La vigne dans la Bible

G. Bell

«Et les arbres dirent à la vigne: Viens, toi, règne sur nous. Et la vigne leur dit: Laisserais-je mon moût, qui réjouit Dieu et les hommes, et irais-je m'agiter pour les arbres?» (Juges 9:12, 13). La vigne n'est utile que par le fruit qu'elle produit. Son bois n'a aucune valeur, ainsi que le souligne le prophète Ézéchiel: «Fils d'homme, le bois de la vigne, que vaut-il plus que tout autre bois, le sarment qui est parmi les arbres de la forêt? En prendra-t-on du bois pour en faire quelque ouvrage, ou en prendra-t-on une cheville pour y suspendre quelque ustensile? Voici, on le met au feu pour être consumé; le feu en consume les deux bouts, et le milieu est brûlé. Serait-il propre à un ouvrage?» (Ézéchiel 15:2, 3).

Le fruit que doit porter la vigne est l'image, dans plusieurs passages des Écritures, du fruit moral ou spirituel que doivent porter ceux que Dieu a amenés en relation avec lui-même. II s'agit de leurs œuvres, de leur témoignage, de ce qu'ils apportent à Dieu. Le fruit n'est pas pour eux-mêmes, mais pour Dieu, pour la joie de son cœur, afin qu'il soit glorifié. La valeur propre du bois qui porte le fruit n'entre pas en ligne de compte.

L'apôtre Paul priait pour les Colossiens, afin qu'ils marchent «d'une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu» (Colossiens 1:10).

Un cep exporté d'Égypte (Psaumes 80:8-19)

Plusieurs passages présentent Israël comme une vigne. Nous lisons dans le psaume 80: «Tu as transporté d'Égypte un cep; tu as chassé les nations, et tu l'as planté; tu as préparé une place devant lui, il a poussé des racines, et a rempli le pays. Les montagnes étaient couvertes de son ombre, et ses sarments étaient comme des cèdres de Dieu; il étendait ses pampres jusqu'à la mer, et ses pousses jusqu'au fleuve» (versets 8-11). Nous avons là un tableau d'Israël à l'époque de sa plus grande prospérité, dans les jours de Salomon, fils de David. C'est alors que le territoire promis par Dieu a été possédé dans ses limites les plus étendues, depuis la mer Méditerranée jusqu'au fleuve Euphrate.

La question est alors posée: «Pourquoi as-tu rompu ses clôtures, de sorte que tous ceux qui passent le pillent? Le sanglier de la forêt le déchire, et les bêtes des champs le broutent» (versets 12, 13). La réponse à cette question n'est pas donnée ici, mais bien d'autres passages de l'Ancien Testament nous disent pourquoi Dieu a dû agir ainsi avec son peuple. Ces versets font certainement allusion à la destruction de Jérusalem par ses ennemis à cause de l'infidélité et de l'idolâtrie du peuple. Du sein de la détresse, le fidèle s'écrie alors: «O Dieu des armées! retourne, je te prie; regarde des cieux, et vois, et visite ce cep, et la plante que ta droite a plantée, et le provin que tu avais fortifié pour toi» (versets 14, 15). C'est le cri que, de tout temps, les fidèles ont fait monter vers Dieu.

Le psaume 80 appartient au troisième livre des Psaumes. Celui-ci décrit prophétiquement les circonstances dans lesquelles se trouve le résidu d'Israël aux jours de la grande tribulation. Le provin du verset 15 est la maison royale de David.1 La seule espérance d'Israël est en celui qui est appelé le Fils de l'homme.

1 Un provin est un sarment ou un cep de vigne que l'on couche en terre pour en obtenir une nouvelle souche.

«Que ta main soit sur l'homme de ta droite, sur le fils de l'homme que tu as fortifié pour toi» (verset 17). Ce nom de Fils de l'homme est bien familier aux chrétiens. C'est notre Sauveur qui est assis maintenant à la droite de Dieu. L'Éternel lui a dit: «Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je mette tes ennemis pour le marchepied de tes pieds» (Psaumes 110:1). C'est Lui que Dieu fortifiera pour lui-même; c'est par lui qu'il délivrera le peuple de ses ennemis, et qu'il le rétablira, de manière qu'il soit une vigne qui lui rapporte du fruit.

