Un règne qui commence bien (1 Rois 3:5-15)

L'Éternel apparaît à Salomon dans un songe alors qu'il est à Gabaon — là où se trouvaient le tabernacle et l'autel de l'holocauste (1 Chroniques 21:29). Invité par Dieu à demander ce qu'il désire, Salomon ne recherche ni les richesses ni la gloire, mais la sagesse. Une fois réveillé, il revient à Jérusalem, se tient devant l'arche de l'alliance de l'Éternel, offre des holocaustes et des sacrifices de prospérités, et fait un festin à tous ses serviteurs (verset 15). La première réponse que l'Éternel donne à Salomon en lui accordant la sagesse, c'est de lui montrer que la place du croyant est dans sa proximité immédiate.

Pour nous, l'arche est une figure de Christ lui-même. Le propitiatoire représente l'œuvre de Christ, une œuvre dont la perfection correspond à celle de la personne qui l'a accomplie. La largeur et la longueur du propitiatoire sont exactement la largeur et la longueur de l'arche. L'œuvre merveilleuse de Christ est à la mesure de la personne merveilleuse qu'il est. Lui seul pouvait l'accomplir et lui seul l'a faite.

Nous comprenons que la bénédiction la plus élevée accordée au croyant n'est pas de rester à la croix, même si son premier pas pour s'approcher de Dieu, c'est de venir à la croix. Lorsque ce pas est fait, Dieu nous invite à aller plus loin, à nous approcher véritablement de la personne de Christ. Son amour brille à la croix, mais Christ est là pour nous, pour que nous nous approchions de lui. C'est ce que signifie le geste de Salomon. Il vient à Jérusalem et se tient devant l'arche de l'alliance de l'Éternel.

Ainsi le premier effet de la sagesse que Dieu accorde, c'est de nous faire connaître Christ et de nous amener à nous approcher de lui. Le second aspect de cette sagesse, c'est la sagesse dans la conduite et dans la marche, comme nous le voyons dans la fin du chapitre.

Un Dieu qui donne

«Demande ce que tu veux que je te donne» (verset 5). Quelle grâce dans cette parole de l'Éternel! Elle nous rappelle les paroles du Seigneur Jésus quand il était sur la terre: «Demandez, et il vous sera donné» (Matthieu 7:7) et «Quoi que vous demandiez en mon nom, je le ferai» (Jean 14:13). Dieu nous encourage à le prier.

Cette promesse de l'Éternel nous fait penser aussi au psaume 2, où Dieu parle à son Fils: «Demande-moi, et je te donnerai les nations pour héritage, et, pour ta possession, les bouts de la terre» (verset 8). De même, au psaume 21, le roi reçoit le royaume comme une réponse de Dieu à sa requête: «Éternel! Le roi se réjouira en ta force, et combien s'égayera-t-il en ton salut! Tu lui as donné le désir de son cœur, et tu ne lui as pas refusé la requête de ses lèvres» (verset 8). Le Seigneur Jésus va recevoir le royaume parce qu'il est Fils de l'homme, homme parfait dans sa dépendance et sa confiance en Dieu.

La prière de Salomon

Considérons maintenant les éléments de cette prière de Salomon, prière qu'il exprime sur le ton de la reconnaissance et de l'adoration.

«Tu as usé d'une grande bonté envers ton serviteur David, mon père» (verset 6). Combien il est beau de voir ce jeune homme, qui a été témoin de la fidélité et de la bonté de Dieu à l'égard de son père, exprimer sa reconnaissance! Voilà un point heureux et positif, une disposition de cœur attirante chez Salomon!

«Selon qu'il a marché devant toi en vérité et en justice, et en droiture de cœur avec toi» (verset 6). David n'a pas été parfait, il n'a pas toujours donné à son fils un exemple irrépréhensible; néanmoins Salomon peut reconnaître qu'il a marché devant Dieu et avec Dieu. Il montre un grand respect pour son père et constate que la fidélité de David était le fruit de la bonté de Dieu. Vérité, justice et droiture de cœur, l'Éternel lui-même s'est plu à relever ces qualités chez son serviteur.

