Première épître aux Thessaloniciens (suite)

E.A. Bremicker

Chapitre 2 (suite)

Verset 14

«Car vous, frères, vous êtes devenus les imitateurs des assemblées de Dieu qui sont dans la Judée dans le Christ Jésus; car vous aussi, vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes les mêmes choses qu'elles aussi ont souffertes de la part des Juifs»

Au chapitre 1, l'apôtre avait déjà rappelé qu'ils avaient reçu la Parole avec beaucoup de tribulations (verset 6). Il y revient ici. La tribulation était une conséquence du fait que la parole de Dieu opérait avec puissance dans leur vie. Si les Thessaloniciens n'avaient pas confessé ouvertement le Dieu vivant qu'ils voulaient désormais servir, ils se seraient épargné bien des souffrances. Mais les souffrances n'ont rien d'extraordinaire pour le chrétien. Elles dirigent nos pensées vers le royaume de Dieu. Le chemin de la gloire, pour les sujets du royaume, passe par la tribulation.

Paul compare la situation des Thessaloniciens avec celle des Juifs croyants, et leur déclare que leurs frères en Palestine vivaient les mêmes circonstances. Ce que les premiers avaient à endurer de la part de leurs compatriotes païens, les derniers l'enduraient de la part des Juifs de leur pays. En outre, l'apôtre leur montre combien ils étaient étroitement unis à leurs frères juifs. Il s'était adressé à eux comme à l'assemblée des Thessaloniciensdans le Seigneur Jésus Christ (1: 1), et il qualifie les assemblées de Judée comme étant dans le Christ Jésus. Elles étaient, comme eux, des assemblées de Dieu.

Le Nouveau Testament nous présente l'assemblée sous divers aspects. Plusieurs passages nous la montrent selon le conseil de Dieu, comme un tout, c'est-à-dire constituée de tous les croyants de l'époque actuelle. D'autres passages nous présentent l'aspect local — ou la représentation locale — de l'assemblée, par exemple 1 Corinthiens 11: 18. C'est aussi la pensée de diverses assemblées locales que nous avons ici. Il y avait des assemblées en Judée comme en Europe. Elles n'étaient pas seulement quelque peu liées les unes aux autres, mais elles faisaient partie du corps complet de Christ. Il en est de même aujourd'hui: la parole de Dieu ne connaît pas d'assemblées locales indépendantes, mais un seul corps de Christ, une seule assemblée. Quand elle parle de la représentation locale du corps de Christ, elle ne l'envisage jamais indépendamment de l'ensemble (voir par exemple 1 Corinthiens 12: 27).

Verset 15

«qui ont mis à mort et le Seigneur Jésus et les prophètes, et qui nous ont chassés par la persécution, et qui ne plaisent pas à Dieu, et qui sont opposés à tous les hommes»

Paul saisit l'occasion de la condition des assemblées en Judée pour faire quelques commentaires sur les Juifs et leur comportement. Le verset 15 contient cinq reproches à leur adresse:

  1. Ils ont mis à mort le Messie.
  2. Ils ont tué les prophètes.
  3. Ils ont chassé Paul par la persécution.
  4. Ils ne plaisent pas à Dieu.
  5. Ils sont opposés à tous les hommes.

Le point culminant de la méchanceté des Juifs a été le rejet et la crucifixion de leur Messie, leur roi. C'est le reproche que leur fait Pierre en Actes des Apôtres 2: 23: «vous l'avez cloué à une croix et vous l'avez fait périr par la main d'hommes iniques». C'était le meurtre de celui qui était le don inexprimable de Dieu. De même qu'ils avaient tué les serviteurs de l'Éternel, dans l'Ancien Testament, ils avaient maintenant mis à mort le Fils bien-aimé de Dieu (cf. Marc 12: 8). Cependant, le livre des Actes nous montre qu'ils traitèrent aussi les disciples du Seigneur de la même manière. Comme ils avaient rejeté leur roi, ils rejetaient aussi ceux qui voulaient le suivre. Paul, poursuivi par la persécution, en fit bien vite l'expérience. Leur conduite ne pouvait jamais plaire à Dieu, bien qu'ils aient prétendu le servir. Dans sa grâce et sa sagesse, Dieu se servit de leur opposition pour faire porter l'évangile aux nations, mais cela ne diminue en rien leur responsabilité; ils auront à rendre compte de leur terrible comportement.

