Moïse à l'école de Dieu

John Nelson Darby

Extrait d'une méditation

Moïse à la cour du Pharaon pouvait paraître, aux yeux des hommes, un excellent instrument de délivrance, car il était puissant en parole et en action, et instruit dans toute la sagesse des Égyptiens. Mais l'instrument suscité pour la délivrance d'Israël doit être anéanti lui-même. Moïse veut agir; il s'identifie avec l'Israélite affligé et tue l'Égyptien. C'était une manifestation de puissance selon sa pensée à lui; aussi il échoue. Il s'enfuit; toute son espérance, toute influence à la cour du Pharaon sont détruites; la condition d'Israël en est encore aggravée. Moïse passe quarante ans au désert, et il garde les brebis.

Lorsque l'affliction du peuple est à son comble, et que Moïse est plongé dans l'oubli, Dieu intervient. Il a très bien vu l'affliction de son peuple; et qui lui envoie-t-il? Moïse. Ce dernier, anéanti, dit à Dieu: «Je ne sais pas parler». Il était courageux quand il s'appuyait sur lui-même, mais le courage lui fait entièrement défaut quand Dieu l'envoie. Que de peine nous donnons à Dieu, quand il s'agit de réduire à néant notre misérable confiance en notre force naturelle!

D'abord Dieu ôte toute espérance à Israël; puis il dit: «Je suis descendu pour les délivrer». Individuellement, nous faisons la même expérience et nous avons de la peine à croire que quand nous sommes faibles, alors nous sommes forts (2 Corinthiens 12:10). La confiance en nous-mêmes reste toujours la fâcheuse tendance de nos cœurs; elle repousse à chaque instant comme une mauvaise herbe. Dieu ne peut pas nous bénir tant que nous avons confiance en nous-mêmes, ou en un autre homme; comment bénirait-il l'orgueil du cœur? Il faut que nous soyons dépouillés de nous-mêmes. Moïse n'a pu que se faire chasser d'Égypte quand il était puissant en parole ou en action. Pierre, qui se confiait en son affection pour le Seigneur et en ses bons désirs, a renié Jésus. Tout ce qui rapproche nos âmes de Dieu est une bénédiction. Même la connaissance n'est pas nécessairement une bénédiction, si Dieu ne prend pas dans le cœur la place de toute confiance charnelle. Une connaissance qui ajoute aux acquisitions de l'homme ne peut que nous éloigner davantage de Dieu. Quand elle est du domaine de la foi et substitue Dieu à nous-mêmes, c'est une chose excellente.

Le plus insignifiant des hommes désire être quelque chose; on n'a pas idée du fond d'orgueil qui se trouve en lui. Le monde peut l'oublier, mais lui ne s'oublie pas, jusqu'à ce que Dieu vienne remplacer son moi dans son cœur; et c'est la mesure du véritable progrès chrétien. Notre bonheur croît en proportion de la place que nous donnons à Dieu; mais il faut souvent beaucoup d'épreuves pour que nous apprenions cette chose si difficile: «nous oublier nous-mêmes».

Il faut beaucoup de temps pour anéantir les prétentions d'un homme. Si notre famille s'oppose à nous, nous critique, fait ressortir notre manque de fidélité — dont elle est un excellent juge — cela nous est bon; nous apprenons ainsi ce qui est au-dedans de nous. Et quand nous avons fait, de cette manière, l'expérience de la folie de notre confiance en nous-mêmes, nous sommes rendus capables, comme Pierre, de «fortifier nos frères».

Ne vous découragez pas quand Dieu vous dépouille et qu'il semble vous abandonner; la véritable bénédiction pour vous, c'est que Dieu soit tout et que vous ne soyez rien. Dieu est fidèle pour détruire votre orgueil. Accueillez avec actions de grâces ce qu'il fait pour vous anéantir; car il le fait, selon sa puissance, pour vous bénir!