Première épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Enseignements pratiques pour les croyants

Chapitre 5:12-28

L'épître se termine par une série d'enseignements pratiques pour la vie quotidienne. Au total, nous n'en avons pas moins de vingt. Ces exhortations s'adressent à ceux qui sont fils de la lumière et fils du jour. Bien que l'action de l'Esprit Saint chez les Thessaloniciens, récemment convertis, rende superflues des exhortations pratiques très détaillées, ils avaient toutefois encore besoin que Paul leur précise brièvement quelques points. Combien plus en avons-nous besoin nous-mêmes! Il y a tant de choses dans nos vies qui ne sont pas conformes à ce que le Seigneur demande de ses serviteurs. Laissons donc ces courts versets de la fin parler à nos cœurs. Que ceux qui attendent le Seigneur l'honorent par leur vie jusqu'au moment de sa venue!

Le contenu de ces derniers versets se subdivise comme suit:

  1. Exhortations concernant notre vie d'assemblée locale: versets 12-14.
  2. Exhortations concernant notre vie chrétienne en général: versets 15-18.
  3. Exhortations concernant l'activité et l'action de l'Esprit Saint: versets 19-22.
  4. Exhortations concernant notre sainteté pratique: versets 23, 24.
  5. Exhortations finales: versets 25-28.

Verset 12

«Or nous vous prions, frères, de connaître ceux qui travaillent parmi vous, et qui sont à la tête parmi vous dans le Seigneur, et qui vous avertissent»

Parmi les Thessaloniciens, il y avait plusieurs frères spécialement actifs, qui étaient à la tête et qui les avertissaient. Nous n'avons pas ici une indication que Paul ait officiellement désigné ou établi ces frères pour exercer de telles fonctions. Bien qu'il s'agisse d'une assemblée très récente, il y avait tout simplement là de tels frères qui, conduits par le Saint Esprit, avaient à cœur ce service.

Il en de même aujourd'hui. Chaque assemblée locale — si elle est dans un bon état pratique — connaît ce genre d'activité. De même qu'une famille ne peut exister sans direction, et qu'un état ne peut fonctionner sans autorités, il y a dans une assemblée locale une direction spirituelle qui doit être honorée et respectée. Ce n'est pas le cléricalisme, mais le fait que Dieu pourvoit aux besoins des siens de toutes manières.

Les frères ainsi mentionnés sont caractérisés par trois choses: ils travaillent, ils sont à la tête et ils avertissent.

Travailler signifie ici «se donner de la peine jusqu'à l'épuisement». On peut servir de toutes sortes de manières. Nous avons le bel exemple d'Épaphras, qui se dévouait pour les croyants à Colosses. Paul lui rend témoignage qu'il «était dans un grand travail de cœur» pour les saints. Les frères qui sont à la tête possèdent une autorité spirituelle; cependant ils ne doivent pas conduire selon la chair, mais selon la volonté du Seigneur. Les conducteurs n'ont jamais à dominer sur les croyants. Ils doivent être les modèles du troupeau et aller devant lui. Nous sommes mis en garde par l'exemple négatif de Diotrèphe, qui voulait être le premier et chassait des frères de l'assemblée (3 Jean 9, 10).

Une direction spirituelle doit être «dans le Seigneur». Qu'est-ce que cela signifie? Premièrement, elle s'exerce dans le domaine spirituel. Pour ce qui est de notre vie naturelle, nous avons d'autres autorités au-dessus de nous (par exemple le gouvernement ou nos supérieurs dans notre activité professionnelle). Deuxièmement, l'autorité spirituelle des conducteurs ne repose pas sur des hommes qui les ont établis, mais sur le Seigneur seul. C'est pourquoi ce service n'est, entre autres, pas héréditaire. Troisièmement, il est clair que le conducteur ne doit pas aller au-delà de ce que le Seigneur demande des siens. S'il le fait, son service n'est plus «dans le Seigneur».

Nous avons besoin d'être avertis. Il y a des docteurs qui nous transmettent simplement la vérité, mais il y a aussi des frères qui nous avertissent, qui nous mettent en garde contre les erreurs qu'ils peuvent constater.

Paul nous engage à une juste appréciation de ces frères. Il s'agit d'abord de les «connaître» — ou de les reconnaître —, ce qui implique l'estime et le respect.

