Le diadème perdu

F.B. Hole

La Bible nous révèle le fil d'or du propos divin qui court à travers toute l'histoire. Essayons de le discerner en nous laissant guider par l'Esprit de Dieu.

Avant le déluge, le gouvernement1 n'existait pas, Dieu n'en avait pas encore institué. Cette génération avait atteint un tel degré de violence et de corruption que sa destruction avait été la seule issue (Genèse 6:1-13).

1 Dans tout l'article, le mot diadème est le symbole de l'autorité ou du gouvernement sur la terre. (Réd.)

Sur la terre purifiée, le gouvernement fut institué dans la personne de Noé (Genèse 9:1-6). Après la dispersion de Babel, l'autorité semble avoir quitté la lignée principale de la descendance de Noé, et chaque famille individuellement commença à se ranger sous son propre chef de tribu, tandis que se faisait jour l'idée de la royauté. Il n'y eut rien de nouveau en ce qui concerne le gouvernement de la part de Dieu jusqu'à ce qu'il appelle son peuple Israël hors d'Égypte, afin que lui, le Dieu tout-puissant, puisse exercer l'autorité au milieu d'eux.

Le moment qu'il choisit pour le faire est très significatif. L'Égypte — une des plus vieilles nations — était à l'apogée de sa gloire, ayant chassé la dynastie étrangère des «Rois-Bergers» et réalisé son unité sous l'empire des Pharaons égyptiens, puissants guerriers dont les conquêtes avaient atteint jusqu'à l'Euphrate. C'est alors que Dieu affirma ses droits sur son peuple et qu'il porta un coup terrible à l'oppresseur, ce qui fut le commencement du déclin de cet empire. Il porta son peuple, en dépit de la perversité de celui-ci, jusqu'à la Terre Promise. En prenant possession de ce pays par l'intermédiaire de son peuple, l'Éternel le revendiquait comme sien, pour signifier que toute la terre est à lui. À deux reprises, il est appelé «Seigneur de toute la terre» en rapport avec la traversée du Jourdain (cf. Josué 3:11, 13).

Une fois arrivé dans le pays de la promesse, Israël se lassa d'être un peuple à part, d'avoir Dieu seul comme conducteur invisible, et il réclama un roi humain, visible. Bien que ce fût le signe d'un grave éloignement de Dieu, cela leur fut accordé. Après qu'ils eurent fait l'amère expérience de l'homme selon leurs propres cœurs, Dieu suscita David, l'homme selon son cœur à lui, qu'il envoya comme berger pour paître son peuple. Il agrandit son royaume en couronnant de succès ses faits d'armes. Le diadème — qui ne concernait pas Israël seul, mais le monde entier — fut placé sur son front et promis à sa descendance. Pendant une brève période, c'est lui-même, puis son successeur Salomon, qui le portèrent.

Alors commence l'inévitable histoire du déclin. Le royaume fut divisé, les héritiers de David n'en conservant que la plus petite partie. Eux-mêmes virent leur pouvoir décliner, au fur et à mesure que s'accentuait leur éloignement de Dieu, et bien que Dieu leur ait accordé parfois des réveils.

Puis ce fut la fin. Sédécias, dernier porteur de la couronne royale — même s'il ne le fut que nominalement — ajouta la trahison à ses nombreux péchés et déshonora le nom de son Dieu. Après quoi, comme cela est rapporté pas moins de trois fois dans l'Écriture (2 Rois 25; 2 Chroniques 36; Jérémie 52), Jérusalem tomba devant les Babyloniens et le pouvoir passa aux mains de Nebucadnetsar. Ainsi commença «le temps des nations».

C'est juste à ce moment-là que furent écrites, de la plume du prophète Ézéchiel, les paroles remarquables qui suivent. Elles furent écrites au moment où la couronne était ôtée du front du dernier prince apostat de la lignée de David, par la main de Dieu et comme châtiment. «Et toi, profane, méchant prince d'Israël, dont le jour est venu au temps de l'iniquité de la fin, ainsi dit le Seigneur, l'Éternel: Ôte la tiare, et enlève la couronne; ce qui est ne sera plus. Élève ce qui est bas, et abaisse ce qui est élevé. J'en ferai une ruine, une ruine, une ruine! Ceci aussi ne sera plus, jusqu'à ce que vienne celui auquel appartient le juste jugement, et je le lui donnerai» (Ézéchiel 21:30-32).

