Deuxième épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Le jour du Seigneur et l'homme de péché (ch.2, v. 1-12)

Après les propos préliminaires du premier chapitre, Paul en vient au thème essentiel de l'épître. Il aborde de face l'erreur répandue par les faux docteurs qui prétendaient que le jour du Seigneur était déjà là. Les circonstances que traversaient les Thessaloniciens fournissaient au moins trois raisons de traiter le sujet:

1°  Cette fausse doctrine les avait troublés et avait obscurci leur espérance quant à l'enlèvement des saints, si même elle ne l'avait pas complètement ôtée de leur cœur. En effet, nous avons vu dans le premier chapitre que l'espérance de ces croyants n'est plus mentionnée, contrairement à leur foi et à leur amour. Or l'espérance est un élément si essentiel du christianisme que son affaiblissement est grave.

2°  L'enseignement des faux docteurs était une atteinte directe aux vérités contenues dans la première épître. Si le jour du Seigneur avait déjà été là, les glorieux enseignements de celle-ci concernant la venue du Seigneur auraient été faux. L'autorité de la parole de Dieu était mise en doute.

3°  Les enseignements donnés exerçaient une influence néfaste sur le comportement pratique des Thessaloniciens (cf. 3:6-12); il ne s'agissait pas seulement de spéculations théoriques. Une fausse doctrine entraîne toujours le désordre dans la marche pratique. C'est un principe qu'on retrouve souvent dans la parole de Dieu. Nous avons besoin de la doctrine pour nous diriger dans notre marche. Un chrétien sans doctrine est comme une maison sans fondations. Dans ce chapitre 2, Paul présente de façon explicite les événements qui doivent précéder le jour du Seigneur. Il commence par rappeler l'enlèvement des croyants, vérité que les Thessaloniciens connaissaient déjà. Cet enlèvement, contrairement au jour du Seigneur, peut survenir à tout instant, sans être annoncé par des événements précurseurs.

L'apôtre donne ensuite un remarquable aperçu du déroulement des événements futurs relatifs à la chrétienté: l'apostasie, la révélation de l'Antichrist, l'apparition du Seigneur Jésus en son jour, ainsi que les jugements qui frapperont la chrétienté apostate. De tels sujets — aussi intéressants soient-ils — ne nous sont pas donnés pour satisfaire notre curiosité, mais pour nous éclairer au sujet des tendances et de l'évolution auxquelles nous pouvons assister aujourd'hui déjà (cf. 2 Pierre 1:19).

Il est étonnant qu'il y ait eu, et qu'il y ait encore, autant de fausses interprétations de ce chapitre. Si l'on a tout lieu de penser que les Thessaloniciens ont compris ces enseignements, en revanche, ce qu'on trouve peu après, dans la plupart des écrits des «pères de l'Église», démontre que la compréhension de ce texte et sa véritable signification se sont rapidement perdues.

Aujourd'hui encore, des commentateurs de la Bible, et parfois des traducteurs, se sont écartés du vrai sens de ce passage. Or une fausse compréhension de ce qu'est le jour du Seigneur a des conséquences désastreuses. On ne fait plus de distinction entre la venue du Seigneur pour les siens et sa venue avec les siens. On admet ainsi que les croyants devront passer par la grande tribulation. Une saine compréhension de ce passage nous donne une tout autre lumière sur le sujet. Nous ne pouvons que recommander de lire ce chapitre avec prière et avec une attention particulière.

Verset 1er

«Or nous vous prions, frères, par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui…»

Bien que les Thessaloniciens soient tombés dans l'erreur, Paul ne leur fait aucun reproche direct. Il leur avait déjà expliqué dans la première épître la différence entre l'enlèvement des croyants et le jour du Seigneur (chapitres 4 et 5), mais ils avaient manifestement besoin d'enseignements complémentaires sur ce point. L'apôtre savait qu'ils étaient jeunes sur le chemin de la foi et son attitude envers eux est pleine de délicatesse. Ces croyants se trouvaient dans une situation difficile, subissant en même temps les assauts de la persécution et ceux des faux docteurs. Ainsi nous comprenons bien l'affection qui ressort de ces paroles: «Or nous vous prions, frères…» et nous pouvons en tirer une leçon pour nos relations fraternelles.

Paul prie ici les Thessaloniciens «par la venue de notre Seigneur Jésus Christ et par notre rassemblement auprès de lui». Autrement dit, les enseignements que l'apôtre donne ensuite s'appuient sur ces vérités.

Le mot parousia, employé ici pour désigner la «venue du Seigneur», n'indique pas seulement sa venue, mais aussi sa présence. Il s'agit d'une période avec un commencement, une durée et une fin. Elle va de l'enlèvement des croyants à l'apparition du Seigneur sur la terre pour y établir son règne. Cette expression revient au moins six fois dans les deux épîtres et se rapporte soit à l'enlèvement des saints, soit à l'apparition du Seigneur en gloire.

Le fait que la venue soit mentionnée avant le rassemblement nous conduit à penser que ces deux expressions se rattachent ici à l'enlèvement. La forme même du texte original signifie que la venue de Christ et notre rassemblement auprès de lui sont deux événements étroitement liés l'un à l'autre. Et ceci a pour les croyants une profonde signification.

