Les ceintures du Seigneur Jésus (suite)

Jean-Pierre Fuzier

3. La ceinture d'or (Apocalypse 1)

J'étais dans l'île appelée Patmos (versets 1-11)

Le Seigneur Jésus apparaît à Jean dans un temps d'épreuve et de souffrance, qu'il partageait avec ses frères, alors qu'il était exilé à Patmos, tout en ayant part au royaume et à la patience en Jésus. Mais si nous pouvons, comme Daniel, participer à la discipline endurée par le peuple de Dieu à cause de son infidélité, ou bien si, comme Jean, nous sommes mis à l'écart par des autorités hostiles ou par des circonstances adverses, le Seigneur peut toujours se révéler en gloire et en amour; c'est ce que nous trouvons ici.

Le cœur de l'apôtre est rempli d'affection envers les sept assemblées qui sont en Asie; mais la source de sa sollicitude est en «celui qui nous aime» (verset 5). Le Seigneur Jésus est au centre de ses pensées; c'est de sa part qu'il salue les sept assemblées. C'est de Jésus Christ le témoin fidèle, c'est de sa grandeur, de son amour, du souvenir de sa mort qu'il parle tout d'abord. Il est à Patmos «pour la parole de Dieu et pour le témoignage de Jésus Christ» (verset 9).

Il n'est donc pas surprenant que le Seigneur s'adresse à lui dans la journée dominicale, car nous pouvons penser que Jean était particulièrement occupé de lui en ce jour-là.

Nous pouvons comprendre de ce qui précède que, plus nos cœurs et nos pensées seront remplis de Christ, plus il se plaira à se révéler à nous. Il nous parlera de telle sorte que nous lui disions: «Viens, Seigneur Jésus»! Le désir de Jean, une fois qu'il a reçu les merveilleuses révélations «des choses qui doivent arriver bientôt» (1:1; 22:6), n'est pas en premier lieu d'en répandre la nouvelle, mais bien plutôt de voir celui qui se présente comme l'étoile brillante du matin. À celui qui dit: «Oui, je viens bientôt», il répond: «Amen; viens, Seigneur Jésus» (Apocalypse 22:20).

La voix qui me parlait (verset 12)

Jean nous donne ici un exemple important: il se retourne pour voir «la voix qui lui parlait». Que Dieu nous propose «une grande vision» (Exode 3:3), qu'il nous fasse entendre «une voix douce, subtile» (1 Rois 19:12) ou encore, comme ici, «une grande voix, comme d'une trompette», il vaut la peine de se détourner pour voir ou de se retourner pour entendre.

Soulignons que dans chacun des cas cités, la manifestation de Dieu correspond à l'état de son peuple et à celui du serviteur à qui il s'adresse. C'est pourquoi, au moment où le Seigneur se prépare à révéler ses pensées au sujet des assemblées d'Asie, il apparaît à Jean dans tout l'éclat de sa gloire de Fils de l'homme, au point que le disciple qu'il aimait tombe à ses pieds comme mort. La période de l'Église n'est-elle pas celle de la grâce? Oui certes, mais le Seigneur n'abandonne pas pour autant sa sainteté. La grâce et la vérité vinrent par Jésus Christ. Ses yeux sont comme une flamme de feu; il discerne toutes choses selon sa sainteté.

Quelqu'un de semblable au Fils de l'homme (versets 13-16)

En se retournant, Jean voit sept lampes d'or groupées autour de quelqu'un de semblable au Fils de l'homme. Ces lampes doivent témoigner de la gloire de celui qu'elles entourent, bien que leur lumière soit moins éclatante que celle de son visage. Le témoignage des assemblées, leur lumière, est destiné à la terre. Mais dans quelle mesure cette lumière brille-t-elle réellement? Dans quelle mesure ces assemblées ont-elles «la pensée de Christ» (1 Corinthiens 2:16)?

Jean ne pouvait manquer de reconnaître le Seigneur. Il l'avait déjà vu dans sa gloire sur la sainte montagne. Toutefois, il entend ici, non la voix du Père déclarant: «Celui-ci est mon Fils bien-aimé, écoutez-le» (Luc 9:35), mais celle du Seigneur lui-même, du Fils de l'homme qui a autorité pour juger (Jean 5:27). Son vêtement correspond à la position qu'il prend alors: sa robe va jusqu'aux pieds, car il a achevé l'œuvre que le Père lui avait donnée à faire (Jean 17:4); tout est accompli, le Père l'a glorifié. Une ceinture d'or est à la place où se trouvait le pectoral du sacrificateur, si étroitement lié à la ceinture de l'éphod.

Il n'y a plus de bleu, de pourpre, d'écarlate et de fin coton retors. La ceinture est d'or, car Christ n'est pas ici intercesseur mais juge, dans l'éclat de la gloire et de la sainteté divines.

