Avec quoi m'approcherai-je? (Michée 6:6-8)

B. Paquien

«Avec quoi m'approcherai-je de l'Éternel, m'inclinerai-je devant le Dieu d'en haut? M'approcherai-je de lui avec des holocaustes, avec des veaux âgés d'un an? L'Éternel prendra-t-il plaisir à des milliers de béliers, à des myriades de torrents d'huile?… Il t'a déclaré, ô homme, ce qui est bon. Et qu'est-ce que l'Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu?»

Le prophète s'est approprié les paroles que l'Éternel a fait prononcer par Ésaïe: «Je suis rassasié d'holocaustes de béliers, et de la graisse de bêtes grasses; et je ne prends pas plaisir au sang des taureaux, et des agneaux, et des boucs… Ne continuez pas d'apporter de vaines offrandes: l'encens m'est une abomination» (Ésaïe 1:11-13), paroles fort ressemblantes à celles de David: «Au sacrifice et à l'offrande de gâteau tu n'as pas pris plaisir» (Psaumes 40:6).

Il sait bien que désormais aucune offrande ne peut approcher Israël, dans son ensemble, de l'Éternel. Courroucé par l'idolâtrie de son peuple, par sa rébellion et par son mépris, Dieu constate: «J'ai nourri et élevé des fils, et ils se sont rebellés contre moi» (Ésaïe 1:2). Quelle douleur pour l'Éternel de voir ceux dont il prenait soin comme un père se rebeller contre lui, s'éloigner de lui peu à peu et l'abandonner!

Mais le prophète Michée sait très bien aussi que Dieu n'est pas un homme (Nombres 23:19; Osée 11:9), et que sa grâce infinie continue de s'appliquer, de se manifester aux personnes qui, individuellement, demeurent fidèles. Son œil est sur les justes et sur ceux qui le craignent.

Une des plus belles preuves de cette affirmation se trouve dans le prophète Daniel. Alors que le peuple hébreu sous le coup du jugement divin est transporté à Babylone, Dieu s'occupe en grâce de ceux qui l'aiment et qui le manifestent en demeurant fidèles à sa Parole. Il prend soin de ces croyants isolés; il donne à Daniel la faculté de connaître et d'interpréter les songes, leur permettant ainsi d'échapper à la mort certaine décrétée par Nebucadnetsar. Il permet aussi aux compagnons de Daniel de sortir indemnes de la fournaise de feu ardent, chauffée sept fois plus qu'à l'ordinaire, et de se retrouver lors de ce supplice dans la présence heureuse d'un «fils de Dieu» (Daniel 2; 3).

Dans son intelligence spirituelle, Michée ne pose plus de question pour Israël dans son entier, mais pour lui-même, un croyant parmi d'autres croyants. Il sait que l'Éternel repousse désormais avec dégoût toutes les offrandes faites par le peuple, et d'un autre côté il sait que la loi réclame et même exige ces offrandes, ces sacrifices. En somme, dans sa perplexité, il se dit: Puisque l'Éternel refuse les sacrifices demandés par la loi, l'holocauste, le sacrifice de prospérité, l'offrande de gâteau, le sacrifice pour le péché, alors, comment et avec quelle offrande puis-je, maintenant, m'approcher de l'Éternel? Michée est un homme pieux, droit, juste; il désire offrir à l'Éternel quelque chose qu'il puisse agréer. Il sait que le plus grand privilège du croyant consiste à apporter une offrande qui plaise au cœur de Dieu; avec quoi donc s'approchera-t-il de l'Éternel, irrité par la transgression d'Israël?

C'était le temps des ombres, celui de «la loi, ayant l'ombre des biens à venir, non l'image même des choses» (Hébreux 10:1). Déjà à cette époque, la foi pouvait discerner, dans le lointain, que tous les sacrifices offerts jusque-là n'étaient que la figure d'un sacrifice bien plus grand, le sacrifice d'un agneau parfait, comblant les vœux de Dieu. Ésaïe l'a annoncé: «La vierge concevra et elle enfantera un fils, et appellera son nom Emmanuel» (Ésaïe 7:14). La victime parfaite viendra de Dieu, et sera la réconciliation du croyant avec Dieu. Certes, cette victime-là sera parfaitement agréée par Dieu, et satisfera parfaitement sa sainteté, son amour, sa justice.

