La puissance de la grâce

Jacques Duron

Actes des Apôtres, chapitre 9

Le livre des Actes nous montre les résultats de l'œuvre de Christ à la croix. Après avoir été élevé dans la gloire, le Seigneur Jésus envoie le Saint Esprit promis à ses disciples (Jean 15:26; 16:7). «Ils persévéraient dans la doctrine et la communion des apôtres, dans la fraction du pain et les prières» (Actes des Apôtres 2:42). «La multitude de ceux qui avaient cru était un cœur et une âme» (4:32). La joie et la crainte de Dieu sont dans les cœurs. La prophétie annoncée par le souverain sacrificateur en Jean 11:52 s'accomplit: «Jésus allait mourir… pour rassembler en un les enfants de Dieu dispersés».

Si Dieu travaille, Satan ne reste pas inactif. Ayant été vaincu à la croix, il ne peut supporter que des âmes arrachées à ses griffes, puissent, unies ensemble par le Saint Esprit, témoigner par la puissance de Dieu agissant en grâce. Aussi, de l'intérieur en poussant au mensonge (Actes des Apôtres 5:1-11), comme de l'extérieur par la persécution (8:1), il va produire le trouble parmi les enfants de Dieu.

Saul de Tarse (versets 1-9)

Au début du chapitre 9, on voit tout ce qui est dans le cœur de l'homme poussé par Satan: haine, menace, meurtre. Saul de Tarse, un instrument dans la main de Satan pour persécuter les enfants de Dieu, demande des lettres au souverain sacrificateur, pour pouvoir lier tous ceux qui étaient «de la voie». Dieu avait permis la persécution pour propager la parole de sa grâce dans différentes contrées (8:4; Luc 21:13). Cette persécution entraînait de très grandes souffrances au sein de l'assemblée (8:3); il semblait que Satan triomphait. Mais «Dieu est fidèle», il limite l'épreuve. Il intervient dans sa puissance en grâce, à salut pour Saul de Tarse et en délivrance pour les enfants de Dieu qui souffraient.

Saul est près de Damas, il pense pouvoir assouvir son zèle féroce. Cependant, «le cœur de l'homme se propose sa voie, mais l'Éternel dispose ses pas» (Proverbes 16:9).

«Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?» (9:5). Il apprend que toucher à un disciple de Jésus, c'est toucher à Jésus lui-même. Et que celui qui est mort sur la croix a été ressuscité et élevé dans la gloire du ciel. Il reconnaît Jésus comme Seigneur, celui à qui il doit l'honneur et la soumission. Il a changé de maître: il était l'esclave d'un maître dur et cruel, «le meurtrier» et «le père du mensonge» (Jean 8:44), et maintenant le voici soumis à Jésus, le Fils de Dieu, celui qui l'a arrêté dans la puissance de sa grâce. Saul est maintenant l'instrument par lequel le Seigneur Jésus va révéler les immenses richesses de sa grâce et ses desseins d'amour.

«O profondeur des richesses et de la sagesse et de la connaissance de Dieu! Que ses jugements sont insondables, et ses voies introuvables!» (Romains 11:33).

Ananias (versets 10-22)

Dans sa grâce, le Seigneur a arrêté Saul. En même temps, il prépare dans l'ombre un autre serviteur. Ce disciple est dans la crainte; mais, soumis et disponible, il répond à l'appel de son Maître: «Me voici, Seigneur» (verset 10). D'autres avaient répondu de la même façon: Joseph «Me voici» (Genèse 37:13), Ésaïe «Me voici, envoie-moi» (Ésaïe 6:8); mais au-dessus de tous et dans une obéissance parfaite, le Seigneur Jésus avait dit: «Voici, je viens… C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir» (Psaumes 40:7, 8).

Ananias se remet entre les mains de celui qui dirige toutes choses. Il ne comprend pas, mais il se soumet. Il se confie en celui qui saura le délivrer; il a l'assurance de la puissance de sa grâce. Avons-nous, comme Ananias, cette disponibilité de cœur, cette énergie de la foi, et surtout ce discernement de la pensée du Seigneur? Ce n'est qu'aux pieds du Maître, dans l'humilité, que nous apprendrons son désir et sa volonté.

Si, par la foi, nos regards sont tournés vers le Serviteur parfait, comme ceux de Saul nouvellement converti ou de l'humble disciple Ananias, nous pourrons nous retrouver, jouissant de la communion et de la présence de celui qui nous aime. Tandis que Saul est en prière, Ananias s'approche de lui et peut s'identifier avec lui par l'imposition des mains. Il a reçu dans le secret la certitude que celui qui autrefois persécutait l'assemblée est maintenant un disciple du Seigneur Jésus.

