Attendre le Seigneur

J.N. Darby

«Car le Seigneur lui-même, avec un cri de commandement, avec une voix d'archange et avec la trompette de Dieu, descendra du ciel; et les morts en Christ ressusciteront premièrement; puis nous, les vivants qui demeurons, nous serons ravis (ou enlevés) ensemble avec eux dans les nuées à la rencontre du Seigneur, en l'air, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur» (1 Thessaloniciens 4:16, 17).

Ce passage établit sans contestation possible un événement futur de la plus haute importance: l'enlèvement des saints à la rencontre du Seigneur. Cet événement intéresse beaucoup tout croyant d'aujourd'hui. L'apôtre Paul l'attendait constamment, puisqu'il dit: «nous, les vivants, qui demeurons jusqu'à la venue du Seigneur» (verset 15). Cet événement fait partie du déroulement de ce que la parole prophétique appelle «la venue du Seigneur» et il y occupe une place très distincte. Que le Seigneur réveille nos affections pour celui qui va bientôt venir lui-même pour nous chercher!

Aspect moral du retour de Christ

Les croyants ne sont pas de ceux qui pensent que les choses vont continuer telles qu'elles sont, jusque dans un avenir inconnu, comme les moqueurs qui disent: «Toutes choses demeurent au même état dès le commencement de la création» (2 Pierre 3:4). Nous avons été convertis pour attendre du ciel le Fils de Dieu (1 Thessaloniciens 1:10). Nous savons qu'il viendra, et nous l'attendons. De cette manière, tout est moralement fini entre nous et ce monde: notre espérance n'y est pas. Telle est la pensée du chrétien instruit par la Parole, quel que puisse être son degré de lumière quant aux détails.

Ce monde ne présente à son esprit que mal et confusion. Il sait que ce mal grandira, et qu'à sa maturité les hommes seront en rébellion ouverte contre Dieu. Il sait aussi que Dieu jugera ce monde par l'Homme qu'il a destiné à cela (Actes des Apôtres 17:31), que «le Christ Jésus… va juger vivants et morts» (2 Timothée 4:1), et qu'il établira son royaume sur la terre par le jugement.

Cependant, outre la venue de Christ pour la manifestation du juste jugement de Dieu, le croyant a devant lui la perspective merveilleuse de la réunion des saints avec le Seigneur, selon sa promesse. Sans aucun doute nous serons manifestés devant le tribunal de Christ, afin de rendre compte à Dieu pour nous-mêmes; mais cela n'ôte rien à notre privilège, car nous arriverons là étant déjà semblables à Christ. Ce qui fera de notre réunion avec le Seigneur une chose heureuse, c'est moins l'apparition publique avec lui que notre réception dans le lieu où il est, pour être avec lui, dans la maison du Père. Cela aura lieu par la venue de Christ, opérant la résurrection et la transformation du corps des saints, et leur enlèvement à sa rencontre en l'air, événement qui précédera son apparition avec tous les saints.

Qui aura part à l'enlèvement?

Deux classes de personnes sont désignées par Paul dans le passage cité en tête:

  • D'abord: «les morts en Christ». Cette expression comprend tous les croyants qui sont morts depuis la résurrection de Christ, mais aussi les croyants de l'Ancien Testament. Paul déclare que ceux-là, tels Abraham et David, ont été justifiés sur le principe de la foi, de la même façon que nous chrétiens (Romains 1:17; 4:3-6). «Les morts en Christ» sont donc tous les morts qui sont au bénéfice de l'œuvre de Christ. Ce sont «ceux qui sont du Christ» (1 Corinthiens 15:23).
  • Ensuite: «nous, les vivants qui demeurons». Ce sont les croyants, les vrais chrétiens qui seront en vie quand le Seigneur viendra.

Tous ceux qui font partie de l'Église auront donc part à l'enlèvement.

Cet enlèvement mettra fin à la période chrétienne sur la terre, caractérisée par la prédication de l'évangile de la grâce et la formation de l'Église. Quand celle-ci aura été enlevée, une nouvelle période s'ouvrira, celle qui est appelée par les prophètes «la fin des jours» (Nombres 24:14; Deutéronome 4:30; Ésaïe 2:2; Daniel 12:13; Osée 3:5). Il y aura alors un résidu juif1 délivré par le Seigneur quand il apparaîtra, et béni sur la terre après la délivrance. Et la condition de ce résidu présente une certaine continuité avec celle des saints qui ont vécu ici-bas avant la formation de l'Église. Ce sujet sera abordé, Dieu voulant, dans un prochain article intitulé: «Le Résidu juif et le jour du Seigneur».

