La vie de David et ses leçons pour nous (suite)

F. Wallace

5. Les manquements de David

Écrire quelque chose au sujet des défaillances d'un homme de Dieu peut sembler inconvenant et peu profitable, tout spécialement quand on est conscient de ses propres manquements. Dans ses psaumes, David ne cache cependant pas ses fautes. Il met son âme à nu devant Dieu et, par la même occasion, devant nous. Les psaumes 32 et 51 sont des exemples remarquables de la manière dont David confesse à Dieu ses péchés. Dans bien d'autres passages encore, nous l'entendons exprimer des regrets au sujet de ce qu'il a fait. Il n'est pas possible qu'il y ait une confession ouverte devant les hommes sans qu'il y ait au préalable une confession sincère devant Dieu.

En considérant les manquements de David tels qu'ils sont présentés dans la Parole, nous réalisons que, si doué, si honoré et si fidèle qu'ait été cet homme de Dieu, il n'était pourtant qu'un homme. Et ainsi, ses expériences sont de la plus grande utilité pour chacun de nous. Elles doivent nous aider à discerner les tentations qui sont aussi les nôtres, et nous conduire à la vigilance pour éviter les pièges dans lesquels il est tombé.

Défaillance de la foi et conséquences (1 Samuel 27-30)

Dès le moment où Dieu a rejeté Saül, et a fait oindre David pour roi, il a été évident que Dieu avait des desseins glorieux à son égard. Cependant, le chemin qui devait l'amener à la royauté ne devait pas être facile. Peu de temps après sa victoire sur Goliath et les acclamations de la foule enthousiaste, David a dû faire l'expérience douloureuse de la haine et de la persécution.

Et c'est ainsi que dans une période particulièrement éprouvante, dans laquelle il avait durement senti la haine implacable de Saül et sa volonté de le faire mourir, David en arrive à penser que Saül finira par atteindre son but. «Et David dit en son cœur: Maintenant, je périrai un jour par la main de Saül» (1 Samuel 27:1). Mais ses craintes sont-elles en accord avec sa foi? David a-t-il oublié son onction et les promesses de Dieu? A-t-il oublié comment Dieu lui a donné la victoire sur Goliath? Il semble qu'en effet il oublie pour un moment les nombreux témoignages de la puissance de Dieu et de ses délivrances, comme aussi ses glorieux desseins envers lui. Quand les circonstances deviennent de plus en plus difficiles, que les épreuves semblent insurmontables, il est facile de perdre courage et de manquer de foi.

La défaillance de foi de David, hélas! le conduit dans un chemin qui est bien au-dessous de la dignité de celui que l'Éternel a oint pour être roi sur son peuple. Un manquement en entraîne d'autres, il en est souvent ainsi, hélas! David va chercher refuge parmi les Philistins, les ennemis d'Israël. Akish, qui lui fait confiance — peut-être même trop confiance! —, lui donne la ville de Tsiklag; et il habite là, avec ses hommes, pendant un an et quatre mois (27:7). Ils font des incursions dans les contrées du midi, ne laissant vivre ni homme ni femme, de peur qu'ils ne racontent quelque chose contre eux à Akish. Sombre période dans la vie de David!

Finalement, en raison de sa position équivoque, il se trouve associé avec les Philistins dans une guerre contre Israël (28:1, 2; 29:1-5). Le voilà dans une situation inextricable. Dieu, dans sa grâce, intervient pour l'en délivrer: les Philistins le renvoient, lui et sa troupe. Cependant il faut qu'il sente la main de Dieu s'abattre sur lui en discipline sévère. Durant l'absence de la troupe, les Amalékites ont fait une incursion sur Tsiklag et l'ont brûlée. Les femmes et les enfants ont été emmenés captifs, et tous les biens ont été pillés. Alors, «David et le peuple qui étaient avec lui élevèrent leur voix et pleurèrent, jusqu'à ce qu'il n'y ait plus de force en eux pour pleurer» (30:4). David court même le danger d'être lapidé par ses hommes (verset 6).

