Jonas

Chapitre 4: Un serviteur dépité

Résumé

Jonas a adressé, de la part de l'Éternel, un message aux Ninivites. Ceux cl se sont repentis, mais voilà que Jonas en est très irrité!

«El Jonas pria l'Éternel, et dit: Éternel, je te prie, n'était-ce pas là ma parole, quand j'étals ma parole, quand j'étais encore dans mon pays? C'est pourquoi j'ai d'abord voulu m'enfuir à Tarsis, car je savais que tu es un Dieu qui fais grâce et qui est miséricordieux, lent à la colère el grand on bonté, et qui le repens du mal dont tu as menacé; et maintenant, Éternel, je t'en prie, prends-moi ma vie, car mieux me vaut la mort que la vie» (v. 2, 3).

Quel contraste entre cette prière et celle du chapitre 2! Dans sa première prière, Jonas montre un esprit humble et brisé; dans la seconde, il laisse éclater son dépit et son irritation. Dans sa première supplication, il dirigeait son regard sur Dieu; ici, il ne regarde qu'à lui-même (ma parole, mon pays, ma volonté, ma vie). Dans le ventre du poisson, il avait loué par avance l'Éternel de ce qu'il allait faire «remonter sa vie de la fosse», maintenant il demande la mort! Comment expliquer un tel creux dans la vie spirituelle de Jonas?

La raison profonde est la même que celle que nous avons évoquée au chapitre premier pour expliquer la désobéissance de Jonas. Jusqu'au bout de sa vie sur la terre, le croyant conserve sa vieille nature, qui ne peut faire autrement que de s'opposer à Dieu. Nous avons vu au chapitre 2 que Jonas, enseveli dans le ventre du poisson, avait appris à renoncer à lui-même, à son propre mol, à «se tenir pour mort», selon l'expression que Paul utilise en Romains 6. Mais Jonas doit encore apprendre que cette leçon ne peut pas être assimilée une fois pour toutes; elle doit être répétée à chaque instant de la vie du croyant. Nous pouvons très bien nous tenir pour morts un jour et marcher d'une façon qui plaise à Dieu, puis laisser notre vieil homme, notre chair, agir à nouveau le lendemain et nous montrer «charnels». Le croyant n'atteindra jamais un état de perfection sur cette terre. C'est ainsi que Jonas ajoute à son désir charnel (la destruction de Ninive) une réaction charnelle (v. 1) et une prière charnelle (v. 2 et 3).

Dans cette prière, Jonas laisse donc éclater son dépit. Il reconnaît bien les merveilleux caractères de Dieu (miséricordieux, lent à la colère, grand en bonté, etc.) dont il a fait lui-même l'expérience, mais voilà, Dieu a contrarié ses désirs en en faisant aussi bénéficier les Ninivites. Jonas ne manque pas de le lui faire remarquer. Ne nous arrive-t-il pas de réagir comme lui? Nous faisons nos propres plans, puis par acquit de conscience nous les exposons peut-être à Dieu en lui demandant de les bénir; et lorsque Dieu n'en permet pas la réalisation, nous voilà fâchés et découragés. «Si c'est comme ça, j'aime mieux mourir! (ou, plus subtilement, que le Seigneur revienne aujourd'hui!)». Afin de ne pas être confrontés à une situation qui nous est désagréable, nous préférerions quitter cette vie pour tout oublier. Ce désir de mort est une fuite, un refus de se soumettre à la volonté de Dieu et/ou un manque de confiance en lui, qui n'a rien à voir avec la mort à soi-même que nous avons mentionnée plus haut.

Quelle réponse Dieu donne-t-il à la prière de Jonas? «Et l'Éternel dit: Fais-tu bien de t'irriter» (v. 4)

Dieu répond à son serviteur avec une grande douceur. Au lieu de l'accabler de reproches qui seraient justifiés, il l'invite, par une question, à réfléchir sur l'état de son cœur. Les motifs de son comportement sont-ils vraiment bons et justes? Une question que nous ferions bien de nous poser lorsque nous sommes fâchés. Pour bien faire comprendre à son serviteur ce qu'il veut lui dire, Dieu ajoute une leçon en utilisant la situation décrite au verset 5:

«Et Jonas sortit de la ville, et s'assit à l'orient de la ville; et il se fit là une cabane, et s'assit dessous à l'ombre, jusqu'à ce qu'il voie ce qui arriverait à la ville» (v. 5).

On dirait que Jonas espère encore au fond de lui-même que Dieu va changer d'avis et déverser sa colère sur la ville de Ninive. Quel contraste entre son attitude et celle du Seigneur Jésus bien des siècles plus tard! Contemplant Jérusalem, la ville qui allait le mettre à mort, le Seigneur pleurera sur sa destruction prochaine (Luc 19:41 - 44). Mais Dieu veut que Jonas se rende compte de l'état de son cœur. Comme sa question ne semble pas suffire, il va maintenant recourir aux circonstances qu'il prépare soigneusement.

«Et l'Éternel Dieu prépara un kikajon1 et le fit monter au-dessus de Jonas, pour faire de l'ombre sur sa tête, pour le délivrer de sa misère. Et Jonas se réjouit d'une grande joie» (v. 6).

1 Une grande plante dont on ignore la nature.

Remarquons que c'est la première fois que Jonas se réjouit. Et pourquoi? Parce que des âmes sont sauvées? Nullement! Il se réjouit de voir son propre confort amélioré! Quels sont tes sujets de joie? Les choses qui te rendent la vie belle et agréable? Le sport, la musique, ton chien, ton vélomoteur? Tu peux te réjouir de tout cela, mais si ces choses sont plus importantes à tes yeux que le Seigneur et ses intérêts, ou qu'elles te détournent de Lui, alors tes priorités sont faussées. L'apôtre Paul s'exclame en Philippiens 3:7: «Mais les choses qui pour moi étaient un gain, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une perte». Comparées au Seigneur Jésus, toutes les choses de la terre n'ont que peu de valeur. Cela ne veut pas dire qu'on ne peut pas en jouir. Mais si le Seigneur Jésus lui-même est notre plus grand sujet de joie, ces choses peuvent nous être ôtées sans que nous ayons l'impression que le monde s'écroule autour de nous. Il restera notre plus grand sujet de joie, même au milieu de la tristesse et des difficultés.

À suivre