Jonas

Chapitre 2 : Mourir à soi-même pour vivre à Dieu

Après avoir été jeté à la mer, Jonas a été englouti par un grand poisson. C'est de ce lieu qu'il se tourne enfin vers Dieu.

«Et Jonas pria l'Éternel, son Dieu,... et il dit: J'ai crié à l'Éternel du fond de ma détresse, et il m'a répondu. Du sein du shéol, j'ai crié; tu as entendu ma voix» (v. 2, 3).

Jonas, brisé, met sa fierté de côté et s'adresse à celui seul qui peut l'entendre et le sauver: l'Éternel, ce Dieu avec lequel il reconnaît enfin sa relation, puisqu'il l'invoque comme «son Dieu». «Du sein du shéol, j'ai crié.» La situation de Jonas est si terrible qu'il se sent comme enseveli vivant. En image, il est entré dans la mort. Cette scène illustre une leçon capitale que tous les croyants doivent assimiler. Nous devons apprendre à nous considérer comme morts. Mais, nous rétorqueras-tu, les croyants ne sont-ils pas justement caractérisés par la vie, et même par la vie éternelle? Bien sûr! Mais pour pouvoir marcher en nouveauté de vie, pour permettre à la vie nouvelle d'agir en nous, nous devons d'abord cesser de vivre pour nous-mêmes, de nous laisser guider par nos propres idées, ou même d'essayer de servir Dieu par nos propres forces. Nous devons réaliser qu'en nous «n'habite point de bien», que notre volonté propre demeure inimitié contre Dieu et que tous nos efforts sont peine perdue. Nous ne faisons que nous enfoncer toujours davantage, comme Jonas. L'apôtre Paul nous fait une description saisissante à ce sujet en Romains 7:14-25! Quel est alors le remède? Où trouver le secret de la victoire? Dans le cha­pitre 6 de la même épître, nous lisons que nous avons été ensevelis avec Christ (v. 4), que nous avons été identifiés avec lui dans la ressemblance de sa mort (v. 5), que notre vieil homme a été crucifié avec lui (v. 6), et que nous sommes morts avec lui (v. 8). Il s'agit de le réaliser spirituellement. Nous ne sommes pas morts de notre propre mort, mais de celle d'un autre. La mort du Seigneur Jésus Christ sur la croix, il y a bientôt 2000 ans, nous est attribuée. Ce n'est plus nous qui vivons, mais Christ qui vit en nous. Si nous réalisons cela, nous ne compterons plus sur nos propres forces et notre intelligence — qui se fierait aux forces et à l'intelligence d'un mort? — mais nous nous rejetterons entièrement sur Dieu. Délivrés de nous-mêmes, nous serons alors capables de le servir. Nous connaîtrons la victoire, au lieu de la défaite comme Jonas. Jonas crie donc «du sein du shéol». Il n'y a pas de lieu où Dieu ne puisse intervenir en faveur des siens. C'est ainsi que Jonas peut ajouter: «et il m'a répondu... tu as entendu ma voix». N'est-ce pas extraordinaire? Dieu a toujours l'oreille ouverte pour ses enfants, même s'ils sont en fuite. Il est toujours prêt à répondre et à pardonner. Jonas en reçoit l'assurance, alors même que ses circonstances sont encore inchangées. Il réalise que les difficultés n'existent que de son côté. Dieu, lui, ne change jamais!

«Tu m'as jeté dans l'abîme, dans le cœur des mers, et le courant m'a entouré; toutes tes vagues et tes flots sont passés sur moi» (v. 4).

Pas un mot au sujet des marins dans celte mention du moment terrible où Jonas a été jeté à la mer. Jonas réalise que ce ne sont pas ses compagnons de voyage, mais Dieu qui l'a précipité dans les flots. Il reconnaît la main de Dieu dans sa situation. Dieu a-t-il fait là preuve de cruauté? Non, bien sûr! C'était la seule façon de faire revenir ce «fils prodigue» particulier qu'est Jonas. Tempête ou famine, poisson ou pourceaux, Dieu sait ce qu'il convient d'utiliser pour ramener à lui chacun des siens!

«Et moi je disais: Je suis rejeté de devant tes yeux: toutefois, je regarderai encore vers le temple de ta sainteté» (v. 5).

Dans le premier chapitre, il est dit trois fois que Jonas s'enfuyait de devant la face de l'Éternel. Jonas ne se rendait alors pas compte des conséquences de sa fuite. Maintenant, dans le ventre du poisson, il réalise ce que c'est que de se sentir loin de Dieu, séparé de lui. Il se croit rejeté par Dieu. Mais heureusement, le prophète se trompe sur ce point. Dieu ne l'a pas quitté des yeux une seconde, et en prend grand soin. Jonas semble le réaliser aussi après réflexion. C'est pourquoi il ose quand même «regarder vers le temple de ta sainteté». Que veut dire cette phrase? Jonas a dû se rappeler de la prière de Salomon lors de la dédicace du temple. Cette prière se trouve en 2 Chroniques 6. Le roi Salomon avait demandé à Dieu que, si le peuple se trouvait en captivité à cause de sa désobéissance mais qu'il se repente de tout son cœur et qu'il prie en se tournant vers son pays, vers Jérusalem et vers le temple, Dieu l'écoute et lui pardonne ses péchés. Jonas s'empare de cette promesse. Lui qui s'était résolument tourné vers l'ouest, vers Tarsis, fait demi-tour dans ses pensées et regarde à l'est, vers Jérusalem. Il fuyait la présence de Dieu, maintenant il la recherche. Pourquoi se tourner précisément vers le temple, plutôt que vers tout autre édifice de Jérusalem? Parce que dans le sanctuaire se trouvait l'arche et que sur l'arche il y avait le sang placé par le grand sacrificateur. Ce sang parlait par avance du sang du Seigneur Jésus, versé sur la croix de Golgotha. Dieu voyait ce sang et pouvait pardonner les péchés de ceux qui se repentaient, parce qu'il savait qu'un jour son Fils les expierait. Aujourd'hui encore, lorsqu'un croyant a péché, il peut se tourner vers Dieu avec la certitude qu'en vertu du sang versé, Dieu écoutera, pardonnera, et restaurera son âme. Oui, si tu as fait une chute, n'aie pas peur de t'approcher de Dieu ton Père. Il sait déjà tout, et il a sous les yeux le sang de son Fils versé pour toi. Il t'attend, et aimerait te donner non seulement son pardon, mais aussi tout ce qu'il t'a déjà donné en Jésus Christ, et que ta volonté propre t'a peut-être empêché de réaliser jusqu'à maintenant.

À suivre