Le vrai service se prépare dans le secret, en écoutant la voix du Maître et en étant prêt à accomplir ce à quoi il nous appelle. Il est aussi difficile de rester tranquille, attendant l'appel, que de se lever immédiatement à sa voix, pour le suivre. Le Seigneur, serviteur parfait, attend «quatre jours» pour venir manifester sa puissance de résurrection (Jean 11:17-40); mais dans d'autres circonstances, il agit «aussitôt» (Marc 1). Qu'il nous donne de demeurer tranquille, appuyés sur l'Éternel (Psaumes 37:7), malgré le danger à l'extérieur et à l'intérieur.

Barnabas (versets 23-31)

Saul de Tarse, rempli de l'Esprit Saint, occupé de celui qui l'a arrêté sur le chemin de Damas, propage de lieu en lieu l'évangile de la grâce. Il est maintenant victime des persécutions dont il a été lui-même l'instigateur. À Damas, les Juifs cherchent à le faire mourir; à Jérusalem, il est incompris de ceux qui marchent dans la voie de Jésus. Dieu, dans sa puissante grâce, a préparé un serviteur pour établir la relation entre Saul et les disciples. C'est Barnabas, «fils de consolation», qui s'est déjà engagé pour le Seigneur en manifestant son amour et ses compassions pour tous ceux qui se tournaient vers Jésus. Il a apporté aux apôtres le prix d'une terre qu'il a vendue (Actes des Apôtres 4:36, 37).

En tant que Lévite, et s'appuyant sur la Parole, il aurait pu prétexter que le champ faisait partie de son héritage. «Les champs des banlieues de leurs villes ne seront pas vendus, car c'est leur possession à perpétuité» (Lévitique 25:34). Mais l'amour que Dieu a versé dans son cœur, déborde. Il ne s'embarrasse pas dans les affaires de la vie (2 Timothée 2:4). Sa bourgeoisie est céleste. Après avoir obéi et montré son entière soumission à son Maître, il est prêt pour recevoir un nouvel appel.

Avant de nous donner un nouveau service, le Seigneur veut que nous soyons vidés de nous-mêmes, de nos prétentions, mais remplis du Saint Esprit qui nous conduira dans le chemin de sa volonté. Barnabas, avec une sagesse et une intelligence qui viennent de Dieu, «prend Saul et le mène aux apôtres» (Actes des Apôtres 9:27).

Dans l'ombre, ces deux frères ont pu s'entretenir ensemble et considérer l'histoire magnifique de la puissance de la grâce envers un homme farouchement opposé à Celui qui était le Fils de Dieu. Saul a pu raconter à Barnabas son chemin de Jérusalem à Damas, lorsque la voix se fit entendre: «Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu?», puis «Je suis Jésus que tu persécutes». Il a pu réchauffer le cœur de Barnabas en lui montrant que tous les croyants sont un en Christ. Il a pu lui faire connaître sa rencontre merveilleuse avec Ananias, dans laquelle il avait recouvré la vue et reçu l'Esprit Saint, puis de quelle manière il avait parlé ouvertement au nom de Jésus à Damas.

Barnabas donc, rempli de joie et de reconnaissance, se lève pour aller avec Saul annoncer aux apôtres que celui qui les persécutait est maintenant leur frère. La conviction de l'œuvre de grâce opérée dans le cœur de Saul donnait à Barnabas l'énergie de la foi. Il est un instrument conduit par le Saint Esprit pour encourager les frères à Jérusalem et dissiper leurs craintes à l'égard de Saul.

Si chacun reste à sa place aux pieds du Maître, pour entendre son appel sans chercher à prendre le service de l'autre, quelle gloire pour le Seigneur et quels fruits pour lui! Restons à la place à laquelle le Seigneur veut nous voir (1 Corinthiens 12:11; Nombres 7:4-9; Juges 7:21).

Lorsque la puissance de la grâce de Dieu agit sans entrave, les effets se font sentir au sein du rassemblement, les assemblées sont en paix, étant édifiées, marchant dans la crainte du Seigneur; et elles croissent par la consolation du Saint Esprit (Actes des Apôtres 9:31).