Michée lui-même ne discerne peut-être pas tout cela; mais au verset 8, il indique ce qui, déjà au temps de la loi, était indispensable pour s'approcher de Dieu, et qui faisait tant défaut au peuple: «Et qu'est-ce que l'Éternel recherche de ta part, sinon que tu fasses ce qui est droit, que tu aimes la bonté, et que tu marches humblement avec ton Dieu?»

Et à la fin du livre, le prophète est amené à entrevoir un règlement divin et parfait de la question du péché: «Qui est un Dieu comme toi, pardonnant l'iniquité et passant par-dessus la transgression du reste de son héritage? Il ne gardera pas à perpétuité sa colère, parce qu'il prend son plaisir en la bonté. Il aura encore une fois compassion de nous, il mettra sous ses pieds nos iniquités; et tu jetteras tous leurs péchés dans les profondeurs de la mer» (7:18, 19). Ceci implique, nous le savons, le sacrifice parfait de Christ.

Jean 12:1-8

Le temps est venu où Jésus s'est présenté: «Au sacrifice et à l'offrande de gâteau tu n'as pas pris plaisir… Alors j'ai dit: Voici, je viens; il est écrit de moi dans le rouleau du livre. Ce sont mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles» (Psaumes 40:6-8). Si les offrandes prescrites par la loi ne pouvaient plus être agréées par Dieu, le Fils de l'homme a reçu pour toute sa vie l'approbation et l'agrément divins: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, en qui j'ai trouvé mon plaisir» (Matthieu 3:17; 17:5). Le plaisir de Dieu était en celui qui allait s'offrir lui-même, victime volontaire, afin que la colère divine s'apaise envers ceux qui se reconnaîtraient pécheurs, n'ayant de salut qu'en Christ.

Marie a été assise dans la maison, aux pieds de Jésus, écoutant sa parole (Luc 10:39). Elle a pleuré à ses genoux lorsque Jésus est arrivé près du tombeau où son frère Lazare gisait depuis quatre jours (Jean 11:32, 33). Elle sait que son Maître va mourir, puisqu'elle croit ses paroles. Or il a dit: «Voici, nous montons à Jérusalem; et le fils de l'homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes; et ils le condamneront à mort, et le livreront aux nations; et ils se moqueront de lui, et le fouetteront, et cracheront contre lui, et le feront mourir; et il ressuscitera le troisième jour» (Marc 10:33, 34). Sachant donc qu'il doit mourir et ressusciter, elle anticipe le jour de sa sépulture. Elle désire dans son cœur lui exprimer son amour à elle, mais surtout, par une offrande exceptionnelle, reconnaître ce qu'il est dans son essence — «Dieu béni éternellement» (Romains 9:5) —, évoquer à la fois la grandeur de son œuvre et l'excellence de sa personne.

Elle s'approche aux pieds de Jésus, elle s'engage dans un instant d'adoration. S'engager, c'est parfois marcher à contre-courant pour plaire à Dieu plutôt qu'aux hommes. Quand les disciples qui entourent le Seigneur vont tous dire unanimement: Quel gaspillage! (cf. Matthieu 26:8), Marie s'engage à plusieurs points de vue:

  • D'abord, elle sait quelle est la seule personne digne d'adoration et elle s'avance vers Jésus, quand bien même elle va rencontrer l'incompréhension et les reproches de la part de ceux qui auraient dû participer avec elle à cette adoration.
  • Ensuite, l'offrande qu'elle apporte est un parfum précieux et cher. Les évangiles révèlent le prix de ce parfum, trois cents deniers, le salaire annuel d'un ouvrier agricole de l'époque. Elle ressemble à ce moment à David dans l'aire d'Arauna: «Certainement… je n'offrirai pas à l'Éternel, mon Dieu, des holocaustes qui ne coûtent rien» (2 Samuel 24:24). Ce parfum coûteux fait certainement partie des objets rares que possède Marie, mais son Sauveur et Seigneur est digne de recevoir ce qu'elle possède de plus élevé, de plus précieux. Elle ne veut pas offrir quelque chose qui n'a pas de valeur, contrairement aux Israélites qui, se moquant de Dieu, en étaient arrivés à offrir le rebut de leurs troupeaux (Malachie 1:8).
  • Enfin, ce parfum qu'elle offre a pour elle une valeur symbolique, parce qu'il parle de Christ lui-même, de sa mort et de ses gloires. Car en fait, pourquoi a-t-elle offert un parfum plutôt qu'un autre objet de valeur, ou simplement une parole d'encouragement?