De quelle manière merveilleuse ces paroles nous éclairent! Qu'il est révélateur, ce rayon de lumière projeté ici sur ces pages si sombres de l'histoire humaine! Depuis que le diadème a été ôté, cette histoire peut se résumer aux vains efforts des hommes et des nations pour le récupérer, ainsi qu'à la manière sûre dont Dieu les a toujours abaissés et renversés au moment où ils semblaient avoir atteint leur but.

Une vision de ces choses est accordée à Daniel; il la rapporte au chapitre 7 de sa prophétie. Elle confirme le songe envoyé précédemment à Nebucadnetsar et décrit au chapitre 2. Pendant une courte période, le pouvoir fut confié à ce grand roi. Mais après s'être exalté lui-même démesurément, Nebucadnetsar fut douloureusement abaissé et plongé dans un état de démence misérable, comme le rapporte le chapitre 4. Peu après, sa grande Babylone tomba et fut renversée. Il en fut de même pour les empires qui suivirent — perse, grec et romain. Chacun eut son jour de gloire, avant d'être finalement renversé.

Depuis la dissolution de l'empire romain, il n'a été permis à aucun grand empire de s'élever pour dominer sur le monde civilisé tout entier. Deux grandes guerres mondiales ont eu lieu, et aujourd'hui, l'Asie et l'Europe ressemblent l'une et l'autre à des camps armés. Le diadème de la terre est perdu; il n'existe plus. De puissantes nations, qui voudraient le reconquérir, hésitent, craignant de s'anéantir elles-mêmes en voulant anéantir les autres.

Le présent état d'extrême instabilité ne saurait cependant s'éterniser. Nombreux sont ceux qui en ont conscience et parlent vaguement d'un «Armagédon» à venir, voulant dire par là un grand conflit qui s'étendra au monde civilisé tout entier. Ils semblent oublier que lorsque ce mot est employé en Apocalypse 16:13-16, ce qui est prédit n'est pas quelque conflit épouvantable opposant l'homme contre l'homme, mais plutôt un déchaînement impie et téméraire des armées confédérées des hommes contre Dieu. Il est très vraisemblable, cependant, que ces pressentiments de maux à venir soient bel et bien des signes de l'imminence du véritable Armagédon.

Des forces nouvelles, extrêmement puissantes, ont surgi au cours de ces dernière années. Dans certains pays, où subsiste encore quelque forme de christianisme, elles gravitent autour de l'idée de la «fraternité humaine», elle-même fondée sur celle de la «paternité universelle de Dieu». La théologie nouvelle, progressive et humaniste, l'unitarisme, le socialisme, sont tous dérivés de cette idée maîtresse. Plus impressionnant encore est le communisme athée qui domine les esprits et les actes de grandes nations et englobe une forte proportion de la race humaine. Tout ceci, entre les mains de Satan, prépare peut-être bien l'avènement de la dernière grande fédération des hommes, avant que tout soit prêt pour l'Antichrist.

Certains feront peut-être remarquer que le Messie, à qui appartient réellement le diadème, est déjà venu.

Cela est parfaitement vrai, mais il n'est pas venu pour faire valoir les droits qui sont les siens; il est venu pour permettre à l'homme d'avoir son heure, et au pouvoir des ténèbres de s'affirmer (Luc 22:53), afin qu'il puisse accomplir la rédemption par sa mort. Satan, qui a usurpé l'autorité, l'offrit en fait au Seigneur pendant la tentation dans le désert. Mais le Seigneur la refusa, choisissant, au lieu de ce raccourci trompeur pour atteindre la gloire, la route difficile passant par la mort et la résurrection: «Ne fallait-il pas que le Christ souffrît ces choses, et qu'il entrât dans sa gloire?» (Luc 24:26).

