Quelques épouses, types de l'Église dans l'Ancien Testament

Pierre Diedrichs

Nous trouverons du profit spirituel à considérer quelques femmes de l'Ancien Testament qui, par leur personnalité ou le caractère de leur union, sont de belles figures de l'Église. La parole de Dieu fait ainsi revivre devant nous des épouses telles que Eve, Rebecca, Asnath, Séphora, Abigaïl, et Ruth dont certains traits évoquent à la fois le résidu fidèle d'Israël et l'épouse céleste. Leur vie fut étroitement liée à des hommes de foi qui sont en même temps des types de Christ. Nos regards se porteront ainsi, par-delà ces préfigurations de l'Assemblée, sur Celui qui est «plus beau que les fils des hommes», le Bien-aimé du psaume 45, le Seigneur Jésus.

Ève (Genèse 2:18-25)

Épouse d'Adam, type de Christ ayant autorité sur tout l'univers créé, comme chef de la première création (Colossiens 1:15).

Nous la voyons tirée d'Adam lui-même, Dieu formant1 cet être féminin, différent et pourtant tellement semblable à l'homme. Elle lui est étroitement unie, son complément sur tous les plans de l'humanité.

1 Littéralement bâtissant, expression qui évoque si remarquablement Matthieu 16:18!

C'est à ce propos que nous est donnée la pensée divine: «l'homme quittera son père et sa mère, et s'attachera à sa femme, et ils seront une seule chair» (Genèse 2:24; Matthieu 19:5). Ces deux expressions — s'attachera et une seule chair — expriment dans la langue hébraïque plus que l'union corporelle: c'est l'union de deux êtres complets avec leur personnalité, leurs sentiments, leur esprit. Eve devient l'épouse d'Adam par un effet de la parfaite sagesse de Dieu, qui voulait donner à celui-ci une aide qui lui corresponde. Et dans son enseignement, le Seigneur Jésus remonte à ce qui était au commencement (Matthieu 19:8).

C'est ainsi que le couple chrétien a l'immense privilège de pouvoir saisir la signification profonde du mariage. L'union formée pour le temps de la terre est l'image si belle, bien que toujours imparfaite, de l'union spirituelle de Christ et de son Assemblée (Éphésiens 5:31, 32). Ainsi, dans ce chapitre 2 de la Genèse, nous contemplons Eve comme type de l'Église. Selon le propos éternel de Dieu, Christ devait avoir une épouse qui lui corresponde parfaitement (cf. Romains 8:29; 1 Jean 3:2).

La naissance de l'Église est une des conséquences de la mort de Christ, dont le profond sommeil d'Adam est l'image (verset 21). C'est là que l'amour de Christ pour son assemblée s'est exprimé d'une manière suprême, sur la croix, lorsqu'il «s'est livré lui-même pour elle» (Éphésiens 5:25). La résurrection de Christ (suivie de son exaltation et de l'envoi de l'Esprit Saint) vient compléter le tableau de ces plans divins concernant la formation de l'épouse, la femme de l'Agneau (Apocalypse 21:9). Savons-nous assez apprécier cet amour de Christ pour son Assemblée, à laquelle nous appartenons par pure grâce? Plus nous jouirons de cet amour, plus nous aurons conscience d'être intimement unis à Christ, ayant été tirés de lui, étant «membres de son corps, — de sa chair et de ses os» (Éphésiens 5:30).

Adam, au moment de son union, domine sur toute la première création (souveraineté que Satan ne réussira que trop bien à lui ravir, en en faisant son esclave après la chute). Christ est le Chef de toute la création: il en est «le premier-né» (Colossiens 1:15), ce qui exprime sa suprématie sur tout ce qui a été créé, sa primauté. De plus, par sa victoire sur la croix, il a ôté à l'usurpateur les droits qu'il s'était acquis; il a repris, comme Homme, l'héritage des choses créées qu'Adam avait laissé tomber de ses mains!

