J'ai oint mon roi sur Sion (1 Samuel 16:1-13; Luc 3:21, 22)

D'après une réunion d'étude

Deux rois — deux hommes

Le premier livre de Samuel peut être envisagé comme un résumé de la Bible tout entière. Celle-ci contient l'histoire de deux hommes: le premier Adam et le dernier Adam, l'un et l'autre chefs de race, selon Romains 5:12-21. L'Ancien Testament met en scène le premier homme et sa faillite, démontrée dans celle d'Israël. Cette expérience faite, le Nouveau Testament introduit le second homme, apparu dans la personne du Seigneur Jésus, et l'histoire de ceux qui ont reçu sa vie, la vie nouvelle, la vie divine.

Nous avons le même plan dans le livre de Samuel. On y trouve deux rois: le premier, Saül, dont l'histoire s'achève moralement au chapitre 15, après une double faillite; puis le second, David, le roi selon le cœur de Dieu. Les quinze premiers chapitres du livre nous parlent de l'apparition puis de la disqualification de Saül, l'homme demandé par le peuple. Saül est un roi qui a belle prestance, et qui commence bien son histoire. Il est animé de sentiments naturels appréciables. Mais sa vie présente un contraste complet avec celle de David.

Comme le premier Adam, Saül est mis à l'épreuve sur le plan de l'obéissance à Dieu. Et il a manqué, tout comme Adam a failli sur ce qui peut nous paraître peu important — manger d'un fruit que Dieu leur avait défendu. On pourrait trouver la punition d'Adam bien sévère: toute sa race entraînée dans le malheur, à cause d'une seule faute. Mais c'était un test que Dieu a voulu faire, alors que l'homme était placé dans les meilleures conditions possibles. Et la parole de Dieu déclare par la bouche du Seigneur lui-même que «celui qui est injuste dans ce qui est très petit, est injuste aussi dans ce qui est grand» (Luc 16:10).

Saül est donc à son tour mis à l'épreuve sur le plan de l'obéissance à Dieu, et cela à deux reprises. Au chapitre 13, Samuel lui avait demandé de l'attendre, et Saül n'a pas attendu. Il s'en est fallu de peu, peut-être d'un quart d'heure, mais cela a suffi pour le disqualifier. Samuel lui annonce: «l'Éternel s'est cherché un homme selon son cœur» (1 Samuel 13:14).

Au chapitre 15, nouvelle expérience, nouveau désastre. Il s'agit de la destruction d'Amalek, ordonnée par Dieu lui-même. Saül épargne les troupeaux sous prétexte de vouloir offrir des holocaustes. L'intention religieuse était là, le motif pouvait paraître valable, mais en fait c'était une désobéissance. Alors Samuel tire le bilan de ce règne: «Parce que tu as rejeté la parole de l'Éternel, il t'a aussi rejeté comme roi» (15:23). Saül conservera son trône jusqu'au bout du livre, mais sa fin morale est là, dès le chapitre 15. L'expérience est faite. Les chapitres qui suivent nous font voir comment Saül s'oppose à David de manière implacable et prend de plus en plus le caractère d'ennemi, de méchant.

Une histoire instructive à double titre

Considérons maintenant la scène qui ouvre le chapitre 16, l'introduction de l'histoire de David. La parole de Dieu se plaît à raconter sa vie dans les détails. David a passé par toutes sortes d'épreuves, de crises, de détresses. Et les psaumes nous révèlent ce qui se passait dans son âme, en chacune de ces occasions.

En David, nous avons une vie complète. Son histoire est instructive pour nous à double titre.

D'une part, nous avons en lui un homme de Dieu et un objet de la grâce de Dieu. David est quelqu'un qui a particulièrement compris ce qu'était la grâce parce qu'il en a eu besoin, quelqu'un qui, malgré une défaillance terrible, a vraiment honoré Dieu. C'est sa communion avec son Dieu qui nous le rend si attachant. Son histoire nous enseigne donc la vie de la foi. Derrière tout cela, ce ne sont pas tant les angoisses, les tribulations, les souffrances de David qui ressortent, mais la grâce de Dieu. Elle brille d'une manière éclatante. Derrière la vie de David nous avons Dieu lui-même et toute sa grâce. En lisant ces chapitres, nous apprenons à nous connaître, parce que notre cœur est le même que celui de David, nos besoins sont identiques. Nous apprenons de ce fait à connaître les ressources divines, nous apprenons à connaître toujours mieux cette grâce qui s'occupe de nous, comme elle s'est occupée de David pour le soutenir, le délivrer, et le relever.

D'autre part, David est un type du Seigneur Jésus. À plusieurs reprises, il nous montre ce qui a pleinement caractérisé Christ dans sa vie: la confiance, la dépendance et la consécration à son Dieu. Ainsi cette histoire de David est doublement attachante, soit qu'elle illustre la vie de la foi, soit qu'elle nous présente le bien-aimé de Dieu, notre Seigneur Jésus Christ.

Jusqu'à quand mèneras-tu deuil?