Il prédit cependant clairement la venue d'un autre prince qui acceptera des mains de Satan une couronne — le prétendu vrai diadème de toute la terre: «Moi, je suis venu au nom de mon Père, et vous ne me recevez pas; si un autre vient en son propre nom, celui-là vous le recevrez» (Jean 5:43).

Lorsque sera venu le temps de la grande trinité du mal — le dragon, la bête et le faux prophète, desquels il est écrit en Apocalypse 13 — il semblera que la prophétie d'Ézéchiel a été complètement bouleversée et annulée. Les hommes se seront fédérés en une sorte de soi-disant fraternité telle qu'il suffira de l'apparition de quelque «superman» sans scrupule pour s'emparer des rênes du pouvoir et instituer la tyrannie la plus monstrueuse que le monde ait jamais vu. Cet état de choses atteint, qu'est-ce qui pourra alors empêcher les hommes d'être pris au piège qu'ils auront en fait préparé pour eux-mêmes? Une grande majorité, pourtant, ira peut-être jusqu'à se glorifier de l'établissement de cette tyrannie. Ils diront: «Paix et sûreté», pensant que le diadème est recouvré si définitivement qu'aucun bouleversement n'est plus à craindre.

Mais «quand ils diront: «Paix et sûreté, alors une subite destruction viendra sur eux» (1 Thessaloniciens 5:3). La dernière ligne de cette prophétie verra soudain son accomplissement. Le dernier grand bouleversement aura lieu au véritable Armagédon. Tout d'abord, la bête et le faux prophète, ainsi que leurs armées, seront détruits par la soudaine apparition de Celui à qui le monde appartient de droit. Peu après, probablement, les imposantes puissances du nord — Gog, le prince de Rosh, de Méshec et de Tubal — et leurs nombreux alliés connaîtront la terrible défaite prédite en Ézéchiel 38 et 39. Le dernier bouleversement décisif aura eu lieu.

En ce jour-là, on pourra voir le diadème depuis longtemps perdu, resplendissant alors non seulement des gloires de la création mais des joyaux beaucoup plus brillants encore de la rédemption, sur la tête du Nazaréen jadis rejeté, notre adorable Seigneur Jésus. Il n'en sera jamais ôté, car, bien qu'à la fin des mille ans de son règne de justice il doive y avoir une rébellion fomentée par Satan délié — comme cela est prédit en Apocalypse 20:7-10 —, ce soulèvement sera instantanément réprimé, si bien qu'il n'engendrera jamais de bouleversement. Sur le front sacré du Seigneur, le diadème aura trouvé sa place permanente, éternelle.

Devant ces choses, que dirons-nous? Tout d'abord, ne soyons pas troublés dans nos esprits en considérant l'agitation et l'esprit de révolte qui règnent aujourd'hui sur toute la terre. Ayons plutôt à cœur de ne pas mettre notre drapeau dans notre poche, mais d'être de fidèles témoins pour Christ et pour l'évangile dont il est le centre. Dieu ne modifie pas ses plans d'action comme les hommes doivent invariablement le faire. Les enseignements donnés par notre Seigneur au commencement sont toujours valables. Le Saint Esprit est venu, et nous suivons les premiers disciples à qui il disait: «Vous serez mes témoins» (Actes des Apôtres 1:8).

En outre, ne faisons pas cause commune avec le monde, et ne participons pas à ses machinations et à ses mouvements qui, même à son insu, préparent la venue de l'Antichrist. Demeurons en communion avec le Père et avec le Fils; alors notre attitude envers ceux du monde sera conforme aux commandements de l'Écriture. Autant que cela dépend de nous, nous vivrons «en paix avec tous les hommes» et, au lieu d'être «surmontés par le mal», nous surmonterons le mal par le bien (Romains 12:18-21).

Dieu soit béni, toute agitation et tout bouleversement ne sont que pour un temps, «jusqu'à ce qu'il vienne». Attendons que se lève ce jour tant désiré, et disons de tout notre cœur: «Amen; viens, Seigneur Jésus».