Première épître aux Thessaloniciens (suite et fin)

E.A. Bremicker

Chapitre 5 (suite)

Verset 19

«N'éteignez pas l'Esprit».

Les versets 19 à 22 forment un tout, concernant l'activité du Saint Esprit. La parole de Dieu utilise plusieurs images pour illustrer son action. Ici c'est un feu que nous pourrions éteindre. Dans notre vie personnelle, éteindre l'Esprit signifie ne plus nous laisser diriger et corriger par lui. Alors il ne peut plus nous occuper de la personne de Christ et de nos bénédictions célestes. Dans les réunions d'assemblée, éteindre l'Esprit signifie remplacer sa direction par des arrangements humains. Nous nous privons alors de ce que le Seigneur voudrait produire par son moyen.

Cette exhortation est en relation directe avec le verset suivant, qui parle du don de la prophétie; celui-ci ne peut évidemment s'exercer si l'Esprit de Dieu est éteint.

En relation avec l'activité du Saint Esprit, nous devons distinguer quatre choses:

  1. Éteindre l'Esprit — en nous-mêmes, en d'autres ou dans l'assemblée, en annulant son action. C'est ce que nous avons ici.
  2. Attrister l'Esprit Saint (Éphésiens 4:30). Ceci arrive quand nous péchons. L'Esprit qui habite en nous est alors déshonoré et attristé, et la communion avec le Seigneur est interrompue.
  3. Résister au Saint Esprit (Actes des Apôtres 7:51). C'est ce que font les incrédules qui s'opposent à son action lors de la prédication de la Parole.
  4. Blasphémer contre le Saint Esprit (Matthieu 12:24-32). C'est le péché de ceux qui identifiaient la puissance du Seigneur avec celle de Satan.

Verset 20

«Ne méprisez pas les prophéties».

Dans le Nouveau Testament, la prophétie n'est pas en premier lieu l'annonce d'événements futurs (bien que ce soit le cas dans certains passages). Elle consiste généralement en ceci: dans une situation bien précise, Dieu donne par son Esprit le message dont nous avons exactement besoin à ce moment-là, encouragement, consolation, exhortation ou enseignement. L'explication d'un passage de la Bible est en principe toujours la même, mais l'application qu'en fait la prophétie peut varier. Aujourd'hui nous avons besoin d'un message, et demain, dans d'autres circonstances, nous aurons besoin d'un message tout différent. Pour que nous soyons en état de recevoir ce que Dieu nous donne, il faut que le Saint Esprit puisse agir librement au milieu de nous. La prophétie est le don le plus important qui puisse être exercé dans les rassemblements des saints; nous devons le désirer ardemment (1 Corinthiens 14:1-5).

Mépriser les prophéties signifie donc ne pas laisser au Saint Esprit sa place pour agir au milieu de nous. En réalité, cela va plus loin qu'éteindre l'Esprit, car quand nous méprisons la prophétie, nous méprisons celui qui en est la source, l'Esprit de Dieu lui-même. Nous ne saurions attacher trop d'importance à nous laisser diriger par lui quand nous sommes réunis en assemblée. Et pour qu'il en soit ainsi, il faut que tout ce qui vient de la chair soit mis de côté. Souvenons-nous que même si nous n'avons pas une ordonnance établie pour le déroulement des réunions, il peut y avoir en nous bien des choses qui font obstacle à l'action de l'Esprit, et nous font perdre beaucoup de bénédictions.

Verset 21

«Mais éprouvez toutes choses; retenez ce qui est bon».

Ce petit mot «mais» établit un lien direct avec le verset précédent. Nous ne devons pas mépriser les prophéties, mais nous devons tester si ce qui est dit est réellement donné par l'Esprit. Nous ne connaissons que trop bien le cœur de l'homme. Il est possible de parler en pensant être conduit par l'Esprit, alors qu'en réalité, ce n'est que l'action de la chair. En raison de la juste liberté qu'il y a dans les réunions, la chair peut facilement intervenir. D'où la mise en garde de ce verset.

«Éprouvez toutes choses» ne signifie pas que nous ayons à examiner tout ce qui est diffusé dans la chrétienté en fait de déviations ou de fausses doctrines. En le faisant, plus d'un croyant est lui-même tombé dans l'erreur. Mais cela veut dire que nous avons à peser si ce qui nous est enseigné l'est réellement sous la direction de l'Esprit. «Éprouver» ne signifie pas non plus examiner si ce qui est dit nous convient ou non, nous plaît ou non, mais il s'agit de discerner quelle en est la source.