Eve était associée à Adam pour jouir, dans l'innocence, des bénédictions d'Eden avec lui, avant que sa désobéissance introduise dans le monde tout le cortège des conséquences du péché. De même, l'Assemblée savoure déjà par la foi les bénédictions célestes que nous avons en Christ, dans le «paradis de Dieu» (Apocalypse 2:7). Et qu'elle est belle l'espérance de l'Église d'être bientôt avec Christ, lorsqu'il se présentera l'assemblée à lui-même, «glorieuse, n'ayant ni tache, ni ride, ni rien de semblable,… sainte et irréprochable» (Éphésiens 5:27)! Elle partagera sa gloire dans le règne millénaire et, bien au-delà, dans une éternité de lumière et de paix (Apocalypse 21:2; 22:5).

Asnath (Genèse 41:45)

Épouse de Joseph rejeté par ses frères, type de Christ rejeté par Israël quant à sa personne, mais exalté dans le ciel à la droite de Dieu.

Asnath est unie à Joseph au moment de sa glorification, sans avoir partagé les souffrances de son rejet. De fait, en Genèse 41, Joseph est au faîte de la gloire (versets 40-44). Le Pharaon l'établit sur tout le pays d'Égypte; il le fait monter sur son second char et on crie devant lui: «Abrec!» c'est-à-dire «qu'on s'agenouille!». Il représente un plus grand que lui, Christ établi Seigneur sur tout l'univers après sa résurrection et son ascension, Dieu lui ayant donné toute autorité dans le ciel et sur la terre (Matthieu 28:18; Actes des Apôtres 2:36).

L'épouse qui est donnée à Joseph par le Pharaon est ainsi une belle image de l'Église qui participe déjà moralement à la gloire de Christ à la droite de Dieu. Cette gloire actuelle de Jésus comme Fils de l'homme nous est donnée, pour ainsi dire, par anticipation (Jean 17:22). Elle correspond au verset 30 de Romains 8 et aux chapitres 1 et 2 de l'épître aux Éphésiens. Nous sommes glorifiés en lui, en attendant de l'être avec lui.

Joseph, lorsqu'il reçut Asnath, allait bientôt renouer ses relations avec ses frères dans un esprit de grâce (Genèse 45). De même, le Seigneur Jésus, après l'enlèvement de l'Église et les noces de l'Agneau (Apocalypse 19:7), se manifestera en gloire à ses frères, les Juifs croyants du résidu. Ils regarderont vers lui, «celui qu'ils ont percé», dans une humiliation et une repentance sincères (Zacharie 12:10-14). Mais avant ce moment qui introduira le règne millénaire (préfiguré par le chapitre 47 de la Genèse), l'Église — tirée des nations comme Asnath l'était de sa famille égyptienne — partage sa gloire céleste actuelle. La femme de Joseph lui donne deux fils dont les noms évoquent la consolation qu'il éprouve d'acquérir une telle postérité (Manassé signifie «qui oublie» et Éphraïm, «doublement fertile») alors qu'il est encore séparé de son père et rejeté par ses frères. Combien le Seigneur apprécie de posséder, pendant le temps où il est tenu pour mort par son peuple terrestre, une épouse et une nouvelle famille qui réjouissent son cœur! Quelle grâce de faire partie nous-mêmes de ceux qui régneront avec lui après avoir partagé son rejet (2 Timothée 2:11, 12)!

Rebecca (Genèse 24)

Épouse d'Isaac, type de Christ ressuscité et exalté (Colossiens 1:18), chef de la nouvelle création.

En Genèse 22, le sacrifice d'Isaac représente d'une manière bien émouvante la mort et la résurrection de Christ. Ensuite, au chapitre 23, la mort de Sara est une figure de la mise de côté actuelle d'Israël et des promesses terrestres, pour faire place aux bénédictions célestes de l'Église. Immédiatement après, au chapitre 24, nous avons le récit de l'activité déployée par Abraham pour rechercher l'épouse qu'il destine à son fils, image de l'activité divine en faveur de l'Épouse pour le Fils. Étant passé par la mort, il a pris une position céleste et reçoit l'Église comme Épouse.