«Tu lui as gardé cette grande bonté, et tu lui as donné un fils qui est assis sur son trône, comme il en est aujourd'hui» (verset 6). Salomon souligne la fidélité de Dieu à l'égard de son père. Nous pensons beaucoup aux jeunes, aux enfants de chrétiens. Ils sont appelés non seulement à dire amen aux prières de leurs parents — ce qui a sa valeur — mais aussi à ployer leurs genoux dès leur jeune âge, à prier personnellement. Qu'il leur soit accordé de faire cette expérience! Ils ont bien des motifs pour rendre grâce au Seigneur: celui de vivre dans un foyer chrétien, d'être élevés par des parents qui leur enseignent les vérités de la Parole, de connaître le rassemblement autour du Seigneur.

Ensuite Salomon exprime des requêtes pour son propre compte.

«Maintenant, Éternel, mon Dieu, tu as fait roi ton serviteur en la place de David, mon père» (verset 7). Dieu n'est pas seulement le Dieu de David, il est aussi le Dieu de Salomon. Et il a accompli sa promesse envers David: il a établi roi un de ses fils.

«Et moi, je suis un jeune garçon, je ne sais pas sortir et entrer» (verset 7). L'humilité de Salomon est réelle. Il a conscience de son ignorance et de son insuffisance pour exercer les fonctions de roi. Il dit à Dieu, en substance: Je suis encore jeune, inexpérimenté; j'ai besoin de secours, j'ai besoin d'être conduit et soutenu jour après jour.

Je ne sais pas «sortir et entrer», autrement dit: je ne sais pas comment faire pour être à ton service au milieu de ce peuple. À ce sujet, n'oublions pas qu'il faut commencer par entrer. Entrer, n'est-ce pas tout premièrement vivre dans l'intimité personnelle avec Dieu? N'est-ce pas rechercher sa présence dans la dépendance et dans la confiance, et là, apprendre à discerner sa volonté pour pouvoir sortir et l'accomplir? Moïse entrait dans la présence de l'Éternel et sortait ensuite devant le peuple. Et lorsqu'il sortait du sanctuaire, son visage rayonnait (Exode 34:29-35).

«Ton serviteur est au milieu de ton peuple, que tu as choisi, un peuple nombreux, qui ne se peut compter ni nombrer à cause de sa multitude» (verset 8). Qu'est-ce qui inquiète Salomon, conscient de la tâche qui est placée devant lui? C'est son inexpérience, son ignorance et l'ampleur de cette tâche. Voilà un bon départ. Sachons nous aussi, si petit que puisse être notre service, nous tenir dans la présence du Seigneur et lui dire: Secours-moi; aide-moi; je suis inexpérimenté et je me sens absolument incapable d'accomplir la tâche qui est placée devant moi.

Que demande le jeune roi? — «Donne donc à ton serviteur un cœur qui écoute, pour juger ton peuple, pour discerner entre le bien et le mal; car qui est capable de juger ton si grand peuple?» (verset 9). Réalisant qu'il n'a pas les ressources en lui-même, Salomon demande que l'Éternel lui donne ce qui lui manque. Remarquons bien que dans sa demande, le peuple de Dieu occupe le premier plan. Il ne recherche pas son propre intérêt mais celui du peuple de Dieu. Est-ce que nos prières sont en rapport avec le bien de nos frères dans la foi? Pour prier pour nos frères, il nous faut les aimer. Et en priant pour eux, nous apprenons aussi à mieux les aimer.

«Pour discerner entre le bien et le mal». Pour apprendre à discerner entre le bien et le mal, nous avons besoin d'un cœur qui écoute, qui écoute ce que Dieu nous dit dans sa Parole. C'est un besoin impératif de nos jours où le monde s'éloigne de plus en plus des valeurs chrétiennes. Laissons-nous éclairer et guider par le Saint Esprit.

