Le livre d'Esdras (suite)

F.B. Hole

Chapitre 7

Le début du chapitre 7 marque une nouvelle période du retour des Juifs: Esdras le sacrificateur, et d'autres avec lui, quittent Babylone et montent à Jérusalem, apportant des trésors. C'était la septième année de cet Artaxerxès sous lequel, treize ans plus tard, Néhémie est monté à son tour (verset 8; cf. Néhémie 1:1).1

1 L'édit de Cyrus date de 536 A.C.; la maison de l'Éternel a été achevée 21 ans plus tard, en 515; et Esdras est monté à Jérusalem encore 47 ans plus tard, en 468. Néhémie est monté en 455.

La généalogie d'Esdras était parfaitement connue. Elle est donnée dans les cinq premiers versets et montre qu'il descendait bien d'Aaron, le premier grand sacrificateur. Ceci le qualifiait pour la place qu'il allait bientôt occuper. Mais Esdras avait une autre qualification: «il était un scribe versé dans la loi de Moïse», ce qui indique qu'il connaissait très bien la parole de Dieu, telle qu'elle avait été donnée au commencement. Et le peuple était toujours sous la loi.

Cependant, il avait une troisième qualité, encore plus importante, comme le déclare le verset 10: «Esdras avait disposé son cœur…», ce qui montre qu'il était spirituellement exercé. Il nous rappelle un peu Timothée, au temps du Nouveau Testament, qui devait s'occuper des choses de Dieu et y être tout entier (1 Timothée 4:15). Comme scribe, Esdras avait une bonne connaissance des paroles qu'il avait souvent écrites, ce qui avait déjà bien disposé son intelligence. Mais la disposition de son cœur était quelque chose de beaucoup plus profond, et elle le conduisait à «rechercher la loi de l'Éternel». Il désirait vraiment être instruit de Dieu.

Ce verset 10 révèle des qualifications encore plus profondes: il recherchait la loi de l'Éternel afin de la «faire». Tel est le couronnement du portrait qui nous est donné de lui. Arrêtons-nous pour méditer sur cela.

Esdras vivait sous la loi de Moïse, à propos de laquelle notre Seigneur a dit: «fais cela, et tu vivras» (Luc 10:28), et il savait bien que l'essentiel est de la «faire». Nous ne sommes pas sous la loi mais sous la grâce, et pourtant le Nouveau Testament nous enjoint: «Mettez la parole en pratique, et ne l'écoutez pas seulement, vous séduisant vous-mêmes» (Jacques 1:22). Et Paul est entièrement d'accord avec Jacques. Dans toutes ses épîtres, après avoir enseigné la doctrine, il insiste sur sa mise en pratique et sur la conduite qu'elle exige. Sous la loi, les hommes devaient «faire» afin de vivre. Sous la grâce, nous sommes amenés à la vie afin de faire la volonté de Dieu. Il est facile d'oublier cela, et de se contenter d'un christianisme théorique.

Ayant «disposé son cœur à rechercher la loi… et à la faire», et mettant ainsi ses exigences en pratique — au moins dans une certaine mesure — Esdras était à même d'»enseigner en Israël les statuts et les ordonnances». Nous voyons tous ce que cela veut dire, et nous espérons que nous saurons en réaliser les implications pour nous-mêmes. Nous n'enseignerons efficacement que si nos propres vies sont en accord avec nos paroles. C'est ce que l'apôtre Paul avait fait. Il peut dire aux anciens d'Éphèse: «Je vous ai montré en toutes choses…» (Actes des Apôtres 20:35), et le mot grec veut dire «montré par l'exemple». Paul a mis en pratique dans sa vie ce qu'il a enseigné de sa bouche. Voilà la bonne manière d'enseigner, que ce soit aux jours d'Esdras ou de Paul, ou aujourd'hui.

Juste après cette déclaration touchant la piété et le zèle qui caractérisaient Esdras, nous trouvons le texte complet de la lettre qui lui a été donnée par Artaxerxès, décret sous l'autorité duquel il allait se rendre à Jérusalem et se mettre à l'œuvre une fois arrivé là (versets 11-26). En lisant ces versets, on est frappé par cet extraordinaire travail de Dieu dans l'esprit d'un roi païen. Il le conduit à accorder toutes sortes de pouvoirs à Esdras, à ordonner qu'on lui prête assistance, et, au-dessus de tout, à reconnaître ouvertement les droits et la grandeur du «Dieu des cieux». Nous voyons aussi la sagesse toute-puissante de Dieu gouverner l'esprit du roi, de telle sorte que son serviteur reçoit non seulement la liberté mais l'ordre même d'accomplir le propos de Dieu!