Celle-ci, dans le type de Rebecca, n'est pas vue comme tirée du monde, mais comme préparée pour Isaac2. Dans tout ce chapitre 24, le serviteur le plus ancien de la maison d'Abraham est un type du Saint Esprit. C'est ainsi qu'aujourd'hui encore, le Saint

2 On peut noter par ailleurs qu'Isaac n'a pas souffert pour acquérir Rebecca, alors que Christ «a aimé l'assemblée et s'est livré lui-même pour elle» (Éphésiens 5:25), ayant traversé, pour l'acquérir, les heures terribles de la croix.

Esprit conduit ceux qui constituent l'Épouse vers le lieu où ils seront éternellement unis à Christ dans la gloire. Le serviteur discerne en Rebecca des traits d'une beauté particulière. Non seulement elle répond avec empressement à sa demande d'un peu d'eau pour lui-même, mais elle va bien au-delà en puisant pour tous ses chameaux (verset 20).

Il y a une différence à souligner entre les types d'Eve et de Rebecca. En Eve, nous avons la formation de l'épouse par un acte souverain de Dieu, sans qu'elle intervienne en quoi que ce soit; en Rebecca, nous voyons la réponse intelligente de la foi sous l'action de l'Esprit dans le cœur de l'Épouse, manifestant les caractères de la vraie piété.

Au verset 53, le serviteur aligne tous les présents qui lui ont été confiés, des objets d'argent et d'or, et des vêtements. Ainsi, le Saint Esprit nous fait déjà jouir par anticipation des richesses insondables du Christ (Éphésiens 3:8), de toutes les bénédictions spirituelles que nous avons en lui dans les lieux célestes (Éphésiens 1:3). Au bénéfice de la rédemption (figurée par l'argent), rendus agréables dans le Bien-aimé (Éphésiens 1:6, 7) (ses gloires divines étant figurées par l'or), soyons heureux, à l'image de Rebecca, de porter le caractère de Celui auquel la grâce nous a fiancés (des vêtements). Il est Celui à qui le Père a confié tout ce qu'il a (Genèse 23:36; Jean 3:35).

Comme Isaac au puits de Lakhaï-Roï, Christ attend dans le ciel le moment de ses noces. L'Épouse s'est mise en route sous la conduite du Saint Esprit, qui parle à son cœur de Celui qu'elle aime (1 Pierre 1:8). Le long voyage va bientôt prendre fin. Levant les yeux, l'Épouse peut contempler le divin Isaac (2 Corinthiens 3:18). Rebecca se couvre, en signe de soumission. Quelle belle image de l'Église qui se prépare au moment merveilleux où elle verra son Époux sur la nue, pour lui être unie durant l'éternité (Apocalypse 19:7)!

Séphora (Exode 2:21; 4:24-26; 18:2)

Épouse de Moïse, type de Christ rejeté par Israël quant à sa mission comme Libérateur.

Elle est unie à Moïse pendant le temps où il est rejeté par Israël et séjourne en Madian. Il est probable qu'elle l'a accompagné durant la traversée du désert, à partir du chapitre 18 de l'Exode, après l'épisode du rocher frappé à Rephidim, tandis qu'Israël supporte pendant quarante ans les conséquences de son incrédulité.

Séphora est, au début de son histoire, une image de l'Église unie à Christ alors qu'il est rejeté comme Messie par Israël. Elle paraît avoir sa part de responsabilité dans le fait que son fils Guershom n'ait pas été circoncis, selon le signe de l'alliance divine faite avec Abraham et ses descendants. Mais l'Éternel frappe Moïse, responsable de sa famille; alors, en présence de la terrible réalité du gouvernement de Dieu, elle réalise sa faute et se soumet à la volonté divine (Exode 4:25). Ainsi le Seigneur déclare à l'assemblée à Laodicée: «Moi, je reprends et je châtie tous ceux que j'aime; aie donc du zèle et repens-toi» (Apocalypse 3:19). Et au sein de l'Église responsable qui a beaucoup manqué (Apocalypse 2 et 3), celui qui a des oreilles est exhorté avec insistance (sept fois) à écouter ce que l'Esprit dit aux assemblées.

