Deuxième épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Chapitre 1er (suite)

Verset 5

«… lesquelles sont une démonstration du juste jugement de Dieu, pour que vous soyez estimés dignes du royaume de Dieu pour lequel aussi vous souffrez».

La justice de Dieu se manifestera, tant à l'égard des persécuteurs des croyants qu'à l'égard des croyants persécutés. Dieu n'est pas injuste quand il permet que ses enfants soient opprimés. Au contraire, les tribulations peuvent être, dans sa main, un moyen de mettre leur foi à l'épreuve et de manifester clairement leur mise à part de ce monde. Leurs souffrances sont en relation avec le royaume de Dieu, le domaine où sont reconnus les droits de Christ à qui Dieu a donné toute autorité. Ceux qui déjà maintenant reconnaissent cette autorité sur leur vie sont persécutés par ceux qui sont encore sous le pouvoir de Satan. Mais le jour vient où le royaume de Dieu sera publiquement établi en puissance sur la terre, et les souffrances de ceux qui sont persécutés prendront fin. C'est à l'établissement de ce royaume en gloire que Paul fait allusion ici.

Dans le livre des Actes, nous voyons que Paul avait déjà averti «que c'est par beaucoup d'afflictions qu'il nous faut entrer dans le royaume de Dieu» (Actes des Apôtres 14:22). D'autres passages des épîtres nous montrent aussi que le chemin du croyant vers la gloire passe par la souffrance. Par exemple: «… si du moins nous souffrons avec lui, afin que nous soyons aussi glorifiés avec lui» (Romains 8:17); et «si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui» (2 Timothée 2:12).

Pierre dit: «Bien-aimés, ne trouvez pas étrange le feu ardent qui est au milieu de vous, qui est venu sur vous pour votre épreuve, comme s'il vous arrivait quelque chose d'extraordinaire; mais en tant que vous avez part aux souffrances de Christ, réjouissez-vous, afin qu'aussi, à la révélation de sa gloire, vous vous réjouissiez avec transport» (1 Pierre 4:12).

Les souffrances dont il est question dans ce verset 5, ce ne sont donc pas celles que Dieu, en conséquence de notre infidélité, peut employer pour discipliner ses enfants, mais celles que nous connaissons parce que nous sommes associés à un Christ rejeté. Ce sont ces souffrances-là que Pierre mentionne dans les cinq chapitres de sa première épître: souffrances qui mettent à l'épreuve et épurent notre foi (1:6, 7); souffrances par conscience envers Dieu (2:19); souffrances pour la justice (3:14); souffrances pour le nom de Christ (4:13, 14) et souffrances en résistant à Satan (5:8-10). Toutes ces souffrances sont en rapport avec le royaume de Dieu. Paul ne parle pas d'être rendus dignes du ciel, mais du royaume. Notre place au ciel, dans la maison du Père, est parfaitement assurée par l'œuvre du Seigneur à la croix, tandis que notre place dans le royaume de Dieu est liée à la part que nous prenons aux souffrances pour le témoignage de Jésus Christ et à notre fidélité (2 Timothée 2:3, 4). Dans plusieurs passages, la mention du royaume est étroitement liée à notre responsabilité.

Le royaume a un côté céleste, et c'est celui-là qui nous concerne. Nous viendrons du ciel pour régner avec le Seigneur. C'est aussi de cet aspect céleste du royaume que le Seigneur parle en Matthieu 13:43: «Alors les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père».

Ainsi, l'établissement du royaume de Dieu manifestera clairement de quel côté les Thessaloniciens se trouvaient. Leurs souffrances étaient la preuve qu'ils étaient «estimés dignes» de ce royaume. Cependant cette dignité n'était pas due à leur propre mérite. Leur fermeté ne venait pas de leurs propres efforts, mais de Dieu. La pensée ici n'est nullement que nous puissions, par les souffrances, nous procurer ou mériter une place dans le royaume, mais que les souffrances sont la preuve que nous en sommes dignes. Elles en sont comme le sceau et la confirmation.

En Apocalypse 5:12, il est dit du Seigneur: «Digne est l'Agneau qui a été immolé, de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction». Nous le comprenons facilement. Le Seigneur Jésus est digne de recevoir son royaume et toute la souveraineté qui s'y rattache. Il possède cette dignité par lui-même, et de plus, par ses souffrances et sa mort sur la croix, il a acquis comme homme le droit à la domination universelle.