 «Retenez ce qui est bon» — Nous faisons facilement le contraire! Nous éprouvons, nous pensons constater que ce qui a été dit n'était pas de l'Esprit, nous en parlons et nous critiquons. Tandis que ce qui était bon, ce qui venait de l'Esprit, nous l'oublions vite. Après avoir examiné, nous devons laisser de côté ce qui était moindre (ce qui ne nous empêche pas d'en parler fraternellement avec la personne concernée), et garder pour nous-mêmes ce qui est profitable.

Verset 22

«Abstenez-vous de toute forme de mal».

Cette exhortation s'applique évidemment d'une manière générale à toute notre vie. Paul écrit aux Romains: «Je désire que vous soyez sages quant au bien, et simples quant au mal» (16:19). Le mal peut se manifester sous des formes très diverses, et Satan sait trouver pour chacun de nous un terrain d'approche différent. Nous avons à être en garde contre «toute forme de mal».

Mais d'autre part, cette exhortation est aussi en rapport avec ce qui vient d'être dit. Il y a le danger d'éteindre l'Esprit et de mépriser les prophéties; et il y a celui d'abuser de la liberté et de ne pas éprouver de manière spirituelle ce qui est dit.

Verset 23

«Or le Dieu de paix lui-même vous sanctifie entièrement; et que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche en la venue de notre Seigneur Jésus Christ».

Ce verset introduit la fin de l'épître. L'apôtre va mentionner à nouveau la venue du Seigneur, ce qui a été le thème essentiel de sa lettre aux Thessaloniciens. Mais d'abord il place devant eux «le Dieu de paix». Il leur avait enseigné que Dieu les «appelle à son propre royaume et à sa propre gloire» (2:12). Ce royaume caractérisé par la paix est à venir, mais nous connaissons déjà le Dieu de paix. Et c'est lui qui nous gardera dans la sainteté jusqu'au moment où le Seigneur viendra pour établir son royaume sur cette terre.

Nous avons déjà rencontré plus d'une fois dans cette épître le sujet de la sainteté pratique: la sainteté dans le service de l'apôtre (2:10), la sainteté dans nos affections (3:11-13), la sainteté dans notre marche (4:1-8). Ici la sainteté est mentionnée comme l'œuvre que le «Dieu de paix» accomplit en nous. Lui seul peut produire en nous une entière sainteté pratique, c'est-à-dire la séparation du mal et la consécration au Seigneur.

Dans la première partie de ce verset, c'est Dieu qui nous sanctifie; dans la deuxième, il n'est pas précisé qui nous maintient dans cet état. Il est simplement dit: «Que votre esprit, et votre âme, et votre corps tout entiers, soient conservés sans reproche». Il est ainsi, d'une part, fait appel à notre responsabilité personnelle, mais d'autre part, il nous est rappelé que nous ne pouvons rien sans Dieu. Il y a les deux aspects. Nous sommes exhortés à parcourir notre chemin en sainteté, mais par ailleurs nous savons que Dieu seul peut opérer cette sainteté. Nombreux sont ceux qui ont voulu la réaliser avec leurs propres forces, et ils ont fait naufrage.

Ce n'est qu'ici que sont mentionnés sous cette forme l'esprit, l'âme et le corps. Nous avons bien, en d'autres passages, la mention de l'âme et de l'esprit en contraste avec le corps: d'un côté «l'homme intérieur», de l'autre «l'homme extérieur». Mais ici trois domaines sont distingués. L'être humain dans son entier est ainsi décrit. Ces trois éléments sont mentionnés par le Seigneur Jésus en rapport avec sa propre personne; il parle de son esprit (Luc 23:46), de son âme (Marc 14:34) et de son corps (Hébreux 10:5).

Le corps est le vase qui contient l'âme et l'esprit, et il est facile de comprendre ce que veut dire garder notre corps en sainteté. Définir l'âme et l'esprit est plus difficile; mais, bien que subtile, la différence entre les deux existe pourtant, puisqu'elle est faite dans plusieurs passages du Nouveau Testament (notamment Hébreux 4:12). L'âme est le siège de nos sentiments et de nos affections, tandis que l'esprit est la faculté intelligente que Dieu a donnée à l'homme — en contraste avec les animaux — par laquelle il peut entrer en relation avec Lui.

Combien il est donc important pour nous que nos affections et notre esprit soient gardés dans une entière sainteté. Toute notre personne est ainsi concernée. Aucune de ses parties ne doit être laissée en arrière. Certains peuvent être attentifs à garder leur corps dans la sainteté, mais oublier de le faire avec leur âme et leur esprit. D'autres, ne se préoccupant que de leurs affections, peuvent tomber dans de fausses doctrines, parce qu'ils ne veillent pas sur leur esprit. D'autres encore, peuvent attribuer beaucoup d'importance à la pureté de l'esprit, mais négliger la sainteté du corps. La volonté de Dieu est que notre être tout entier soit gardé: esprit, âme et corps.