Alors, au sein de cette immense détresse, nous lisons que «David se fortifia en l'Éternel son Dieu». Il retrouve sa foi précédente, son courage et son énergie. Il interroge l'Éternel — ce que sans doute il avait peu fait durant les mois écoulés. Et l'Éternel l'encourage à poursuivre Amalek. Ils recouvrent tout ce qui leur avait été pris et ramènent un grand butin (versets 18-20).

Un tel dénouement nous est-il familier? Il doit l'être aux chrétiens exercés. L'âme est dans la détresse, et Dieu accorde la délivrance. Mais cette délivrance ne résulte pas d'une amélioration des circonstances. Elle apparaît lorsque nous prenons conscience de notre impuissance totale, et que nous nous tournons vers Dieu dans une dépendance complète de lui. Nos forces sont alors renouvelées et nous sommes conduits à la victoire.

Une ardente colère (1 Samuel 25)

Le récit se passe à l'époque où David fuit devant Saül. Il a été insulté, lui et les hommes qui l'accompagnent, par Nabal, un homme riche, dur et égoïste. Pendant un certain temps, la troupe de David avait protégé les troupeaux et les bergers de cet homme. Puis, au moment où Nabal a les tondeurs et que des vivres en abondance sont en sa main, David lui demande un peu d'aide. Nabal fait preuve alors d'une grande ingratitude à l'égard de David et ne reconnaît pas les services qui lui ont été rendus. Il renvoie les messagers de David avec mépris. La réaction de celui-ci est compréhensible, mais combien affligeante: il entre dans une violente colère; il ordonne à ses hommes de prendre leur épée et de le suivre. Il est décidé à exterminer sans délai toute la maison de Nabal.

Fort heureusement, Nabal a une femme sage, Abigaïl. Au moment où l'un de ses serviteurs lui raconte ce qui s'est passé et lui apprend que David s'est mis en chemin pour se venger, elle intervient avec une sagesse remarquable. Sans en référer à son mari — ce serait peine perdue, elle le sait! — elle prépare une grande quantité de nourriture pour David et ses hommes, et part à leur rencontre. Elle apaise sa colère avant qu'il ait pu exécuter son projet. Abigaïl a une attitude admirable. Elle est humble; elle ne s'enorgueillit pas de son geste, mais l'attribue entièrement à l'Éternel. C'est Lui, dit-elle, qui a retenu David et l'a empêché de tuer Nabal pour se faire justice à lui-même.

David avait été en grand danger de transgresser le commandement de l'Éternel: «Tu ne te vengeras pas, et tu ne garderas pas rancune aux fils de ton peuple» (Lévitique 19:18). Il avait été choisi, ainsi que le déclare Abigaïl, pour combattre «les combats de l'Éternel», c'est-à-dire pour combattre les ennemis d'Israël. En cherchant à se venger lui-même, David abandonnait entièrement sa mission. Par l'intervention de cette femme sage, l'Éternel l'empêche de tacher ses mains avec le sang d'un Israélite. Il est beau de voir David réaliser que ce qu'il allait faire était mal, et bénir Dieu de l'avoir arrêté par le moyen d'Abigaïl.

L'histoire se termine par le jugement de Dieu contre Nabal. «Et il arriva, environ dix jours après, que l'Éternel frappa Nabal, et il mourut» (verset 38). Tout ceci nous rappelle l'exhortation de Paul: «Ne vous vengeant pas vous-mêmes, bien-aimés; mais laissez agir la colère, car il est écrit: À moi la vengeance; moi je rendrai, dit le Seigneur» (Romains 12:19).

Cet épisode de la vie de David nous met sérieusement en garde contre la colère. De nombreux passages de la Bible nous exhortent à ce sujet. Par exemple: «Ne te hâte pas en ton esprit pour t'irriter, car l'irritation repose dans le sein des sots» (Ecclésiaste 7:9). «L'homme prompt à la colère agit follement» (Proverbes 14:17). L'apôtre Paul nous dit: «Mettez-vous en colère et ne péchez pas, que le soleil ne se couche pas sur votre irritation; et ne donnez pas occasion au diable» (Éphésiens 4:26, 27), et encore: «Que toute amertume, et tout courroux, et toute colère, et toute crierie, et toute injure, soient ôtés du milieu de vous, de même que toute malice; mais soyez bons les uns envers les autres, compatissants, vous pardonnant les uns aux autres comme Dieu aussi, en Christ, vous a pardonné» (Éphésiens 4:31, 32; voir aussi Colossiens 3:8).