1 Plusieurs mots hébreux, généralement traduits par reste ou résidu, désignent, dans les prophètes de l'Ancien Testament, l'ensemble des juifs qui seront épargnés au travers des jugements de la fin (Ésaïe 1:9; 4:3; 10:20-22;…). C'est le sens de l'expression le résidu juif.

Le mystère de l'Église de Christ

Avant d'en venir à l'objet spécial de l'enlèvement des saints, nous devons rappeler ce qu'est l'Église (ou l'Assemblée), et en quoi sa condition diffère de celle des croyants d'autres époques. D'abord il est clairement déclaré que l'Église est un mystère qui est demeuré caché dans les temps de l'Ancien Testament. On lit en Éphésiens 3: «… le mystère du Christ, lequel, en d'autres générations, n'a pas été donné à connaître aux fils des hommes, comme il a été maintenant révélé à ses saints apôtres et prophètes par l'Esprit: savoir que les nations seraient cohéritières et d'un même corps et coparticipantes de sa promesse dans le Christ Jésus, par l'évangile» (versets 4-6). Et dans le verset 9, il est parlé de: «l'administration du mystère caché dès les siècles en Dieu». Bien des choses ont été révélées dans l'Ancien Testament, tout en restant imprécises; c'étaient des «ombres». Mais ce mystère-là, ce secret, était caché en Dieu.

Quand le Père eut révélé à Simon, fils de Jonas, que Jésus n'était pas seulement le Christ, mais le Fils du Dieu vivant, le Seigneur a pu alors parler de son Assemblée; car c'est sur ce fondement de la vie éternelle qu'elle devait être bâtie. Jésus en a parlé comme d'une chose future: «Sur ce roc, je bâtirai mon Assemblée».

Quand Jésus, après avoir passé par la mort, est monté au ciel, le Saint Esprit est descendu, selon la promesse du Père, et l'Église a été formée: «Le Seigneur ajoutait tous les jours à l'assemblée ceux qui devaient être sauvés» (Actes des Apôtres 2:47). Elle a englobé à ce moment-là tous les juifs qui avaient cru en Christ, les «sauvés» qui portaient le caractère du résidu attentif à la parole de Dieu.

Toutefois, pour autant que nous soyons informés par l'Écriture, la doctrine de l'assemblée n'était pas encore enseignée à ce moment-là. Les chrétiens restaient attachés au judaïsme et à la loi; beaucoup de sacrificateurs «obéissaient à la foi» (Actes des Apôtres 6:7), et rien n'indique qu'ils aient abandonné leur sacerdoce. C'est à Paul qu'il était réservé de recevoir la communication du «mystère du Christ».

Saul de Tarse, d'abord instrument de la haine des juifs contre le nom de Jésus, a été arrêté par le Seigneur sur le chemin de Damas. «Pourquoi me persécutes-tu?», «Je suis Jésus que tu persécutes»: voilà ce que, du ciel, le Seigneur lui a fait entendre. Par ces paroles, le Seigneur lui montrait que les chrétiens qu'il persécutait étaient identifiés à lui-même dans le ciel. L'Église sur la terre est unie à Christ dans le ciel, et forme un seul corps avec Lui.

Saul, devenu Paul, expose ensuite ce mystère dans ses épîtres. Dieu a déployé sa puissance en Christ lorsqu'il l'a ressuscité d'entre les morts et qu'il «l'a fait asseoir à sa droite dans les lieux célestes… et il a assujetti toutes choses sous ses pieds, et l'a donné pour être chef sur toutes choses à l'assemblée, qui est son corps, la plénitude de celui qui remplit tout en tous» (Éphésiens 1:20-23). L'Église est unie à Christ; mais unie à lui après qu'il a été ressuscité et s'est assis à la droite de Dieu dans les lieux célestes, élevé à une position dans laquelle il remplit tout en tous. Et elle est unie à lui, dans cette gloire, pour être son corps, le complément de la Tête. «Il est le chef du corps, de l'assemblée, le premier né d'entre les morts» (Colossiens 1:18). «Nous qui sommes plusieurs sommes un seul corps en Christ» (Romains 12:5).

