Qui engendre les gouttes de la rosée?

B. Paquien (1999)

«Du milieu du tourbillon», Dieu pose à Job les questions: «La pluie a-t-elle un père?… Qui engendre les gouttes de la rosée?» (Job 38:28). Tout croyant sait bien que c'est Dieu qui produit la pluie et la rosée. Mais il est intéressant de ne pas en rester là et, en parcourant les Écritures, de voir ce qui distingue la pluie de la rosée, afin de rendre grâces à Dieu pour toutes les bénédictions qu'il nous accorde.

La pluie

La pluie tombe en plusieurs saisons. Celle de la «dernière saison», image de la venue du Messie au milieu de son peuple (cf. Osée 6:3), assure une récolte abondante. Éprouvé au creuset, libéré de son péché de rébellion, ayant reconnu en Christ son Messie, Israël deviendra l'objet de la bénédiction et de la grâce divines: «Je ferai tomber la pluie en son temps: ce seront des pluies de bénédiction» (Ézéchiel 34:26).

Mais la pluie peut évoquer aussi le jugement. Elle n'existait pas en Eden. «L'Éternel Dieu n'avait pas fait pleuvoir sur la terre… mais une vapeur montait de la terre et arrosait toute la surface du sol» (Genèse 2:5). Elle apparaît plus tard, lorsque le péché de l'homme est devenu insupportable. «L'Éternel vit que la méchanceté de l'homme était grande sur la terre… Et l'Éternel dit: J'exterminerai de dessus la face de la terre l'homme que j'ai créé» (Genèse 6:5, 7). Décidé d'en finir avec l'homme, Dieu envoie une pluie diluvienne pour exterminer l'humanité, sauf Noé, «homme juste» qui avait «trouvé grâce aux yeux de l'Éternel», et sa famille avec lui. «L'an six cent de la vie de Noé… la pluie fut sur la terre quarante jours et quarante nuits» (Genèse 7:11, 12).

Figure de jugement aussi, lorsqu'elle est envoyée à la demande du prophète Samuel (1 Samuel 12:18). Israël désire être gouverné par un roi, à la manière des nations païennes, et réclame ce roi à Samuel. Mais ce n'était pas la pensée de Dieu: «L'Éternel, votre Dieu, était votre roi» (verset 12). Samuel dit alors au peuple coupable: «Je crierai à l'Éternel, et il enverra des tonnerres et de la pluie; et vous… verrez que le mal que vous avez fait est grand aux yeux de l'Éternel, d'avoir demandé un roi pour vous». Et Samuel cria à l'Éternel, et l'Éternel envoya des tonnerres et de la pluie, ce jour-là» (versets 17, 18).

La rosée et la manne

La rosée, en revanche, est toujours signe de bénédiction.

Israël sort d'Égypte «à main forte et à bras étendu» (Deutéronome 5:15) et arrive à Élim, oasis bienfaisante «où il y avait douze fontaines d'eau et soixante-dix palmiers» (Exode 15:27). Un mois après le passage de la Mer Rouge, partant d'Élim vers le désert de Sin, dans la direction du pays promis, le peuple murmure «contre Moïse et contre Aaron», et donc contre Dieu: «Vous nous avez fait sortir dans ce désert pour faire mourir de faim toute cette congrégation» (Exode 16:3). Alors la surabondante grâce de Dieu, qui ne se laisse pas arrêter par ces murmures, offre la manne, précieuse nourriture du désert. «Au matin, il y eut une couche de rosée autour du camp; et la couche de rosée se leva, et voici sur la surface du désert quelque chose de menu, de grenu, quelque chose de menu comme la gelée blanche sur la terre… Et Moïse leur dit: C'est le pain que l'Éternel vous a donné à manger» (Exode 16:13-15). «Et quand la rosée descendait la nuit sur le camp, la manne descendait dessus» (Nombres 11:9). Sur ce camp particulièrement béni, la manne venait apporter la nourriture journalière, et manifestait ainsi par un signe tangible que l'Éternel prenait soin d'Israël. La bénédiction que le peuple ne voyait pas, puisqu'elle «descendait la nuit sur le camp» puis se levait au matin, faisait place à une grâce matérielle visible, qui fut au début appréciée comme «un gâteau au miel» (Exode 16:31). L'association entre la rosée et la manne prouvait la volonté de l'Éternel de bénir son peuple pendant la traversée du désert.