Ceci ne nous est-il pas souvent difficile? À l'égard de ceux qui travaillent, nous sommes assez volontiers reconnaissants. Mais quand il s'agit de ceux qui nous conduisent, et même nous avertissent, nous avons plus de peine. Une attitude de soumission est contraire à notre chair. Cependant, c'est ce que la parole de Dieu nous demande: «Obéissez à vos conducteurs et soyez soumis, car ils veillent pour vos âmes, comme ayant à rendre compte; afin qu'ils fassent cela avec joie, et non en gémissant, car cela ne vous serait pas profitable» (Hébreux 13:17).

Verset 13a

«…et de les estimer très haut en amour à cause de leur œuvre».

Ces mots n'ont pas trait au principe divin selon lequel «l'ouvrier est digne de sa nourriture» et à la nécessité de faire participer à nos biens temporels celui qui enseigne (Matthieu 10:10; Galates 6:6). Ce qu'il nous est dit ici, c'est que nous ne devons pas avoir seulement des mains ouvertes, mais des cœurs ouverts. Il s'agit de notre disposition intérieure vis-à-vis de nos conducteurs, vis-à-vis de tous ceux qui exercent en notre faveur une activité dans le Seigneur.

Nous devrions leur témoigner du respect et de l'amour, non pas à cause de leur personne, mais à cause de leur travail. Honorer des frères à cause de leur personne peut devenir facilement un piège; nous risquons de leur donner une place qui ne leur appartient pas. Mais nous devons être reconnaissants de ce qu'ils font pour nous. Les honorer en amour signifie naturellement aussi prier pour eux. Soyons en garde contre la tendance à critiquer nos conducteurs et appliquons-nous à prier pour eux avec persévérance.

Verset 13b

«Soyez en paix entre vous».

La paix dans les relations entre les croyants est une chose essentielle. La paix est un des caractères du royaume à venir, mais elle doit déjà se trouver parmi nous maintenant. Le monde cherche la paix, mais sans Dieu cette recherche est vaine. Aussi longtemps que l'homme n'a pas la paix avec Dieu, il ne pourra pas en avoir de durable avec son prochain. Mais les enfants de Dieu ont toutes les raisons de vivre en paix entre eux déjà maintenant.

Une condition pour cette paix réside dans le fait d'estimer son prochain supérieur à soi-même, comme l'évoque l'exhortation précédente. Si nous n'estimons pas nos conducteurs très haut en amour, s'il y a de la jalousie à leur égard, nous ne pouvons être en paix entre nous. Il ne peut y avoir de relations réciproques paisibles que si chacun reconnaît avec gratitude ce que Dieu a opéré en chaque frère et sœur. C'est ce que l'on pouvait voir parmi les chrétiens au commencement: «Les assemblées donc, par toute la Judée et la Galilée et la Samarie, étaient en paix, étant édifiées, et marchant dans la crainte du Seigneur; et elles croissaient par la consolation du Saint Esprit» (Actes des Apôtres 9:31). Combien il serait beau qu'un tel témoignage puisse nous être adressé par le Saint Esprit! Quelle tristesse quand l'ennemi réussit à susciter le désaccord entre les frères! Notre témoignage devant ce monde en souffre, et Dieu est déshonoré.

Verset 14

«Or nous vous exhortons, frères: avertissez les déréglés, consolez ceux qui sont découragés, venez en aide aux faibles, usez de patience envers tous».

Nous sommes différents les uns des autres et il y a des différences dans notre croissance spirituelle. Nous ne pouvons être en paix entre nous que si nous avons une véritable sollicitude les uns pour les autres. Et cela d'autant plus pour ceux qui sont exposés à des dangers particuliers. Ici sont nommés trois groupes de personnes qui réclament des soins appropriés: ceux dont la marche est déréglée, ceux qui sont découragés, et les faibles.

Comme d'autres expressions dans cette épître, le mot utilisé pour «déréglé» est emprunté au langage militaire: il évoque quelqu'un qui marche «dans le désordre». Dans la seconde épître, nous voyons de quoi il s'agit (cf. 3:6-10.) Il y avait dans cette assemblée des croyants qui ne voulaient plus travailler. Ils pouvaient même avoir pour cela des arguments plausibles, puisqu'ils attendaient la venue imminente du Seigneur. Cependant la parole de Dieu qualifie un tel comportement de «déréglé». Bien que nous devions attendre chaque jour notre Seigneur, il est important que nous assumions nos responsabilités dans ce monde en toute fidélité.