On pourrait donner une longue liste de passages de l'Écriture mettant en garde contre la colère. Mais surtout, souvenons-nous que la chair en David est la même nature de péché qu'en chacun de nous. Nous pouvons tomber — et nous tombons tous — dans le même piège. Combien de fois, par la colère, nous déshonorons le Seigneur et faisons du tort à sa cause et à ses intérêts! Pourtant nous avons plus de ressources que David: nous avons le Saint Esprit demeurant en nous. Il est la puissance qui nous permet de manifester les caractères de la vie nouvelle. Quant à la chair, dans tous les temps, elle ne peut supporter d'être humiliée, ou insultée, ou contrecarrée.

Pour terminer ce sujet, rappelons qu'il y a des colères qui sont justes. Alors que le roi d'Égypte s'obstinait à ne pas laisser Israël s'en aller, «Moïse sortit d'auprès du Pharaon dans une ardente colère» (Exode 11:8) — non parce qu'il avait été lui-même insulté et offensé, mais parce que le Pharaon se moquait de Dieu. De même, nous voyons le Seigneur Jésus regarder des hommes avec colère, «étant attristé de l'endurcissement de leur cœur» (Marc 3:5). Que le Seigneur nous aide à passer par-dessus les attaques personnelles et à réserver notre colère et notre indignation aux attaques dirigées contre Dieu lui-même!

Ignorance ou oubli de la parole de Dieu (2 Samuel 6)

Bien des années avant l'avènement de David au trône, l'arche de l'Éternel avait été prise par les Philistins (1 Samuel 4). Après diverses péripéties, ils l'avaient renvoyée sur un chariot neuf tiré par deux vaches allaitantes. Sans hésitation, celles-ci avaient pris le chemin de Beth-Shémesh, où elles avaient été reçues avec joie (1 Samuel 6). Puis, la joie s'était changée en deuil, Dieu ayant frappé plusieurs hommes de la ville, parce qu'ils avaient regardé dans l'arche. Celle-ci avait alors été placée à Kiriath-Jéarim (7:1), et c'est là qu'elle est restée jusqu'à l'époque de David.

La présence de Dieu, dont l'arche était le symbole, avait pour le cœur de David un prix immense. Aussi, dès que son royaume est établi sur tout Israël et jouit d'une certaine stabilité, David désire faire monter l'arche de Kiriath-Jéarim et l'amener à Jérusalem. Il réunit toute l'élite d'Israël, trente mille hommes; l'arche est placée sur un chariot neuf qui se met en route vers Jérusalem, tandis que le peuple s'égaie devant l'Éternel, au son de toutes sortes d'instruments de musique (2 Samuel 6:1-5).

Était-il juste d'utiliser un chariot pour transporter l'arche? Dieu n'avait fait aucun reproche aux Philistins lorsqu'ils avaient employé ce moyen. Ils ne connaissaient pas les commandements de l'Éternel à cet égard. Mais David et son peuple étaient responsables de les connaître et de les respecter. L'arche devait être portée par les Lévites. Dans le désert, les Kehathites, qui avaient la charge des ustensiles du tabernacle, n'avaient pas reçu de chariots, comme les Guershonites et les Merarites; «ils portaient sur l'épaule» (Nombres 7:6-9).

Malgré toutes les bonnes intentions de David, Dieu doit manifester sa désapprobation. Il permet que les bœufs qui tirent le chariot fassent un faux pas. Uzza étend sa main sur l'arche pour l'empêcher de tomber, mais Dieu le frappe immédiatement, parce qu'il a posé sa main sur un objet qui ne devait jamais être touché.

Tout d'abord, David est irrité de ce que l'Éternel a fait «une brèche en la personne d'Uzza» (verset 8). Puis il comprend sa faute, et prend toutes les dispositions nécessaires pour que l'arche soit amenée à Jérusalem d'une manière conforme aux instructions de Dieu: «Il ne convient pas que l'arche de Dieu soit portée par personne excepté les Lévites». «Car, parce que vous ne l'avez pas fait la première fois, l'Éternel, notre Dieu, a fait une brèche parmi nous; car nous ne l'avons pas recherché conformément à l'ordonnance» (1 Chroniques 15:2 et 13). Alors, Dieu aide ceux qui portent l'arche; tout se passe au mieux et la joie déborde (versets 25-29). Dieu honore la foi de ceux qui sont fidèles à sa Parole.

