Un arbre planté près des eaux

F. Chaudier

Psaumes 1:1-3; 92:13, 14; Jérémie 17:7, 8

Cette image de l'arbre près des ruisseaux d'eau nous présente, de façon très expressive, tout ce que doit être la vie chrétienne: notre passage sur la terre et le pourquoi nous y sommes laissés. Le désir d'un racheté qui cherche à plaire au Seigneur est de porter du fruit et de rendre témoignage à celui auquel il appartient pour toujours. Nous savons que le fruit est pour Dieu, pour sa gloire; c'est lui qui le cueille. Le feuillage toujours vert nous parle du témoignage que nous sommes appelés à rendre au milieu de ce monde.

Dans les passages ci-dessus, l'image employée est un arbre; dans le chapitre 15 de l'évangile de Jean, c'est un sarment. Le sarment doit être attaché au cep, sinon la sève ne lui parvient pas et il ne peut pas produire de fruit. D'où la conclusion très forte qu'en tire le Seigneur Jésus: «Séparés de moi vous ne pouvez rien faire». Cette parole solennelle doit toucher nos cœurs et nos consciences.

L'abondance et la qualité des fruits que porte un arbre dépend du terrain dans lequel il est planté et de la force de ses racines. On ne voit pas les racines, elles sont cachées dans la terre. Il en est de même dans la vie chrétienne. Le témoignage que nous sommes appelés à rendre et le fruit que nous avons à porter pour Dieu dépendent de ce que nous sommes intérieurement, et de la manière dont nos affections sont engagées pour le Seigneur: «Comme donc vous avez reçu le Christ Jésus, le Seigneur, marchez en lui, enracinés et édifiés en lui» (Colossiens 2:6, 7).

Prendre son plaisir en la Parole

Nous trouvons dans les versets que nous avons lus trois choses nécessaires, indispensables, pour que nous puissions être ce que la Parole nous présente par ces arbres plantés près des ruisseaux d'eau. La première, c'est trouver son plaisir dans la loi de l'Éternel et la méditer jour et nuit (Psaumes 1:2). Pour le nouvel homme, ce n'est pas une contrainte pénible de s'approcher de la parole de Dieu; c'est un besoin, un désir, une soif. Où pourrions-nous trouver l'aliment indispensable pour que notre vie spirituelle se développe, si ce n'est dans la parole de Dieu?

Il ne s'agit pas seulement de lire un verset le matin, même si cette lecture est très utile. Il est important de rechercher un contact permanent avec les Écritures, avec le désir d'y découvrir la personne du Seigneur Jésus qui les remplit. Alors, quand il y a cette nourriture, quand on a recueilli avec fidélité et par besoin cette portion de manne nécessaire, la journée s'écoule heureuse et bénie.

De plus, il y a un témoignage rendu et un fruit porté: «Sa feuille ne se flétrit point» et «il rend son fruit en sa saison» (verset 3). On ne peut pas être en contact avec la Parole, être nourri d'elle, sans qu'il y en ait des conséquences; ce sont «les saintes lettres» qui rendent «sage à salut». Comment un croyant, quelqu'un qui appartient à Christ, peut-il négliger la lecture et la méditation de la parole de Dieu? Quand nous manquons de cette faim et de cette soif des Écritures, notre vie est languissante. Nous trouvons la Parole fermée, elle n'a pas pour nous la force qu'elle avait auparavant. S'il en est ainsi, n'en prenons pas notre parti, ne laissons pas quelque chose faire écran entre notre âme et Dieu. Cherchons sa présence, venons aux pieds du Seigneur, confessons notre tiédeur. C'est lui seul qui restaure notre âme et qui nous fait retrouver, en contact avec la Parole, cette joie, ce réconfort, ce plaisir dont parle le psalmiste.

Voilà donc déjà un secret pour porter du fruit et pour que notre «feuillage» soit toujours vert. Tout dépend de notre vie intérieure, de notre communion avec Dieu, de notre dépendance du Saint Esprit. Car c'est lui qui fait tout, qui opère tout.

Habiter dans la maison de notre Dieu

Le psaume 92 parle d'une seconde chose nécessaire pour porter du fruit. Il y est de fidèles qui seront «pleins de sève et verdoyants». Qui sont-ils? Ce sont «ceux qui sont plantés dans la maison de l'Éternel». Ils fleurissent dans les parvis de notre Dieu. Où passons-nous nos journées? Certes, nous avons nos travaux, nos occupations, et il est sage d'y faire face. Mais où sont nos cœurs? Ils peuvent être dans le monde ou dans la présence de Dieu, dans ce sanctuaire constamment ouvert. Le psaume 27 exprime ce désir de David: «J'ai demandé une chose à l'Éternel… c'est que j'habite dans la maison de l'Éternel tous les jours de ma vie». Et pour quoi faire? «Pour m'enquérir diligemment de lui dans son temple» (verset 4). Il y a toute une activité spirituelle qui se développe là. C'est là que nous apprenons à connaître Dieu. Plus nous le connaissons, plus nous ressemblons à ces arbres qui portent leurs fruits en leur saison et dont le feuillage est toujours vert. Le Seigneur a le droit d'avoir toutes nos affections. Il ne veut pas de cœurs partagés.

