S'édifier, prier, se conserver, attendre

W.T.P. Wolston

Jude 20-25

Dans les derniers versets de son épître, Jude a clairement en vue les temps de la fin: ce qui s'offrira alors aux regards du Seigneur, et ce que les saints auront à traverser. Mais il montre que les ressources seront les mêmes jusqu'à la fin. L'état de choses décrit dans les versets précédents est ce que nous voyons pleinement accompli dans l'histoire et la condition actuelle de l'Église. Mais l'Esprit de Dieu nous donne une parole d'encouragement pour nous soutenir, alors que tout, au-dehors comme au-dedans, est propre à nous décourager.

C'est la fin, mais il y a des ressources qui répondent à cet état de choses, et qui sont suffisantes pour la joie des saints. La joie dans le Saint Esprit est l'état normal des croyants dans tous les temps.

«Mais vous, bien-aimés, vous édifiant vous-mêmes sur votre très sainte foi…». C'est évidemment sur la révélation de Dieu (l'objet de la foi chrétienne), que nous devons édifier. «Edifier», et non pas détruire! Le chrétien n'est pas un iconoclaste, un destructeur d'idoles, mais un bâtisseur. Il doit être un témoignage vivant de la vérité qu'il présente. L'Esprit de Dieu est la source permanente de la puissance, le croyant lui-même n'en ayant aucune. Ce que l'Esprit prescrit ici, l'édification, c'est aussi le but de toute son action dans l'assemblée (1 Corinthiens 14:3, 26). C'est d'autant plus encourageant que tout est ruine, égarement et corruption. Mais puisque la source est en celui qui demeure le même, ce privilège est conservé à ceux qui se réunissent en sa présence.

«priant par le Saint Esprit…». Nous devons être trouvés dans la dépendance. La joie dans l'Esprit résulte de ce que nous nous abandonnons sans réserve aux soins et à la direction de ce Consolateur de nos cœurs qui ne fait jamais défaut. C'est seulement ainsi que nous serons gardés jusqu'à la fin, marchant dans la communion et la consolation du Saint Esprit.

«conservez-vous dans l'amour de Dieu…». Comment persévérer dans l'amour? Nous avons ici la réponse. Etant vous-mêmes nés de Dieu, les objets de son amour, vous ne pouvez faire autrement que d'aimer. Si vous demeurez dans la jouissance de l'amour de Dieu, cet amour déborde malgré vous, sans effort de votre part. Un pommier ne «s'efforce» pas de donner des pommes! Ne vous efforcez pas d'être quelque chose. Demeurez seulement dans l'amour de Dieu, et vous serez semblables au Fils de Dieu, sans même le vouloir. L'atmosphère dans laquelle nous vivons laisse sur nous des traces, tout comme «l'huile précieuse, répandue sur la tête… d'Aaron, qui descendait sur le bord de ses vêtements», exhalait un parfum partout où il allait (cf. Psaumes 133). Si nous vivons habituellement près du Seigneur, nous emporterons avec nous quelque chose du parfum de sa présence. On finit toujours par ressembler à ce dont on est le plus occupé.

«attendant la miséricorde de notre Seigneur Jésus Christ.» Non pas précisément la venue du Seigneur, mais la miséricorde que celle-ci implique. Ceci est en rapport avec notre enlèvement de la scène de ce monde pour être introduits dans notre demeure céleste. Nous savons que nous y sommes attendus, que c'est notre maison. Dès maintenant, l'Esprit y conduit déjà nos cœurs. Plus nous avançons, plus nous avons le sentiment de l'accueil qui nous attend là-haut!

C'est là que Christ se trouve. L'apôtre Paul tendait toujours vers ce but, par le chemin de la résurrection d'entre les morts (Philippiens 3:10-12). Le désir le plus profond de nos cœurs sera réalisé lorsque nous atteindrons le but vers lequel le Seigneur nous porte. N'est-ce pas la plus grande grâce que le Seigneur puisse nous accorder? C'est sa miséricorde. En attendant, nous avons à le servir, et il faut qu'il soit manifesté en nous. Si nous devions être enlevés aujourd'hui, nous aurions bien lieu de nous écrier: «Merci, mon Dieu, c'est la plus grande grâce que j'aie jamais connue! Je suis retiré du monde pour toujours. Je suis avec le Seigneur, semblable à lui, et plus jamais je ne m'égarerai loin de lui et de sa ressemblance»! Que le Seigneur veuille, dans sa grâce, nous garder et encourager nos cœurs à persévérer dans cette attente.

Voyez de quelle manière admirable se termine l'épître. Nous avons ce cri de louange triomphal: «Or, à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez et de vous placer irréprochables devant sa gloire avec abondance de joie, — au seul Dieu, notre Sauveur, … gloire, majesté, force et pouvoir… maintenant, et pour tous les siècles! Amen» (versets 24, 25).

«Avec abondance de joie…» Non pas seulement la nôtre, mais celle de Christ, lorsqu'il se présentera cette Église qu'il aime et qu'il chérit depuis près de deux mille ans. Ce jour sera celui de la joie de son cœur.

Que le Seigneur nous donne la force de continuer à «édifier», à «conserver», à «prier par le Saint Esprit», puis à «attendre»! Cela remplit toute la vie d'un croyant, jusqu'au moment très proche où nous serons recueillis là-haut, dans la perfection sans nuage de sa présence.