Transposons ces choses à notre temps. Avant que l'Assemblée entre dans la Canaan céleste, pays promis à tous ceux qui ont cru, Dieu veut nous bénir par le moyen de sa Parole. Notre nourriture aujourd'hui, c'est Christ, le «pain de vie» (Jean 6:48), que nous présente l'Esprit Saint. Qu'en faisons-nous? Avouons que nous lui préférons parfois les nourritures épicées de ce monde, et que nous apprécions d'autres friandises (un mot qu'il vaut la peine de chercher dans nos bibles) plutôt que Christ lui-même. Interrogeons-nous sur notre appréciation de la manne céleste qui nous est offerte pour la saine vigueur de nos âmes.

La rosée sur la terre et sur la toison

Gédéon, désigné par l'Éternel comme juge pour délivrer Israël, a besoin d'un signe apparent pour être certain que Dieu lui a bien confié cette mission. Sa foi, comme souvent la nôtre, est plutôt vacillante: «Gédéon dit à Dieu: Si tu veux sauver Israël par ma main, comme tu l'as dit, voici je mets une toison de laine dans l'aire: si la rosée est sur la toison seule, et que la sécheresse soit sur toute la terre, alors je connaîtrai que tu sauveras Israël par ma main, comme tu l'as dit. Et il arriva ainsi». Mais Gédéon ne se satisfait qu'en partie de cette réponse pourtant bien évidente. Il désire une confirmation de ce signe. «Et Gédéon dit à Dieu: Que ta colère ne s'embrase pas contre moi… je te prie qu'il n'y ait de la sécheresse que sur la toison, et que sur toute la terre il y ait de la rosée. Et Dieu fit ainsi cette nuit-là» (Juges 6:36-40).

Ce signe a certainement donné à Gédéon le courage «d'aller avec la force qu'il avait» jusqu'à la ligne de bataille, pour constater là qu'avec des moyens apparemment dérisoires, Dieu pouvait se glorifier.

La Parole ne nous donne pas d'interprétation du signe demandé par Gédéon à l'Éternel. Mais dans cette toison, il est aisé de reconnaître Israël. Peuple choisi par l'Éternel dans sa souveraineté, mis à part au milieu des autres nations, peuple aimé, protégé, guidé, Israël est l'objet immuable de la grâce de Dieu. Mais comme ce peuple s'est détourné de l'Éternel, il est tombé sous le jugement de Dieu et la bénédiction s'étendra aux nations. Que d'épreuves pour Israël depuis la déportation à Babylone jusqu'aux temps de la grande tribulation, à cause de son incrédulité!

Toutefois, cette toison, qui nous parle d'un agneau mis à mort, peut bien être aussi la figure symbolique de Christ lui-même, celui dont le prophète nous dit qu'il «a été comme une brebis muette devant ceux qui la tondent» (Ésaïe 53). L'homme pécheur, et la terre tout entière placée sous la malédiction, ne pouvaient connaître que la sécheresse. La bénédiction de Dieu demeurait sur Christ seul, «le Fils de son amour», le fils de ses délices. Puis, le moment est venu où la sécheresse, image du jugement divin contre le péché, s'est abattue sur Christ. À cause de cela, tout homme, la terre tout entière, peut connaître la grâce, le salut et la bénédiction. «La grâce de Dieu qui apporte le salut est apparue à tous les hommes» (Tite 2:11), parce que Christ a accepté d'être «fait péché pour nous». Les croyants sont devenus les objets de la constante miséricorde divine.

La bénédiction d'Israël

Les prophéties évoquent un temps de tribulation finale pour Israël. Ce temps bien déterminé, une semaine d'année, conséquence de son mépris de Dieu, sera suivi du millénium, période de paix et de bénédictions terrestres où Israël, centre des affections divines et centre des nations, sera lui-même le moyen de bénédiction de toute la terre: «Le résidu de Jacob sera, au milieu de beaucoup de peuples, comme une rosée de la part de l'Éternel» (Michée 5:7).