Cependant, nous remarquons que cette ceinture n'est pas sur les reins, figure du service, mais sur le cœur. Elle indique alors, a-t-on dit, «l'exercice de la force et de la puissance, qui maintiennent avec affection l'état convenable aux lampes d'or». Ainsi, c'est à Laodicée — dont la tiédeur pourtant lui fait horreur — que le Seigneur adresse ces paroles si encourageantes: «Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j'aime» (3:19). Ne donne-t-il pas ainsi à la misérable Laodicée le moyen d'avoir du zèle et de se repentir?

Enfin, la comparaison des vêtements d'Aaron (Exode 28) et de ceux décrits en Apocalypse 1:13, fait ressortir avec éclat la gloire personnelle de Christ. Sa tête et ses cheveux, ses yeux, ses pieds, sa voix sont ce qui captive l'attention de l'apôtre. Sa gloire n'est pas dans ses vêtements, mais dans sa personne; sa robe et sa ceinture rehaussent simplement sa majesté et sa souveraineté. Combien donc est importante cette ceinture d'or, qui est le seul ornement de son vêtement! Elle exprime le caractère de son activité en sainteté et en amour, en faveur des assemblées au milieu desquelles il marche.

Nous pouvons bien alors adorer «celui qui nous aime, et qui nous a lavés de nos péchés dans son sang… à lui la gloire et la force aux siècles des siècles!» (1:6).

4. Il se ceindra… et, s'avançant, il les servira (Luc 12:37)

Nous ne saurions mieux introduire ce paragraphe qu'en citant un de nos conducteurs: «Jésus, à la fin de sa vie terrestre, avait parfaitement accompli son service envers le Père… Or ce service avait été accompli dans sa vie d'homme sur la terre. Mais il nous avait trop aimés, et il avait trop aimé le Père dans le caractère de serviteur, pour abandonner ce service. De sorte qu'à sa mort, son oreille a été percée, selon Exode 21, et il est demeuré serviteur pour toujours, étant toujours homme maintenant pour nous laver les pieds. Plus tard, il le sera encore quand il nous prendra auprès de lui dans le ciel» (J.N.D., Études sur la Parole).

Nous avons devant nous une scène céleste. Le Seigneur a recueilli les siens qui l'attendaient et qui veillaient. Ils sont maintenant dans sa maison. Alors le Maître se ceint. Mais il n'est rien dit de sa ceinture. Notre attention est attirée ici sur la Personne qui se ceint pour servir les siens, plus que sur son service.

Et cela touche immédiatement nos cœurs. Le Maître se plaît à servir ses esclaves, parce qu'il les aime. Le moment sera enfin venu où nous connaîtrons à fond (1 Corinthiens 13:12). Et sans doute, ce que nous serons en mesure de connaître alors, ce sera l'amour de Christ, qui surpasse toute connaissance.

Nous-mêmes éprouvons beaucoup de joie à accueillir chez nous ceux que nous aimons et à les servir, en leur témoignant de diverses manières notre affection. Nous désirons qu'ils se sentent chez eux; nous anticipons le bonheur que nous aurons à les faire asseoir à notre table; nous avons préparé leurs places. Mais n'est-ce pas là ce que notre Maître se propose à notre égard? «Je vais vous préparer une place», nous a-t-il dit, et aussi: «Je vous prendrai auprès de moi», exprimant ainsi la joie d'avoir les siens pour toujours près de lui, «afin — dit-il — que là où moi je suis, vous, vous soyez aussi» (Jean 14:3). Autrement dit: Je sais que vous m'aimez et que vous aussi, vous trouverez une plénitude de joie en ma présence. «Être avec Christ, cela est de beaucoup meilleur» (Philippiens 1:23).

Il n'y aura aucune ombre dans l'accomplissement de ce service céleste. Il n'est plus question de la terre, ni des souillures de la marche. La rue de la cité est d'or pur, comme du verre transparent (Apocalypse 21:21). Le service céleste du Seigneur sera de nous faire entrer dans la plénitude de l'amour qui lui a fait choisir d'être serviteur à toujours, au prix de ses souffrances et de sa mort. Nous verrons les blessures par lesquelles il s'est fait reconnaître des siens lors de la résurrection, témoignage éternel de son obéissance, de ses souffrances et de sa mort accomplie. Ne vaut-il pas la peine d'attendre notre Maître, à quelque moment qu'il revienne, ayant nos reins ceints et nos lampes allumées?

«Jusqu'à ce que l'aube se lève, et que les ombres fuient, j'irai à la montagne de la myrrhe et à la colline de l'encens» (Cantique des Cantiques 4:6).

Grâces à toi, Jésus, Sauveur tendre et fidèle!

Au ciel nous te verrons sans ombre à notre tour,

Et nous exalterons, dans la gloire éternelle,

L'immensité de ton amour.