Première épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A Bremicker

Chapitre 5 (suite)

Verset 4

«Mais vous, frères, vous n'êtes pas dans les ténèbres, en sorte que le jour vous surprenne comme un voleur».

L'apôtre ne parle plus maintenant des incrédules, pour lesquels le jour du Seigneur vient comme un voleur, il s'adresse directement aux croyants: «Mais vous…». La connaissance du jour du Seigneur devrait avoir dans nos vies des effets pratiques qui nous distinguent des gens du monde.

Ce contraste est présenté dans les versets qui suivent au moyen des expressions:

  •  lumière et ténèbres,
  • jour et nuit,
  • dormir et veiller,
  • être sobre et s'enivrer,
  • perdition et salut.

L'apôtre affirme encore une fois que les jugements à venir ne nous sont pas destinés. Le jour du Seigneur ne nous surprendra pas comme un voleur. Bien que nous vivions dans ce monde, nous ne sommes pas dans les ténèbres. Dans ce monde, tout est obscurité profonde; les hommes vivent dans les ténèbres. Ils appartiennent aux ténèbres, et s'y trouvent à l'aise. Dans un sens, nous vivons aussi dans cette nuit, mais nous n'en sommes pas. Nous sommes du jour. Nous sommes actuellement comme des corps étrangers dans cette nuit, puisque nous attendons le jour et en manifestons les caractères.

Un exemple tiré de la nature peut illustrer cela: Il y a des animaux diurnes et des animaux nocturnes. Ces derniers ne sont à l'aise que quand il fait nuit. En revanche, lorsque des animaux diurnes doivent sortir la nuit, c'est pour eux quelque chose d'inhabituel, de contraire à leur nature. Il en est ainsi de nous. Par notre nouvelle nature, nous sommes du jour et de la lumière. Mais nous vivons encore dans la nuit, sans lui appartenir. C'est pourquoi le jour ne nous surprendra pas comme un voleur. C'est pour ceux qui appartiennent aux ténèbres qu'il viendra de cette manière.

Verset 5

«Car vous êtes tous des fils de la lumière et des fils du jour; nous ne sommes pas de la nuit ni des ténèbres».

Ce verset renforce la déclaration du précédent. Il nous montre la position dans laquelle nous avons été introduits. La séparation du jour et de la nuit, de la lumière et des ténèbres, est un principe divin essentiel que nous trouvons déjà lors du premier jour de la création: «Dieu sépara la lumière d'avec les ténèbres. Et Dieu appela la lumière Jour; et les ténèbres, il les appela Nuit» (Genèse 1:4, 5). Or cette séparation, nous la retrouvons partout dans la parole de Dieu. La lumière et les ténèbres sont incompatibles, il ne peut y avoir aucune communion entre elles (2 Corinthiens 6:14). Un épisode de l'histoire des fils d'Israël en Égypte illustre l'enseignement que nous avons ici. Chez les Égyptiens régnaient de profondes ténèbres. Extérieurement, les fils d'Israël étaient aussi dans ces ténèbres. Mais il y avait une différence essentielle: dans leurs maisons, il y avait de la lumière (Exode 10:23).

Nous sommes des fils de la lumière et des fils du jour. «Être fils» signifie porter les caractères de son origine. C'est ainsi que nous trouvons dans la Bible: fils du tonnerre, fils de Bélial, fils de la désobéissance, fils de consolation, etc. Ici, «être fils» signifie: porter les caractères de la lumière et du jour. Venu sur cette terre, le Seigneur s'est présenté comme étant la lumière du monde. En lui, nous sommes devenus lumière  (Éphésiens 5:8). Dieu nous a appelés des ténèbres à sa merveilleuse lumière (1 Pierre 2:9). Il nous a rendus capables de participer au lot des saints dans la lumière (Colossiens 1:12). Une si merveilleuse position entraîne naturellement la conséquence pratique que nous avons à marcher comme des enfants de lumière (Éphésiens 5:8; 1 Jean 1:7).

Nous ne sommes pas seulement des fils de la lumière, mais aussi des fils du jour. Nous avons déjà vu au chapitre 2 que Dieu nous appelle à son propre royaume (verset 12). Le moment vient où «les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père» (Matthieu 13:43). Ceci se réfère à la partie céleste du royaume futur. Nous appartenons déjà à ce jour à venir, et nous le montrons lorsque nous manifestons déjà maintenant les traits moraux de ce jour-là: par exemple la justice, la paix et la joie dans l'Esprit Saint (voir Romains 14:17). Nous ne trouvons pas ces traits moraux dans ce monde, qui est caractérisé par les ténèbres. Mais nous devons nous en distinguer clairement et faire briller la lumière devant lui.