Des indications claires nous sont données à propos de la bénédiction millénaire, bien plus que pour caractériser le séjour céleste des saints. Pourquoi? Tout simplement parce que décrire les bénédictions terrestres est possible avec les mots qui nous sont accessibles. Mais qui connaît le langage qui sera employé dans le ciel en présence de la gloire de Christ? Déjà lorsque l'apôtre Paul «a été ravi dans le paradis», il «a entendu des paroles ineffables qu'il n'est pas permis à l'homme d'exprimer» (2 Corinthiens 12:4). Personne ne peut comprendre et décrire quoi que ce soit à propos du bonheur éternel des saints avec Christ dans le paradis.

Pour Israël, la bénédiction terrestre à venir est révélée en grande partie. Elle est de trois ordres: matérielle, morale, spirituelle.

Dans l'ordre matériel, «la semence prospérera, la vigne donnera son fruit, et la terre donnera ses produits, et les cieux donneront leur rosée» (Zacharie 8:12). «Le loup habitera avec l'agneau, et le léopard couchera avec le chevreau… Le nourrisson s'ébattra sur le trou de l'aspic» (Ésaïe 11:6-8). «Le désert et la terre aride se réjouiront; le lieu stérile sera dans l'allégresse, et fleurira comme la rose» (Ésaïe 35:1). «Le jeune homme mourra âgé de cent ans» (Ésaïe 65:20).

Moralement, le mal et le péché seront ôtés: «On ne fera pas de tort» (Ésaïe 65:25), «tous ceux qui veillent pour l'iniquité seront retranchés», «l'homme violent ne sera plus, et le moqueur aura pris fin» (Ésaïe 29:20). La peine et les larmes seront finies: «Le Seigneur, l'Éternel, essuiera les larmes de dessus tout visage» (Ésaïe 25:8).

Spirituellement, l'homme se tournera vers Dieu. «En ce jour-là, l'homme regardera vers celui qui l'a fait, et ses yeux verront le Saint d'Israël» (Ésaïe 17:7). «La terre sera pleine de la connaissance de l'Éternel, comme les eaux couvrent le fond de la mer» (Ésaïe 11:9).

Les bénédictions pour l'Assemblée

Éphésiens 1:3 nous indique ce qu'est la rosée pour le chrétien: «Béni soit le Dieu et Père de notre Seigneur Jésus Christ, qui nous a bénis de toute bénédiction spirituelle dans les lieux célestes en Christ».

Cette part du chrétien, être céleste, n'est pas une bénédiction terrestre comme pour Israël, mais spirituelle. L'endroit où elle se répand, ce sont «les lieux célestes en Christ». C'est une bénédiction acquise, déjà réalisée (là encore à l'inverse d'Israël): «Dieu… nous a bénis». C'est une chose accomplie, et qui se prolonge hors du temps, parce que Dieu «nous a fait asseoir (c'est fait) ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus, afin qu'il montrât dans les siècles à venir (c'est-à-dire éternellement) les immenses richesses de sa grâce» (Éphésiens 2:6, 7).

Ces bénédictions sont inconditionnelles. Pour Israël, il y avait Ébal et Garizim (Deutéronome 11:29). «Si vous marchez dans mes statuts, et si vous gardez mes commandements et les pratiquez» (Lévitique 26:3), alors la bénédiction sera sur vous, «mais si vous ne m'écoutez pas, et si vous ne pratiquez pas tous ces commandements, et si vous méprisez mes statuts, et si votre âme a en horreur mes ordonnances» (26:14, 15), alors ce sera la malédiction.

Dans la dispensation de la grâce, ces bénédictions sont inconditionnelles. Elles ne dépendent pas de nous, de nos œuvres, de notre obéissance: «cela ne vient pas de vous, c'est le don de Dieu» (Éphésiens 2:8). Quand «nous étions morts dans nos fautes» — et un mort ne peut rien faire pour lui-même — Dieu nous a «sauvés», «vivifiés», «fait asseoir ensemble dans les lieux célestes dans le Christ Jésus» (2:5, 6). Tout vient du dessein éternel de Dieu, de l'amour insondable et de l'œuvre parfaite de son Fils bien-aimé.

Enfin, cette bénédiction surabondante («toute bénédiction») est «en Christ». Que pouvons-nous avoir de plus beau, de plus grand, que Christ, notre Seigneur, notre Sauveur?

Enrichis de telles bénédictions, puissions-nous vraiment être constamment «à la louange de la gloire de sa grâce» (Éphésiens 1:6)!