Matthieu

Chapitre 26

Ch. 26 v. 1-2 — Jésus se prépare à être crucifié

[26:1] Le Seigneur avait fini ses discours. [26:2] Il se prépare à souffrir et à faire ses derniers et touchants adieux à ses disciples à la table de sa dernière pâque dans ce monde, table où il a institué le simple et précieux mémorial qui rappelle avec un intérêt si profond ses souffrances et son amour. Cette partie de notre évangile n’exige pas beaucoup d’explications — non pas, assurément, que l’intérêt y manque, mais parce qu’elle a besoin d’être sentie plutôt qu’expliquée.

[26:2] Avec quelle simplicité le Seigneur annonce ce qui doit arriver ! (v. 2). [26:6] Déjà six jours avant la Pâque, il est arrivé à Béthanie (Jean 12:1) ; il y a demeuré, sauf pour le dernier souper, jusqu’à ce qu’il fût saisi au jardin de Gethsémané, quoiqu’il visitât Jérusalem et y eût pris son dernier repas.

Nous avons examiné plus haut les discours prononcés par le Seigneur pendant ces six jours, ainsi que ses actes tels que la purification du temple ; ce qui précède ce chapitre (26), c’est la manifestation des droits du Seigneur comme Emmanuel, Roi d’Israël, ou celle du jugement du grand Roi, à l’égard du peuple — jugement exprimé dans des paroles auxquelles le peuple n’avait rien à répondre ; et enfin l’état de ses disciples pendant son absence. Maintenant nous est présentée la soumission de Christ au jugement qui allait être exécuté contre Lui, mais qui n’était réellement que l’accomplissement des conseils de Dieu son Père et l’oeuvre de son propre amour.

Le tableau de l’affreux péché de l’homme dans le crucifiement de Jésus se déroule devant nos yeux. [26:2] Mais le Seigneur lui-même (chap. 26:2) annonce sa mort à l’avance, avec le calme de quelqu’un qui était venu pour cela. Avant que les principaux sacrificateurs consultent ensemble, Jésus en parle comme d’une chose arrêtée : « Vous savez que la Pâque est dans deux jours, et le Fils de l’homme est livré pour être crucifié ».

Ch. 26 v. 3-5 — Les conseils iniques de l’homme contre Jésus

[26:3] Ensuite (v. 3), les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens du peuple se rassemblent, [26:4] afin d’arrêter leurs plans pour s’emparer de la personne de Jésus et se défaire de Lui.

En un mot, nous avons d’abord les conseils merveilleux de Dieu, et la soumission de Jésus d’après la connaissance qu’il a de ces conseils et des circonstances qui les accompliront ; ensuite, les conseils iniques de l’homme qui ne font qu’accomplir ceux de Dieu. [26:5] Leur projet de ne pas le prendre pendant la fête, parce qu’ils craignaient le peuple (v. 5), n’était pas de Dieu et tombe : il devait souffrir pendant la fête.

[26:15] Judas n’était qu’un instrument de leur malice dans la main de Satan qui, après tout, ne fit que régler les choses selon l’intention divine. [26:5] Les principaux du peuple voulaient, mais en vain, éviter de se saisir de Jésus au moment de la fête, à cause de la multitude qui pouvait le favoriser, s’il en appelait à elle. Ils avaient déjà agi de même (Marc 11:18) lors de son entrée à Jérusalem. On pensait que Jésus ferait cet appel, car la méchanceté compte toujours trouver ses propres principes chez d’autres. C’est pourquoi si souvent elle ne réussit pas à circonvenir les justes — ils sont simples. Ici, c’était la volonté de Dieu que Jésus souffrît pendant la fête. Mais Dieu avait préparé un doux soulagement pour le coeur du Sauveur — un baume pour son coeur plus que pour son corps — [26:14] circonstance employée par l’ennemi pour pousser Judas à l’extrémité et le mettre en rapport avec les principaux sacrificateurs.

