Deuxième épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Chapitre 1 (suite)

Verset 9

«… lesquels subiront le châtiment d'une destruction éternelle de devant la présence du Seigneur et de devant la gloire de sa force…»

Ce verset nous décrit en peu de mots, mais de manière explicite, en quoi consistera le juste jugement de Dieu: ce sera la destruction éternelle. Le mot «châtiment», en grec, a la même racine que le mot «juste». Le châtiment de Dieu n'est pas infligé de manière arbitraire, il est juste et mérité. L'idée erronée qu'un Dieu d'amour ne peut punir pour l'éternité ne tient pas compte du fait qu'il est aussi un Dieu de lumière et que, dans sa sainteté, il ne peut voir le mal.

Le jugement de Dieu sera donc «la destruction éternelle», que le Seigneur Jésus lui-même met en contraste avec la vie éternelle en Matthieu 25:46. Là, le Seigneur parle de ceux qui «s'en iront dans les tourments éternels», tandis que les justes iront «dans la vie éternelle» (cf. Daniel 12:2). L'espérance du croyant est d'entrer dans la gloire du ciel et d'y être pour toujours avec le Seigneur (1 Thessaloniciens 4:17). C'est sa présence qui constitue la gloire du ciel, et les incrédules en seront privés pour toujours. La destruction éternelle équivaut à être banni éternellement de la présence de celui qui est la source de la vie, de la lumière et de l'amour.

De plus, ceux qui subiront le jugement de Dieu seront aussi exclus de «la gloire de sa force», lorsque sa grandeur et sa gloire seront pleinement déployées, aussi bien dans le règne de mille ans que dans l'éternité.

Ce qui fera toute l'horreur de la perdition éternelle, ce sera le fait d'être séparé à jamais de Dieu et du Seigneur. L'enfer, c'est cela: être privé de la présence de celui qui remplira d'un bonheur éternel le ciel et la maison du Père. Le souffle de chaque être humain est aujourd'hui en la main de Dieu (Daniel 5:23). Chacun de nous — qu'il le reconnaisse ou non — vit, se meut et existe en lui (Actes des Apôtres 17:28). Jamais une créature sur la terre n'a fait l'expérience d'être totalement coupée de Dieu. Les hommes ont été créés pour être tournés vers Dieu, et c'est précisément cela qui manquera à ceux qui seront dans les tourments éternels. Ils seront coupés de leur origine et ce que cela signifie dépasse ce que nous pouvons imaginer. C'est pourquoi ils sont appelés «les morts» en Apocalypse 20:12, bien qu'ils existent éternellement. La mort ici ne signifie pas la fin de l'existence, mais la séparation d'avec Dieu (la mort parle toujours de séparation). L'idée est assez répandue qu'en enfer les hommes seront tourmentés par le diable, mais cela n'a pas le moindre fondement. Le diable lui-même subira le tourment éternel (Apocalypse 20:10). Dans ce lieu de ténèbres, le feu ne s'éteint pas et le ver ne meurt pas (Marc 9:44-48). Des regrets perpétuels seront la part terrible de ceux qui seront loin de Dieu.

Ce verset 9, conjointement à d'autres passages de la Parole, réfute clairement aussi bien la fausse doctrine de l'universalisme que celle de l'annihilation des méchants. Selon la première, tous les hommes finiraient par avoir accès au ciel, parce que Dieu mettrait un terme aux peines subies dans la géhenne. Selon la seconde, il n'y aurait pas d'existence après la mort pour les incrédules, ou une existence limitée dans le temps. De telles théories font fi de l'enseignement des Écritures. «Destruction» ne signifie nullement annihilation ou anéantissement de l'existence, bien au contraire. De même que les croyants continueront à exister dans un bonheur sans fin, les incrédules continueront à exister dans ce qui est appelé la «destruction éternelle». La «seconde mort» (Apocalypse 20:14) n'est pas la fin de l'existence, mais la séparation éternelle d'avec Dieu.

Le mot «éternel» a une importance particulière, à laquelle est sensible tout croyant soumis à la parole de Dieu. Les adeptes de la doctrine de l'universalisme essaient d'expliquer que le mot éternel ne signifie pas perpétuel ou sans fin. Pourtant, un passage tel que 2 Corinthiens 4:16-18, où est employé le mot «éternel» (aionios), met clairement en évidence la différence entre ce qui est limité dans le temps et ce qui est éternel. Voici encore quelques exemples de ce qui nous est présenté dans le Nouveau Testament comme demeurant éternellement:

  • le Dieu éternel (Romains 16:26),
  • l'Esprit éternel (Hébreux 9:14),
  • la vie éternelle (Jean 3:16),
  • le salut éternel (Hébreux 5:9),
  • la rédemption éternelle (Hébreux 9:12),
  • l'héritage éternel (Hébreux 9:15),
  • la maison éternelle (2 Corinthiens 5:1),
  • la gloire éternelle (2 Timothée 2:10).