La vigne de l'Éternel des armées (Ésaïe 5:1-7)

La prophétie d'Ésaïe 5 place de nouveau devant nous une vigne: «Mon bien-aimé avait une vigne sur un coteau fertile» (verset 1). Le bien-aimé, ici, c'est l'Éternel lui-même.

«La vigne de l'Éternel des armées est la maison d'Israël» (Ésaïe 5:7). Sur un coteau fertile, Dieu avait planté des ceps de choix. Tout avait été fait pour obtenir du fruit: la terre avait été retournée, les pierres avaient été enlevées, une clôture avait été faite et un pressoir avait été taillé. On pouvait s'attendre à ce que la vigne rapporte de bons raisins, et elle n'a produit que des raisins sauvages. Pas de fruit pour Dieu! «Qu'y avait-il encore à faire pour ma vigne, que je n'aie pas fait pour elle?», demande l'Éternel (verset 4). «Il s'attendait au juste jugement, et voici l'effusion de sang, — à la justice, et voici un cri!» (verset 7).

Les versets 5 et 6 décrivent les tristes conséquences de cette production de mauvais fruits. La clôture a été abattue de sorte que la vigne a été foulée aux pieds par les nations. Elle a été réduite en désert, les ronces et les épines sont montées, et la pluie sur elle a été retenue. Tout ce que Dieu confie à l'homme se termine par l'échec. Dieu avait choisi une nation comme un échantillon de l'humanité entière, comblant cette nation de tous les privilèges possibles; mais le résultat a été entièrement décevant.

On peut remarquer que les «ceps exquis» du verset 2 sont appelés «la plante de ses délices» au verset 7, expression qui désigne particulièrement les hommes de Juda. Ésaïe a prophétisé à peu près au temps où les dix tribus ont été emmenées en captivité, et ses prophéties sont en rapport avec les rois de Juda (Ésaïe 1:1). En dépit de ses privilèges résultant de l'alliance de l'Éternel avec David, cette tribu n'était pas meilleure que les autres.

La parabole des cultivateurs

Cette parabole du Seigneur Jésus fait allusion au passage d'Ésaïe 5. Elle est rapportée par chacun des trois évangiles synoptiques (Matthieu 21; Marc 12; Luc 20). Il y est parlé du mauvais traitement infligé aux serviteurs envoyés par le maître pour recevoir du fruit de sa vigne. Ces serviteurs représentent les prophètes de l'Ancien Testament. D'une part la vigne ne portait pas de bon fruit, et d'autre part Israël usait de cruauté envers les prophètes envoyés de Dieu. Jérémie est l'un de ceux qui ont particulièrement souffert. Cependant,

la parabole va plus loin. Le maître de la vigne avait «encore un unique fils bien-aimé», et il allait l'envoyer. C'était sa dernière tentative pour recevoir du fruit de sa vigne. «Mais les cultivateurs, voyant le fils, dirent entre eux: Celui-ci est l'héritier; venez, tuons-le, et possédons son héritage. Et l'ayant pris, ils le jetèrent hors de la vigne et le tuèrent» (Matthieu 21:38, 39). C'est ce qui s'est passé à la croix.

La question est alors posée: Que fera le maître de la vigne à ces cultivateurs-là? Les juifs eux-mêmes donnent la réponse: «Il fera périr misérablement ces méchants, et louera sa vigne à d'autres cultivateurs qui lui remettront les fruits en leur saison» (verset 41). La mise à l'épreuve d'Israël était finie. La nation était démontrée coupable, et le jugement de Dieu allait tomber sur elle.

Qui sont ces autres cultivateurs? On peut penser aux croyants du temps de l'Église, ou à ceux qui apparaîtront lorsque Israël sera restauré. Quoi qu'il en soit, pour le moment, Israël est mis de côté. Le Seigneur Jésus cite alors un passage de l'Ancien Testament qui devait être bien connu de ses auditeurs. Il leur dit: «N'avez-vous jamais lu dans les écritures: La pierre que ceux qui bâtissaient ont rejetée, celle-là est devenue la maîtresse pierre du coin; celle-ci est de par le Seigneur, et est merveilleuse devant nos yeux» (verset 42)? Ceux qui se prévalaient d'être le peuple de Dieu ont rejeté celui que Dieu leur envoyait. Il n'avait aucune place dans leurs conceptions religieuses. Mais Dieu a fait de lui la tête de l'angle. Ils sont tombés sur cette pierre et ont été brisés (verset 44). Paul l'exprime d'une autre façon: «Car ils ont heurté contre la pierre d'achoppement» (Romains 9:32). La parabole ajoute: «mais celui sur qui elle tombera, elle le broiera» (verset 44).