«Donne-moi un cœur qui écoute». Salomon ne demande pas l'éloquence, la puissance, la gloire, la force. Il demande qu'il lui soit donné d'écouter. En premier lieu et à tout âge, nous avons toujours besoin d'écouter. Écouter avant de parler. Écouter pour acquérir le discernement entre ce qui est bien et ce qui est mal, et être capable d'apprécier justement les circonstances. Soulignons bien que c'est le cœur qui écoute: notre attention est proportionnée à notre affection. Ces versets nous offrent une instruction pour notre vie spirituelle individuelle, comme aussi pour la prière collective. Que Dieu nous accorde le discernement pour demander ce qui est selon sa pensée et non pas ce que nous pourrions souhaiter!

La capacité qu'a un homme d'écouter et de comprendre n'est pas acquise une fois pour toutes, elle est à exercer chaque jour. En Ésaïe 50, le Saint Esprit place devant nous les paroles de Christ, de l'homme parfait: «Le Seigneur l'Éternel… me réveille chaque matin, il réveille mon oreille pour que j'écoute comme ceux qu'on enseigne. Le Seigneur l'Éternel m'a ouvert l'oreille, et moi je n'ai pas été rebelle, je ne me suis pas retiré en arrière» (versets 4, 5).

La réponse de l'Éternel

L'Éternel se plaît à répondre à une telle disposition de cœur! «La parole fut bonne aux yeux du Seigneur, que Salomon eût demandé cette chose» (verset 10).

«Et Dieu lui dit: Parce que tu as demandé cela, et que tu n'as pas demandé pour toi de longs jours, et que tu n'as pas demandé pour toi des richesses, et que tu n'as pas demandé la vie de tes ennemis, mais que tu as demandé pour toi du discernement afin de comprendre le juste jugement, voici, j'ai fait selon ta parole; voici, je t'ai donné un cœur sage et intelligent, en sorte qu'il n'y aura eu personne comme toi, avant toi, et qu'après toi il ne se lèvera personne comme toi» (versets 11, 12). La prière de Salomon a été approuvée par Dieu et pleinement exaucée. Dieu n'a pas seulement répondu à ses requêtes, il a été au-delà; il a ouvert les écluses de sa grâce et a comblé Salomon. Dieu «peut faire infiniment plus que tout ce que nous demandons ou pensons, selon la puissance qui opère en nous» (Éphésiens 3:20). L'abondance des ressources divines dépasse de loin ce que nous demandons ou pensons.

Prière remarquable, prière exaucée, prière dépassée! Néanmoins la responsabilité de l'homme subsiste, d'où cette déclaration, que nous ne saurions laisser de côté: «si tu marches dans mes voies, gardant mes statuts et mes commandements…» (verset 14). Le désir de Dieu est toujours de bénir, mais il ne peut pas bénir indépendamment de notre condition pratique. Il ne peut bénir que ce qui est selon sa pensée, ce qu'il approuve.

«Si tu marches…» Ces mots nous rappellent que nous pouvons nous égarer ou tomber en chemin. Sur le plan pratique, rien n'est jamais acquis. Quant à notre position comme croyants, tout est assuré. Le titre d'enfants de Dieu, le fait que nous sommes justifiés, rendus agréables dans le Bien-aimé, tout ce qui est lié à notre part en Christ est assuré, parce que cela ne dépend pas de nous mais uniquement de Christ. Mais quant à notre état pratique, nous devons veiller. La jouissance de la communion avec le Seigneur en cet instant-ci ne nous garantit rien pour la minute qui suit. Les plus grandes bénédictions, les désirs les plus ardents de nos cœurs, ne seront maintenus que dans le chemin de l'obéissance et de la crainte du Seigneur. Ce n'est pas la connaissance qui nous garde — Salomon est là pour nous le démontrer —, mais bien la crainte du Seigneur et la communion de nos âmes avec lui.