Ch.26 v. 6-13 — Le parfum répandu sur Jésus à Béthanie

Jésus homme apprécie les affections de ceux qui l’aiment

[26:6] Béthanie — dont le souvenir se lie aux derniers moments de tranquillité et de paix de la vie du Sauveur et où demeuraient Marthe et Marie et Lazare, le mort ressuscité — Béthanie1 reçoit Jésus pour la dernière fois : retraite bénie, mais momentanée, d’un coeur qui, en tout temps prêt à s’épancher en amour, était toujours à l’étroit dans un monde de péché qui ne répondait pas à cet amour et en était incapable ; d’un coeur qui, cependant, nous a donné, dans ses rapports avec cette famille bien-aimée, l’exemple d’une affection parfaite et pourtant humaine, trouvant de la douceur à se rencontrer avec ce qui l’appréciait et y répondait. La proximité de la croix au-devant de laquelle il a dû dresser sa face comme un caillou, n’a pas privé son coeur de la joie ou de la douceur de cette communion, tout en la rendant solennelle et touchante. En faisant l’oeuvre de Dieu, Jésus n’a pas cessé d’être homme. En tout il a daigné être nôtre. Il ne pouvait plus reconnaître Jérusalem, et ce sanctuaire de Béthanie l’abritait pour un moment de la rude main de l’homme. Il pouvait y montrer ce qu’il était toujours comme homme. C’est avec raison que l’acte de celle qui, dans un certain sens, pouvait apprécier ce qu’il sentait2 (celle dont l’affection comprenait instinctivement l’inimitié qui s’élevait contre l’objet qu’elle aimait, inimitié qui faisait ressortir cette affection), l’acte qui exprimait l’appréciation que son coeur faisait de la valeur et de la grâce de Jésus, est raconté dans le monde entier (v. 6-13). C’est une scène, un témoignage qui place le Sauveur sensiblement près de nous et réveille dans nos coeurs un sentiment qui les sanctifie en les liant à sa personne bien-aimée.

1 Ce n’est pas dans la maison de Marthe que cette scène se produisit, mais dans celle de Simon le lépreux : Marthe servait, et Lazare était à table. Cela rend plus entièrement personnel l’acte intelligent de Marie.

2 On ne trouve point d’exemple montrant que les disciples aient jamais compris ce que Jésus leur disait.

Jésus goûte le dévouement et l’attachement pour lui

Sa vie habituelle était une tension d’âme perpétuelle en proportion de la puissance de son amour — une vie de dévouement au milieu du péché et de la misère. Pour un moment, il put reconnaître, et il reconnut (en présence de la puissance du mal qui alors allait avoir son cours, et de l’amour qui, par la vraie connaissance de Jésus, cultivée en restant assis à ses pieds [(Luc 10:39)], s’attachait à Lui, s’inclinant ainsi sous cet amour) ce dévouement pour lui-même manifesté par les choses auxquelles son âme se soumettait en perfection divine. Il pouvait donner un langage intelligent, son vrai sens, à ce qui dirigeait divinement l’affection qui agissait en silence1 envers lui.

1 [Luc 7:47-48] Christ a rencontré chez le pharisien le coeur de la pauvre femme, qui était une pécheresse, et là il dit ouvertement la pensée de Dieu, et la lui dit. [26:10, 12] Ici, il rencontre le coeur de Marie, il justifie et satisfait son affection et donne une approbation divine à ce qu’elle a fait. [Jean 20:15, 17] Il rencontre au sépulcre le coeur de Marie de Magdala, pour lequel le monde était vide si Lui n’y était pas, et il révèle la pensée de Dieu sous sa forme la plus élevée de bénédiction. Tel est l’effet de l’attachement à Christ.

Le lecteur fera bien d’étudier soigneusement cette scène de touchante condescendance et d’épanchement de coeur. Du chap. 16 jusqu’à la fin du chapitre 25, Jésus, Emmanuel, Roi et souverain Juge, venait de faire tout passer en jugement devant Lui. [26:1] Il avait terminé ce qu’il avait à dire. Sous ce rapport, sa tâche au milieu du monde était accomplie. [26:2] Il prend alors la place de victime ; il n’avait qu’à souffrir et peut se laisser aller librement à jouir des expressions touchantes d’affection découlant d’un coeur qui lui était dévoué. II ne pouvait que goûter le miel et passer outre ; mais il le goûte, et il n’a pas rejeté une affection que son coeur pouvait apprécier et appréciait.

L’affection pour Christ fait discerner ce qui va arriver

Remarquons encore l’effet d’une affection profonde pour le Seigneur. Cette affection respire nécessairement l’atmosphère dans laquelle l’esprit du Seigneur se trouvait alors. [26:12] La femme qui l’avait oint n’était pas informée des circonstances qui allaient arriver, et elle n’était pas prophétesse. Mais l’approche de cette heure de ténèbres se faisait sentir à qui avait le coeur fixé sur Jésus1. Devant Lui les diverses formes du mal se déployaient, se dessinaient sous leurs vraies couleurs, se groupaient, sous l’influence d’un seul maître, de Satan, autour de l’unique objet contre lequel il valait la peine de concentrer toute cette méchanceté et qui mettait en plein jour le vrai caractère de chacun.