Le chariot neuf employé pour transporter l'arche nous fait penser aux moyens que le monde emploie. Ils ne devraient pas avoir de place dans le service pour le Seigneur: «Car ce qui est haut estimé parmi les hommes est une abomination devant Dieu» (Luc 16:15).

Manquement moral grave (2 Samuel 11; 12)

La tache la plus sombre dans la vie de David, c'est sans doute son péché d'adultère commis avec Bath-Shéba, suivi d'un comportement honteux et traître à l'égard d'Urie, son mari. Eve, dans le jardin d'Eden, avait vu, avait convoité, et avait pris. De même, David voit cette très belle femme, la convoite, l'invite chez lui et la séduit. Lorsque Bath-Shéba fait savoir à David qu'elle est enceinte, il agit d'une manière abominable vis-à-vis d'Urie, l'un de ses fidèles guerriers. Il le fait rentrer à la maison, pour que la paternité de l'enfant puisse lui être attribuée. Mais le plan de David échoue à cause du dévouement de son soldat. Le roi essaie alors d'enivrer Urie, espérant qu'il se rendra auprès de sa femme. Il échoue encore une fois. Ne sachant comment s'en tirer, David décide alors de faire mourir Urie sur le champ de bataille. Joab, le chef de l'armée, reçoit l'ordre de placer Urie à l'endroit le plus dangereux, et de le laisser seul en face de l'ennemi. L'espoir de David se réalise: Urie meurt. Bath-Sheba mène deuil sur son Époux, puis David la recueille dans sa maison et la prend pour femme. Tout semble être rentré dans l'ordre.

Mais non! Bien au contraire!… David a cherché à couvrir son péché en ayant recours aux astuces, à la tromperie et à la cruauté, mais dans tout cela, il a oublié Dieu! «Mais la chose que David avait faite fut mauvaise aux yeux de l'Éternel» (11:27).

Dieu envoie le prophète Nathan à David. Le messager de Dieu lui parle d'abord au moyen d'une parabole — une simple histoire d'égoïsme, de cupidité, de dureté de cœur (12:1-4). Et lorsque David s'indigne et prononce un jugement juste concernant le cas qui lui est présenté, le prophète doit lui dire: «Tu es cet homme». Cette parole pénètre jusqu'au fond de la conscience de David. Alors, en termes clairs et forts, le prophète lui montre l'extrême gravité de toute sa conduite dans cette affaire. David courbe la tête. Il ne cherche pas à s'excuser. Il déclare: «J'ai péché contre l'Éternel» (verset 13).

Aussi Nathan peut-il lui dire que Dieu lui a pardonné son péché, qu'il ne mourra pas. Cependant il y aura des conséquences gouvernementales de sa faute. Par sa conduite, David avait méprisé l'Éternel, et avait donné occasion aux ennemis de l'Éternel de blasphémer. Le châtiment de Dieu devra s'exercer dans la maison de David lui-même; et la première conséquence de son péché, c'est que l'enfant né de Bath-Shéba mourra.

Que de solennelles leçons nous donne cette honteuse histoire! N'oublions pas, comme David l'a fait à ce moment, que «toutes choses sont nues et découvertes aux yeux de celui à qui nous avons affaire» (Hébreux 4:13).

Un croyant, quelque avancé qu'il soit, n'est pas à l'abri des tentations. Une vigilance constante est nécessaire. «La convoitise de la chair, et la convoitise des yeux, et l'orgueil de la vie» nous guettent sans cesse (1 Jean 2:16). Que de ruines à cause de cela parmi les enfants de Dieu! Rappelons ces paroles de Job: «J'ai fait alliance avec mes yeux: et comment eussé-je arrêté mes regards sur une vierge?» (Job 31:1). On voit aussi que la paresse concernant les intérêts du Seigneur peut conduire au péché. Au moment où son armée était en campagne, David était oisif à Jérusalem (2 Samuel 11:2).

