Poésie

P. Diedrichs

Moïse

Elle entendit pleurer, dans son coffret de jonc,

Cet enfant des Hébreux déposé sur le fleuve,

Et son cœur fut ému… Fille du Pharaon,

Sauveras-tu des eaux Moïse dans l'épreuve?

 

Dieu veillait. Si l'enfant grandit comblé d'honneur,

Fils au sein d'un palais, et prince dans ce monde,

Sa foi, dans le secret, faisait vibrer son cœur

Qui portait d'Israël la détresse profonde.

 

Il refusa son titre et sa gloire et son rang,

Choisit de partager du peuple la souffrance,

Mais ne fut pas compris. Berger en Madian,

Il n'oublia jamais le Dieu de l'espérance.

 

Un jour, Il l'appela du buisson flamboyant:

«Je suis celui qui suis», ô mystère insondable

Du nom de l'Éternel! La voix du Tout-Puissant

Confiait à Moïse une tâche admirable.

 

Le peuple du Dieu fort peut sortir en vainqueur,

La verge de Moïse ayant tracé la route

Au travers de la mer! Fidèle conducteur,

Il veille quarante ans sur Israël qui doute.

 

Gravissant pas à pas le sommet du Pisga,

Le vaillant serviteur sait sa course achevée:

Soumis, il se souvient des eaux de Meriba

Où deux fois, par sa main, la roche fut frappée.

 

Il peut mourir en paix, son Dieu prend soin de lui:

Il va pour un moment savourer l'héritage,

Contempler de ses yeux le merveilleux pays

Que les fils d'Israël vont avoir en partage.

 

Si son pied n'a pas pu fouler le sol promis,

Il possède là-haut une part bien meilleure,

Parmi tous ces témoins qui, bientôt réunis,

Connaîtront à jamais la céleste demeure.