Énée (versets 32-35)

Les ministères sont divers mais ne s'excluent pas, les serviteurs travaillent à une même œuvre et obéissent à un même Seigneur. Si Saul de Tarse a été appelé à porter le nom du Seigneur «devant les nations et les rois, et les fils d'Israël» (verset 15), Pierre continue le service qui lui a été confié. À Lydde, il trouve Énée, paralytique couché sur son lit depuis huit ans. Il lui dit: «Énée! Jésus, le Christ, te guérit; lève-toi, et fais-toi toi-même ton lit» (verset 34). C'est la puissance du nom de Jésus qui le délivre de son infirmité. Ensuite, il lui appartient de montrer la réalité du travail de Dieu en lui. Non seulement «lève-toi», mais «fais-toi toi-même ton lit. La vie chrétienne et le témoignage sont personnels. Ils ne s'appuient pas sur des frères, sur des parents, même si chacun, à sa place, a sa responsabilité.

Il ne suffit pas de connaître les grandes et merveilleuses vérités que le Seigneur dans sa grâce a bien voulu nous apporter, notamment avec les enseignements de nos devanciers du siècle dernier. Il faut apprendre à vivre comme Paul, qui peut dire: «pour moi, vivre c'est Christ» (Philippiens 1:21). Chaque jour, avec l'énergie de la foi et la puissance de la grâce de Dieu, apprenons à puiser abondamment à la source inépuisable de la Parole pour trouver en notre Seigneur et Sauveur, la force nécessaire. On peut avoir beaucoup de connaissance sans avoir de force pour vivre ce que l'on sait.

Cherchons par la prière à être «remplis de la connaissance de sa volonté, en toute sagesse et intelligence spirituelle, pour marcher d'une manière digne du Seigneur pour lui plaire à tous égards, portant du fruit en toute bonne œuvre, et croissant par la connaissance de Dieu: étant fortifiés en toute force, selon la puissance de sa gloire, pour toute patience et constance, avec joie, rendant grâces au Père» (Colossiens 1:9-12).

Dorcas (versets 36-43)

Les disciples de Joppé, dans une grande tristesse, viennent chercher Pierre à Lydde. Dorcas, qui subvenait par ses bonnes œuvres aux besoins de beaucoup, était morte. À son arrivée à Joppé, Pierre trouve les veuves en pleurs.

Mais il ne se laisse pas influencer par les sentiments. D'abord, il met tout le monde dehors. Puis, dans une entière soumission à la volonté de son Maître, et dans une pleine communion avec lui, il peut discerner la façon d'agir. Il expérimente alors la puissance de la grâce de Dieu en résurrection. Il fait part à tous des merveilles de cette grâce et réjouit les cœurs.

Dorcas ressemblait à son Maître. «Elle était pleine de bonnes œuvres et d'aumônes qu'elle faisait» (verset 36). Il est dit du Seigneur Jésus: «Dieu l'a oint de l'Esprit Saint et de puissance, lui qui a passé de lieu en lieu, faisant du bien, et guérissant tous ceux que le diable avait asservis à sa puissance; car Dieu était avec lui» (Actes des Apôtres 10:38). Dieu était avec Dorcas, elle mettait en pratique l'exhortation de l'apôtre Jacques: «le service religieux pur et sans tache devant Dieu le Père, est celui-ci: de visiter les orphelins et les veuves dans leur affliction, de se conserver pur du monde» (Jacques 1:27). Et voilà que son service est interrompu; elle meurt. Nous ne comprenons pas toujours l'intervention de Dieu dans ses voies d'amour à l'égard des siens. «Vos voies ne sont pas mes voies, dit l'Éternel» (Ésaïe 55:8). Par la résurrection de Dorcas, bien des âmes ont été amenées à la connaissance du salut.

Immensité de la puissance de la grâce de Dieu! Elle s'exprime à salut pour Saul de Tarse; elle donne la force à Ananias, le discernement à Barnabas, la paix dans l'assemblée, la délivrance pour Énée, la résurrection à Dorcas; elle amène plusieurs à croire au Seigneur Jésus.

Nul ne peut connaître cette chaîne d'or, si ce n'est celui qui se tient aux pieds de son Maître. Arrêtons-nous, pour considérer «les immenses richesses de sa grâce, dans sa bonté envers nous dans le Christ Jésus» (Éphésiens 2:7).

Quand de la grâce immense on verra les richesses,

Trésor illimité dont rien ne passera,

La gloire, sceau divin de toutes les promesses,

En toi, Jésus, resplendira.