Le vrai cep et les sarments (Jean 15:1-6)

Le Seigneur Jésus dit: «Moi, je suis le vrai cep, et mon Père est le cultivateur» (verset 1). «Moi, je suis le cep, vous, les sarments» (verset 5). Dans les passages considérés précédemment, Israël était la vigne de Dieu, mais la nation montra son incapacité totale à porter du fruit acceptable pour Dieu. En contraste avec ce peuple, le Seigneur Jésus peut se présenter comme étant «le vrai cep», celui qui, dans chaque détail de sa vie d'homme sur la terre, porte le fruit excellent qui satisfait le cœur de Dieu. Jamais une parole déplacée n'apparaît sur ses lèvres, chacun de ses actes est parfait et glorifie Dieu. Ce que dit le psaume premier concernant le juste s'applique tout particulièrement à lui: «Et il sera comme un arbre planté près des ruisseaux d'eaux, qui rend son fruit en sa saison» (verset 3). Cette expression évoque les circonstances nombreuses et variées dans lesquelles il s'est trouvé. Dans chacune d'elles, Dieu était honoré.

Le mot «vrai» utilisé ici n'est pas à mettre en contraste avec le mot «faux». Israël n'était pas une fausse vigne ou un faux cep, puisque Dieu lui-même peut dire: «Et moi je t'avais plantée, un cep exquis, une toute vraie semence; comment t'es-tu changée pour moi en sarments dégénérés d'une vigne étrangère?» (Jérémie 2:21). Il ne pouvait y avoir de faute dans la plantation. Le mot «vrai» ainsi appliqué au Seigneur Jésus signifie qu'il était la réalité. Il était l'objet que Dieu avait en vue, en contraste avec les ombres. Comme le vrai Cep, le Seigneur Jésus prend la place d'Israël, et porte du fruit pour Dieu.

Cependant, si Jésus est le cep, ses disciples sont les sarments. Et le Seigneur enseigne à ses disciples comment ils pourront porter du fruit durant son absence.

À la fin du chapitre 14, il semble qu'il quitte la chambre haute pour se rendre avec eux au jardin de Gethsémané. Les communications du chapitre 14 ont eu lieu à l'intérieur, mais l'enseignement concernant le fruit porté est donné à l'extérieur. Cela n'est pas sans importance. Porter du fruit, c'est-à-dire refléter Christ, doit avoir lieu dans le monde duquel il a été rejeté.

Le Seigneur dit: «Tout sarment en moi qui ne porte pas de fruit, il l'ôte; et tout sarment qui porte du fruit, il le nettoie, afin qu'il porte plus de fruit» (verset 2). Le nettoyage du sarment qui porte du fruit peut être un lavage ou bien une taille, mais quel qu'il soit, c'est le cultivateur qui le fait; le Seigneur a dit: «mon Père est le cultivateur». La taille nous fait penser à la discipline du Père envers ses enfants, toujours faite avec amour, afin qu'il y ait «plus de fruit». Habituellement dans le Nouveau Testament, c'est le Père qui châtie. S'il s'agit d'un lavage, cela est opéré par la puissance purificatrice de la Parole. Les disciples étaient déjà nets par l'action de la parole de Jésus-, ce qui avait été fait une fois pour toutes, pour les placer dans la condition de disciples, n'avait pas besoin d'être répété (verset 3), mais il y avait aussi la nécessité d'un lavage continuel.

Comment donc les disciples allaient-ils être capables de porter du fruit pendant le temps de l'absence de leur Maître? Le verset 4 nous le dit: «Demeurez en moi, et moi en vous. Comme le sarment ne peut pas porter de fruit de lui-même, à moins qu'il ne demeure dans le cep, de même vous non plus vous ne le pouvez pas, à moins que vous ne demeuriez en moi». Nous trouvons ici le mot clé: «demeurer» si fréquemment utilisé par Jean.

Le Seigneur Jésus parle d'abord de la vigne au sens propre. Le fruit ne peut être produit que si les sarments sont bien liés au cep. S'ils en sont séparés, il n'y a ni vie ni fruit. Le Seigneur passe ensuite à la signification spirituelle. La capacité de porter du fruit réside dans le fait de demeurer en Christ. Il s'agit de vivre tout près du Seigneur, et de puiser en lui toutes nos ressources. Dans le livre des Actes, nous voyons Barnabas exhortant les saints «à demeurer attachés au Seigneur de tout leur cœur» (11:23). Dans l'original, «demeurer attaché» est le même mot que «demeurer».

