L'arbre de vie et le livre de vie

J.A. Monard

Ces quelques lignes, en réponse à la demande: Peut-on avoir quelques explications concernant le livre de vie et l'arbre de vie, particulièrement en Apocalypse 22:19?

Pour nous parler du grand sujet de «la vie», la Bible utilise plusieurs symboles. Outre l'arbre de vie et le livre de vie, il y a la source de la vie (Psaumes 36:9), une fontaine de vie (Proverbes 14:27), l'eau de la vie (Apocalypse 22:17)), le pain de vie (Jean 6:35), etc. C'est un sujet infini, qui se lie de très près à Christ lui-même. En effet, il a dit: «Je suis le chemin, et la vérité, et la vie» (Jean 14:6). On lit dans l'épître aux Colossiens: «Christ… est notre vie» (3:4), et dans la première épître de Jean: «Dieu nous a donné la vie éternelle, et cette vie est dans son Fils: Celui qui a le Fils a la vie, celui qui n'a pas le Fils de Dieu n'a pas la vie» (5:11, 12). Ces choses, qui forment les bases de la foi chrétienne, sont révélées clairement dans le Nouveau Testament. Mais on en trouve les premières lueurs déjà avant la venue de Christ — par exemple dans les Psaumes: «Par-devers toi est la source de la vie», ou dans les Proverbes: «La crainte de l'Éternel est une fontaine de vie» ou encore, sous forme symbolique, par le fait qu'il y avait dans le jardin d'Eden un arbre de vie.

Le livre de vie

Dans la scène du grand trône blanc, en Apocalypse 20:11-15, il y a «des livres» qui sont ouverts, dans lesquels sont enregistrées les œuvres de ceux qui sont jugés, et il y a «un autre livre… qui est celui de la vie». C'est comme le registre de ceux qui ont la vie de Dieu. Ce livre-là ne mentionne pas des œuvres, mais des noms — en Apocalypse 13:8 et 17:8, des noms qui y ont été écrits «dès la fondation du monde». Au chapitre 21, ce sont «seulement ceux qui sont écrits dans le livre de vie de l'Agneau» qui entrent dans la sainte cité (verset 27). Ce livre est mentionné une fois par l'apôtre Paul, lorsqu'il parle de ses «compagnons d'œuvre, dont les noms sont écrits dans le livre de vie» (Philippiens 4:3), et on peut penser que le Seigneur y fait allusion quand il dit à ses disciples: «Réjouissez-vous de ce que vos noms sont écrits dans les cieux» (Luc 10:20).

C'est dans un sens un peu différent qu'il est parlé du livre de vie en Apocalypse 3:5: «Celui qui vaincra, celui-là sera vêtu de vêtements blancs, et je n'effacerai point son nom du livre de vie». On pourrait s'étonner que des noms puissent en être effacés. Mais cette déclaration se trouve dans la lettre adressée à Sardes, assemblée à laquelle doit être fait le reproche: «Tu as le nom de vivre, et tu es mort» (verset 1). II est donc question de personnes qui font profession de christianisme, et qui pour la plupart n'ont pas la vie divine. Le nom des vainqueurs sera maintenu dans le livre de vie, le nom des autres sera effacé. Pour s'exprimer simplement, on peut dire qu'il s'agit ici du livre de vie de la profession chrétienne.

L'exemple du livre de vie montre que le même symbole, utilisé dans divers passages de la Bible, peut avoir des sens quelque peu différents, quoique parents.

L'arbre de vie

Cet arbre est mentionné dans la Genèse, dans les Proverbes et dans l'Apocalypse. Le sens général est le même, mais il y a bien des variantes de sens. Dans la Genèse, c'est un arbre qui donne la vie à celui qui en mange (2:9; 3:22, 24). Dans les Proverbes, l'expression a un sens très général: c'est une source de vie (3:18; 11:30; 13:12; 15:4). Dans l'Apocalypse, c'est un arbre dont mangent ceux qui ont la vie (2:7; 22:2, 14, 19).