Peut-on honnêtement prétendre, après avoir considéré ces passages, que les «tourments éternels» sont limités dans le temps? Non, évidemment! Pour nier l'éternité des peines, il faut tordre la vérité; ce qui revient à nier ce que Dieu, qui ne peut mentir, nous dit dans sa Parole.

Verset 10

«… quand il viendra pour être, dans ce jour-là, glorifié dans ses saints et admiré dans tous ceux qui auront cru, car notre témoignage envers vous a été cru.»

Le Seigneur reviendra sur la terre, là où on n'a pas voulu de lui. «Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers (Zacharie 14:4). Ce sera sa venue en gloire. De nombreux passages de l'Écriture mettent cette venue en relation avec le jugement. C'est ce que nous avons vu au chapitre 5 de la première épître, lorsqu'il est parlé du jour du Seigneur.

Le verset 10 fait un contraste particulier avec le verset précédent. Il est dit — et combien cela est précieux à nos cœurs! — que le Seigneur sera «glorifié dans ses saints». Si nous sommes «ses saints», ce n'est ni par nos efforts ni par nos mérites, mais parce que nous avons été rendus tels. Paul emploie déjà cette expression dans la première épître, quand il parle de «la venue de notre Seigneur Jésus avec tous ses saints» (3:13). L'expression englobe aussi les saints de l'Ancien Testament. Nous serons alors manifestés en étroite relation avec Christ et conformes à la sainteté de celui que nous accompagnerons.

Que signifie «glorifier»? — ce mot que, peut-être, nous utilisons parfois sans en peser le sens. Glorifier signifie manifester les vertus et les beautés d'une personne. Le Seigneur Jésus a glorifié Dieu, comme aucun autre n'aurait pu le faire, en faisant connaître ce qu'il est: lumière et amour. Et le point culminant de cette glorification, c'est la croix (Jean 13:31). Dans ce verset 10, nous apprenons que les traits glorieux de Christ seront vus en nous, ses saints, à sa venue. Il sera alors manifesté dans la perfection et la beauté qui lui sont propres.

La révélation du Seigneur en gloire a deux aspects: d'un côté, il sera glorifié dans le jugement, en manifestant sa sainteté (comme en Exode 14:4, 17; Ézéchiel 28:22), et de l'autre côté il sera glorifié «dans ses saints». Ici, il n'est pas glorifié par ses saints, mais en eux. La gloire que nous refléterons lorsque nous lui serons semblables sera sa propre gloire, celle qu'il nous a donnée (Jean 17:22). Non seulement nous la partagerons avec lui, mais nous en serons aussi les porteurs. Quelle grâce!

Il sera «admiré dans tous ceux qui auront cru». La venue du Seigneur ne passera pas inaperçue; il s'agira d'un événement public. Nous pouvons imaginer la surprise du monde lorsqu'il verra les effets de la grâce de Dieu dans des hommes tels que nous. Le temps des souffrances et des persécutions sera définitivement passé, ce temps dans lequel, comme le dit l'apôtre Paul, «nous sommes devenus comme les balayures du monde et le rebut de tous» (1 Corinthiens 4:13).

En ajoutant «car notre témoignage envers vous a été cru», l'apôtre place les Thessaloniciens au rang de ceux qui apparaîtront avec le Seigneur en gloire. Il leur rappelle leur conversion. Ils avaient reçu la parole de la prédication comme étant véritablement de Dieu (1 Thessaloniciens 2:13). Toute leur vie de croyants est évoquée ici, depuis leur conversion jusqu'au jour où ils verront l'objet de leur foi. C'était un encouragement pour eux dans un temps où ils étaient troublés quant au jour du Seigneur.

Verset 11

«C'est pour cela que nous prions aussi toujours pour vous, que notre Dieu vous juge dignes de l'appel, et qu'il accomplisse tout le bon plaisir de sa bonté et l'œuvre de la foi en puissance»

Paul et ses compagnons priaient continuellement pour les Thessaloniciens. Il ne s'agit pas ici d'actions de grâces, comme au verset 3, mais de prières. Cet exemple nous rappelle que nous avons à rendre grâces et à intercéder pour nos frères et sœurs, et que nous devons le faire avec constance, comme l'évoque le mot «toujours» dans ce verset. Ici, le but de cette intercession est que Christ soit glorifié maintenant dans les croyants.