Les déréglés doivent être avertis, c'est-à-dire qu'il faut leur montrer clairement l'anomalie de leur comportement. Dans la seconde épître, il est enjoint aux Thessaloniciens de se retirer de ceux qui marchent dans le désordre. Ainsi donc, plusieurs n'avaient pas accepté la mise en garde. Remarquons l'ordre des interventions: d'abord avertir avec amour, ensuite seulement — lorsque les avertissements sont restés sans résultat — se retirer. Ce principe garde toute son importance aujourd'hui.

Ensuite sont mentionnés ceux qui sont découragés. Ils doivent être consolés et encouragés. Ce sont ceux qui, dans les circonstances de la vie, connaissent les déceptions. Les exercices et les épreuves les abattent et les dépriment. Ou bien, ce sont ceux qui ont perdu une personne bien-aimée et connaissent la tristesse du deuil. Combien de nos jours sont découragés! Les connaissons-nous? Avons-nous pour eux des yeux et un cœur? Les visitons-nous? Savons-nous les encourager?

Le troisième groupe, ce sont les faibles. Ce peut être ceux qui sont faibles dans leur corps, mais surtout ceux qui le sont spirituellement. Il y a des faibles en foi (Romains 14:1), dont nous devons prendre soin. Ayons des égards pour eux et aidons-les.

Nous sommes enfin exhortés à être patients envers tous. La patience est une des éminentes vertus chrétiennes. Elle fait partie du fruit de l'Esprit, en Galates 5:22, et elle est le premier caractère de l'amour mentionné en 1 Corinthiens 13:4. De Dieu lui-même il est dit qu'il est patient (Romains 2:4). La patience doit donc être un de nos ornements. Combien souvent la paix entre les enfants de Dieu est troublée par l'absence de la patience!

Verset 15

«Prenez garde que nul ne rende à personne mal pour mal; mais poursuivez toujours ce qui est bon, et entre vous, et à l'égard de tous les hommes».

Ici nous avons un principe général concernant notre comportement vis-à-vis de tous. Nous avons à veiller à ce que personne — et chacun de nous est personnellement concerné — ne rende le mal pour le mal. Ce principe est en opposition avec celui de la loi, dans laquelle il était écrit: «Œil pour œil, dent pour dent» (Exode 21:24). Dans le monde, on trouve cette manière d'agir.

Seule la grâce de Dieu peut nous amener à marcher selon d'autres critères, des critères divins. Nous avons ici l'un des principes du royaume de Dieu. Le Seigneur en a parlé dans le Sermon sur la montagne (qui justement développe les principes du royaume des cieux): «Vous avez ouï qu'il a été dit: Œil pour œil, et dent pour dent. Mais moi, je vous dis: Ne résistez pas au mal; mais si quelqu'un te frappe sur la joue droite, présente-lui aussi l'autre» (Matthieu 5:38, 39). L'apôtre Paul écrit aussi aux Romains: «Ne rendant à personne mal pour mal» (Romains 12:17).

Pour les Thessaloniciens, il était certainement plus difficile que pour la plupart d'entre nous de se conduire selon ce principe. Ils se trouvaient alors sous la pression de la persécution de la part de leurs compatriotes. Nous avons lu au premier chapitre qu'ils avaient reçu l'évangile «avec beaucoup de tribulations». Ils avaient subi beaucoup de torts, et ils sont exhortés ici à ne pas rendre le mal qu'on leur avait fait. Combien nous sommes portés à nous défendre ou à nous venger, quand nous sommes attaqués! Encourageons-nous à agir comme le Seigneur qui, «lorsqu'on l'outrageait, ne rendait pas d'outrage, quand il souffrait, ne menaçait pas» (1 Pierre 2:23).