1 L’inimitié des chefs d’Israël était connue des disciples : « Rabbi, les Juifs cherchaient tout à l’heure à te lapider, et tu y vas encore ! » [(Jean 11:8)] et ensuite de Thomas — témoignage plein de grâce envers celui qui, plus tard, montra son incrédulité quant à la résurrection de Jésus [(Jean 20:25)] : « Allons-y, nous aussi, afin que nous mourions avec Lui » [(Jean 11:16)]. Le coeur de Marie, sans doute, sentait cette inimitié, et à mesure qu’elle grandissait, son attachement pour le Seigneur grandissait également.

Mais la perfection de Jésus, qui faisait ressortir l’inimitié de l’homme, dévoilait l’affection qui se trouvait en Marie ; elle, pour ainsi dire, reflétait la perfection dans l’affection ; et comme cette perfection était mise en activité et produite dans la lumière par l’inimitié, il en était de même de son affection. Aussi le coeur de Christ ne pouvait qu’y répondre. Jésus, en raison de cette inimitié, était encore plus l’objet d’un coeur qui, certainement conduit de Dieu, saisissait instinctivement, ce qui se passait.

Dieu lui-même produit ces affections dans le cœur de ceux qui s’attachent à Jésus

Le temps du témoignage et même l’explication de ses relations à tous ceux qui l’entouraient était terminé. Son coeur pouvait jouir librement des affections vraies, bonnes et spirituelles dont il était l’objet, affections qui, quelle que fût leur forme humaine, montraient si clairement leur origine divine en ce qu’elles s’attachaient à cet objet sur lequel toute l’attention du ciel était concentrée dans ce moment solennel.

[26:2] Jésus lui-même avait le sentiment de sa position. Il s’occupait de son départ. Pendant qu’il exerce sa puissance, il se cache et il s’oublie. Mais, maintenant, opprimé, rejeté et semblable à un agneau mené à la boucherie [(És. 53:7)], il sent qu’il est le juste objet des pensées des siens, de tous ceux qui ont des coeurs pour apprécier ce que Dieu apprécie. Son coeur est plein de ce qui va arriver (voyez les v. 2, 10-13, 18, 21).

La valeur de Jésus pour le cœur donne l’intelligence pour agir comme il convient

[26:7] Mais disons encore quelques mots de la femme qui oignit Jésus. Elle montre d’une manière frappante quel effet peut produire le coeur fixé avec affection sur Jésus. Préoccupée de Lui, elle sent Sa position. Elle sent ce qui le touche, et cela met en jeu son affection selon le dévouement spécial que cette situation lui inspire. Comme la haine contre Lui s’élève jusqu’à des intentions meurtrières, l’esprit de dévouement pour Lui y répond et grandit en elle. [26:10] Elle fait, par conséquent, avec tout le tact du dévouement, précisément ce qui convient à la position du Seigneur. Sans doute la pauvre femme ne s’en rend pas compte par son intelligence, mais elle a fait ce qui convenait. La valeur si infiniment précieuse que la personne de Jésus avait pour elle la rendait clairvoyante à l’égard de ce qui se passait dans son esprit. Christ se revêtait à ses yeux de tout l’intérêt de ses circonstances ; et elle prodigue sur Lui ce qui est l’expression de son affection. [26:12] Fruit de ce sentiment, son acte répond aux circonstances ; et quoiqu’il ne fût que l’effet de l’instinct de son coeur, il prend aux yeux de Jésus toute la valeur que la parfaite intelligence du Seigneur pouvait lui attribuer, intelligence qui embrassait à la fois ce qui se passait dans le coeur de la femme et les événements à venir.

Ch. 26 v. 8-11, 14-16 — Le manque d’amour et de cœur des disciples pour Jésus

[26:8] Mais ce témoignage d’affection et de dévouement à Christ fait ressortir l’égoïsme, le manque de coeur des autres témoins de cette scène. Ils blâment la pauvre femme et prouvent tristement (pour ne rien dire de Judas1) [26:11] combien peu la connaissance de ce qui concerne Jésus réveille nécessairement dans nos coeurs les affections qui conviennent à cette connaissance (v. 8-9). [26:14] Après cela (v. 14-16), Judas s’en va [26:15] et s’entend avec les malheureux sacrificateurs afin de leur livrer Jésus pour le prix d’un esclave.