L'enlèvement des croyants n'est pas le sujet de cette épître — à l'exception de ce verset, il n'en est fait mention ni dans ce qui précède ni dans ce qui suit — mais Paul voulait encourager et enseigner les Thessaloniciens en se basant sur les vérités qu'il leur avait fait connaître dans sa première épître.

La venue du Seigneur pour les siens est leur espérance immédiate. Comme les affirmations des faux docteurs y portaient atteinte, Paul la remet en lumière en commençant ses explications. L'enlèvement des croyants est la condition préalable pour que puisse venir le jour du Seigneur. Les saints doivent être dans la même position que Christ, être réunis avec lui avant qu'il puisse se manifester en gloire à ceux du dehors.

Ce verset sert donc de point de départ aux enseignements de l'apôtre; il prépare les Thessaloniciens à ce qui allait suivre, et, en même temps, il les encourage à ne pas se laisser troubler.

Verset 2

«(nous vous prions)… de ne pas vous laisser promptement bouleverser dans vos pensées, ni troubler, ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c'était par nous, comme si le jour du Seigneur était là.»

Ce verset fait ressortir trois choses: il nous indique de façon précise en quoi consistait l'erreur enseignée aux Thessaloniciens, il fait allusion aux conséquences qu'elle entraînait et que Paul redoutait (il en constatait probablement déjà les premiers effets), et il nous montre de quelle façon elle avait été introduite.

Des faux docteurs étaient venus vers les Thessaloniciens en prétendant que le jour du Seigneur était là et que, par conséquent, ils vivaient le temps de la grande tribulation. Les circonstances difficiles qu'ils traversaient les rendaient réceptifs à l'égard d'un tel enseignement et ils s'étaient mis à confondre leurs persécutions avec le jugement qui frapperait les incrédules au jour du Seigneur.

Les épîtres de Paul mentionnent aussi «le jour de Christ» ou «la journée du Seigneur Jésus» (Philippiens 1:6; 1:10; 2:16; 1 Corinthiens 1:8; 5:5; 2 Corinthiens 1:14). Ce jour, qui correspond lui aussi à toute une période, est en relation avec la révélation du Seigneur Jésus. Il nous montre toutefois davantage l'aspect céleste que l'aspect terrestre. Le jour du Seigneur se rapporte à Israël et aux nations et, pour l'essentiel, à des événements qui ont lieu sur la terre. Le jour de Christ, en revanche, est en relation avec les choses célestes et avec les saints que le Seigneur aura enlevés auprès de lui. Le jour du Seigneur commence par le châtiment et le jugement, alors que le jour de Christ est lié à la récompense. Ces deux jours ne peuvent certes pas être séparés, mais il est bon de ne pas les confondre.

Quels étaient les effets de cette fausse doctrine sur les Thessaloniciens? Paul les exhorte à ne pas se «laisser promptement bouleverser» «ni troubler» dans leurs pensées, ce qui avait manifestement eu lieu. Ils étaient déconcertés, dans le désarroi. Toute leur vie spirituelle était en danger d'aller à la dérive et de faire naufrage.

Ce mauvais enseignement menaçait leur paix intérieure et risquait d'ébranler la confiance qu'ils avaient mise dans le Seigneur malgré leurs circonstances adverses. Leurs regards devaient donc être dirigés vers «les choses qui sont en haut» (cf. Colossiens 3:1-3). L'Ennemi s'efforce toujours de détourner nos regards des choses du ciel et de les orienter vers les choses de la terre. L'apôtre Paul craignait de voir les dégâts arriver «promptement», et ils étaient peut-être déjà arrivés. L'expression évoque une décision hâtive, irréfléchie (cf. 1 Timothée 5:22). Les conséquences d'une fausse doctrine apparaissent tantôt rapidement tantôt plus lentement, mais quoi qu'il en soit, elles se manifestent toujours.

De quelle manière l'erreur avait-elle été introduite parmi les Thessaloniciens? Les faux docteurs qui l'avaient propagée ne s'étaient pas contentés de faire part de leur opinion, ils prétendaient que leurs paroles reposaient sur une révélation divine. Satan n'est jamais à cours de moyens; il ne recule devant rien pour corrompre, si possible, l'œuvre de Dieu.

«… ni par esprit, ni par parole, ni par lettre, comme si c'était par nous»: on reconnaît ici la ruse dont s'est servi Satan dès le début, celle de l'imitation. Les trois éléments dont nous venons de parler avaient aussi marqué le service de Paul auprès des Thessaloniciens. Son évangile était venu à eux dans «l'Esprit Saint» (1 Thessaloniciens 1:5) et il les avait enseignés «par parole» et «par lettre» (2 Thessaloniciens 2:15). Les faux docteurs avaient tenté de contrefaire Paul et d'usurper son autorité, par esprit, par parole et par lettre. Mais ici l'imposture est mise à nu. Paul déclare hautement que cette doctrine ne vient pas de lui et qu'elle était en flagrante contradiction avec ce qu'il avait enseigné.

À suivre