Ignace, martyr au temps des Romains

On raconte qu'Ignace était l'un des enfants que le Seigneur Jésus avait pris dans ses bras et qu'il avait béni. Ce souvenir a dû l'accompagner à travers toute sa vie, et contribuer à faire de lui un bon et courageux soldat de Jésus Christ.

Il prêchait Jésus, son œuvre à la croix et son immense amour, dans la grande cité d'Antioche. Et le peuple l'honorait; chacun le louait, les chrétiens comme les païens. Dieu permettait que même les ennemis du Sauveur soient en paix avec lui, malgré le fait qu'en ce premier siècle après Jésus Christ, les chrétiens subissaient de terribles persécutions.

Mais voici qu'un jour l'empereur Trajan arriva à Antioche. Trajan était un grand général, mais il haïssait Jésus de Nazareth et tous ceux qui étaient appelés de son nom. Ignace, devenu un vieillard aux cheveux blancs, fut convoqué auprès de l'empereur. Comme il paraissait fort et courageux devant ce souverain! Il le regardait bien en face, sans ressentir la moindre frayeur; il savait que son Seigneur lui enseignerait ce qu'il avait à dire. Trajan s'adressa à lui avec colère. - Ce n'est pas ainsi que tu devrais parler à quelqu'un qui porte Christ dans son cœur, répliqua Ignace.

— Parles-tu de celui qui a été crucifié? demanda l'empereur.

— Celui qui a crucifié mon péché, répondit Ignace.

— Et portes-tu le Crucifié en toi? reprit Trajan avec un sourire moqueur.

— Oui, répondit le fidèle serviteur du Maître, car il est écrit: «Si quelqu'un m'aime, il gardera ma parole, et mon Père l'aimera; et nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui.»

Depuis lors, Ignace fut appelé Theophorus, «celui qui porte Dieu». L'empereur le condamna à mort. Il devait être conduit à Rome et être livré aux bêtes sauvages, dans l'amphithéâtre du Colisée, pour l'amusement du peuple. Lorsque Ignace l'apprit, il s'écria avec joie: «Je te rends grâces, ô Seigneur».

Le voyage d'Antioche à Rome était long. Ignace était chargé de chaînes qui le liaient aux grossiers soldats qui le gardaient. Il avait devant lui la perspective du grand théâtre avec ses cinquante mille spectateurs, au milieu desquels il devait rendre témoignage à Christ, jusqu'à ce que les lions déchirent son corps. Pourtant, il n'avait pas peur, son Sauveur était avec lui. Son voyage jusqu'à Rome le conduisait de ville en ville, et chaque étape le rapprochait du terme glorieux de sa vie. Partout sur son passage, les chrétiens l'accueillaient avec affection, versant sur son sort des larmes mélangées de joie et de tristesse, et l'accompagnant de leurs prières. Des messagers lui apportaient les salutations des diverses assemblées de croyants, et il les chargeait de lettres d'adieux à ses amis — lettres qu'on peut lire encore aujourd'hui et qui ne contiennent aucune note de crainte ou de découragement. Puis vint la fin de son voyage, la capitale de l'Empire romain était enfin atteinte. Le jour de sa mort, une foule nombreuse remplissait le Colisée. À peine lâchés dans l'arène, les lions se jetèrent sur lui. L'instant d'après, l'âme de ce fidèle témoin de la vérité se trouvait dans la présence de son Maître.

Cette histoire nous paraît barbare et lointaine; peut-être n'avons-nous pas le courage et la foi de cet homme. Mais nous désirions simplement rappeler que le Dieu d'Ignace est le nôtre, que nous avons dans notre cœur le même divin Crucifié et Ressuscité que lui, et que si nous ne sommes pas persécutés, le monde n'en est pas moins dangereux pour autant. Que ce récit nous stimule, fortifie notre foi et nous aide à ne pas avoir honte de notre Sauveur.