1 Le coeur de Judas est le point de départ de ce mal [(Jean 12:4-5)], mais les autres disciples, n’étant pas occupés de Christ, tombent dans le piège.

[26:13] Le Seigneur poursuit sa voie d’amour ; et de même qu’il avait accepté le témoignage d’affection de la pauvre femme, il rend à ses disciples un témoignage infiniment précieux pour nos âmes.

Résumé de 26:1-16

Le v. 16 termine le sujet que nous venons de traiter, savoir : [26:2] la connaissance que Christ avait selon Dieu de ce qui l’attendait, [26:4] les complots des principaux sacrificateurs, [26:7] l’affection de la pauvre femme agréée du Seigneur, [26:8] la froideur égoïste des disciples, [26:15] et la trahison de Judas.

Ch. 26 v. 17-25 — La dernière Pâque et la désignation de Judas qui le livrerait

Le Seigneur institue alors le mémorial de la vraie Pâque. [26:18] Il envoie ses disciples faire les préparatifs pour la célébration de la fête à Jérusalem. [26:23, 25] Il désigne Judas comme celui qui devait le livrer aux Juifs (v. 17-25). [26:21] On remarquera que le Seigneur n’exprime pas ici simplement la connaissance qu’il avait de celui qui devait le livrer — il savait cela quand il appela Judas ; mais il dit : « l’un d’entre vous me livrera » (v. 21). C’était cela qui touchait le coeur de Jésus : et il voulait que le leur aussi en fût touché.

Ch. 26 v. 26-31 — La cène, souvenir d’un Sauveur mort

[26:26-27] Jésus montre ensuite que c’est d’un Sauveur mis à mort qu’il faut se souvenir. Il n’était plus question d’un Messie vivant ; tout cela était fini. Il ne s’agissait plus du souvenir de la délivrance d’Israël de l’esclavage de l’Égypte. Christ, et un Christ mort, commençait tout un nouvel ordre de choses. C’était à Lui qu’ils devaient penser maintenant — à Lui, mort ici-bas. [26:28] Puis Jésus attire leur attention sur le sang de la nouvelle alliance, et sur ce qui fait que ce sang s’étend à d’autres que des Juifs, sans les nommer. — « Il est versé pour plusieurs ». D’ailleurs ce sang n’est pas seulement, comme en Sinaï, pour confirmer l’alliance à laquelle ils étaient tenus d’être fidèles : il était versé en rémission de péchés. [26:26-27] De sorte que la cène présente le souvenir de Jésus mort, de Jésus qui en mourant a rompu avec le passé, posé le fondement de la nouvelle alliance, obtenu la rémission des péchés et ouvert la porte aux gentils. C’est dans sa mort seule que la cène nous présente Jésus. Son sang est séparé de son corps ; il est mort. Ce n’est ni Christ vivant sur la terre, ni Christ glorieux dans le ciel. [26:29] Il est séparé de son peuple en tant qu’il s’agit de leurs joies sur la terre, mais ils doivent l’attendre comme le compagnon du bonheur qu’il leur a assuré — car il daigne l’être — pour de meilleurs jours : — « Désormais je ne boirai plus de ce fruit de la vigne, jusqu’à ce jour où je le boirai nouveau1 avec vous dans le royaume de mon Père » (v. 29). Mais, ces liens une fois rompus, qui, excepté Jésus, pourrait soutenir la lutte ? [26:56] Tous l’abandonnent. [26:31] Les témoignages de la Parole s’accomplissent, car il était écrit : « Je frapperai le berger, et les brebis du troupeau seront dispersées » (v. 31).

1 « Nouveau » , ce n’est pas de nouveau (Néon), mais d’une autre sorte (Kainon).

Ch. 26 v. 32-35 — Les nouveaux rapports de Jésus avec les siens

[26:32] Cependant, Jésus ira renouer ses relations, comme Sauveur ressuscité, avec ces pauvres du troupeau, là même où il s’était déjà identifié avec eux pendant sa vie (v. 32). Il ira devant eux en Galilée. Cette promesse est très remarquable, parce que le Seigneur recommence, sous une nouvelle forme, ses relations judaïques avec eux et avec le royaume. On peut remarquer ici que, comme le Seigneur avait jugé toutes les classes de personnes (jusqu’à la fin du chapitre 25), il montre maintenant le caractère de ses rapports avec tous ceux avec lesquels il en maintenait. Soit qu’il s’agisse de la femme, soit qu’il s’agisse de Judas, ou des disciples, chacun prend sa place en relation avec le Seigneur. C’est tout ce qui se trouve ici. [26:33] Si Pierre a eu assez d’énergie naturelle pour aller un peu plus loin, [26:34] ce sera pour faire une chute plus lourde là où le Seigneur seul pouvait se tenir debout.

