Les ceintures du Seigneur Jésus

Jean-Pierre Fuzier

Dans le langage symbolique des Écritures, la ceinture représente l'énergie dans le service. Nous voudrions rappeler quelques passages dans lesquels, en figure ou de fait, nous voyons le Seigneur Jésus se ceindre pour servir.

1. Les ceintures du sacrificateur (Exode 28:8, 39)

Dans le premier de ces passages, la ceinture est mentionnée comme faisant partie de l'éphod, qui est l'emblème du service sacerdotal. Il s'agit ici de la description des «vêtements pour gloire et pour ornement» réservés à Aaron, et donnant à sa personne et à sa sacrificature un caractère unique. C'est le type de Christ représentant les saints devant Dieu, les portant sur ses épaules et sur son cœur.

La ceinture de l'éphod

Elle est désignée par un mot qui lui est exclusivement réservé1. Le Saint Esprit souligne ainsi l'importance et le caractère incomparable du service accompli par celui qui en était ceint. Cette ceinture était faite, comme l'éphod lui-même, d'or, de bleu, de pourpre, d'écarlate, et de fin coton retors. Cela nous montre que l'exercice du service sacerdotal correspond exactement aux caractères moraux du sacrificateur — figure de «Jésus, le Fils de Dieu» (Hébreux 4:14). Remarquons qu'il ne nous est pas dit seulement que la ceinture sera «du même travail, de la même matière» que l'éphod; ses constituants sont à nouveau soigneusement énumérés, dans le même ordre significatif que pour l'éphod.

1 Khésheb «d'ouvrage d'art» (verset 8), ne désignant jamais que la ceinture de l'éphod.

 L'or vient en premier, car il représente la gloire, la sainteté et la nature divine de notre Seigneur. Tous ces traits ont brillé en chacun de ses actes sur la terre. Sa gloire apparaît tout particulièrement à la résurrection de Lazare. La sainteté le caractérise dès que sa venue est annoncée à Marie (Luc 1:35) et toute sa vie la manifeste. Il peut dire: «le chef du monde… n'a rien en moi» (Jean 14:30). Et si, dans son humanité parfaite, il a connu la fatigue, la soif et la faim, il n'a jamais cessé d'être le Fils de Dieu, «sur toutes choses Dieu béni éternellement» (Romains 9:5).

C'est pourquoi rien ni personne ne peut lui être comparé. L'or, pouvons-nous dire, était partie intégrante de sa nature; quant à nous, nous ne pouvons qu'en refléter l'éclat, comme l'a fait l'apôtre Paul, cet éminent serviteur.

 Le bleu représente le caractère céleste de Christ. Il est «le fils de l'homme qui est dans le ciel» (Jean 3:13), tout en étant «descendu du ciel» (Jean 6:38). Qui pouvait révéler aux hommes ce qu'est le ciel, sinon celui qui y demeurait sans cesse? Et qu'est le ciel pour nous? C'est la maison du Père de notre Seigneur Jésus Christ, le lieu où il nous a préparé une place. C'est aussi le lieu où il exerce sa sacrificature, où nous avons libre accès pour la louange et la prière, en tout temps. Le ciel est le lieu où Christ est assis, souverain sacrificateur pour l'éternité (Psaumes 110:4; Hébreux 7:17). Si belles et parlantes pour nous que soient les figures de l'Ancien Testament, elles ne pouvaient être comprises ni par Aaron, ni par Israël sous la loi.

 La pourpre est la couleur royale. Par dérision, les soldats ont revêtu Jésus d'un vêtement de pourpre et ont mis sur sa tête une couronne d'épines, en disant: Salut, roi des Juifs! (Marc 15:16-18). Nous savons que Marc nous présente le Seigneur comme le parfait Serviteur. Celui-ci a agi sagement; il sera exalté et élevé et placé très haut (Ésaïe 52:13). Sa gloire royale répondra à son abaissement. Le moment est proche ou tout genou se ploiera devant lui et où toute langue confessera que Jésus Christ est Seigneur, à la gloire de Dieu le Père.

 L'écarlate représente la gloire de l'homme sur la terre. En Lévitique 14:4 et en Nombres 19:6, l'écarlate est associée aux bois de cèdre et à l'hysope, nous montrant que l'homme peut se glorifier aussi bien dans l'élévation que dans l'humilité (cf. Colossiens 2:22, 23).

L'écarlate est la couleur de la bête romaine que la terre tout entière adorera, et la femme assise sur elle associe la pourpre et l'écarlate (Apocalypse 17:3, 4). Ces deux exemples symbolisent d'une part l'usurpation de l'autorité de Christ par les rois de la terre, et d'autre part l'établissement de l'apostasie par la puissance religieuse. L'absence du bleu, dans le dernier cas, exprime le rejet de ce qui est du ciel; il ne reste qu'une odieuse contrefaçon de l'Église.