Versets 6 et 7

«Ainsi donc ne dormons pas comme les autres, mais veillons et soyons sobres; car ceux qui dorment, dorment la nuit, et ceux qui s'enivrent, s'enivrent la nuit»

A tout privilège correspond une responsabilité. Si Dieu nous présente notre position, il nous dit aussi de quelle manière nous avons à y conformer notre conduite. Fondamentalement, nous sommes tous des fils de la lumière et des fils du jour. Mais, bien que nous ayons reçu un tel privilège, nous courons le risque de nous endormir pratiquement. Quant aux autres — les incrédules — il est tout normal qu'ils dorment. Mais pour un croyant, c'est quelque chose d'anormal: il est un fils de la lumière et un fils du jour; comme tel, il devrait veiller et être sur ses gardes. La vigilance est nécessaire pour attendre le Seigneur, et la sobriété, pour ne pas être contaminé par les choses de ce monde.

Les hommes de ce monde dorment, ils ne pensent ni au jugement à venir ni à l'éternité. Il devrait en être autrement de nous. Le mot utilisé ici pour «dormir» n'est pas le même que celui qui a été employé précédemment pour décrire la mort physique. Un croyant qui dort est indifférent aux réalités spirituelles. Que l'homme naturel y soit insensible, on peut bien s'y attendre: il ne peut les saisir. Mais il en est bien autrement du chrétien: il doit veiller, être intérieurement sur ses gardes, et ainsi être attentif aux choses spirituelles que Dieu nous communique.

Vigilance et sobriété vont ensemble (cf. 1 Pierre 5:8). Être sobre signifie être dégagé de l'influence des multiples moyens d'étourdissement que Satan place devant nous. Qu'elles sont nombreuses, les «drogues» par lesquelles il voudrait neutraliser notre témoignage vis-à-vis de ce monde!

Dieu nous présente dans sa Parole bien des personnes qui, au lieu de veiller, se sont endormies (par exemple Samson, Jonas, les disciples au jardin de Gethsémané). Souvenons-nous de la parabole des dix vierges (Matthieu 25:1-13). Malgré la différence intérieure fondamentale qu'il y avait entre elles (cinq avaient de l'huile, cinq n'en avaient pas), elles s'étaient pourtant toutes endormies. Celui qui les aurait observées n'aurait pu constater la différence, elles paraissaient toutes semblables. Il ne devrait pas en être ainsi de nous. Nous sommes du jour et cela doit se voir dans notre comportement. Le sommeil et l'ivresse spirituels appartiennent à la nuit et caractérisent les gens de ce monde.

Verset 8

«Mais nous qui sommes du jour, soyons sobres, revêtant la cuirasse de la foi et de l'amour, et, pour casque, l'espérance du salut».

Nous courons sans cesse le danger de nous laisser entraîner. D'où l'exhortation renouvelée à la sobriété. Dieu veut que nous allions notre chemin sans nous laisser influencer par ce monde. Et dans ce but, il ne nous a pas laissés sans ressources; il nous a donné des armes par lesquelles nous pouvons nous défendre:

  • la cuirasse de la foi,
  • celle de l'amour,
  • et le casque de l'espérance du salut.

Comme au chapitre 1 (verset 3), nous retrouvons ici la foi, l'amour et l'espérance. Là, ces trois choses étaient les traits et les fruits intérieurs de notre vie spirituelle; ici, elles nous sont présentées comme les armes qui nous aident à manifester dans la nuit les caractères de la vie nouvelle.

Dans le Nouveau Testament, le croyant est plusieurs fois comparé à un combattant. Trois passages mentionnent ses armes. En Romains 13:12, il est question des «armes de la lumière». En Éphésiens 6:10-20, nous est décrite «l'armure complète de Dieu», que nous sommes exhortés à revêtir. Ce passage contient la description la plus détaillée du combat, et surtout des armes qui sont à notre disposition. Grâce à elles, nous sommes toujours en mesure de résister aux attaques de l'ennemi.

Le combat que nous trouvons ici porte un autre caractère que celui qui est décrit en Éphésiens 6. Là, il s'agit des bénédictions spirituelles qui nous sont données en Christ, et le combat existe parce que l'ennemi s'efforce de nous priver de la jouissance de ces bénédictions. Dans l'épître aux Thessaloniciens, il s'agit d'une attaque bien précise de Satan. Il voudrait nous faire oublier le retour du Seigneur en nous incitant à nous associer au monde et à nous conformer à lui. Nous avons à nous défendre contre ces attaques en utilisant les armes mises à notre disposition. En les examinant, nous constatons que ce sont des armes défensives; elles sont là pour nous protéger.

