Un apôtre, dans sa vieillesse, parle à ses enfants (1 Jean 2:12-28)

A.H. Rule

Dans ces versets, l'apôtre Jean s'adresse à «ses enfants» — d'abord à tous ensemble, puis aux trois classes en lesquelles il les divise: les «pères», les «jeunes gens» et les «petits enfants». Il y a ce qui est commun à tous, puis ce qui est particulier à chacune des trois classes.

«Je vous écris, enfants, parce que vos péchés vous sont pardonnés par son nom» (verset 12). L'apôtre ne leur écrit pas afin qu'ils puissent recevoir le pardon, mais parce qu'ils l'ont déjà reçu. Leurs péchés peuvent avoir été nombreux. Ils peuvent avoir conscience d'être de pauvres créatures, faibles et faillibles. Satan peut chercher à les ébranler, à les accuser, à les condamner. Mais la parole de Celui qui ne peut mentir garde leur âme dans une paix sans nuages: «vos péchés vous sont pardonnés».

«Pardonnés par son nom»: le nom de Celui qui a souffert sur la croix, dont le sang a été répandu pour l'abolition du péché et qui a vaincu pour toujours l'adversaire de nos âmes.

Avons-nous tous reçu le témoignage que Dieu rend au sujet de ce nom merveilleux? Avons-nous tous cru au nom de Jésus?

Au verset 13, l'apôtre s'adresse brièvement à chacune des trois classes de ceux qu'il a appelé ses «enfants». Puis, dans les versets 14 à 17, il s'adresse encore une fois aux «pères» et aux «jeunes gens», plus longuement aux seconds qu'aux premiers. Enfin, du verset 18 au verset 27, il parle très longuement aux «petits enfants».

1. Les pères

L'expérience de la vie chrétienne

Les «pères» sont ceux qui ont grandi dans la vérité. Les «petits enfants» sont ceux qui appartiennent à la famille de Dieu depuis peu de temps. Les «jeunes gens» sont une classe intermédiaire. Ils ont une force d'adulte, et ne sont plus de petits enfants exposés à être «ballottés et emportés çà et là par tout vent de doctrine». Mais ils n'ont pas encore atteint la connaissance expérimentale de la vanité de toute chose en dehors de Christ. Les «pères», en revanche, ont de l'expérience et, comme Salomon, ont inscrit le terme «vanité» sur tout ce qui est sous le soleil. Ils ont appris à connaître Christ comme leur seul et inaltérable bien. «Je vous écris, pères, parce que vous connaissez celui qui est dès le commencement».

Les pères sont donc mentionnés deux fois, aux versets 13 et 14, mais le message est le même. C'est très remarquable. Il n'y a rien chez eux qui appelle une mise en garde particulière, rien de nouveau ou de plus profond à placer devant eux, rien qu'ils ne possèdent déjà. Ils ont Christ, «celui qui est dès le commencement», et c'est suffisant. Christ est leur tout. Ils le connaissent comme la somme de leurs bénédictions, leur part permanente et éternelle.

Ils savent ce qu'est la chair et ses agissements, le monde et ses distractions; et ils ont jugé l'un et l'autre comme étant sans valeur et foncièrement mauvais. Ce n'est pas le fait d'un simple enseignement, mais ils l'ont appris par expérience. La preuve a été faite dans leur vie de ce qu'est la chair. Ils savent qu'elle ne supporte pas de dépendre de Dieu. Ils ont appris que le jugement de Dieu sur elle à la croix, dans la mort de Christ, est le seul remède à cette situation.

Ils savent qu'il en est de même quant au monde, qui est ennemi de Dieu aussi bien que la chair et qui a aussi été jugé moralement à la croix. Pour les pères, le monde n'est que la scène dans laquelle la chair prospère, l'élément qui convient à sa nature et à ses désirs. Ils le connaissent comme un système mauvais, éloigné de Dieu et gouverné par la volonté et la puissance de Satan. Pour eux, c'est en pratique une scène jugée, dans laquelle ils n'ont ni part, ni héritage. Ils en ont été délivrés par la mort et la résurrection de Christ. Dans leur vie et leur mode d'existence, ils n'appartiennent pas à ce monde et n'ont aucun désir de se tourner vers lui.

Mais il s'agit d'expérience acquise en relation avec la personne de Christ: en dehors de lui, ces choses ne peuvent être réellement apprises. Et quel est le résultat de cette expérience? Un Christ connu comme le seul objet digne de remplir le cœur. Si tout le reste vient à manquer, Christ demeure le même, celui qui est fidèle et qui ne change pas, «le même hier, et aujourd'hui, et éternellement». Il restera le même tout au long de l'éternité, donnant à l'âme une plénitude de satisfaction, quand l'expérience sera une chose du passé et quand la chair et le monde ne seront plus.

Vous connaissez celui qui est dès le commencement

C'est ce Seigneur bien-aimé que les pères connaissent. La preuve a été faite qu'il est celui en qui ils peuvent toujours se confier. Dans leurs expériences et leurs épreuves variées, ils l'ont trouvé fidèle. Chaque fois que le besoin était là, il a été leur secours. Il a été leur joie dans la tristesse, leur force dans la faiblesse, leur appui dans l'adversité, leur infaillible ressource en tout temps. Ils l'ont suivi et servi; ils ont marché avec lui, en communion avec lui. Ils le connaissent, non seulement par ouï-dire, mais dans une relation intime et personnelle. C'est ce dont nous jouirons pendant l'éternité, dans la gloire, dans une plénitude absolue. Mais nous pouvons connaître quelque chose de semblable aujourd'hui, bien que nous soyons entravés et limités. Maintenant nous voyons au travers d'un verre, obscurément, mais alors face à face. Maintenant nous connaissons en partie, alors nous connaîtrons comme nous avons été connus (1 Corinthiens 13:12). Il n'y aura alors ni liens, ni limites, rien pour cacher ou obscurcir la vision glorieuse qui sera placée devant nous. Christ sera vu dans sa splendeur. Quel bonheur!

Cependant, même aujourd'hui, bien que ce ne soit pas avec le même éclat et dans la même plénitude, parce que nous sommes dans des corps d'infirmité, Jésus se révèle à nous au travers de nos diverses expériences. Nous apprenons à le connaître comme nous pouvons connaître un ami, non seulement comme celui qui nous a sauvés de la colère et du jugement divins, mais comme celui qui est toujours avec nous, qui nous porte sur son cœur, nous soutient, nous encourage, nous bénit et dirige nos affections sur lui. Nous réalisons la plénitude de sa grâce venant à la rencontre de tous nos besoins. Nous découvrons les beautés variées, les gloires et les perfections de sa personne; et son amour immuable et éternel remplit nos cœurs et satisfait les affections qu'il a lui-même éveillées.

Seigneur de gloire, délices infinies du Père, accorde-nous de te connaître toujours mieux!

À suivre