Manque de discernement

David avait promis à Jonathan, dans une alliance solennelle, qu'il agirait avec bonté envers sa descendance (1 Samuel 20:15-17).

Jonathan avait un fils nommé Mephibosheth, boiteux des deux pieds depuis l'âge de cinq ans. Lorsque la nouvelle de la mort de Saül et de ses fils s'était répandue dans le pays d'Israël, l'enfant avait été emmené précipitamment; et, dans la fuite, il avait fait une chute (2 Samuel 4:5).

Lorsque son trône est établi sur Israël, David se souvient de sa promesse. Ses recherches amènent devant lui, tout d'abord Tsiba, serviteur de la maison de Saül, puis Mephibosheth, fils de Jonathan. David use envers celui-ci «d'une bonté de Dieu», lui restitue tous les biens qui avaient appartenu à son père et l'accueille dans sa maison. «Il mangeait tous les jours à la table du roi» (2 Samuel 6). Tsiba et sa maison sont établis serviteurs de Mephibosheth.

Lors de la révolte d'Absalom, David doit fuir de Jérusalem. Tsiba, qui est un homme rusé et jaloux, voit là une occasion d'acquérir les faveurs de David au détriment de Mephibosheth. Il apporte au roi fugitif des vivres en abondance et calomnie Mephibosheth, prétendant qu'il est resté à Jérusalem dans l'espoir que les circonstances tourneront à son avantage et que le royaume de Saül lui reviendra (2 Samuel 16:1-4). Et c'est ici que David montre un certain manque de discernement. Il accepte sans vérification l'histoire que Tsiba lui raconte, et lui dit sans prendre la peine de bien considérer les choses: «Voici, tout ce qui est à Mephibosheth est à toi». Il est possible que Mephibosheth ait manqué de détermination et d'énergie pour accompagner David. Mais dans cette circonstance, David ne suit pas les instructions divines: «Un seul témoin ne se lèvera pas contre un homme, pour une iniquité ou un péché quelconque…; sur la déposition de deux témoins ou sur la déposition de trois témoins, la chose sera établie» (Deutéronome 19:15; voir aussi Matthieu 18:16). A de nombreuses reprises, l'Écriture nous met en garde contre la médisance et la calomnie (Lévitique 19:16; Proverbes 10:18; 1 Timothée 3:11; Tite 2:3; 1 Pierre 2:1). Le récit que nous avons ici nous enseigne la prudence pour éviter des conclusions hâtives.

Après la mort d'Absalom, David revient à Jérusalem. Mephibosheth vient au-devant de lui, ayant dans ses vêtements et dans son allure les signes du deuil qu'il avait porté depuis le départ du roi. Il explique à David que son serviteur l'a trompé et calomnié. David refuse d'en savoir davantage et de tirer les choses au clair. Il dit à Mephibosheth: «Pourquoi me parles-tu encore de tes affaires? Je l'ai dit: Toi et Tsiba, partagez les champs» (2 Samuel 19:24-30).

Le péché d'orgueil (2 Samuel 24; 1 Chroniques 21)

Lorsque Dieu avait ordonné le dénombrement de son peuple, en Exode 30: c'était dans un but bien particulier. Depuis l'âge de vingt ans et au-dessus, tous les hommes devaient donner un demi-sicle d'argent afin de faire propitiation pour leurs âmes (verset 15); et cet argent a servi à fondre «les bases» et à faire «les crochets» du tabernacle (Exode 38:25-28).

Rien ne nous indique qu'il y ait eu un motif spirituel dans l'ordre que le roi David donna aux commandants de son armée, de dénombrer le peuple. En fait, il ne pensait qu'à la force de son armée, à sa propre gloire. Il voulait savoir quelles étaient les ressources humaines sur lesquelles il pouvait compter. Joab a eu le pressentiment qu'une telle action était déplacée et il a cherché à en dissuader David. «Mais la parole du roi prévalut sur Joab, et sur les chefs de l'armée» (2 Samuel 24:4). Il arrive que des objections élevées au sujet de ce que nous nous sommes proposés n'aient d'autre effet que de fortifier notre détermination, même si nous sommes dans un chemin de propre volonté. Nous oublions que «Celui qui écoute le conseil est sage» (Proverbes 12:15) et que «la sagesse est avec ceux qui se laissent conseiller» (13:10).