C'est par l'Esprit envoyé du ciel que nous avons été formés en un seul corps. «Car de même que le corps est un et qu'il a plusieurs membres, mais que tous les membres du corps, quoiqu'ils soient plusieurs, sont un seul corps, ainsi aussi est le Christ. Car aussi nous avons tous été baptisés d'un seul Esprit pour être un seul corps» (1 Corinthiens 12:12, 13).

Le baptême du Saint Esprit, par lequel l'Église a été formée, a eu lieu au jour de la Pentecôte (Actes des Apôtres 1:5). C'est Christ qui baptise du Saint Esprit (Jean 1:33, 34). Et pour cela, il a reçu du Père l'Esprit Saint promis (Jean 16:7; Actes 2:33). Ainsi l'Église est le corps de Christ sur la terre, uni à lui, la Tête, qui est dans le ciel. L'Église a été formée et placée dans cette unité par le Saint Esprit que Christ a envoyé ici-bas après avoir été exalté à la droite de Dieu2.

2 De plus, nous sommes, juifs et nations, «édifiés (grec: bâtis) ensemble pour être une habitation de Dieu par l'Esprit» (Éphésiens 2:22). Parmi les enfants de Dieu, la distinction entre juif et non Juif est effacée (Jean 11:52). Les uns et les autres ont été réconciliés avec Dieu, et réunis par le Saint Esprit pour former le corps de Christ.

L'Église est donc, dès le premier jour de sa formation, si étroitement liée à Christ qu'elle fait partie de lui-même: «Ainsi aussi est le Christ» (1 Corinthiens 12:12) — un seul corps dont les croyants sont les membres et lui la tête.

Quelle est l'attente de l'Église?

Examinons maintenant le témoignage de Dieu au sujet de notre réunion avec Christ au ciel. L'Église n'est «pas du monde» (Jean 17:14, 16). Les croyants, membres du corps de Christ, sont considérés comme assis en Christ dans les lieux célestes, déjà maintenant (Éphésiens 2:6). Leur appel est céleste (Philippiens 3:14). Le Seigneur a dit aux disciples, au moment où il devait les quitter: «Je vais vous préparer une place. Et si je m'en vais et que je vous prépare une place, je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14:2, 3; cf. 17:24). Ce que l'Église a donc à attendre pour elle-même, ce n'est pas un événement qui ne manquera pas d'arriver, mais c'est d'être recueillie en haut auprès du Seigneur, parce que c'est la place que lui assigne l'amour de Christ pour elle.

C'est encore ce que Paul déclare dans le passage cité en tête de cet article. Nous irons au-devant de lui «en l'air» pour être «toujours avec le Seigneur». Nous n'avons pas à attendre auparavant sa venue pour le monde.

La venue de Christ pour nous prendre auprès de lui est autre chose que son apparition publique glorieuse. C'est au sujet de cette dernière qu'il est dit: «Quand le Christ qui est notre vie, sera manifesté, alors vous aussi, vous serez manifestés avec lui en gloire» (Colossiens 3:4). Nous serons donc déjà avec lui quand il apparaîtra. L'identification des saints avec Christ lui-même est l'essence de la bénédiction de l'Église. Nous sommes les membres de son corps: chair de sa chair et os de ses os (Éphésiens 5:30). Pour que nous apparaissions avec le Seigneur, il est nécessaire que nous soyons amenés auprès de lui auparavant; car lorsqu'il apparaîtra, nous l'accompagnerons.

Cela ne fixe pas d'époque pour l'enlèvement des croyants, mais révèle ce qui est beaucoup plus important: la grande différence qui existe dans les relations avec Christ, entre les saints célestes (l'Église) et ceux qui, sur la terre, seront bénis sous son règne. Les premiers sont identifiés avec Christ lui-même. Ils apparaîtront et régneront avec lui.

