Samson et le secret de sa force

John Nelson Darby

Juges 16:6-25

Il y a un secret de notre communion avec Dieu; c'est la sainteté, une véritable séparation de nos âmes pour lui, et cette séparation suppose la mortification de la chair. De plus, si nous désirons rendre témoignage à la puissance de Dieu au milieu du mal, il nous faut nécessairement être en relation immédiate avec ce Dieu auquel nous rendons témoignage…

Samson vivait au temps où Israël était sous le joug des Philistins; c'était le temps de la puissance de l'ennemi. Samson était nazaréen, séparé pour Dieu; il ne buvait pas de vin et laissait croître sa chevelure, témoignant ainsi qu'il n'avait pas de communion avec les joies de ce monde. Sa force était continuelle; et de temps en temps, l'Esprit agissait particulièrement par son moyen contre les ennemis. Sa vie n'était pas une vie de paix, mais de combat.

Nous aussi, nous avons à revêtir les armes de Dieu pour vaincre au mauvais jour, et à être séparés pour Dieu. Il y a des moments où le chrétien marche en paix comme ayant domination sur l'ennemi; il y en a d'autres où le combat est ardent et où il s'agit de remporter la victoire.

Aussi longtemps que Samson garde le signe de sa séparation, sa force, la force de Dieu, ne l'abandonne pas. Il avait une force habituelle. Il en est de même pour nous: l'âme vraiment séparée possède une force qui semble lui appartenir en propre et qui ne se manifeste pas toujours de la même manière…

Le nazaréat constant donnait la force à Samson, et quand l'occasion s'en présentait, les choses qui demandaient cette force s'accomplissaient sans peine. Elles ne se faisaient pas par un effort extraordinaire du moment, mais par une force habituelle qui, à l'occasion, se manifestait sans difficulté.

Mais la volonté de Samson n'était pas brisée; on le voit dans toute sa vie. Cela ne lui a pas fait perdre sa force au premier moment; chez lui, le secret de la communion n'était pas complètement perdu, et Dieu pouvait encore lui donner la force et la victoire. Mais voilà qu'il entre en relation avec une source de péché. Delila a prise sur son cœur; il lui résiste longtemps, et ment pour lui échapper; il évite ainsi les conséquences actuelles du péché, au lieu de se tenir complètement en dehors du mal. Sa force n'était pas encore perdue, mais il était déjà en relation avec le péché, et il perd peu à peu le secret de la communion avec Dieu. Quand Delila a découvert le secret, elle se tourne contre Samson. Si Satan réussit à nous séparer de la communion avec Dieu, toute notre force est perdue.

Samson avait pris l'habitude de constater sa force; il pensait qu'elle serait toujours là et ne soupçonnait pas que Dieu s'était retiré de lui. Quand il était en communion avec Dieu, il n'avait pas cette fausse sécurité; il ne pensait pas à lui-même et agissait selon le besoin. Tout est perdu si nous perdons la dépendance habituelle de Dieu. C'est parce que Samson avait tout perdu qu'il se donnait l'illusion que sa force lui appartenait en propre. La conséquence en est qu'il tombe dans l'esclavage des Philistins.

Il y a ainsi progrès dans le mal; son affection passe à quelque objet autre que Dieu, puis la communion avec Dieu est perdue; la dépendance immédiate de lui est rompue, et la force manque au moment même où elle est nécessaire. Une longue pratique de la bénédiction devient même une occasion de nous faire perdre cette dépendance, et de nous entretenir dans l'illusion qu'il y a quelque force en nous. Samson avait déjà perdu sa chevelure, et il se croyait encore fort. On en arrive à oublier même le besoin de communion et, précisément quand la force manque, on ne sent pas qu'elle nous a quittés.

C'est là un avertissement solennel. Gardons-nous de tout ce qui peut nous éloigner tant soit peu de Dieu. Satan ne manquera pas de se vanter de la déchéance d'un chrétien: «Dagon a livré notre ennemi dans nos mains!» C'était un mensonge, mais cela avait l'apparence d'une vérité. Le fait est que Dieu avait abandonné Samson. Il demeure aveugle.

Gardons le sentiment de notre dépendance. Dieu agit par l'homme; il prépare le vase pour y mettre le don, mais si nous avons la pensée que c'est l'homme et non pas Dieu qui agit, tout est perdu. En théorie, c'est facile à comprendre, mais il faut le sentir à tout moment. S'il y avait parmi nous plus de vraie dépendance de Dieu, Dieu se manifesterait beaucoup plus et répondrait plus souvent à la foi.

En un mot, les deux choses qui font notre force sont une séparation entière pour Dieu et la dépendance immédiate de sa puissance et de sa fidélité.