La cuirasse protège le cœur, le siège de nos affections. Le Seigneur désire posséder entièrement notre cœur. Il sait aussi combien facilement nous sommes attirés vers les choses de ce monde, vers les choses visibles. Or la foi nous attache aux choses invisibles d'une sphère qui deviendra un jour une réalité visible pour nous. Dans la mesure où nos cœurs sont occupés de ce qui va venir, nous oublions ce qui est autour de nous, et nos affections sont conservées pour le Seigneur. Plus ce qui est visible nous occupe, plus le danger est grand de nous y engager et d'y attacher nos cœurs.

L'amour est aussi une protection pour ne pas nous laisser prendre par autre chose. Il ne s'agit pas seulement de l'amour pour Dieu, mais aussi de l'amour pour les frères et sœurs. Si nous laissons le vide se faire dans nos cœurs quant à Dieu et quant à nos frères et sœurs, Satan saura bien le remplir par les choses du monde.

Mais nous avons aussi besoin d'une protection pour la tête, pour notre manière de penser. C'est le casque de l'espérance du salut. Il s'agit ici de l'attente de notre Seigneur «comme Sauveur, qui transformera le corps de notre abaissement en la conformité du corps de sa gloire» (Philippiens 3:20, 21). Si nos pensées sont orientées vers sa venue, qui signifie pour nous un salut parfait tant du corps que de l'âme, nous sommes gardés d'une manière de penser charnelle. C'est ainsi que nous protège l'espérance que nous possédons.

En résumé, nous voyons que nous serons gardés si nos cœurs sont orientés, non vers le présent visible, mais vers l'avenir invisible. Les trois grandes vertus de 1 Corinthiens 13 — la foi, l'amour et l'espérance — nous sont ainsi rappelées ici.

Remarquons encore que nous devons être «revêtus» de ces armes, c'est-à-dire les porter. Il nous est peu utile de simplement les connaître, bien que ce soit une condition préalable. Il ne nous est pas utile non plus de nous en prévaloir. Ce qui est important, c'est d'être capables de les manier. Un soldat en état d'alerte porte ses armes continuellement sur lui. Il devrait en être ainsi de nous.

Verset 9

«Car Dieu ne nous a pas destinés à la colère, mais à l'acquisition du salut par notre Seigneur Jésus Christ, qui est mort pour nous»

Ce verset nous présente toute l'assurance qui est notre part. La colère de Dieu est placée en contraste avec le salut, notre espérance. Dans ce passage, «la colère» est une allusion à la grande tribulation qui introduira le jour du Seigneur. Cela correspond à la subite destruction mentionnée au verset 3. Au chapitre 1, nous avons déjà trouvé une mention de cette colère. Il nous est dit là qu'elle vient, mais que nous en serons délivrés (verset 10).

Dans son langage symbolique, l'Apocalypse nous décrit cette colère à venir d'une manière saisissante, au moyen des sept sceaux, des sept trompettes et des sept coupes. Et l'apogée de cette colère coïncide avec le retour du Seigneur sur cette terre. En Apocalypse 6:16, 17, nous voyons «la colère de l'Agneau» et «le grand jour de sa colère». Quelles expressions! L'Agneau de Dieu, qui est mort comme victime expiatoire, apportera alors la rétribution et le jugement. Quel sort terrible pour ceux qui devront rencontrer cette colère!

Mais ici, une parole de consolation est adressée aux croyants: cette colère ne nous atteindra pas, car nous ne serons plus sur la terre. Nous serons gardés, non pas «au travers» de l'heure de l'épreuve, mais «de» l'heure de l'épreuve (Apocalypse 3:10). Nous ne passerons donc pas par la grande tribulation qui atteindra la terre. L'histoire d'Énoch, enlevé avant le jugement du déluge, en est une illustration (Genèse 5:24; Hébreux 11:5).

Le mot «destinés», utilisé ici, dirige nos pensées vers les desseins de Dieu. Nous sommes destinés au salut! Ce salut nous est présenté dans la parole de Dieu sous trois aspects: dans le passé, un salut déjà accompli (par exemple 2 Timothée 1:9; Tite 3:3-5; Éphésiens 2:5); pour le présent, un salut quotidien dans les circonstances que nous traversons (par exemple Hébreux 7:25); et pour le futur, le salut dont il est question ici. Quand le Seigneur Jésus viendra pour nous prendre à lui, ce salut deviendra réalité. Il est pour nous déjà certain, il n'y a aucun doute à son sujet; mais c'est une espérance, car nous ne le possédons pas encore en fait. De la même manière, nous lisons en Hébreux 9:28, qu'il «apparaîtra une seconde fois, sans péché, à salut à ceux qui l'attendent». Ce sera le dernier acte du Seigneur Jésus pour notre délivrance, le couronnement final de la grâce. Ce salut englobe la résurrection des saints d'entre les morts et l'enlèvement de tous les croyants, avant le déferlement de la juste colère de Dieu sur la terre.