Esdras est donc investi d'une autorité importante, à condition qu'il agisse, comme dit le roi, selon la sagesse de son Dieu. Lui-même et tous ses compagnons d'œuvre sont exemptés de toute espèce de tribut ou d'impôt, et ils reçoivent le pouvoir de punir tous ceux qui transgresseraient la loi de Dieu ou la loi du roi. Esdras doit enseigner les lois de Dieu à ceux qui les ignorent. C'est ainsi qu'il est chargé de monter dans le pays, détenant, par la providence de Dieu, des pouvoirs extraordinaires.

Les deux derniers versets de ce chapitre rapportent la prière de reconnaissance et de louange qu'Esdras adresse à Dieu. Il reconnaît comment Dieu a mis sa bonne main sur lui et a disposé le cœur du roi à lui accorder tous ces bienfaits. Tout était dans le but d'»orner la maison de l'Éternel». L'argent et l'or, ainsi que les autres dons provenant des trésors du roi, serviraient sans doute à rehausser la beauté de la maison qui s'édifiait. Mais l'enseignement de la loi auquel Esdras avait l'intention de se consacrer devait produire chez le peuple (à condition qu'il reçoive cet enseignement) une piété qui, dans toute maison, pouvait être un ornement bien supérieur à celui qu'offre n'importe quelle quantité d'argent et d'or!

Chapitre 8

On trouve d'abord, dans ce chapitre, les noms de ceux qui sont montés avec Esdras, selon leurs généalogies, le nombre des hommes de chaque famille. Dieu a veillé à ce que les noms de ceux qui ont pris la peine de répondre à son appel pour retourner dans le pays soient enregistrés pour tous les temps, tandis que les noms de ceux qui n'ont pas été sensibles à cet appel ont presque totalement sombré dans l'oubli.

Au verset 15 reprend l'histoire de cette émigration. «Selon que la bonne main de Dieu est sur eux, il leur est amené «l'homme intelligent» dont ils avaient besoin (verset 18), si bien que tous se trouvent rassemblés au bord du fleuve Ahava, prêts à partir. Esdras est conscient, toutefois, que le fait d'avoir manifestement reçu l'aide de Dieu dans le passé ne les dispense pas de l'obligation de dépendre de lui dans le présent. Et ainsi, ils recherchent encore sa face avant de se mettre en route. Selon les coutumes de la loi, un jeûne est publié, afin de supplier l'Éternel, et «pour lui demander le vrai chemin» pour leur voyage.

Voyager en ce temps-là n'était ni sûr ni facile. La prudence selon le monde aurait voulu qu'Esdras demande au roi une escorte armée. Mais il n'en fait rien, et, au verset 22, nous lisons sa confession touchante sur ce point. Il avait parlé très ouvertement au roi des soins de son Dieu à l'égard de son peuple, comme de son courroux contre ceux qui l'abandonnent; aussi aurait-il eu honte de s'écarter en pratique de ce dont il avait fait profession. Cette franche confession de la part d'Esdras nous est en exemple. C'était l'affaire de Dieu, et il n'y avait nul besoin de compter sur les ressources du monde.

Il nous est facile de faire profession d'une grande confiance en Dieu en ce qui concerne notre travail pour lui, et de faillir cependant quand nous sommes mis à l'épreuve sur un plan pratique. Quelle honte lorsqu'un adversaire doit nous reprendre et nous rappeler de mettre en pratique ce que nous prêchons! L'exemple de l'apôtre Paul, comme celui d'Esdras, nous montre que, pour accomplir l'œuvre de Dieu, nous n'avons besoin ni du soutien ni de la protection du monde.

Assuré que Dieu avait entendu leur supplication, Esdras remet entre les mains de compagnons dignes de confiance les trésors d'or et d'argent qu'ils avaient avec eux. Ils partent du fleuve Ahava et arrivent sains et saufs à Jérusalem, avec tous leurs trésors. Ceux à qui ils avaient été confiés avaient agi fidèlement. Tous remercient Dieu en offrant des holocaustes.

À suivre