Dans le jardin d'Eden, l'arbre de vie était un arbre bien réel, comme celui de la connaissance du bien et du mal. Mais en même temps, ces deux arbres avaient une valeur symbolique: l'un évoquant la vie et l'autre la responsabilité. Dans les autres passages de la Bible qui parlent de l'arbre de vie, il n'y a plus rien de matériel; il ne s'agit que de symboles, d'images.

En Eden, le fait de manger de l'arbre de vie aurait donné à l'homme de vivre à toujours (sans que le caractère de cette vie soit d'ailleurs bien précisé). Adam et Eve, parce qu'ils ont péché, sont privés de l'accès à l'arbre de vie. Je crois que c'est simplement une autre manière d'exprimer que la sentence de mort est sur eux. (À mon sens il ne faut pas se demander dans quelle condition ils auraient été si, après avoir péché, ils avaient mangé de l'arbre de vie. C'est la supposition d'une chose impossible.)

Si, dans le paradis terrestre, il y avait deux arbres, dans «le paradis de Dieu» (Apocalypse 2:7), il n'y en a plus qu'un: l'arbre de vie. Sur le principe de sa responsabilité, l'homme a tout perdu, mais l'œuvre de Christ place l'homme sur un terrain nouveau, où toute bénédiction découle de ce que Christ a fait et de ce qu'il est. Dans le message adressé à Éphèse, le Seigneur promet au vainqueur: «je lui donnerai de manger de l'arbre de vie qui est dans le paradis de Dieu». Cela évoque la nourriture que Christ donne, ou mieux, qu'il est lui-même pour les siens. Dans l'évangile de Jean, il se présente déjà comme celui qui répond pleinement à la soif et à la faim de l'âme, celui qui satisfait tous ses besoins profonds (voir Jean 4:14; 6:32-35, 51-58).

En Apocalypse 22, dans la description de la sainte cité, on retrouve l'arbre de vie. Il s'agit d'un arbre dont les fruits nourrissent les rachetés: «l'arbre de vie, portant douze fruits, rendant son fruit chaque mois» (verset 2). On a là un tableau du Millenium — pas encore de l'état éternel, puisqu'il y a encore des nations à guérir: «les feuilles de l'arbre sont pour la guérison des nations». Comme au chapitre 2, mais de façon plus riche encore, l'arbre de vie évoque cette nourriture complète et variée que Christ a pour les siens, et qu'il est lui-même pour eux.

Au verset 14, on lit: «Bienheureux ceux qui lavent leurs robes» (et elles ne peuvent être blanchies que dans le sang de l'Agneau — 7:14), ils auront «droit à l'arbre de vie» et ils entreront «par les portes dans la cité». Telle est la bénédiction des rachetés.

Les tout derniers versets du chapitre donnent un avertissement solennel (versets 18, 19). Malheur à celui qui «ajoute» quelque chose à «ce livre» — l'Apocalypse, mais le principe s'étend à la révélation divine tout entière — ou en «ôte» quelque chose! Cet appel s'adresse à «quiconque entend ces paroles», c'est-à-dire à tous, vrais chrétiens ou non. Pour exprimer la sanction divine contre celui qui «ajoute» ou qui «ôte», l'Esprit de Dieu se sert des mêmes mots «ajouter» et «ôter», car on moissonne ce qu'on a semé. Et il mentionne la malédiction ajoutée, ou la bénédiction ôtée, avec les termes caractéristiques de l'Apocalypse: «les plaies écrites dans ce livre» ou «la part à l'arbre de vie et à la sainte cité».

Ce qui doit retenir notre attention, dans ce passage, c'est l'extrême gravité d'ajouter ou de retrancher quoi que ce soit à la parole de Dieu. Y pensons-nous assez? La manière dont Dieu exercera son jugement sur ceux qui l'auront fait n'est pas notre affaire. La question de savoir si ceux qui maltraitent ainsi la parole de Dieu possèdent la vie divine ou ne la possèdent pas n'est pas soulevée ici. Lorsque Dieu nous présente notre responsabilité, il nous la montre entière; il ne l'atténue en aucune manière par la pensée de la grâce. Mais de tels passages n'annulent en rien le fait — bien établi dans l'Écriture — que ceux qui possèdent la vie éternelle ne périront jamais.