Bien que la relation avec le verset 10 soit évidente, cette prière reprend en fait la pensée du verset 5. Elle n'a pas en vue le temps futur de la manifestation publique du Seigneur, mais le temps présent du royaume de Dieu, durant lequel les Thessaloniciens souffraient et subissaient la persécution. La demande était que Dieu les juge dignes de l'appel. Quant à leur position, ils l'étaient déjà; mais il s'agit ici de leur marche pratique, comme le fait comprendre le verbe «juger».

De façon générale, l'appel peut se rapporter à ce que nous possédons déjà (comme en Éphésiens 4:1), ou aux choses à venir, ce qui semble être le cas ici. Dans la même ligne que ces versets 5 et 11, nous avions déjà lu dans la première épître: «Que vous marchiez d'une manière digne de Dieu qui vous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire» (2:12).

Les croyants sont appelés à refléter quelque chose de la gloire du Seigneur ici-bas déjà, dans leur vie quotidienne, en attendant le jour où cette gloire sera manifestée en eux de manière parfaite et visible de tous. En considérant les tribulations par lesquelles passaient les Thessaloniciens, on peut comprendre qu'il soit parlé de l'œuvre de la foi en puissance. Dieu avait commencé à opérer en eux l'œuvre de la foi et la prière de Paul était que cette œuvre soit pleinement accomplie. Qu'en est-il de l'œuvre de la foi dans nos vies?

Verset 12

«… en sorte que le nom de notre Seigneur Jésus Christ soit glorifié en vous, et vous en lui, selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ.»

C'est par ces paroles, qui décrivent un objectif précis, que se termine ce chapitre d'encouragement. L'appel de Dieu appartient au passé, et son accomplissement, au futur. Mais ce magnifique avenir — le jour du Seigneur, où il sera glorifié dans ses saints — projette ses rayons dans le temps présent, où les croyants sont encore persécutés. Aujourd'hui, les droits du Seigneur sont foulés au pieds. Les hommes de ce monde déclarent toujours: «Nous ne voulons pas que celui-ci règne sur nous»; et ils sont hostiles à ceux qui reconnaissent son autorité dans leur vie et suivent ses traces. La gloire de Christ est encore cachée. Mais, bien que le jour où il sera glorifié publiquement dans les siens ne soit pas encore là, il y a néanmoins des hommes qui en reflètent quelque chose aujourd'hui déjà, et cela dans des circonstances difficiles. Christ glorifié dans les siens — voilà qui peut être réalisé moralement dans notre vie ici-bas.

Il est nommé ici: notre Seigneur Jésus Christ. Il est le Seigneur, à qui il a été donné autorité sur toutes choses et dont nous sommes les esclaves. Nous le glorifions lorsque nous le servons et reconnaissons ses droits dans notre vie pratique. Il est aussi Jésus, l'Homme qui est venu sur la terre, s'abaissant lui-même, pour consacrer sa vie à son Dieu. Nous le glorifions lorsque nous apprenons de lui et que nous suivons ses traces. Il est aussi le Christ, l'Oint de Dieu, celui qui est haut élevé et glorifié à la droite de Dieu. C'est en le contemplant là que nous serons «transformés en la même image, de gloire en gloire, comme par le Seigneur en Esprit» (2 Corinthiens 3:18).

Comment saisir la portée des mots qui suivent: «et vous en lui»? Paul écrit aux Colossiens en parlant du jour où sa gloire sera manifestée: «Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Colossiens 3:4). Cela dépasse véritablement notre entendement et, de ce fait, notre capacité d'expliquer vraiment cette expression. Nous voyons ici le Seigneur s'identifier avec les siens. Lorsque les caractères du Seigneur sont vus en nous — c'est ainsi qu'il est glorifié en nous — nous sommes liés à lui d'une façon si étroite que Paul peut dire que nous sommes en même temps glorifiés en lui. Autrement dit: si ceux qui nous entourent ne voient plus que Christ en nous, nous sommes pratiquement déjà un avec lui.

Il est ajouté: «selon la grâce de notre Dieu et du Seigneur Jésus Christ». Si Dieu atteint ce but dans notre vie, ce n'est que par sa grâce, sans aucun mérite de notre part. Comme toujours, nous n'apportons que des mains vides, mais Dieu peut les remplir.

À suivre