Le dénombrement achevé, l'Éternel fait comprendre à David son erreur — une erreur plus grave, peut-être, que nous ne l'aurions imaginé. Il comprend alors son péché et le confesse avec droiture: «Et le cœur de David le reprit, après qu'il eut dénombré le peuple; et David dit à l'Éternel: J'ai grandement péché dans ce que j'ai fait; et maintenant, ô Éternel, fais passer, je te prie, l'iniquité de ton serviteur, car j'ai agi très follement» (2 Samuel 24:10). La gravité de la faute est à la mesure des privilèges reçus et de la position que l'on occupe.

Combien de passages des Écritures nous mettent en garde contre l'orgueil! L'Éternel dit: «Je hais l'orgueil et la hauteur» (Proverbes 8:13). «Dieu résiste aux orgueilleux, mais il donne la grâce aux humbles» (Jacques 4:6). Nebucadnetsar a dû faire l'expérience, et témoigne lui-même, que Dieu «est puissant pour abaisser ceux qui marchent avec orgueil» (Daniel 4:37).

Cependant, bien que confessé et pardonné, ce péché de David va entraîner des conséquences — et non seulement pour David, mais pour tout son peuple. Il y a sans doute eu des raisons morales qui ont conduit l'Éternel à agir ainsi, bien que nous n'ayons pas de détails à ce sujet. L'un des deux récits nous dit: «La colère de l'Éternel s'embrasa de nouveau contre Israël; et il incita David contre eux, disant: Va, dénombre Israël et Juda». Le second récit nous indique un autre aspect des choses: «Satan se leva contre Israël, et incita David à dénombrer Israël». Tout cela est mystérieux pour nous. D'une part, Dieu a toujours la haute main sur tout, et toutes choses le servent. D'autre part, Satan est l'instigateur du mal, et il le fait dans les limites où Dieu lui permet d'agir. Mais quoi qu'il en soit, David porte ici la responsabilité d'un grave manquement, et il le reconnaît.

Le roi — le berger d'Israël — est placé alors devant un choix douloureux: celui du châtiment que Dieu va lui infliger, et auquel son peuple sera associé. «Et David dit à Gad: Je suis dans une grande détresse. Que nous tombions, je te prie, dans les mains de l'Éternel, car ses compassions sont grandes; et que je ne tombe point dans la main des hommes!» (2 Samuel 24:14). La discipline porte des fruits précieux.

L'ange de l'Éternel frappe le peuple de la peste. Un grand nombre d'hommes meurent. Puis David offre des sacrifices à l'Éternel qui lui apparaît sur l'aire d'Arauna, le Jébusien, et la plaie s'arrête. Et c'est l'occasion pour que soit désigné le lieu sur lequel Salomon, quelques années plus tard, construira le temple de l'Éternel.

Conclusion

En terminant ce sujet des manquements de David, nous pouvons faire une remarque pour notre encouragement. Dans la plupart des cas que nous avons considérés, David nous montre non seulement les dangers auxquels nous sommes nous-mêmes exposés, mais aussi le chemin de la confession, de l'humiliation et de la restauration, ce chemin qui conduit au rétablissement d'une entière communion avec Dieu.

À suivre

«Use de grâce envers moi, ô Dieu! selon ta bonté; selon la grandeur de tes compassions, efface mes transgressions. Lave-moi pleinement de mon iniquité, et purifie-moi de mon péché. Car je connais mes transgressions, et mon péché est continuellement devant moi. Contre toi, contre toi seul, j'ai péché, et j'ai fait ce qui est mauvais à tes yeux…» (Psaumes 51:1-4 — psaume de David… après qu'il fut allé chez Bath-Shéba.)

«Bienheureux celui dont la transgression est pardonnée, et dont le péché est couvert! Bienheureux l'homme à qui l'Éternel ne compte pas l'iniquité, et dans l'esprit duquel il 'y a point de fraude!» (Psaumes 32:1, 2).