Sachant que nous apparaîtrons avec Christ, nous l'attendons d'abord pour être avec lui avant son apparition en gloire. Lorsqu'il en est ainsi, tout est changé dans nos pensées et dans nos affections spirituelles. Notre espérance n'est pas la gloire dans laquelle nous apparaîtrons avec Jésus, si merveilleux que cela sera, mais le bonheur de lui être réunis. Notre part est dans ces promesses bénies: «Je reviendrai, et je vous prendrai auprès de moi; afin que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» et «Ainsi nous serons toujours avec le Seigneur» (Jean 14:3; 1 Thessaloniciens 4:17).

Chronologie des événements

Quant à l'époque de l'enlèvement des croyants, personne ne peut la préciser. Mais notre réunion à Christ doit précéder son apparition. À l'apparition de Christ aura lieu le jugement de ce monde gouverné par Satan dont, par conséquent, elle clôt l'histoire. Mais auparavant, cette histoire devra atteindre sa dernière période; des événements révélés dans la Parole devront s'accomplir, et les objets du jugement devront apparaître sur la scène. C'est ce qui fait le sujet de la prophétie, tant dans l'Ancien Testament que dans l'Apocalypse. Pour l'Église, au contraire, il n'y a pas d'événements terrestres à placer entre elle et le ciel. Elle est unie à Christ, qui s'en est déjà allé auprès de Dieu. Comme lui, elle n'est pas de ce monde. Le caractère de l'Église est céleste; et en vertu de sa relation avec Christ, elle est en dehors des événements de ce monde. Notre appel est céleste, notre espérance n'est pas un sujet de la prophétie, car la prophétie annonce des événements qui se déroulent sur la terre. Notre espérance repose sur la promesse que le Seigneur a faite de venir nous prendre auprès de lui, afin que là où il est, nous y soyons aussi.

Attendre le Seigneur

Quoique ce qui précède puisse déjà servir de réponse, il n'est pas inutile de poser formellement la question: Quand le chrétien doit-il attendre le Seigneur? La réponse est: Toujours.

Attendre le Seigneur sans cesse, voilà ce qui caractérise un état spirituel vrai. «Soyez vous-mêmes semblables à des hommes qui attendent leur maître, à quelque moment qu'il revienne des noces, afin que, quand il viendra et qu'il heurtera, ils lui ouvrent aussitôt. Bienheureux sont ces esclaves, que le maître, quand il viendra, trouvera veillant… Vous donc aussi soyez prêts; car, à l'heure que vous ne pensez pas, le fils de l'homme vient». Continuant à parler du service, le Seigneur ajoute: «Bienheureux est cet esclave-là, que son maître lorsqu'il viendra, trouvera faisant ainsi. En vérité, je vous dis qu'il l'établira sur tous ses biens» (Luc 12:36-44). D'où nous voyons, comme principe général, que l'attente constante de Jésus caractérise ceux qui seront bénis, récompensés, quand il viendra.

Le Seigneur ajoute encore: «Mais si cet esclave-là dit en son cœur: Mon maître tarde à venir, et qu'il se mette à battre les serviteurs et les servantes, et à manger et à boire et à s'enivrer, le maître de cet esclave-là viendra en un jour qu'il n'attend pas… et lui donnera sa part avec les infidèles» (versets 45, 46). Ce qui conduit le méchant serviteur à tous ses méfaits, ce n'est pas de nier la venue du Seigneur, mais de dire: mon maître tarde à venir. Il a cessé de l'attendre immédiatement, sans délai. Cet abandon a été pour l'Église le premier pas en dehors du chemin de la fidélité, et la cause pour laquelle elle a perdu son autorité spirituelle. Elle est alors entrée dans la voie de l'autorité cléricale et de la mondanité.

La parabole des dix vierges (Matthieu 25) nous présente un autre avertissement du Seigneur au sujet de l'attente de sa venue. Là il montre que la profession chrétienne, figurée par les dix vierges sorties à la rencontre de l'Époux, s'est lassée de l'attendre. Les dix vierges — cinq vierges sages qui ont de l'huile dans leurs lampes, et cinq vierges folles qui n'ont pas d'huile — s'endorment toutes. Mais vers minuit, un cri se fait entendre: «Voici l'Époux; sortez à sa rencontre». Toutes sont réveillées pour tenter de reprendre ce qui les avait caractérisées au commencement. Seulement la venue de l'Époux va séparer celles qui ont la vie et qui entrent avec lui aux noces, de celles qui n'ont qu'une profession sans vie. Ce cri a déjà retenti; préparons-nous, tenons nos lampes allumées!