En Exode 18, on peut voir dans la venue de Jéthro, beau-père de Moïse, une image de l'introduction des nations dans les bénédictions du règne millénaire. L'Église, épouse de Christ, représentée ici par Séphora, apparaîtra également sur la scène et sera alors manifestée comme «la sainte cité… descendant du ciel d'auprès de Dieu, ayant la gloire de Dieu» (Apocalypse 21:10). Elle sera alors la lumière des nations et recevra l'hommage et l'honneur de la part des rois de la terre (verset 24).

Abigaïl (1 Samuel 25)

Épouse de David, type de Christ, le Roi souffrant et méprisé.

Cette femme humble et sage (verset 3) discerne par la foi la grandeur de l'oint de l'Éternel, alors qu'il est l'objet des outrages de Nabal, son mari impie (versets 10, 25), et de la haine de Saül, le roi que l'Éternel a rejeté (16:1). Nabal représente d'une part Israël qui a eu la folie de méconnaître son Messie, et d'autre part tous les incrédules qui aujourd'hui méprisent Jésus, le Fils de Dieu, se plaçant ainsi sous le jugement divin (Jean 3:36). Cet esprit d'apostasie se développe de plus en plus au sein de la chrétienté, de la part de ceux qui «changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul maître et seigneur Jésus Christ» (Jude 4).

Nous voyons Abigaïl se prosterner devant David, attendant tout de sa grâce et anticipant le jour de son élévation sur le trône (versets 23, 28-31). Elle est un modèle pour nous, chrétiens, par rapport à notre Seigneur Jésus Christ, par sa piété, son humilité et la confiance sans réserve qu'elle a en celui qu'elle nomme «son seigneur»!

C'est après la mort de Nabal, frappé par Dieu lui-même, et à la suite de son union avec David (verset 42) qu'Abigaïl devient une figure de l'Église comme épouse de Christ. Elle va désormais partager l'existence d'un David proscrit et pourchassé sur les montagnes de Juda, abandonnant pour lui la jouissance de ses biens terrestres. Ainsi, l'Église peut estimer «l'opprobre de Christ un plus grand trésor» que toutes les richesses du monde (cf. Hébreux 11:26). La promesse divine est pour nous une certitude, comme elle l'était pour l'apôtre Paul. À la fin de sa course, il écrivait: «C'est pourquoi j'endure tout pour l'amour des élus, afin qu'eux aussi obtiennent le salut qui est dans le Christ Jésus, avec la gloire éternelle. Cette parole est certaine; car si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui; si nous souffrons, nous régnerons aussi avec lui» (2 Timothée 2:10-12).

Ruth

En terminant, ajoutons quelques lignes concernant la belle image de Ruth, dans le livre qui porte son nom.

Les analogies avec l'avenir du peuple d'Israël sont frappantes; en particulier, le fait qu'un résidu croyant de ce peuple, ayant conscience d'avoir perdu tout droit aux promesses terrestres (c'est pour cela qu'il est représenté par une femme étrangère, telle que Ruth) sera reçu en grâce pour entrer dans le royaume millénaire avec Christ.

Il existe toutefois des similitudes entre l'histoire de Ruth et celle de l'Église. Celle-ci est constituée de façon prédominante de croyants des nations qui étaient — comme Ruth — «sans droit de cité en Israël et étrangers aux alliances de la promesses» (Éphésiens 2:12). Et l'immense bonté de Boaz, comme type de Christ rédempteur, fait vibrer nos cœurs quand nous pensons au prix qu'il a payé pour acquérir son épouse, à laquelle nous appartenons. Ce prix est infiniment grand: c'est «le sang précieux de Christ», c'est le don de sa propre vie (Actes des Apôtres 20:28; Éphésiens 5:25; 1 Pierre 1:18, 19). Bientôt les noces de l'Agneau seront célébrées dans le ciel (Apocalypse 19:7).

Comme Ruth, nous pouvons bien nous prosterner devant le divin Boaz et lui dire: «Pourquoi ai-je trouvé grâce à tes yeux, que tu me reconnaisses, et je suis une étrangère?»