Ch. 26 v. 36-44 — Le combat de Gethsémané

[26:36] Et maintenant (v. 36 et suiv.), le Seigneur s’isole pour présenter, en supplication à son Père, les souffrances qui l’attendent.

Les disciples témoins du combat de Jésus contre Satan

[26:37] Mais, tout en s’isolant pour sa prière, il prend avec Lui trois de ses disciples, afin qu’ils puissent veiller avec Lui dans ce moment solennel. Ce sont les mêmes qui avaient été avec Lui lors de la transfiguration [(17:1)]. Ils devaient voir sa gloire dans le royaume et ses souffrances. [26:39] Il s’en va un peu plus avant. [26:40, 43] Eux s’endorment, ainsi qu’ils l’avaient fait sur la montagne de la transfiguration [(Luc 9:32)]. La scène qui se passe ici nous est dépeinte au chap. 5 de l’épître aux Hébreux, v. 7. [26:39, 42] Jésus ne buvait pas encore la coupe, mais elle était devant ses yeux. Sur la croix, il l’a bue, étant fait péché pour nous, son âme se sentant abandonnée de Lui. Ici, la puissance de Satan agit en employant la mort comme terreur pour l’accabler. Mais la considération de ce sujet sera plus à sa place en étudiant l’évangile de Luc.

Jésus anticipe la mort placée devant lui, en communion avec son Père

[26:38] Nous voyons ici l’âme de Jésus sous le poids de la mort — anticipée — comme Lui seul pouvait la connaître, et elle n’avait pas encore perdu son aiguillon [(1 Cor. 15:55)]. Nous savons qui en a l’empire, et jusqu’ici la mort avait tout le caractère des gages du péché [(Rom. 6:23)], et la malédiction, celui du jugement de Dieu. Mais Jésus veille, et il prie. Homme exposé par son amour à cet assaut, en présence de la plus puissante tentation à laquelle il pût être soumis, d’un côté il veille, [26:39, 42] et de l’autre il présente son angoisse à son Père. Sa communion avec le Père n’était pas interrompue quelle que fût sa détresse. Cette détresse même le poussait davantage, en toute soumission et toute confiance, vers son Père. Mais si nous devions être sauvés, si Dieu devait être glorifié en Lui qui s’était chargé de notre cause, la coupe ne devait pas passer loin de Lui. La soumission de Jésus est parfaite.

La faiblesse de l’homme manifestée en Pierre

[26:40] Il rappelle avec tendresse à Pierre sa fausse confiance1, [26:41] en lui faisant sentir sa faiblesse (v. 40-41) ; mais Pierre était trop plein de lui-même pour en profiter ; il se réveille bien de son sommeil, mais sa fausse confiance n’est pas ébranlée. Il lui fallait une expérience plus triste que celle-là pour le guérir de cette confiance.

1 [26:39] Il est merveilleux de voir le Seigneur dans la profonde angoisse de l’anticipation de la coupe, — seulement la présentant à son Père, et ne la buvant pas encore — [26:40-41] se tourner vers les disciples et leur parler avec une grâce pleine de calme, comme s’il était en Galilée ; [26:42] puis, retournant exactement à la même terrible lutte d’esprit pour ce qui oppressait son âme. J’ajoute qu’en Matthieu il est victime, et que ce qu’il rencontre ici, c’est toute l’aggravation, sans circonstances atténuantes.

Jésus reçoit la coupe de la main de son Père, selon sa volonté

[26:42] Jésus prend donc la coupe ; mais il la prend de la main de son Père. La volonté de son Père était qu’il la bût. S’abandonnant ainsi parfaitement à son Père, ce n’est ni de la main de ses ennemis, ni de celle de Satan (bien qu’ils fussent les instruments) qu’il la reçoit. Selon la perfection avec laquelle il s’était soumis à la volonté de Dieu à cet égard, en Lui remettant tout, c’est de sa main seule qu’il la reçoit. C’est la volonté du Père. Ainsi, en ne cherchant que la volonté de Dieu qui dirige tout, nous échapperons aux causes secondaires et aux tentations de l’ennemi. C’est de Dieu qu’on reçoit l’affliction et l’épreuve, quand elles arrivent.

