Il fait venir un vent de tempête

E.A. Bremicker

Psaume 107:23-32

La vie du croyant n'est pas une promenade tranquille. Dieu ne nous a pas promis une vie sans difficultés ni épreuves.

L'auteur du Psaume 107 évoque cela. En parlant de «ceux qui descendent sur la mer,… qui font leur travail sur les grandes eaux», il montre ce que Dieu juge bon de leur envoyer parfois: «Il a commandé, et a fait venir un vent de tempête, qui souleva ses flots» (verset 25). Pour nous aussi, cela peut arriver. Un vent de tempête souffle contre nous, de sorte que nous avons bien de la peine à avancer. Les circonstances de la vie, comme des vagues menaçantes, semblent vouloir nous engloutir. Dieu permet de telles choses dans nos vies. Mais non seulement cela. Parfois, il agit directement pour nous faire passer par de telles situations. Cela peut toucher tous les domaines de notre existence — notre vie personnelle, familiale, professionnelle, comme aussi notre vie d'assemblée.

Pourquoi Dieu nous envoie-t-il de telles tempêtes? Au moyen de deux exemples, nous allons voir deux motifs très différents qui peuvent amener Dieu à commander un vent de tempête et de grandes vagues.

Premier motif: Un mauvais comportement

Souvenons-nous de l'histoire du prophète Jonas. Au début du livre, Dieu lui donne une mission claire et directe. Il doit aller à Ninive et adresser à ses habitants un message de la part de Dieu. Cependant Jonas ne veut pas exécuter la mission reçue. Il a une tout autre pensée, et il se lève pour fuir la face de l'Éternel. Nous connaissons le récit. Il «descend» trois fois, et finalement nous le trouvons couché au fond d'un navire, dormant tranquillement.

Mais Dieu n'a pas perdu de vue son serviteur. Jonas doit apprendre qu'il est impossible de sortir du champ de vision de celui qui l'a envoyé. En outre, Dieu veut ramener Jonas pour qu'il accomplisse tout de même sa mission envers Ninive. C'est pour cela qu'il agit. «Et l'Éternel envoya un grand vent sur la mer; et il y eut une grande tempête sur la mer, de sorte que le navire semblait vouloir se briser» (Jonas 1:4).

La tempête était donc une conséquence de la désobéissance de Jonas. Dieu la «commande» pour ramener son serviteur de son chemin d'égarement. C'était un «grand» vent et une «grande» tempête. Dieu voulait montrer clairement à Jonas qu'il se trouvait sur un mauvais chemin et qu'il était indispensable qu'il fasse demi-tour et revienne.

Ne ressemblons-nous pas souvent à cet homme de Dieu des temps anciens? Peut-être ne recevons-nous pas des missions aussi en vue que celle de Jonas. Peut-être n'essayons-nous pas non plus de fuir aussi directement notre Seigneur, mais le principe est le même. Dieu doit intervenir dans notre vie, il doit faire venir un vent de tempête, parce que nous ne nous comportons pas comme nous le devrions, parce que nous nous engageons dans des chemins qui sont contraires à ses pensées. Dieu nous laisse parfois avancer un moment, mais ensuite il nous arrête. Et c'est toujours avec sagesse qu'il le fait.

C'est dans tous les domaines de notre vie, personnelle ou collective, que nous sommes exposés à nous engager dans de mauvais chemins. Ils vont souvent de pair avec la désobéissance. Consciemment ou non, nous nous rebellons contre la volonté ou les pensées de Dieu. Le temps dans lequel nous vivons ressemble à celui des Juges, où «chacun faisait ce qui était bon à ses yeux» (21:25). Le monde actuel agit ouvertement selon ce principe et le danger est grand que nous nous laissions contaminer par lui.

Beaucoup de principes de la parole de Dieu qui étaient encore officiellement reconnus dans le monde il y a quelques années, sont aujourd'hui considérés comme étant sans valeur. Il en est ainsi, par exemple, en ce qui concerne le mariage et la famille. Quand nous laissons entrer les principes de ce monde dans notre vie, dans nos familles et même dans le rassemblement local, il ne faut pas nous étonner qu'il nous envoie un vent de tempête, que des exercices et des épreuves surgissent. C'est un moyen qu'il utilise pour nous ramener à lui.

Mais comment Jonas réagit-il à la discipline de Dieu? Tout d'abord, il ne remarque absolument pas sa main. Il s'est livré au repos et est tombé dans un profond sommeil. C'est seulement quand il est réveillé par le maître des rameurs qu'il reconnaît que la main de Dieu est là. Nous voyons là notre image. Combien de peine avons-nous souvent — et que de temps perdu parfois! — jusqu'à ce que nous prenions conscience que le Seigneur est en train d'intervenir dans notre vie, pour nous amener à réfléchir et nous faire revenir en arrière!

Deuxième motif: L'épreuve de la foi

Le deuxième exemple met en évidence quelque chose de tout différent. Nous pensons à l'épisode rapporté dans les Évangiles, où les disciples traversent la tempête sur le lac de Génésareth. Ce récit nous est bien connu. Les disciples sont là où le Seigneur les veut. Il leur a donné l'ordre de se rendre seuls sur la rive opposée. Ils auraient sans doute volontiers pris le Seigneur avec eux, mais ils ont obéi et ont fait exactement ce qui leur a été ordonné. Et pourtant, pendant cette nuit, une grande tempête se lève sur le lac. Quelques-uns des disciples étaient des marins expérimentés, qui n'étaient certainement pas vite effrayés. Mais cette nuit-là, ils ont vraiment peur.