Marie a l'intelligence des choses divines. Dans le tabernacle comme dans le temple, on trouve l'autel d'or, l'autel des parfums sur lequel on faisait fumer «l'encens composé» — parfum unique, réservé à l'Éternel.

Marie a le discernement spirituel de l'offrande parfaite et volontaire de Christ pour nous sauver et pour glorifier Dieu. Comme le dira plus tard l'apôtre Paul, «Christ… s'est livré… comme offrande et sacrifice à Dieu, en parfum de bonne odeur» (Éphésiens 5:2). Le parfum qu'offre Marie évoque pour elle les souffrances de Christ, et son sacrifice, bonne odeur pour Dieu. Que pouvait-elle donc offrir de plus précieux, de plus approprié aux circonstances que son Sauveur et Seigneur allait traverser six jours après?

1 Chroniques 29:13, 14

«Et maintenant, ô notre Dieu, nous te célébrons, et nous louons ton nom glorieux. Et qui suis-je, et qui est mon peuple, que nous ayons le pouvoir d'offrir ainsi volontairement? car tout vient de toi; et ce qui vient de ta main, nous te le donnons.»

À notre tour — après Michée, après Marie, après David — maintenant, que pouvons-nous offrir à notre Dieu de plus élevé que le don parfait qu'il nous a fait dans la personne du Seigneur Jésus?

Bien sûr, nous pouvons offrir tout ce qui nous est donné si libéralement par notre Père: nos corps, nos cœurs, nos biens, notre temps, notre travail de serviteurs. Et si nous le faisons, souvenons-nous que tout cela n'est rien sans l'amour (1 Corinthiens 13:3). Mais rien n'est aussi agréable au cœur de Dieu que d'entendre ses enfants lui parler des gloires de son Fils bien-aimé.

S'approcher de Dieu

Nous nous sommes penchés sur la question de Michée: «Avec quoi m'approcherai-je?». Mais il y a de nombreuses autres questions relatives au culte et à l'adoration. Par exemple: de qui et comment m'approcherai-je, interrogations auxquelles répond en particulier le passage de Jean 4, où l'on apprend que «les vrais adorateurs adoreront le Père en esprit et en vérité», «car le Père en cherche de tels qui l'adorent».

David dit: «Qui suis-je, et qui est mon peuple, que nous ayons le pouvoir d'offrir ainsi volontairement?» De façon similaire, nous pouvons nous demander: Ai-je le droit, ou même plus humblement, ai-je la possibilité de m'approcher de Dieu? Les réponses bibliques sont claires et nettes. «Vous avez été approchés par le sang du Christ» (Éphésiens 2:13). Je ne puis m'approcher, mais je suis approché — c'est un passif. Tout vient de Dieu, rien n'est de moi, rien n'est de nous, et le Père en cherche de tels qui l'adorent. Dieu désire et attend la louange des siens. Ma position, notre position d'adorateurs, de sacrificateurs, Christ l'a acquise par le sang de sa croix. Quant à notre état, dépendant de nous-mêmes, il nous faut agir comme le souverain sacrificateur, qui devait passer par la cuve d'airain avant d'entrer dans la tente d'assignation (Exode 30:21).

Alors, qu'il n'y ait pas de retenue pour cette louange! «Offrons donc, par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges» (Hébreux 13:15); «Celui qui sacrifie la louange me glorifie» (Psaumes 50:23). Mon cœur doit répondre à l'invitation divine et s'engager personnellement en apportant à Dieu ce qui vient de sa main: la bonté et la beauté de Christ (cf. Zacharie 9:17). Et nous ne sommes pas laissés sans ressources pour cela. Dans notre moisson spirituelle, nous pouvons au cours de la semaine, à l'aide de la parole de Dieu et sous l'action de l'Esprit Saint, placer dans la corbeille de notre cœur quelques épis (cf. Deutéronome 26:1-4). Ils s'ajouteront à la gerbe de louanges que Dieu attend de la part de ses enfants, lorsqu'ils sont réunis autour de Christ le premier jour de la semaine.

Que toutes ces réponses bibliques nous encouragent à nous engager vraiment, comme Marie l'a fait dans un environnement incompréhensif et hostile, à adorer, à apporter ce que Dieu nous a donné de meilleur: Jésus Christ! Laissons-nous entraîner par Dieu lui-même dans ce chemin de la louange: «Donnez la main à l'Éternel, et venez à son sanctuaire» (2 Chroniques 30:8).