Ch. 26 v. 45-64 — Jésus est livré entre les mains du peuple

[26:45] Mais il n’est plus besoin que les disciples veillent : l’heure s’est approchée1. Jésus allait être livré entre les mains des hommes. C’était assez dire. [26:48] Judas le désigne par un baiser. [26:50] Jésus va à la rencontre de la foule [26:52] et reprend Pierre de ce qu’il avait voulu résister avec des armes charnelles. [26:53] Si le Christ avait voulu échapper, il aurait pu demander douze légions d’anges et les avoir ; [26:54] mais toute l’Écriture devait s’accomplir2. [26:55] C’était l’heure de la soumission de Jésus à l’effet de la malice de l’homme, de la puissance des ténèbres, et du jugement de Dieu contre le péché. Il est l’agneau pour la boucherie [(És. 53:7)]. [26:56] Alors tous les disciples l’abandonnent (v. 56). [26:55] Il se rend à eux, montrant aux foules qui venaient là, ce qu’elles faisaient. [26:60] Si nul ne peut démontrer sa culpabilité, [26:64] lui ne niera pas la vérité. Il confesse la gloire de sa personne comme Fils de Dieu, et déclare que dorénavant ils verront le Fils de l’homme, non plus dans la douceur de Celui qui ne brise pas le roseau froissé [(12:20)], mais venant sur les nuées du ciel et assis à la droite de la puissance (v. 56-64).

1 Je me propose de parler des souffrances du Seigneur en étudiant l’évangile de Luc où elles sont décrites plus en détail ; parce que c’est comme Fils de l’homme qu’il y est particulièrement présenté.

2 Remarquez ici la place que le Seigneur, dans un moment si solennel et si proche de la croix, donne aux Écritures : qui disent qu’il faut qu’il en arrive ainsi ; car ce moment était venu (v. 54). Ce sont les paroles de Dieu.

Ch. 26 v. 65-68 — La condamnation de Jésus pour son témoignage à la vérité

[26:66] Ayant rendu ce témoignage, Jésus est condamné pour ce qu’il a dit de lui-même — pour la confession de la vérité. [26:60] Les faux témoins ne réussissent pas. [26:65-66] Les principaux sacrificateurs et les chefs d’Israël étaient coupables de sa mort en vertu de leur propre rejet du témoignage qu’il rendait à la vérité. Il était la Vérité ; eux étaient sous la puissance du père du mensonge [(Jean 8:44)], rejetant le Messie, le Sauveur de son peuple (v. 65-66). [26:64] Il ne viendra plus à eux, sinon en Juge.

Ch. 26 v. 69-75 — Le reniement de Pierre

[26:67] Ils l’insultent et l’outragent. Chacun, hélas ! nous l’avons vu, prend sa place ici — Jésus, celle de victime ; les autres celle de trahison, de rejet, d’abandon, de reniement du Sauveur. Quel tableau ! Quel moment solennel ! Qui pouvait y rester indemne ? Christ seul ; et il le traversait en victime. Comme tel, il devait être dépouillé de tout, et cela dans la présence de Dieu. Toute autre chose disparaissait, excepté le péché qui conduisait à la croix ; et, par grâce, le péché lui-même aussi devant la puissante efficace du sacrifice. [26:58] Confiant en lui-même, Pierre hésite, et, [26:73] quand il est reconnu, [26:74] mentant et jurant, il renie son Maître ; [26:75] puis, péniblement convaincu de l’impuissance de l’homme vis-à-vis de l’ennemi de son âme et du péché, il sort et pleure amèrement : ces larmes ne pouvaient pas effacer sa faute, mais en prouvant qu’il y avait, par grâce, intégrité de coeur, elles témoignaient de cette impuissance même à laquelle l’intégrité de coeur ne portait pas remède1.

1 Je pense qu’on verra, en comparant les évangiles, que le Seigneur fut interrogé chez Caïphe pendant la nuit où Pierre le renia; et que les principaux sacrificateurs et les anciens tinrent conseil de nouveau le matin, et interrogeant le Seigneur reçurent de Lui la confession sur laquelle ils le livrèrent à Pilate. Pendant la nuit, les chefs actifs seuls se réunirent. Le matin, il y eut une assemblée régulière du sanhédrin.