Cependant, ici, ce n'est pas seulement le fait de notre salut qui est mentionné, mais la raison pour laquelle nous serons sauvés: le Seigneur Jésus «est mort pour nous». Parole merveilleuse, qui fait battre plus fort le cœur de tout enfant de Dieu. «Pour» signifie «en faveur de» ou encore «à la place de». A la croix, Jésus a été notre substitut. C'est ce qui est placé devant nous ici. Il a porté le jugement qui devait nous atteindre justement. La colère qui devait être notre part est tombée sur lui. Et Dieu, qui est juste, ne condamne pas deux fois. Celui qui sait que le Sauveur a porté la condamnation à sa place n'a plus à craindre le jugement à venir. Au chapitre 1 (verset 10), notre délivrance de la colère est liée à la résurrection de Christ, donc au fait que Dieu a agréé son œuvre à la croix. Ici nous sommes en présence de sa mort. Les deux faits réunis, sa mort et sa résurrection, nous donnent toute assurance. Aurions-nous encore quelques doutes à ce sujet? Non, le salut qui est devant nous est aussi sûr que celui que nous possédons déjà.

Verset 10

«…afin que, soit que nous veillions, soit que nous dormions, nous vivions ensemble avec lui».

Ce verset nous montre le but final de notre salut: nous vivrons ensemble avec lui. En même temps, c'est comme un résumé des enseignements de l'apôtre depuis le verset 13 du chapitre 4. Tous les croyants vivront avec le Seigneur; ils partageront avec lui non seulement la gloire céleste, mais aussi la domination sur la terre.

Nous retrouvons ici les deux termes «veiller» et «dormir», toutefois ils n'ont pas le même sens qu'au verset 6. Un croyant qui dort dans le sens du verset 6 ne reçoit aucune promesse (ce qui ne veut pas dire qu'il est perdu). Dans notre verset, ceux qui dorment sont ceux qui se sont endormis dans le Seigneur, et ceux qui veillent sont les vivants, tels que nous les avons vus au chapitre 4. Tous les croyants qui ont part à la première résurrection (soit ressuscités, soit transmués) reviendront avec Christ pour vivre avec lui et régner avec lui. C'est sur le fondement de sa mort et de sa résurrection que tout ceci deviendra un jour réalité.

Nous réjouissons-nous de vivre avec lui? Quel bonheur d'être avec lui dans la gloire! Mais nous pouvons aussi nous réjouir à la pensée qu'un jour tous ses droits seront reconnus sur cette terre. Nous serons alors avec lui et participerons à sa souveraineté. Soyons de «ceux qui aiment son apparition» (2 Timothée 4:8).

Verset 11

C'est pourquoi exhortez-vous l'un l'autre et édifiez-vous l'un l'autre, chacun en particulier, comme aussi vous le faites».

Tous ces enseignements sont destinés à nous encourager. Les circonstances que nous traversons peuvent être difficiles. De même que le Seigneur est rejeté, nous le sommes aussi virtuellement. Mais le moment vient où nous vivrons avec lui et où nous partagerons sa gloire. Voilà ce qui nous encourage.

Dans le Nouveau Testament, le verbe «édifier» est utilisé aussi bien dans le sens littéral que dans le sens figuré. Dans ce deuxième sens — comme ici — il évoque l'influence fortifiante de l'enseignement sur les croyants. L'édification est l'enseignement qui contribue à la croissance. Cette édification est produite par:

  • l'amour: 1 Corinthiens 8:1; Éphésiens 4:16;
  • la prophétie (c'est-à-dire la parole de la part de Dieu): 1 Corinthiens 14:3;
  • l'exhortation: 1 Thessaloniciens 5:11.

L'exhortation aussi bien que l'édification ont leur place dans les rassemblements des croyants. Quand nous nous réunissons, nous pouvons nous encourager par les vérités qui concernent la venue du Seigneur. Mais ici, les Thessaloniciens sont invités à s'exhorter et à s'édifier «l'un l'autre». L'apôtre ne confie pas cette mission à certains frères spécialement désignés pour cela, mais à tous les frères et sœurs. De plus, nous voyons l'importance des entretiens individuels. Ne soyons pas comme Caïn qui disait: «Suis-je, moi, le gardien de mon frère?» (Genèse 4:9). Nous nous préoccupons volontiers de ce qui concerne nos frères et sœurs; soyons donc de ceux qui encouragent et édifient. Combien sont nombreux aujourd'hui les enfants de Dieu qui ont besoin d'un tel service d'amour! Et en terminant, posons-nous la question: Paul pourrait-il nous dire à nous aussi: «comme aussi vous le faites»?

À suivre