La persécution est toujours quelque chose d'abominable, mais elle prend un caractère particulièrement cruel, et même sadique, lorsqu'elle s'exerce au nom de la religion. Toute l'histoire de l'Église est là pour le prouver, et on en trouve encore des exemples dans les temps actuels. Satan réussit toujours à aveugler les hommes en les faisant utiliser des motifs religieux pour donner libre cours à leur cruauté.

Verset 16

«nous empêchant de parler aux nations afin qu'elles soient sauvées, pour combler toujours la mesure de leurs péchés; mais la colère est venue sur eux au dernier terme».

L'opposition des Juifs à l'évangile eut comme résultat que le message en fut porté désormais aux nations. L'instrument choisi par Dieu pour cela fut particulièrement l'apôtre Paul, ce qui souleva le plus grand déplaisir des Juifs. Tout en refusant pour eux-mêmes le salut en Jésus, ils s'opposèrent à ce qu'il soit annoncé aux nations. Ils étaient visiblement conscients qu'il s'agissait d'une chose de grande valeur, et c'est pourquoi ils ne pouvaient supporter de le voir offert aux païens par Paul. Ils se considéraient comme le peuple élu de Dieu et regardaient les Gentils avec mépris. L'idée d'un évangile qui apporte les mêmes bénédictions aux païens et aux Juifs leur était insupportable. Nous voyons souvent cela dans le livre des Actes. À Antioche de Pisidie, par exemple, «les Juifs, voyant les foules, furent remplis de jalousie et contredirent à ce que Paul disait, contredisant et blasphémant» (13: 45). De même à Jérusalem, lors de son apologie devant le peuple, il put parler jusqu'au moment où il leur dit que Dieu l'avait envoyé «au loin vers les nations». «Ils l'écoutèrent jusqu'à ce mot, et ils élevèrent leur voix, disant: Ôte de la terre un pareil homme, car il n'aurait pas dû vivre» (Actes des Apôtres 22: 22). Par ce comportement, les Juifs mirent le comble à leur péché et firent déborder la mesure.

Cela ne pouvait pas rester sans conséquences. La colère de Dieu est venue sur eux à son dernier terme, c'est-à-dire à son comble. Cette parole n'est pas encore pleinement accomplie. Un premier déploiement de cette colère a eu lieu lors de la destruction de Jérusalem en l'an 70 par les Romains. Quelle qu'en soit l'horreur, ce ne pouvait être qu'un prélude au jugement de Dieu qui atteindra les Juifs dans un temps encore futur. Il en est de même des terribles malheurs que ce peuple a connus depuis lors.

Verset 17

«Or pour nous, frères, ayant été séparés de vous pour un temps, de visage et non de cœur, nous avons d'autant plus, avec un fort grand désir, cherché à voir votre visage».

Après cette digression, Paul revient à ses relations avec les Thessaloniciens. N'est-il pas touchant de voir avec quelle affection il parle? Ses relations avec eux étaient empreintes d'un amour sincère. Il s'adresse à eux comme à des frères avec qui il est étroitement uni. Tout son désir était de les revoir, comme une mère qui a été séparée de ses enfants bien-aimés. Bien qu'absent de corps, il était présent avec eux de cœur. Et nous, aimons-nous tous nos frères et sœurs, comme Paul, ou bien restons-nous indifférents à leurs circonstances? Bien que nous n'en connaissions que quelques-uns, nous pouvons manifester dans la prière le lien qui nous unit à eux tous.

Verset 18

«C'est pourquoi nous avons voulu aller vers vous, moi Paul, et une fois et deux fois, et Satan nous en a empêchés».

Dans le livre des Actes, nous voyons que, depuis Thessalonique, Paul est allé à Athènes puis à Corinthe. Il avait rencontré d'autres frères, mais n'oubliait pas pour autant ceux de Thessalonique. Il désirait ardemment les revoir et revenir vers eux, parce qu'il se faisait du souci pour eux.