Le bleu, la pourpre et l'écarlate ensemble sont donc caractéristiques de Christ. Leur association rappelle que «les cieux dominent» (Daniel 4:25, 26) et que Christ seul détient «toute autorité… dans les cieux et sur la terre» (Matthieu 28:18).

 Le fin coton retors (ou lin) est la figure de l'humanité exempte de péché de notre Sauveur. Nous savons qu'il sera donné à la femme de l'Agneau d'être vêtue de fin lin éclatant et pur — «ce sont les justices des saints» (Apocalypse 19:8). Il s'agit pour elle des actes que la grâce de Christ lui aura donné d'accomplir. Mais la vie entière de Jésus était faite de tels actes, cela était sa nature même.

Pierre en donne un merveilleux sommaire quand il parle de «Jésus qui était de Nazareth,… qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien» (Actes des Apôtres 10:38). L'évangile selon Luc est le témoignage rendu par le Saint Esprit à la parfaite et sainte humanité de notre Sauveur.

La description des matériaux constituant la ceinture de l'éphod nous aide à saisir quelque chose du service sacerdotal de Christ, en nous montrant qu'il est, et lui seul, parfaitement compétent et qualifié pour l'accomplir. Tel est celui qui sert devant Dieu pour les saints, notre miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu (Hébreux 2:17, 18).

La ceinture de la tunique

Il est une autre ceinture, cachée, dont le souverain sacrificateur était ceint: c'est celle de la tunique de fin coton (Exode 28:39). La tunique était le vêtement que le sacrificateur portait directement sur son corps. Elle est pour nous une figure de l'humanité sans tache que notre Sauveur, le Fils de Dieu, a revêtue, nous rappelant qu'il a été, comme homme, tenté en toutes choses comme nous à part le péché, et aussi qu'il a souffert étant tenté (Hébreux 4:15; 2:18). La ceinture nous présente plus particulièrement le côté du service de l'homme Christ Jésus en faveur de tous ceux qui lui obéissent. Faite «en ouvrage de brodeur», elle représente les perfections et la beauté de son service, et plus encore, la satisfaction du Père en son Serviteur, son Élu en qui son âme a trouvé son plaisir.

La description des vêtements des fils d'Aaron suit immédiatement; nous voyons ainsi la famille sacerdotale groupée autour du souverain sacrificateur. Nous ne pouvons ici entrer dans les détails de ce que symbolisent les vêtements de fin coton d'Aaron et de ses fils (Exode 39:27); rappelons seulement que c'est ainsi vêtu qu'Aaron entrait au-dedans du voile au jour des propitiations (Lévitique 16:4, 23). Ceci met en évidence le fait que l'œuvre de la propitiation ne pouvait être accomplie que par l'Homme parfait. La similitude des vêtements d'Aaron et de ceux de ses fils exprime bien que Jésus «dut, en toutes choses, être rendu semblable à ses frères, afin qu'il fût un miséricordieux et fidèle souverain sacrificateur dans les choses qui concernent Dieu, pour faire propitiation…» (Hébreux 2:17).

2. Le linge dont il était ceint (Jean 13)

Il n'est pas inutile de rappeler qu'on peut trouver deux grandes parties dans l'évangile selon Jean. La première comprend les douze premiers chapitres; elle présente Christ comme «la vraie lumière», celle qui, «venant dans le monde, éclaire tout homme». Dans le tabernacle, la lumière du chandelier révélait tout d'abord sa propre gloire, puis illuminait le lieu saint. De même, la gloire du Fils unique de la part du Père fait d'abord briller devant nous la grâce et la vérité dans la Parole devenue chair, et habitant au milieu de nous. Puis, l'état de l'homme est manifesté, aussi bien dans sa position religieuse ou sociale que dans ses infirmités et dans son état de mort devant Dieu. En conclusion de cette partie, le Seigneur annonce le jugement de ce monde, et se présente comme étant venu pour sauver le monde (Jean 12:31, 32, 45-47). La vraie lumière révèle toutes choses.

La seconde partie comprend les chapitres 13 à 21. Le premier verset du chapitre 13 en est la clef: c'est l'amour de Christ pour les siens. Jean l'avait si bien saisi que, dans cette seconde partie de son évangile, il se désigne à cinq reprises sous le titre: «le disciple que Jésus aimait».

Si la lumière du sanctuaire révèle l'état de l'homme devant Dieu, elle manifeste en même temps les perfections de Christ, de sorte que l'amour de Dieu révélé en Jésus est la réponse parfaite de la grâce aux exigences de la justice divine: «C'est accompli».