Nous possédons aussi la dignité qui convient au royaume, mais comme une chose qui nous a été donnée. Elle devrait avoir une influence pratique sur notre vie. La première épître a exhorté les croyants à marcher d'une manière digne de Dieu qui nous appelle à son propre royaume et à sa propre gloire (2:12). Les caractères du royaume dans sa forme publique (justice, paix et joie — Romains 14:17) devraient déjà être visibles dans toute notre vie.

Les Thessaloniciens traversaient la persécution, ils souffraient pour le nom du Seigneur, et c'était la preuve qu'ils échapperaient aux jugements qui accompagneront l'établissement du royaume (cf. Luc 21:36).

Versets 6 et 7

«… si du moins c'est une chose juste devant Dieu que de rendre la tribulation à ceux qui vous font subir la tribulation, et que de vous donner, à vous qui subissez la tribulation, du repos avec nous dans la révélation du Seigneur Jésus du ciel avec les anges de sa puissance».

Ces versets nous montrent les effets qu'auront la venue du Seigneur Jésus sur la terre (sa révélation) et l'établissement du royaume de Dieu. Pour ceux qui subissent maintenant la persécution, il y aura du repos, tandis que pour les persécuteurs, il y aura la rétribution. Les rôles seront inversés. La tribulation subie par les croyants prendra fin, alors que leurs oppresseurs subiront leur juste châtiment.

La tribulation subie par les croyants ne peut avoir aucun rapport avec le jour du Seigneur, puisque, à ce moment-là, ils auront trouvé le repos. Nous voyons ici de quelle manière grossière les Thessaloniciens avaient été induits en erreur. La vérité était renversée. Le fait même qu'ils souffraient était une démonstration que le jour du Seigneur n'était pas encore là.

Le verset 6 nous parle, tout d'abord, de ceux qui persécutent les croyants. Dieu est juste et il les châtiera, peut-être même de leur vivant. Cependant, la preuve évidente de la justice de Dieu en jugement, lorsqu'il «rendra la tribulation», sera apportée devant tous au plus tard au jour du Seigneur. Nous avons ici une application du principe posé en Galates 6:7: «Ne soyez pas séduits; on ne se moque pas de Dieu; car ce qu'un homme sème, cela aussi il le moissonnera».

Le principe de la rétribution est souvent mentionné dans l'Ancien Testament. Par exemple: «Car l'Éternel, le Dieu des rétributions, rend certainement ce qui est dû» (Jérémie 51:56), ou «Soyez forts, ne craignez pas; voici votre Dieu: la vengeance vient, la rétribution de Dieu! Lui-même viendra, et vous sauvera» (Ésaïe 35:3, 4). Bien que nous vivions dans un temps de grâce où nous ne demandons pas la vengeance, il y aura cependant une rétribution de la part de Dieu pour tous les actes commis aujourd'hui. Bien des fautes semblent rester impunies, comme si Dieu n'en tenait pas compte. Mais Dieu voit la moindre injustice; rien ne peut lui être caché. Il y aura, pour chaque acte d'oppression, de persécution, de moquerie ou de mépris à l'égard des croyants, une rétribution au jour du Seigneur.

Du ciel, le Seigneur Jésus a interpellé Saul de Tarse: «Saul! Saul! pourquoi me persécutes-tu?» Le principe subsiste: tout ce qui est fait aux croyants est fait à Christ. En vertu de son œuvre à la croix, nous lui appartenons et lui sommes intimement liés. Et le jour vient où le prix que nous avons à ses yeux sera montré publiquement.

La justice de Dieu est révélée aujourd'hui dans l'évangile. Par l'œuvre du Seigneur Jésus, Dieu a trouvé un moyen de manifester sa justice alors même qu'il fait grâce, ainsi qu'il est écrit: «en sorte qu'il soit juste et justifiant celui qui est de la foi de Jésus» (Romains 3:26). C'est la bonne nouvelle de la grâce, accessible à tous, et celui qui la méprise aura affaire à la justice de Dieu en jugement. C'est en justice aussi que la rétribution sera exercée au jour du Seigneur, lors de l'établissement du royaume. Le psalmiste dit: «La justice et le jugement sont les bases de ton trône; la bonté et la vérité marchent devant ta face» (Psaumes 89:14).