Si nous sommes plantés dans la maison de l'Éternel, nous fleurirons dans les parvis de notre Dieu. Nous acquerrons l'intelligence des pensées et des voies de Dieu. Là aussi notre cœur sera rempli de louanges et d'adoration. Car nous sommes appelés à adorer non seulement le premier jour de la semaine — moment précieux et béni qui est une anticipation du ciel — mais sans cesse.

«Ils porteront des fruits encore dans la blanche vieillesse. Ils seront pleins de sève et verdoyants» (Psaumes 92:14). C'est aussi ce que nous trouvons en Ésaïe 40: «Les jeunes gens seront las et se fatigueront, et les jeunes hommes deviendront chancelants; mais ceux qui s'attendent à l'Éternel renouvelleront leur force» (verset 30). Ou sous la plume de l'apôtre Paul: «Notre homme extérieur dépérit, toutefois l'homme intérieur est renouvelé de jour en jour» (2 Corinthiens 4:16). L'homme intérieur, le nouvel homme en nous, se renouvelle lorsque nous habitons dans le sanctuaire.

Se confier en Dieu

La troisième chose, nous la trouvons en Jérémie 17. Après avoir déclaré: «Maudit l'homme qui se confie en l'homme», le prophète est amené à dire: «Béni l'homme qui se confie en l'Éternel… Il sera comme un arbre planté près des eaux; et il étendra ses racines vers le courant; et il ne s'apercevra pas quand la chaleur viendra, et sa feuille sera toujours verte» (versets 7, 8).

Pour nous confier véritablement en Dieu, il nous faut d'abord être conscients que nous sommes sans force, que nous ne pouvons rien par nous-mêmes. Où apprenons-nous que nous ne sommes rien? Dans la présence de Dieu et seulement là. Dès que nous sortons de cette présence, qu'est-ce qui se manifeste? La chair. Et la chair se croit toujours forte. Alors on veut entreprendre de servir Dieu avec la puissance de la chair; et c'est la ruine.

Au contraire, réaliser que nous sommes sans force nous amène à nous confier entièrement en Dieu. En fait, nous abandonner entièrement entre les bras de Dieu est beaucoup plus difficile que nous ne le pensons. Car nous avons toujours tendance à croire que nous pouvons faire quelque chose, alors que, par nous-mêmes, nous ne pouvons rien.

Il y a des problèmes de tous les côtés, des problèmes personnels, familiaux, d'assemblée. Réalisons que nous ne pouvons rien et que Dieu peut tout. Cette assurance, nous l'obtenons quand nous sommes près de lui. Notre cœur est assuré dans son amour et dans la puissance de son bras. C'est finalement l'expérience de Job. Il a pu déclarer au terme de son épreuve: «Maintenant mon œil t'a vu: C'est pourquoi j'ai horreur de moi, et je me repens dans la poussière et dans la cendre» (Job 42:5, 6). Il y a peu d'expressions plus fortes que «j'ai horreur de moi». Lorsque nous ne nous tenons pas vraiment dans la présence de Dieu, nous n'arrivons jamais à cette conclusion-là. Mais ce serait triste de s'arrêter là, ce ne serait que négatif. Il y a une seconde chose qui est liée à cela: «Je sais que tu peux tout, et qu'aucun dessein n'est trop difficile pour toi» (verset 2). Rien ne glorifie Dieu comme cette confiance entière, totale, sans réserve, de la part d'un racheté. Sur le mont Morija, quand Abraham a offert Isaac, il a montré que pour lui, Dieu était tout. À son fils qui lui demandait: «Où est l'agneau pour l'holocauste?» il a répondu: «Mon fils, Dieu se pourvoira de l'agneau pour l'holocauste» (Genèse 22). Voilà la confiance en Dieu, la foi qui l'honore.

Bienheureux l'homme qui se confie en Dieu! On fait des progrès en cela. On commence quand on est enfant, mais il faut grandir. C'est bien triste quand on reste toujours petit enfant — spirituellement parlant. Dans les choses matérielles, quand nous voyons un enfant qui ne se développe pas, nous nous inquiétons, nous faisons tout ce qui est possible pour assurer son développement. Et notre âme, notre développement spirituel, est-ce que nous nous en inquiétons autant? En sorte qu'au fur et à mesure que nous avançons dans le chemin dans la vie, Christ prenne toujours plus de place dans nos cœurs.