant allé au ciel), anges, et autorités, et puissances lui étant soumis. (v. 21, 22)

Tout cela était une figure. D’abord le salut de quelques-uns reste toujours une vérité capitale comme au temps du déluge, vérité d’autant plus importante que ces chrétiens étaient à la veille de voir l’effondrement de leur nation sous le jugement. Ensuite l’apôtre insiste sur la vérité capitale qu’on n’est sauvé qu’à travers l’eau. Ou bien l’eau, la mort, nous engloutit, ou bien elle nous sauve quand nous avons l’arche pour refuge. Mais cette même figure, l’eau de la mort, nous sauve aussi maintenant. Combien cela était important à présenter à ces Juifs devenus chrétiens! Ils étaient sortis du judaïsme par le baptême qui était en figure ce qui avait sauvé Noé et les siens: Si un Juif n’était pas baptisé, il n’était pas sauvé du tout. C’est pourquoi l’apôtre dit: vous sauve (non pas nous sauve). Il ajoute: vous sauve maintenant, faisant allusion au déluge de jadis. Les Juifs avaient aussi une eau de purification, mais elle ne les dépouillait que de la saleté de la chair, tandis que le baptême chrétien était une tout autre chose. Dans le baptême, qui signifie la mort de Christ, l’homme demande d’avoir une bonne conscience, en étant sauvé, à travers la mort, par la résurrection de Celui avec lequel il a traversé la mort. C’était le cas au déluge. L’arche, un Christ qui a traversé la mort, porte en résurrection à l’autre bord ceux qui ont trouvé leur refuge en Lui. Comme l’arche, sur le mont Ararat, notre Arche s’est arrêtée en haut. L’œuvre est complète; je puis avoir une bonne conscience. Dieu ne se souvient plus de mes péchés et celui qui me donne cette bonne conscience est au ciel. Je n’y suis pas maintenant, selon la doctrine de l’apôtre Pierre, quoique ayant l’heureuse et complète certitude que l’œuvre qui m’y donnera accès est accomplie pour toujours. Celui qui m’a acquis cette part, est à la droite de Dieu, ayant anges, autorités et puissances sous ses pieds. C’est là que m’introduit le baptême chrétien!