Au châtiment des oppresseurs répond le repos de ceux qui subissent la persécution. En disant ici: «du repos avec nous», Paul et ses compagnons s'associaient aux destinataires de l'épître. Ils passaient, eux aussi, par des tribulations et des temps de détresse. Les Thessaloniciens n'étaient pas seuls à être éprouvés, et ils ne seraient pas seuls non plus quand le temps du repos serait là.

L'expression «la révélation du Seigneur Jésus du ciel» se réfère à son apparition en gloire. Sa première venue sur cette terre a aussi été une révélation, mais avec un caractère tout différent. Il vint en grâce. «La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ» (Jean 1:17). Mais lorsqu'il apparaîtra une deuxième fois sur la terre, ce sera pour manifester sa puissance et sa gloire dans le jugement. Il ne s'agit pas ici de sa venue pour prendre les siens auprès de lui, mais bien de son retour avec les siens, afin d'établir son royaume; c'est là le jour du Seigneur.

Il est possible que le Seigneur nous délivre de nos oppresseurs ici-bas déjà, et tout à fait certain que nous entrerons dans le repos au moment où le Seigneur nous enlèvera de cette terre, soit par la mort, soit par sa venue pour nous. Cependant, il n'est pas question ici du moment où commence le repos, mais de ce qui caractérise le jour du Seigneur. C'est, d'une part, la rétribution et le châtiment pour ceux qui font subir la persécution et, d'autre part, le repos pour ceux qui l'ont subie.

Le croyant possède aujourd'hui déjà le repos de la conscience. Celui qui s'appuie sur l'œuvre du Seigneur Jésus à la croix sait qu'il a la paix avec Dieu: «Venez à moi… et moi, je vous donnerai du repos» (Matthieu 11:28). En outre, dans notre marche à travers ce monde, nous avons le privilège de jouir du repos de nos âmes: «Prenez mon joug sur vous», dit le Seigneur, «et vous trouverez le repos de vos âmes» (verset 29). Mais aussi longtemps que nous serons sur la terre, nous ne connaîtrons pas le repos dont il est question dans notre passage. Nous avons maintenant des tribulations, et lorsqu'elles prendront fin, nous jouirons du repos éternel, en contraste avec ce qui est réservé aux incrédules: «Et la fumée de leur tourment monte aux siècles des siècles; et ils n'auront aucun repos, ni jour, ni nuit» (Apocalypse 14:11).

La révélation du Seigneur Jésus est «avec les anges de sa puissance». Toute puissance lui appartient, et il lui plaît de l'exercer par le moyen des anges (cf. Matthieu 13:41, 42; 16:27; 24:31). Ce sont eux qui ont fait connaître sa naissance (Luc 2:10), eux qui ont témoigné de sa résurrection (Matthieu 28:2) et eux qui ont annoncé son retour (Actes des Apôtres 1:10). Les croyants, en revanche, ne sont pas des instruments de sa puissance, mais les monuments de sa gloire (verset 10).

Verset 8

«… en flammes de feu, exerçant la vengeance contre ceux qui ne connaissent pas Dieu, et contre ceux qui n'obéissent pas à l'évangile de notre Seigneur Jésus Christ».

Les flammes de feu parlent de la vengeance de Dieu exercée en jugement. Il en avait été ainsi pour Sodome et Gomorrhe et il en sera de même au jour du Seigneur.

Lorsque le Seigneur Jésus était sur la terre, les hommes ont entendu les paroles de grâce et de miséricorde qui sortaient de sa bouche. Puis le monde l'a vu mourir sur la croix, sans qu'il exprime aucune parole de vengeance et de rétribution. Au contraire, on a pu l'entendre dire: «Père, pardonne-leur, car ils ne savent ce qu'ils font» (Luc 23:34). Mais quand viendra le jour du Seigneur, il sera le juge inflexible, de la bouche duquel sortira l'épée du jugement et de la vengeance (cf. 2 Thessaloniciens 2:8).

Dieu a dit par Moïse: «A moi la vengeance et la rétribution… Car le jour de leur calamité est proche, et ce qui leur est préparé se hâte» (Deutéronome 32:35). Il ne s'agit pas de la vengeance dans le sens négatif qui caractérise, hélas! notre nature humaine, mais d'une juste rétribution, qui est une prérogative de Dieu.