Verset 24

«Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera».

Cependant, l'apôtre ne veut pas décourager les Thessaloniciens. Nous pourrions craindre, en méditant le verset précédent, de ne jamais pouvoir atteindre le niveau d'une entière sainteté. Quelle consolation alors de lire: «Celui qui vous appelle est fidèle, qui aussi le fera»! Sans rien oublier de notre responsabilité, souvenons-nous avec joie de la fidélité de notre Dieu. Si de notre côté tous les manquements sont possibles, de son côté, une certitude demeure: Il est fidèle.

L'appel de Dieu, ici, n'est pas en rapport avec son royaume et sa gloire (cf. 2:12); c'est l'appel à la sainteté pratique. Si nous ne satisfaisons pas à cette responsabilité, c'est notre faute. Dieu est fidèle, il achèvera l'œuvre qu'il a commencée en nous. C'est pourquoi nous n'avons pas à douter, en pensant que le chemin dans lequel Dieu nous appelle est trop élevé pour nous. Et le jour vient où, glorifiés, nous nous tiendrons en sainteté devant lui.

Verset 25

«Frères, priez pour nous».

Paul portait sur son cœur tous les saints partout et priait continuellement pour eux. Mais il savait aussi combien leurs prières pour lui étaient nécessaires. La prière ne nous unit pas seulement avec Dieu, mais aussi avec nos frères et sœurs.

Nous remercions Dieu pour les frères qu'il nous a donnés pour nous expliquer la Parole, la développer, et l'appliquer à nos cœurs et à nos consciences. Mais combien il est nécessaire que ces frères, non seulement nous transmettent la parole de Dieu, mais aussi prient pour nous! Et inversement, il est tout aussi important que nous priions pour ceux qui se consacrent d'une manière spéciale au service du Seigneur. Ils ressentent le besoin de nos prières, que ce soit pour eux-mêmes ou pour leur activité.

Verset 26

«Saluez tous les frères par un saint baiser».

Le baiser était alors la manière habituelle de se saluer. L'accent n'est donc pas mis sur le baiser, mais sur la sainteté de la salutation. Pour nous, il peut aussi s'agir d'une poignée de main. Qu'en est-il de la sincérité de nos salutations? Il peut malheureusement arriver que nous manquions de droiture dans ces occasions apparemment anodines. Les paroles de courtoisie que nous prononçons lors d'une salutation peuvent être en entier désaccord avec les sentiments de nos cœurs. Ce n'est alors certainement pas une «sainte» salutation!

Verset 27

«Je vous adjure par le Seigneur que la lettre soit lue à tous les saints frères».

Paul se sert ici d'une expression très forte. Adjurer implique «lier par un serment solennel». Il avait très à cœur que cette lettre soit lue à tous les croyants. D'autres que les destinataires directs devaient donc aussi en prendre connaissance. Ainsi, déjà en ce qui concerne la première épître qu'il écrivit, l'apôtre était conscient qu'elle était inspirée, et que son contenu serait d'une grande importance pour tous.

En fait, si nous regardons autour de nous, nous voyons beaucoup d'ignorance quant aux vérités enseignées dans cette épître; le retour du Seigneur Jésus est peu compris. Reconnaissons combien elle est actuelle et combien elle nous interpelle personnellement.

Verset 28

«Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ soit avec vous!»

Quelle belle conclusion pour cette épître de consolation! Le Seigneur va bientôt revenir pour nous prendre auprès de lui afin que nous paraissions avec lui en gloire: c'est «la grâce qui nous sera apportée à la révélation de Jésus Christ» (1 Pierre 1:13). En fait, nous dépendons entièrement de la grâce. Nous avons fait l'expérience de cette grâce lorsque, comme pécheurs, nous sommes venus à Jésus. Nous ferons l'expérience de sa grâce lorsqu'il reviendra. Et chaque jour de notre vie, sa grâce nous est indispensable. Notre Seigneur connaît nos circonstances, nos infirmités, notre inexpérience, et sa grâce est suffisante pour répondre à chacun de nos besoins. Elle est la source inépuisable qui coule à flots pour nous, jusqu'à ce que nous soyons avec lui dans la gloire.

Ta grâce, ô Dieu, m'a pardonné,

Et ton ciel est à moi.

De ta puissance environné,

Je puis tout par la foi.

Fin