L'injonction de garder parcourt tout le temps de la responsabilité de l'homme. Adam et Eve ont été placés dans un jardin de délices. Que devaient-ils faire? Le cultiver et le garder. Israël a reçu la loi. Pour la garder. Salomon lui-même nous dit: «Que ton cœur garde mes commandements» (Proverbes 3:1). N'est-il pas solennel de penser que Salomon qui, de la part de Dieu, nous enseigne à garder, n'a lui-même pas gardé ce qui lui avait été confié? Le fait d'enseigner ne met pas à l'abri celui qui enseigne. Nous demeurons faibles et vulnérables jusqu'au dernier pas de notre vie. Seigneur! viens à notre aide et donne-nous de bien finir.

Le passage des générations

Salomon s'est bien rappelé que David désirait bâtir une maison à l'Éternel. «David, mon père, avait à cœur de bâtir une maison pour le nom de l'Éternel, le Dieu d'Israël» (1 Rois 8:17). Beaucoup d'entre nous ont eu le privilège d'avoir été élevés par des parents qui aimaient l'assemblée, la maison de Dieu. Est-ce que nous nous en souvenons? Salomon a su reconnaître publiquement: Mon père avait à cœur cette maison. Et nous, chers amis, avons-nous à cœur la maison de Dieu?

Nous pouvons aussi retenir ce verset du livre des Proverbes: «Un fils sage réjouit son père» (Proverbes 15:20). C'est ce que donne en retour le fils qui apprécie ce qu'il a reçu de son père.

Cette référence de Salomon à son père David est de toute beauté; elle nous montre quelque chose de ce que l'Écriture nous présente concernant le passage des générations. À ce sujet, Abraham nous est en exemple. Dieu reconnaît qu'Abraham était fidèle et qu'il enseignerait ses fils à garder le chemin de la vérité et de la justice (cf. Genèse 18:17-19).

La première responsabilité est celle des parents: les cœurs des pères retournent vers les fils avant que les cœurs des fils retournent vers les pères (cf. Malachie 4:6). Parents, nous avons à enseigner avec fidélité la voie de la justice et de la vérité et à y marcher devant nos enfants. Enfants, votre responsabilité, non moins importante, est d'écouter. «Écoute, mon fils, l'instruction de ton père, et n'abandonne pas l'enseignement de ta mère; car ce sera une guirlande de grâce à ta tête, et des colliers à ton cou» (Proverbes 1:8, 9).

Salomon est appelé par son père: Pacifique (homme de paix). Dieu l'aime et lui donne le nom de Jedidia (bien-aimé de l'Éternel) (2 Samuel 12:25). Ce nom que Dieu lui donne est comme un héritage du nom de son père, le roi selon le cœur de Dieu, car David signifie bien-aimé. Salomon a pu écrire: «J'ai été un fils pour mon père, tendre et unique auprès de ma mère» (Proverbes 4:3). Souvenons-nous de l'affection et de l'exemple que nous ont montré nos parents et ceux qui nous ont précédés dans le chemin de la justice et de l'obéissance à la Parole.

La suite de la prière

Salomon se réveille. Que va-t-il faire? Offrir encore des sacrifices à Gabaon? Non, il vient à Jérusalem et se tient devant l'arche. En réponse à sa prière, il lui est donné le discernement d'agir ainsi. Gabaon, lieu d'adoration sans la présence divine, est laissé de côté. Salomon vient devant l'arche, symbole de la présence de Dieu. Là, il offre des holocaustes et des sacrifices de prospérités et il fait un festin à tous ses serviteurs.

A Gabaon, «le principal haut-lieu», il avait déjà offert mille holocaustes (verset 4). Maintenant il ajoute aux holocaustes les sacrifices de prospérités. Ce sacrifice est l'expression de la communion entre l'Éternel et l'adorateur, une part pour l'Éternel, une part pour celui qui sacrifie. C'est un progrès. L'Éternel enseigne Salomon à aller directement devant l'arche pour adorer, pour offrir des holocaustes et pour réaliser la communion avec son Dieu. Et cette intimité de relations qu'évoque le sacrifice de prospérités a un rayonnement autour de lui: Salomon fait un festin à tous ses serviteurs. On se nourrit du Seigneur en compagnie des siens.