Dans ce chapitre 16, David apparaît en contraste avec Saül. Ce dernier représente l'homme naturel, le roi selon le cœur de l'homme. Saül a été choisi parce qu'il répondait exactement aux désirs des hommes. Il personnifie la chair, avec toutes ses prétentions et ses facultés, ses qualités et ses défauts, son énergie naturelle, bref l'homme tel qu'il est avant l'intervention de Dieu. Cet homme, Dieu ne le change pas, il le met de côté par la croix de Christ. «Notre vieil homme a été crucifié avec lui» (Romains 6:6).

«Jusques à quand mèneras-tu deuil sur Saül, vu que moi aussi je l'ai rejeté…» (verset 1). Cette invitation pour Samuel est aussi pour chacun de nous. Il nous faut cesser de mener deuil sur l'homme. L'épreuve est terminée. Elle s'est achevée à la croix. «Finissez-en avec l'homme dont le souffle est dans ses narines» (Ésaïe 2:22). Quand serons-nous d'accord avec les déclarations de l'Écriture développées dans l'épître aux Romains? Jusques à quand serons-nous déçus de nous-mêmes, comme Samuel était déçu de Saül à cause de toutes les promesses qu'il n'avait pas tenues?

Samuel s'était donc attaché à Saül. Il s'affligeait parce que l'Éternel avait rejeté quelqu'un qui avait tant de bonnes dispositions, qui avait une si belle apparence, une si belle position extérieure.

Combien se lamentent encore et s'efforcent de chercher du bien en eux-mêmes! Ils se rendent compte qu'ils n'ont jamais la victoire, mais ne parviennent pas à accepter la condamnation que Dieu a portée sur l'homme dans la chair. Ils mènent deuil sur lui. Or Dieu a choisi un autre homme.

Si quelqu'un lutte encore pour améliorer cette vieille nature, s'il se dépense en efforts inutiles pour se rendre agréable à Dieu, c'est une âme qui n'est pas encore affranchie. Il faut en avoir fini avec soi-même et regarder à Jésus. Si on est rempli de Jésus, on peut dire comme l'apôtre: «je ne vis plus moi, mais Christ vit en moi» (Galates 2:20). Là est la vraie liberté, là est la force.

Le cœur est satisfait, délivré, heureux. «La joie de l'Éternel est votre force» (Néhémie 8:10).

Le prophète est invité, plutôt que de se lamenter, à remplir sa corne d'huile et à se rendre à Bethléhem. Dieu a trouvé là un roi pour lui. Samuel obéit et l'Éternel s'apprête à lui révéler le bien-aimé, le roi selon son cœur. C'est David, figure de Christ, celui qui a été oint au milieu de ses frères (Psaumes 45:7).

Un christianisme sans Christ?

Lors de cette visite de Samuel, David est d'abord absent. Voilà une famille qui vit une grande circonstance et celui qui est le personnage le plus important est ignoré. On fait comme si David n'existait pas. On ne l'a pas chassé, on l'ignore, on le laisse de côté. C'est l'image d'un christianisme sans Christ. Voilà la religion de ce monde. Mais ce qui n'a pas d'importance pour les hommes en a une grande pour Dieu. Quel cas faisons-nous de Jésus? S'il remplit mon cœur, il doit aussi remplir ma vie.

Le Seigneur rectifie notre vision

Alors vont défiler les sept fils d'Isaï. Mais Samuel, pourtant prophète et homme de Dieu, a encore besoin d'apprendre! Lorsque Éliab se présente, Samuel se trompe de nouveau, même après la triste expérience faite avec Saül. Il faut que Dieu, patiemment, enseigne le prophète et lui fasse connaître ses principes. Ils sont en complète opposition avec ceux de l'homme: «Ne regarde pas son apparence, ni la hauteur de sa taille… car l'Éternel ne regarde pas ce à quoi l'homme regarde, car l'homme regarde à l'apparence extérieure, et l'Éternel regarde au cœur» (verset 7). Souvent le Seigneur a besoin de rectifier notre vision. Nous en avons un exemple dans le psaume 73 où Asaph commence par être troublé et déconcerté par ce qu'il voit. Il constatait que le méchant prospérait tandis que, pour lui qui était juste, son châtiment revenait chaque matin. Mais quand il est entré dans le sanctuaire de Dieu, il a compris (Psaumes 73:17).

«Mes pensées ne sont pas vos pensées», dit l'Éternel, «et vos voies ne sont pas mes voies» (Ésaïe 55:8). Cette différence entre les pensées de l'homme et celles de Dieu apparaît, frappante, dans la première épître aux Corinthiens. Le chapitre 1 nous montre le contraste entre la sagesse de Dieu et la sagesse des hommes, un contraste aussi grand qu'entre les ténèbres et la lumière, un contraste absolu. Ce n'est pas une question de nuance. Il y a d'un côté la lumière, de l'autre les ténèbres, d'un côté la sagesse, de l'autre la folie.

Notre cœur est-il pour Jésus?