Le Seigneur ajoute: «Je suis le cep, vous, les sarments. Celui qui demeure en moi, et moi en lui, celui-là porte beaucoup de fruit; car, séparés de moi, vous ne pouvez rien faire» (verset 5). «Demeurer» a deux aspects: demeurer en lui, et lui en nous — deux choses très importantes. D'abord, il s'agit de communion et d'intimité, puis de Christ manifesté pratiquement dans nos vies. Le verset 6 parle d'un sarment sans relation vitale avec le cep; nous dirions de nos jours: un professant qui n'a pas la vie de Dieu.

Le verset 7 introduit une nouvelle pensée: «Si vous demeurez en moi, et que mes paroles demeurent en vous, vous demanderez ce que vous voudrez, et il vous sera fait». Le Seigneur dit ici: «mes paroles». Ces mots évoquent, non la Parole tout entière, mais plutôt les paroles du Seigneur relatives à des situations particulières. Et cela introduit le sujet de nos prières. Ce que le Seigneur dit est très frappant, «vous demanderez ce que vous voudrez». Bien sûr, si ses paroles demeurent en nous, nos requêtes seront selon sa volonté! C'est pour cela que nous avons l'assurance «qu'il nous sera fait» selon ce que nous aurons demandé.

Le verset 8 complète ce passage: «En ceci mon Père est glorifié, que vous portiez beaucoup de fruit; et vous serez mes disciples». Le fruit porté glorifie le Père. Quand le Seigneur Jésus était ici-bas, il a glorifié le Père dans toutes ses voies. Tout ce que le Père était, dans sa nature et son caractère, a été vu en lui. La pensée est merveilleuse: si nous vivons en suivant les traces de Christ, alors le Père est glorifié. C'est cela qui distingue le disciple de Christ.

Porter du fruit

Porter du fruit, c'est marcher comme Christ a marché. Et le secret pour cela, c'est de demeurer en lui. Néanmoins, nous avons besoin d'être attentifs aux «petits renards qui ravagent les vignes» (Cantiques 2:15). Des choses même légitimes peuvent être un obstacle pour demeurer en Christ. La chair, toujours prête à se manifester, nécessite une vigilance constante de notre part.

Au début de cet article, nous avons déjà fait allusion à Colossiens 1, 10: «portant du fruit en toute bonne œuvre». Rappelons aussi le passage bien connu: «Mais le fruit de l'Esprit est l'amour, la joie, la paix, la longanimité, la bienveillance, la bonté, la fidélité, la douceur, la tempérance: contre de telles choses, il n'y a pas de loi» (Galates 5:22, 23). Tous ces caractères ont été vus en Christ. Ayons à cœur de porter beaucoup de fruit. Cependant nous n'y parviendrons pas par nos propres forces. Le Seigneur a dit: «séparés de moi, vous ne pouvez rien faire». Le passage de Galates 5 nous donne le secret pour porter du fruit: «Marchez par l'Esprit, et vous n'accomplirez point la convoitise de la chair» (verset 16). Si nous marchons par l'Esprit, c'est le fruit de l'Esprit qui sera produit.

L'épître aux Hébreux nous montre que c'est aussi le résultat de la discipline du Père: «Or aucune discipline, pour le présent, ne semble être un sujet de joie, mais de tristesse; mais plus tard, elle rend le fruit paisible de la justice à ceux qui sont exercés par elle» (Hébreux 12:11). Comme nous l'avons relevé, le fruit est d'abord pour Dieu, mais tous ceux qui nous entourent — croyants ou incrédules — en profitent.

En terminant, arrêtons-nous sur le passage de Juges 9 cité en tête de cet article: «Et la vigne leur dit: Laisserais-je mon moût, qui réjouit Dieu et les hommes, et irais-je m'agiter pour les arbres?» Soyons attentifs au message que cette vigne nous laisse. Ne recherchons pas une place ici-bas. Ne dépensons pas notre énergie pour ce monde. Soyons occupés de ce qui est une source de joie pour le cœur de Dieu et pour la bénédiction de ceux qui nous entourent.