Mais cela ne tenait pas à lui qu'il ne soit pas venu; c'était Satan qui l'en avait empêché! Comment cela s'est manifesté dans les faits, nous ne le savons pas. Paul dit simplement que Satan s'était opposé à cette visite. Aurions-nous dit une chose pareille? En Actes 16: 6, nous lisons que le Saint Esprit les avait empêchés d'annoncer l'évangile en Asie. Ceci nous paraît déjà plus compréhensible. Mais comment est-il possible que Satan puisse empêcher un serviteur du Seigneur de faire quelque chose qui n'est pas contraire à la volonté de Dieu? Le désir de Paul était bon, ses motifs étaient purs. Satan était le seul qui avait un intérêt à s'opposer à une nouvelle venue de Paul à Thessalonique, et Dieu laissa faire.

Dans nos vies, nous devons aussi apprendre à discerner entre ce qui est la volonté directe de Dieu et ce qu'il permet. Il est bien évident que Satan ne peut rien contre la volonté divine, mais Dieu lui laisse un certain champ libre. Nous voyons cela clairement dans l'histoire de Job; mais nous pouvons nous consoler à la pensée que Satan sera bientôt lié, et Romains 16: 20 dit: «le Dieu de paix brisera bientôt Satan sous vos pieds». Il ne pourra alors plus rien contre les saints.

 Mais actuellement, il saisit chaque occasion pour nuire à l'œuvre du Seigneur. Lorsque survient une difficulté, nous avons besoin de nous interroger sur nos motifs pour savoir si c'est Dieu qui met un obstacle, ou s'il permet à Satan de faire de l'opposition. Si nos motifs ne sont pas droits et purs, Dieu se met en travers de notre chemin. Pour Paul, les choses étaient claires; ses motifs étaient en accord avec Dieu, et c'est pourquoi il savait que c'était Satan qui s'opposait, non pas Dieu.

Versets 19 et 20

«Car quelle est notre espérance, ou notre joie, ou la couronne dont nous nous glorifions? N'est-ce pas bien vous devant notre Seigneur Jésus, à sa venue? Car vous, vous êtes notre gloire et notre joie».

Dans ce verset, Paul en vient au retour du Seigneur, et il considère tout à la lumière de sa venue. On pourrait s'étonner un peu qu'il ne dise pas que c'est le Seigneur qui est son espérance, sa joie, sa gloire. Il l'était, sans aucun doute. Jésus était l'essence même de son espérance. C'est lui qu'il désirait voir. Mais nous avons ici un autre aspect des choses. Nous voyons les motifs de l'apôtre, qui étaient exempts d'égoïsme et d'amour propre. Les Thessaloniciens ne prenaient pas la place de Christ dans son cœur, sinon cela aurait été une erreur de parler ainsi. Le Seigneur lui-même était bien l'objet de ses affections, et parce qu'il en était ainsi, il pouvait se réjouir de la récompense qu'il recevrait à la venue de Christ.

Paul attendait le Seigneur Jésus pour le voir, lui. Mais il savait qu'il aurait en même temps la joie de se tenir devant lui avec ceux qui avaient été amenés à la foi par son ministère (opéré par le Saint Esprit). Cette joie est juste. Nous pouvons nous réjouir de la récompense qui sera notre part à sa venue. Quelqu'un a écrit: «Les fruits particuliers de notre travail ne sont pas perdus; ils se retrouveront à la venue du Seigneur. Notre plus grand sujet de joie est de voir le Seigneur lui-même et de lui être semblable. C'est la part de tous les saints, mais il y a des fruits particuliers qui sont liés à l'œuvre que le Saint Esprit a accomplie en nous et par nous». Notre espérance est fixée sur le Seigneur, mais elle est inséparable de la récompense que lui-même donnera.

La récompense est en relation avec le service fait pour le Seigneur. Maintenant, nous sommes serviteurs dans son royaume. Quand celui-ci sera établi en puissance et en gloire, viendront les récompenses. Cela est clairement présenté dans la parabole de Luc 19: 11-27. La rémunération pour le service y est vue en relation avec la puissance du royaume. Le Maître dit: «Bien, bon esclave, parce que tu as été fidèle en ce qui est très peu de chose, aie autorité sur dix villes». C'est dans le même sens que nous avons à comprendre le passage de 2 Pierre 1: 11, si souvent mal compris: «Car ainsi l'entrée dans le royaume éternel de notre Seigneur et Sauveur Jésus Christ vous sera richement donnée». L'entrée dans la maison du Père est la même pour tous les croyants de la dispensation actuelle; là il n'y a pas de différences. Mais quand il s'agit de l'entrée dans le royaume dans sa forme future (et c'est de lui qu'il est question en 2 Pierre 1: 11), il y aura certes des différences. La récompense qui sera publiquement donnée alors ne sera pas la même pour chacun (voir aussi 1 Corinthiens 3: 13-15).