Dans le chapitre 13, nous avons, non pas une figure, ni seulement l'ombre des biens à venir, mais nous voyons Jésus et nous l'entendons. Le Saint Esprit nous révèle quelques-unes de ses pensées, quelque chose de ce qu'il savait, de ce qui était, et est toujours, dans son cœur. «Jésus, sachant que son heure était venue pour passer de ce monde au Père, ayant aimé les siens qui étaient dans le monde, les aima jusqu'à la fin» (verset 1). C'est la fin toute proche de ses activités en faveur des siens, pendant qu'il était avec eux. «Je viens à toi», dit-il à son Père (17:13).

Le Seigneur est donc encore avec les siens qui étaient dans le monde, mais en même temps, il se place au-delà de la croix, nous laissant un exemple pour le temps de son absence ainsi qu'un commandement nouveau.

L'amour parfait de Jésus va maintenant trouver sa pleine expression: envers le Père, et envers les siens. La fête de Pâque est le moment où il va s'offrir en sacrifice. Le monde même va connaître que Jésus aime le Père, car, selon ce que le Père lui a commandé, ainsi il agit (14:31). Il avait reçu de son Père le commandement de laisser sa vie et de la reprendre — ce qui était un motif nouveau pour l'amour du Père (10:17, 18). Au moment où nous pouvons percevoir quelques rayons de l'amour de Christ pour son Père et de l'amour du Père pour son Fils, nous nous trouvons englobés dans cet amour! Jésus a aimé les siens qui étaient dans le monde, comme le Père l'a aimé (15:9).

La sûreté, le bonheur et la gloire des rachetés sont contenus dans cet immuable amour de Christ. L'histoire de Pierre, avec son reniement et sa restauration, nous en donne une illustration.

L'amour du Père pour ceux qu'il a donnés à Jésus est un témoignage au monde (17:23), et l'amour du Seigneur sera un témoignage de son approbation envers ceux qui auront gardé sa Parole et n'auront pas renié son nom (Apocalypse 3:8).

L'amour ne périt jamais: Christ dans la gloire aime les siens qui sont dans le monde comme il a aimé ses disciples sur la terre.

Le lavage des pieds

«Jésus, sachant que le Père lui avait mis toutes choses entre les mains, et qu'il était venu de Dieu, et s'en allait à Dieu, se lève du souper et met de côté ses vêtements; et ayant pris un linge, il s'en ceignit» (13:3, 4). «Au souper, il était le compagnon de ses disciples; ils étaient ensemble des convives assis à la même table. Cela ne peut plus avoir lieu; l'heure est venue pour qu'il prenne comme homme une place nouvelle auprès de Dieu. Et c'est comme s'il leur disait: je ne puis rester avec vous, mais je ne veux pas vous abandonner; il faut donc que vous soyez avec moi et dès lors, il faut que je vous rende propres à vous trouver dans l'endroit où je suis» (J.N.D., Notes sur l'évangile de Jean).

Le Seigneur se ceint d'un linge de lin1 pour servir les siens.

1 Le mot grec, comme le mot français «linge» dérive du mot «lin».

Il n'y a plus ici le bleu, la pourpre, l'écarlate; ce n'est pas une ceinture en ouvrage de brodeur. Nous voyons ici Jésus dans son humanité sans tache, mais aussi dans son abaissement, sa pauvreté et son humilité. La grâce de notre Seigneur Jésus Christ, devenu pauvre pour nous enrichir, nous apparaît dans tout son éclat. Quelle richesse veut-il nous donner? Une part avec lui qui maintenant est auprès du Père, dans la gloire. Certes, nos corps sont lavés et n'ont plus besoin de l'être. Mais nous sommes dans le monde, bien que n'en faisant pas partie (17:11, 16). De sorte que nos pieds, ce par quoi nous sommes en contact inévitable avec le monde, ont besoin d'être lavés pour que nous puissions avoir notre part (autrement dit communion) avec Jésus, dans le ciel, par la foi.

Le Seigneur ne se ceint pas d'une ceinture à proprement parler, d'un objet préparé selon les directives divines et faisant partie d'un ensemble de vêtements «pour gloire et pour ornement». Le linge qu'il utilise est un simple objet domestique, qui se trouvait normalement dans «le lieu où il devait manger la pâque avec ses disciples». Il nous montre ainsi que l'amour trouvera toujours les ressources et les moyens pour servir. Une coupe d'eau froide, un linge sans apparence, sont des instruments dont le peu d'importance exprime l'humilité de celui qui les utilise; leur valeur réside en ce qu'ils ont été employés par amour. Car, nous dit-il, «je vous ai donné un exemple» et «si vous savez ces choses, vous êtes bienheureux si vous les faites». Faire ces choses n'est toutefois possible que si le modèle, Christ, est devant nous. Lui nous apprend comment nous pouvons nous laver les pieds les uns aux autres. Nous agirons alors comme lui-même le fait en faveur de son assemblée: «il la sanctifie, en la purifiant par le lavage d'eau par la parole» (Éphésiens 5:26).

À suivre