Prenons garde, nous qui vivons aujourd'hui dans le temps de la grâce, de ne pas nourrir des pensées de jugement et de vengeance, comme l'ont fait Jacques et Jean, lorsqu'ils voulaient faire descendre le feu du ciel sur les Samaritains (Luc 9:54). Nous savons que le jour du jugement vient, et avec lui la rétribution. Cette pensée devrait nous animer d'un sentiment de compassion envers les incrédules et nous donner du zèle pour répandre l'évangile de la grâce, chaque fois que l'occasion se présente.

Deux classes de personnes sont mentionnées ici comme devant subir la vengeance: ceux qui ne connaissent pas Dieu — c'est-à-dire les nations en général — et ceux qui n'obéissent pas à l'évangile — c'est-à-dire les Juifs (cf. 1 Thessaloniciens 4:5). Les nations, ayant abandonné la connaissance de Dieu, étaient tombées dans l'idolâtrie et dans une corruption morale complète (Romains 1:28). Contrairement à elles, les juifs ne pratiquaient pas l'idolâtrie — du moins extérieurement — depuis leur captivité à Babylone. Ils avaient eu de tout temps une certaine connaissance de Dieu, et prétendaient le servir. Mais ils n'avaient, bien souvent, aucun engagement de cœur. Le fait qu'ils avaient rejeté et crucifié le Messie et qu'ils n'obéissaient pas à l'évangile prouvait clairement qu'ils n'étaient pas moins coupables que les nations. Le juste jugement de Dieu, exercé par le Seigneur Jésus, frappera les uns et les autres, bien que le degré de leur responsabilité ne soit pas le même.

Si nous considérons le temps actuel et nos pays christianisés, nous voyons une situation semblable. La connaissance de Dieu, au moins extérieure, existe depuis des siècles, mais n'a pas, pour autant, amené tous les hommes à obéir à l'évangile. Elle ne fait qu'augmenter la responsabilité de ceux qui ne l'ont pas reçu. D'autre part, nous devons constater aujourd'hui que le nombre de personnes qui effectivement «ne connaissent pas Dieu» augmente de manière effrayante. D'innombrables jeunes grandissent sans avoir jamais entendu parler du Seigneur Jésus.

À ce propos, on pourrait se demander comment il est possible que Dieu amène en jugement des gens qui n'ont jamais entendu parler du Sauveur et auxquels l'évangile n'a jamais été annoncé. La Bible ne laisse pas cette question sans réponse. Selon l'épître aux Romains, il y a au moins deux choses dont tout homme devra rendre compte: le témoignage de la création (1:19) et celui de la conscience (2:15). Il n'y aura donc d'excuse pour personne, quoiqu'il soit clair, ici aussi, que les responsabilités sont différentes.

Considérons encore un point à la fin du verset 9. Il n'est pas reproché à ces hommes de ne pas avoir cru à l'évangile — ce qui est aussi vrai sans doute — mais de ne pas avoir obéi à l'évangile. Il n'est pas rare que le message du salut soit présenté comme une offre de la part de Dieu, que l'homme est libre d'accepter ou de refuser. Il est vrai que Dieu a donné à l'homme la possibilité de dire non; il n'est pas un robot. Un refus pourtant témoigne de sa propre volonté et de sa désobéissance.

Lorsque l'apôtre Paul s'adresse aux intellectuels de son temps, à l'aréopage, il leur dit expressément: «Dieu… ordonne maintenant aux hommes que tous, en tous lieux, ils se repentent» (Actes des Apôtres 17:30). Il est dit aussi: «Mais tous n'ont pas obéi à l'évangile» (Romains 10:16). Pierre attire l'attention sur «la fin de ceux qui n'obéissent pas à l'évangile de Dieu» (1 Pierre 4:17). «Qui désobéit au Fils ne verra pas la vie, mais la colère de Dieu demeure sur lui» (Jean 3:36).

Ce n'est pas une faveur que l'homme fait à Dieu lorsqu'il croit à l'évangile, mais bien un acte d'obéissance. Il n'est donc pas libre, de ce point de vue, puisqu'il s'agit d'un ordre de la part de Dieu. Nous ne devrions ni oublier, ni taire cet aspect, en présentant l'évangile.

À suivre