Le propos de Dieu

E. Argaud

Il est merveilleux de voir comment Dieu nous révèle, par des touches successives, dès les premières pages de son livre, son propos à l'égard des hommes. Il aurait pu se détourner de l'homme désobéissant et ne plus rien lui dire sinon qu'il est perdu. Au lieu de cela, Dieu, le grand Dieu sauveur, lui parle. Et nous comprenons peu à peu que Dieu avait un dessein caché, qui tout entier a son centre, son but et son artisan dans la personne même de son Fils. Il faudra attendre que le Fils soit venu sur la terre pour que le mystère se dévoile, mais pour nous qui le connaissons, nous contemplons avec ravissement les tableaux successifs qui longtemps à l'avance ont présenté les caractères, les beautés, les perfections de celui qui devait venir: Jésus, l'Éternel Sauveur manifesté dans un homme.

Quand Adam a péché, il encourait l'application immédiate de la sentence: «au jour où tu en mangeras, tu mourras certainement». Elle devra s'exécuter, mais Dieu annonce d'abord que «la semence de la femme» brisera la tête du serpent. Puis il revêt Adam et Eve des vêtements de peau que procure le premier sacrifice. Premières lueurs de la venue de Christ, et de son œuvre!

Eve enfante deux fils et chacun d'eux apporte une offrande à l'Éternel. Celle de Caïn, fruit de son travail, ne peut pas plaire à Dieu, mais le sacrifice présenté par Abel — «des premiers-nés de son troupeau et de leur graisse» — est agréé. Cela provoque la haine de Caïn, qui tue son frère. Abel est ainsi un type de Christ, haï par ses frères, et «mis à mort par la main d'hommes iniques».

Quelques générations plus tard, la terre est remplie de corruption et de violence au point que l'Éternel décide de détruire tout homme. «Mais Noé trouva grâce aux yeux de l'Éternel» (Genèse 6:8). Selon les instructions divines, il construit l'arche qui devient le moyen du salut de toute sa famille — illustration de la délivrance que Christ va opérer en traversant le jugement et la mort.

Au chapitre 22 de la Genèse, Abraham doit sacrifier son fils, son unique, celui qu'il aime. Celui-ci, dans une soumission parfaite, marche vers l'autel, sur la montagne de Morija — «et ils allaient les deux ensemble» (versets 6, 8). Sacrifice inachevé, interrompu par Dieu lui-même, qui donne à connaître qu'un jour viendra de nouveau où «Dieu se pourvoira de l'agneau pour l'holocauste» (verset 8). C'est le jour où le Fils bien-aimé, «l'Agneau de Dieu», s'offrira lui-même à Dieu, seul sacrifice qui puisse ôter les péchés.

En vertu de son sacrifice, le Fils recevra une épouse (Éphésiens 5:25). Nous en avons une préfiguration au chapitre 24 de la Genèse. Le serviteur fidèle, figure du Saint Esprit, va chercher l'épouse bien-aimée. On aime voir Isaac, à l'approche du soir, sortir dans les champs pour aller au-devant de Rébecca. Il fait penser à Christ venant sur les nuées, pour prendre auprès de lui l'Église bien-aimée et l'introduire dans la maison du Père.

À partir du chapitre 37, l'histoire de Joseph place sous nos yeux émerveillés, sous forme typique, toute l'histoire du Messie: Jésus rejeté par son peuple comme Joseph par ses frères, vendu pour quelques pièces d'argent, tenté mais vainqueur, entrant dans la mort comme Joseph dans la prison, établi en puissance et en gloire, et recevant un jour ses frères repentants.

Que voyons-nous en ouvrant le livre de l'Exode? Un peuple réduit en esclavage, et un Dieu compatissant qui déclare: «J'ai vu, j'ai vu l'affliction de mon peuple,… j'ai entendu le cri qu'il a jeté… et je suis descendu pour le délivrer» (3:7, 8). Nous voici aux premières pages de l'évangile, nous arrivons à Bethléhem.

Il faudrait s'arrêter sur chaque page du Saint Livre. Au chapitre 12, Dieu explique à son peuple comment il sera sauvé et, en même temps, comment nous serons sauvés. En raison de la culpabilité de l'homme, Dieu exige un sacrifice sanglant par lequel sa sainteté, sa justice et son amour seront satisfaits. Il faut une victime parfaite, «un agneau sans défaut». Christ seul a répondu aux exigences divines, et Dieu pourra faire grâce. «Vous êtes sauvés par la grâce», écrit Paul aux Éphésiens; mais il ajoute «par la foi» (2:8). Il fallait que l'Israélite croie la parole de Dieu et qu'il y obéisse, qu'il prenne du sang de la victime et en asperge le linteau et les poteaux de sa porte. Aujourd'hui aussi, Dieu tend sa main de grâce à l'homme perdu; encore faut-il que l'homme la saisisse par la foi.