Nous nous demandons: Comment est-il possible que le Seigneur nous mette dans les difficultés bien que nous nous trouvions dans le chemin qu'il nous a montré? Nous voyons qu'un comportement juste n'est pas une garantie que tout aille sans difficultés et qu'aucune tempête ne se lève. C'est quand Abraham se trouvait au sommet de la vie de la foi que Dieu lui a demandé de lui offrir en sacrifice son fils unique et bien-aimé. Dieu envoie parfois des détresses pour éprouver notre foi. Il en a été ainsi d'Abraham et il en a été ainsi des disciples.

L'apôtre Pierre, qui lui-même a vécu cet épisode sur le lac de Génésareth, parle de cette sorte d'épreuves. Il écrit: «En quoi vous vous réjouissez, tout en étant affligés maintenant pour un peu de temps par diverses tentations, si cela est nécessaire, afin que l'épreuve de votre foi, bien plus précieuse que celle de l'or qui périt et qui toutefois est éprouvé par le feu, soit trouvée tourner à louange, et à gloire, et à honneur, dans la révélation de Jésus Christ» (1 Pierre 1:6, 7). Dieu éprouve notre foi, et il ne le fait pas sans raison. Son but est que notre Seigneur soit glorifié par cette épreuve. Si nous en sommes conscients, nous pouvons comprendre un peu ce verset difficile de l'épître de Jacques: «Estimez-le comme une parfaite joie, mes frères, quand vous serez en butte à diverses tentations» (1:2). Les tentations sont ici les épreuves que Dieu dispense. Il envoie un vent de tempête dans notre vie, afin qu'il en résulte quelque chose pour lui-même. Combien Dieu a été glorifié par le comportement d'Abraham! En même temps, ce dernier a reflété dans son acte quelque chose de ce que Dieu lui-même a fait quand il a livré son Fils unique à la mort de la croix.

Le Seigneur avait-il perdu de vue les disciples lorsqu'ils luttaient contre le vent et les vagues? Certainement pas. Eux ne le voyaient pas, mais lui les voyait. Et même, quand il intervient au moment approprié, ils ne le reconnaissent pas. Combien de fois il nous arrive de ne plus voir notre Seigneur, et de ne pas le reconnaître au milieu des éléments déchaînés! Mais cela ne change rien au fait que le Seigneur, lui, nous voit toujours et qu'il interviendra au moment qu'il sait opportun.

La recherche des motifs

Dans différentes circonstances de notre vie, nous nous demandons pourquoi Dieu nous envoie telle épreuve et pourquoi tout ne se passe pas sans difficultés. Pourquoi une maladie, pourquoi des problèmes au travail, pourquoi des soucis dans l'assemblée? Les motifs peuvent être très différents, comme nous venons de le voir. Nous nous trouvons peut-être dans un mauvais chemin, et alors c'est le moment de nous arrêter et de laisser Dieu nous corriger et nous ramener. En ce qui nous concerne personnellement, nous devrions nous examiner de manière très critique à la lumière de la parole de Dieu et dans la prière, pour voir s'il y a peut-être en nous «une voie de chagrin», si nous nous sommes égarés à droite ou à gauche du bon chemin.

Malheureusement, c'est le propre de la nature humaine de juger les autres d'un œil plus critique que soi-même. Un avertissement à ce sujet est peut-être opportun. Si Dieu envoie une épreuve à un frère ou une sœur, nous devrions être extrêmement réservés et ne pas conclure hâtivement que Dieu agit à cause d'une faute ou d'un mauvais chemin. Au contraire, il nous convient de supposer plutôt qu'il s'agit d'une épreuve de foi. Il ne nous appartient pas de juger les autres à cet égard. Nous devons nous juger nous-mêmes, ainsi que nos motifs, mais pas nos frères et sœurs et leurs motifs. Il peut y avoir des cas qui semblent très clairs, mais même là, une très grande prudence est de rigueur.

Il transforme la tempête en calme

«Dieu est fidèle, qui ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de ce que vous pouvez supporter, mais avec la tentation il fera aussi l'issue, afin que vous puissiez la supporter» (1 Corinthiens 10:13). Quand Dieu envoie une tempête, il sait aussi avec quelle force le vent doit souffler et à quelle hauteur les vagues doivent s'élever. Tout est en sa main, aussi bien l'intensité de l'épreuve que sa durée. Il envoie une tempête, mais il a soin d'envoyer aussi le calme après la tempête. L'auteur du Psaume 107, sous la direction de l'Esprit, exprime cela ainsi: «Il les a fait sortir de leurs angoisses; il arrête la tempête, la changeant en calme, et les flots se taisent; et ils se réjouissent de ce que les eaux sont apaisées, et il les conduit au port qu'ils désiraient» (versets 28-30). Heureuse expérience! Au moment qu'il juge bon, Dieu amène l'issue.

«Il les conduit au port qu'ils désiraient.» Une chose est certaine: nous avons un pilote qui nous conduit sûrement jusqu'à ce que nous arrivions au port désiré. Au but, il n'y aura plus de tempêtes, plus de vents contraires pour nous souffleter. Nous pouvons nous réjouir de ce moment, et prendre courage au milieu des angoisses et des difficultés de cette terre. Regardons à notre Seigneur. Lui ne nous quitte jamais des yeux.