Paul ajoute: «Poursuivez toujours ce qui est bon, et entre vous, et à l'égard de tous les hommes». Nous ne devons donc pas seulement veiller à ne pas rendre mal pour mal, mais nous efforcer de faire du bien. Ceci d'abord vis-à-vis de nos frères et sœurs («entre vous»), mais aussi dans nos relations avec les gens de ce monde («à l'égard de tous les hommes»). Nous devons, nous qui sommes lumière dans le Seigneur, manifester les caractères de la lumière envers ceux qui vivent encore dans les ténèbres. Ce n'est que de cette manière que nous serons de vrais serviteurs du royaume et de fidèles témoins du Seigneur.

Verset 16

«Réjouissez-vous toujours».

La joie est mentionnée ensuite. Elle devrait être un trait caractéristique du chrétien. Le monde, tout autour de nous, est plein de violence, de haine, d'injustice et par conséquent de tristesse. Satan cherche à donner aux hommes l'illusion de la joie, mais la fin de la joie dans ce monde est toujours la tristesse. L'exemple du fils prodigue en Luc 15 le met en évidence. Seuls ceux qui ont une relation vivante avec Jésus connaissent la vraie joie. Nous avons la joie du salut, et nous pouvons savourer celle de suivre le Seigneur dans son chemin. Cela ne veut pas dire que nous ne connaissions aucune tristesse, mais même dans les circonstances affligeantes, nous avons lieu de nous réjouir. La tristesse est toujours relative à la terre, aux circonstances de la vie que nous traversons, tandis que la vraie joie est toujours en rapport avec le Seigneur et avec ce qui est dans le ciel. C'est pourquoi nous pouvons les connaître les deux à la fois. Alors qu'il était prisonnier, Paul pouvait écrire aux Philippiens: «Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur; encore une fois, je vous le dirai: réjouissez-vous!» (Philippiens 4:4).

Verset 17

«Priez sans cesse».

Pour pouvoir toujours goûter la joie dans le Seigneur, nous devons vivre dans une communion permanente avec lui. Or celle-ci s'exprime par la prière. C'est pourquoi Paul dit: «Priez sans cesse». Lui-même en avait donné l'exemple aux Thessaloniciens, car il priait continuellement pour eux. Cette exhortation ne concerne pas en premier lieu nos réunions de prière en assemblée, ni les moments de nos journées où nous joignons les mains pour prier. On ne peut faire cela d'une manière ininterrompue, jour et nuit. Mais la prière peut être décrite comme étant la respiration de l'âme (tout comme la lecture de la Parole en est la nourriture). Nous respirons de manière spontanée, sans même nous rendre compte que nous le faisons. Mais si nous cessons de respirer, nous en réalisons très vite les conséquences. Il en est ainsi de la prière: elle est notre lien permanent avec le Seigneur, l'expression de notre dépendance. En ce sens, c'est une attitude intérieure dans laquelle nous pouvons continuellement demeurer — au travail, à la maison, dans nos loisirs, etc.

Le Seigneur nous en donne l'exemple. Pour lui, ce n'était pas seulement une bonne habitude, mais, comme homme parfait, il vivait dans une dépendance continuelle de son Dieu.

Verset 18

«En toutes choses rendez grâces, car telle est la volonté de Dieu dans le Christ Jésus à votre égard».

Dans les Écritures, la prière est bien souvent associée à l'action de grâces (voir par exemple Colossiens 4:2). Il est selon la volonté de Dieu que nous sachions lui exprimer notre reconnaissance en même temps que nos prières. C'est là l'état de cœur convenable devant lui. Philippiens 4:6 nous invite à lui présenter nos demandes «avec des prières et des supplications, avec des actions de grâces». Si nous prions avec de telles dispositions intérieures, nous savons que le Seigneur nous exaucera selon ce qui est bon pour nous, et la paix de Dieu sera notre part. Si nous prions sans rendre grâces, nous devenons vite impatients et insatisfaits lorsque nos demandes ne sont pas exaucées selon ce que nous attendions.

Un chrétien qui ne peut plus rendre grâces est malheureux. C'est pourquoi Satan cherche à nous occuper de toutes sortes de choses négatives, pour nous faire oublier de remercier. Mais si nous avons les yeux ouverts sur les effets de la bonté de Dieu, nous trouverons dans toutes les circonstances de la vie des motifs pour rendre grâces. Si nous sommes persuadés que toutes choses travaillent pour notre bien (Romains 8:28), nous aurons toujours lieu de remercier Dieu.

À suivre