«L'Éternel ne regarde pas ce à quoi l'homme regarde». L'extérieur suffit à l'homme. Pourvu qu'on paraisse, c'est bon. Mais ces efforts pour paraître ce qu'on n'est pas, c'est justement ce que le Seigneur reprochait aux pharisiens. C'est pourquoi les hommes religieux de cette époque, se sentant vus dans leur nudité morale, haïssaient le Seigneur. C'était vraiment intenable pour eux, il fallait le faire mourir…

On peut avoir de belles qualités: le jeune homme riche aussi en avait, il était aimable parce qu'il avait conservé certaines des qualités que Dieu avait données à sa créature. Le Seigneur a su reconnaître ce qu'il y avait d'aimable en lui; il nous est dit qu'il l'aima. Mais qu'en était-il de l'amour du jeune homme pour lui? Lorsque Jésus a envoyé la sonde jusqu'au fond de ce cœur, il a été manifeste qu'il n'était pas pour Jésus. Les biens que possédait ce jeune homme avaient pour lui plus de valeur que Jésus. Et il s'en est allé tout triste.

«L'Éternel regarde au cœur.» Voilà donc le défilé des fils d'Isaï, avant que David ne paraisse. Les générations ont défilé, l'homme a été mis à l'épreuve sans la loi, sous la loi, dans toutes les conditions possibles. Il a fallu que l'expérience soit complète. Tous les frères de David ont été testés l'un après l'autre, et chaque fois le verdict tombait: «l'Éternel n'a pas non plus choisi celui-ci.»

L'apparition de David

Finalement Samuel interroge Isaï: «Sont-ce là tous les jeunes gens?» (verset 11). C'était la bonne question. Et il a fallu qu'il la pose pour qu'enfin on se souvienne qu'il y avait encore un fils. Isaï répond: «Il reste encore le plus jeune, et voici, il paît le menu bétail». Alors ce que l'Éternel vient d'enseigner à Samuel se réalise! Celui qu'on avait méprisé, celui qu'on avait négligé, le grand absent, c'est lui que Dieu a choisi. L'homme et son appréciation avaient jugé qu'il ne valait pas la peine d'amener ce jeune David, et pourtant c'est lui qui avait de l'importance pour Dieu. «Et moi, j'ai oint mon roi sur Sion», dira l'Éternel au psaume 2, au sujet de celui que David préfigure. Pour l'homme, Jésus n'est rien; pour Dieu, il est tout.

Si David avait été présent dès le début, l'épreuve de l'homme n'aurait pas été faite. Il n'y aurait pas eu ce contraste éclatant entre l'appréciation de l'homme et celle de Dieu. Lorsque David s'approche de ses frères pour s'enquérir d'eux et leur apporter de la nourriture, Éliab accuse durement David d'être orgueilleux. Comme il le connaissait mal! Il lui reproche sa négligence d'avoir abandonné «ce peu de brebis» dont il avait la charge (17:20). En fait David ne les avait pas abandonnées, il les avait confiées à un gardien. De plus, en les délivrant d'un lion et d'un ours, il s'était vraiment révélé comme étant un bon berger. Le cœur de l'homme est très dur pour Jésus. Nos cœurs ne sont-ils pas durs, parfois, pour Jésus? Oui, souvent, chaque fois que nous oublions son amour.

Certes, si David n'est pas venu plus tôt, c'était à cause de la dureté de sa famille. Mais Dieu en avait décidé ainsi pour que son élu paraisse au moment voulu, à la confusion de toute la famille. «Celui qui s'abaisse sera élevé» (Luc 14:11).

Un plus grand que David

David apparaît sur la scène. Dieu connaît ce jeune berger insignifiant aux yeux des siens; Samuel ne le connaissait pas. De même, Jean le baptiseur pourra dire en parlant du Seigneur Jésus: «Pour moi je ne le connaissais pas; mais celui qui m'a envoyé baptiser d'eau, celui-là m'a dit: Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre, et demeurer sur lui, c'est celui-là» (Jean 1:34). C'est la même expression dans notre chapitre: «C'est celui-là» (verset 12). L'Esprit descend sous la forme d'une colombe sur le Seigneur Jésus. Ici l'huile est versée, image du Saint Esprit dans toute la Parole. L'Esprit Saint a désigné Christ comme étant celui qui devait être le vrai roi d'Israël, celui que Dieu avait choisi, en qui il avait trouvé son plaisir. Jésus était là, parmi d'autres hommes. Comment le distinguer? La voix du Père se fait entendre et le présente comme son Bien-aimé — ce qui est justement la signification du nom de David.

Dieu n'avait pas trouvé son plaisir dans l'homme, ni en Adam ni en aucun de ses descendants. Enfin il y avait sur la terre quelqu'un qui faisait le plaisir de Dieu, et dont le cœur battait continuellement pour lui. Quelle grandeur dans cette scène du Jourdain!

Ainsi ce chapitre 16 évoque Celui qui est combien plus grand que David! Les richesses de la Parole de Dieu nous apparaissent et nous permettent de découvrir le Seigneur Jésus lui-même derrière cette figure du roi selon le cœur de Dieu. Au moment convenable, Dieu le présentera à l'univers. Son royaume est un royaume qui ne passera pas. Sa gloire brillera dans l'éternité. Jésus est une personne merveilleuse! Il nous faudra l'éternité pour le connaître et le louer.