La couronne de gloire dont Paul parle ici nous fait aussi penser à une autorité, comme encore à la distinction qui honore un vainqueur. Cela ne nous remplit-il pas de confusion de savoir que Dieu trouve son plaisir à nous récompenser, à nous honorer? Il récompensera tout ce qui a été fait pour lui, mais non selon les critères de ce monde, — pensons-y. Ce n'est pas le genre d'activité qui sera récompensé, mais la fidélité avec laquelle nous aurons accompli ce qu'il nous a confié.

Plusieurs couronnes sont mentionnées dans le Nouveau Testament; il vaut la peine de les considérer:

  • La couronne de la vie pour le martyr et pour celui qui aime le Seigneur (Apocalypse 2: 10; Jacques 1: 12).
  • La couronne de gloire pour le pasteur fidèle (1 Pierre 5: 4).
  • La couronne incorruptible pour le vainqueur dans la course (1 Corinthiens 9: 24-27).
  • La couronne de justice pour celui qui aime l'apparition du Seigneur (2 Timothée 4: 8).
  • La couronne de joie pour le serviteur (1 Thessaloniciens 2: 19).

Nous vanterons-nous de nos couronnes? Non, jamais. En Apocalypse 4, nous voyons ce que les croyants en font: ils les déposent aux pieds de l'Agneau. C'est à lui qu'ils donnent gloire. Nous exprimerons ainsi que nous ne sommes rien et que tout ce que nous aurons faiblement accompli n'était rien d'autre que son œuvre à lui. C'est à lui seul que revient tout honneur et toute gloire.

Arrêtons-nous encore brièvement sur le mot «venue», caractéristique des deux épîtres aux Thessaloniciens, où il est mentionné sept fois: 1 Thessaloniciens 2: 19; 3: 13; 4: 15; 5: 23; 2 Thessaloniciens 2: 1; 2: 8; 2: 9). Le mot grec correspondant est parousia, composé de: para  = avec  et ousia  = être. Il ne désigne pas seulement le moment précis de l'arrivée de quelqu'un, mais la présence continue qui en résulte. En Philippiens 2: 12, Paul utilise ce mot pour parler de sa «présence» au milieu des Philippiens. Dans le Nouveau Testament, il est utilisé dix-huit fois pour le retour du Seigneur. Il n'indique pas seulement le moment de sa venue pour les siens, mais aussi sa présence avec eux depuis ce moment-là.

Il s'agit donc de toute une période qui a un début, une durée et une fin. Elle commencera quand le Seigneur viendra pour chercher les siens, et elle finira lors de son apparition en gloire sur cette terre pour établir son règne. Sa venue pour nous et avec nous est considérée en fait comme une venue, mais avec plusieurs phases. Ainsi, il n'est pas tout à fait juste de parler de la première et de la deuxième venue du Seigneur, quand on veut distinguer les deux phases de cette venue. Si l'on examine les différents passages mentionnant cette parousie, on peut constater que:

  • Certains parlent principalement du début de cette période — exemples: 1 Thessaloniciens 4: 15; 5: 23; 2 Thessaloniciens 2: 1; 1 Corinthiens 15: 23; 2 Pierre 3: 4;
  • D'autres parlent plutôt de durée — exemples: 1 Thessaloniciens 2: 19; 3: 13; Matthieu 24: 3, 37, 39; 1 Jean 2: 28;
  • Et certains encore de la fin de cette période — exemples: 2 Thessaloniciens 2: 8; Matthieu 24: 27.

Au cours de notre étude, nous aurons encore l'occasion de considérer plusieurs aspects de la venue du Seigneur, particulièrement dans les chapitres 4 et 5, où elle est au premier plan.

À suivre