Au chapitre 16, c'est la manne. Pendant quarante ans, le miracle se renouvellera. C'est l'image, comme le Seigneur Jésus l'explique, du «véritable pain qui vient du ciel», du «pain vivant qui est descendu du ciel». «Si quelqu'un mange de ce pain, il vivra éternellement» (Jean 6:32, 51). C'est le Fils de Dieu descendu sur la terre dans un corps semblable au nôtre à part le péché. Le mystère est grand: Dieu a été manifesté en chair.

Au chapitre 17, nous faisons un pas de plus dans la révélation des desseins de Dieu. Le rocher — «et le rocher était le Christ» (1 Corinthiens 10:4) — est frappé.

«Il a été blessé pour nos transgressions, il a été meurtri pour nos iniquités… il a été retranché de la terre des vivants» (Ésaïe 53:5, 8). Nous sommes à Golgotha. Christ est mort pour nous, le juste pour les injustes.

Et voici que du rocher frappé jaillit une source, figure du Saint Esprit envoyé du ciel après l'élévation de Christ dans la gloire, l'œuvre de la rédemption étant accomplie. Des dernières pages des évangiles, nous passons au chapitre 2 du livre des Actes. Quelle chose merveilleuse! La troisième personne de la trinité vient habiter sur la terre. Telle est la réponse de Dieu à la méchanceté des hommes: ils ont mis à mort son Fils, il envoie le Saint Esprit. Il faut que tous les hommes, à quelque nation qu'ils appartiennent, entendent dans leur langue le message du salut. L'homme a déclaré qu'il n'avait pas besoin de Dieu, mais Dieu veut que tous les hommes entendent l'évangile, que tous ils soient sauvés.

Au chapitre 18, Jéthro, le Madianite, rejoint Moïse et le peuple, et «se réjouit de tout le bien que l'Éternel avait fait à Israël» (verset 9). Il est une figure des nations qui, au temps de la fin, se tourneront vers Christ pour jouir des bénédictions que Dieu avait réservées à son peuple. Alors se réalisera la prophétie d'Ésaïe: «Qui sont ceux-ci, qui volent comme une nuée…? Les nations marcheront à ta lumière, et les rois, à la splendeur de ton lever» (Ésaïe 60:8, 3). «Il viendra des peuples et des habitants de beaucoup de villes… disant: Allons, allons implorer l'Éternel… Et beaucoup de peuples, et des nations puissantes, iront pour rechercher l'Éternel… En ces jours-là, dix hommes de toutes les langues des nations saisiront, oui, saisiront le pan de la robe d'un homme juif, disant: Nous irons avec vous, car nous avons ouï dire que Dieu est avec vous» (Zacharie 8:20-23).

Et nous, nous serons avec le Seigneur, goûtant un bonheur plus excellent encore que celui que connaîtront les sujets du règne millénaire.

O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables et ses voies introuvables! … À lui soit la gloire éternellement!» (Romains 11:33-36).

Ainsi donc, dès les pages les plus anciennes de l'Ancien Testament, Dieu nous révèle son propos, tandis que le Nouveau Testament nous en montre l'accomplissement en Christ. Merveilleux en lui-même, ce dessein nous fait connaître l'amour de Dieu, comme aussi sa sainteté et sa puissance. La manière dont Dieu l'annonce longtemps à l'avance par des ombres et en fait briller ensuite le plein éclat en Christ, est la preuve magistrale que sa Parole est la vérité. Il nous a parlé «dans le Fils» (Hébreux 1:1), la Parole faite chair. Acceptons-la pour ce qu'elle est, «non la parole des hommes, mais (ainsi qu'elle l'est véritablement) la parole de Dieu», afin qu'elle opère aussi en nous (1 Thessaloniciens 2:13). Qu'elle y opère, non seulement pour le salut, mais pour que nous la gardions et la mettions en pratique!

Les communications de Dieu aux siens au sujet de ce qu'il va faire s'adressent à ceux qui vivent dans son intimité. «Le secret de l'Éternel est pour ceux qui le craignent» (Psaumes 25:14). «Et l'Éternel dit: Cacherai-je à Abraham ce que je vais faire…? Car je le connais, et je sais qu'il commandera à ses fils et à sa maison après lui de garder la voie de l'Éternel» (Genèse 18:17, 19). Que les quelques exemples considérés nous stimulent à sonder la parole de Dieu! Et surtout, prenons garde à nos cœurs, afin qu'ils soient en état de recevoir ce que Dieu désire nous communiquer.