Le Seigneur est réellement ressuscité (suite)

F. von Kietzell

Chapitre 4

Les femmes au sépulcre

«De fort grand matin, le premier jour de la semaine, elles viennent au sépulcre, comme le soleil se levait» (Marc 16:2). Il est ici question des autres femmes de Galilée: l'autre Marie (la mère de Jacques et de Joses), Salomé (la femme de Zébédée), Jeanne (la femme de Chuzas, intendant d'Hérode — Luc 8:3), «et les autres femmes avec elles» (Luc 24:10). Nous avons déjà vu Marie de Magdala au sépulcre à une heure encore plus matinale.1

1 D'après Luc 24:10, on pourrait penser que Marie de Magdala était aussi présente en cette occasion. Cependant, je crois que Luc 24:10-12 (comme c'est souvent le cas dans cet évangile) doit être considéré comme un résumé, et non comme une suite chronologique.

En fait, ces femmes y vinrent aussi «de fort grand matin», pour la raison qui nous est donnée en Luc 24:1: «elles vinrent au sépulcre apportant les aromates qu'elles avaient préparés». La pensée que le Seigneur était ressuscité était si loin de leur esprit que leur seul souci était de finir d'embaumer son corps, que Nicodème et Joseph d'Arimathée avaient déjà enveloppé de linges avec des aromates (Jean 19:39, 40). Elles voulaient aussi rendre les derniers honneurs à leur Maître défunt, selon la coutume juive. Mais pour accomplir leur service, comme nous le savons, elles arrivaient trop tard. Elles auraient agi d'une manière bien différente si elles s'étaient souvenues des paroles du Seigneur. Ne leur avait-il pas dit qu'il devait ressusciter d'entre les morts le troisième jour? Le sépulcre, alors, n'aurait été d'aucun intérêt pour elles1.

1 On peut comparer ceci avec la conduite toute différente des croyants lorsqu'ils attendaient le Saint Esprit (Actes des Apôtres 1:14).

À leurs efforts inutiles s'ajoute maintenant un souci tout aussi inutile: «Elles disaient entre elles: Qui nous roulera la pierre de devant la porte du sépulcre?» Mais, «ayant regardé, elles voient que la pierre était roulée; car elle était fort grande» (Marc 16:3, 4).

Ce petit détail n'est-il pas pour nous très instructif? Que de fois nous nous sommes inquiétés devant un obstacle apparemment infranchissable, pour réaliser bientôt, à notre grande honte, qu'une main invisible l'avait déjà ôté! Que de fois une porte qui nous semblait irrémédiablement fermée s'est ouverte dès l'instant où nous avons levé les yeux en haut! Nous n'avions plus qu'à entrer, comme le firent les femmes.

«Elles trouvèrent la pierre roulée de devant le sépulcre. Et étant entrées, elles ne trouvèrent pas le corps du Seigneur Jésus (Luc 24:2, 3). À leurs efforts et à leurs soucis inutiles s'ajoute encore une perplexité inutile! «Et il arriva, comme elles étaient en grande perplexité à ce sujet, que voici, deux hommes se trouvèrent avec elles, en vêtements éclatants de lumière» (Luc 24:4). Dieu avait envoyé ses serviteurs. Avec quelle grâce il pourvoit aux besoins des siens! En fait, quand a-t-il manqué à leur prodiguer ses soins patients et infatigables?

La «vision d'anges» dont il a déjà été question dans l'histoire de Marie de Magdala est intéressante à plus d'un titre. Chaque Évangile, selon son propre caractère, la présente d'une manière différente. En rapport avec le Messie, Matthieu parle d'«un ange du Seigneur «qui descend du ciel. «Son aspect était comme un éclair, et son vêtement blanc comme la neige» (Matthieu 28:2, 3).

Dans Jean, il est également question d'anges (20:12). Dans l'Évangile de Marc, où le Seigneur est présenté comme le serviteur de Dieu, nous voyons «un jeune homme1 assis du côté droit» (Marc 16:5). Et dans Luc, qui présente Christ comme l'homme dépendant, il y a simplement «deux hommes» (Luc 24:4). Quelle perfection que celle de la Parole de Dieu! Nous pouvons l'étudier en étant pleinement assurés du caractère divin de son origine.

1 L'expression désigne un serviteur plus jeune, un subordonné ou un domestique (cf. Actes des Apôtres 5:6).

L'inutile perplexité des femmes fait place maintenant à une peur inutile. Bien que les messagers célestes soient venus tout spécialement pour elles, «le tremblement et le trouble les avaient saisies» (Marc 16:8), «elles étaient épouvantées et baissaient le visage contre terre» (Luc 24:5).

Comme nous les comprenons! Et pourtant, ce qui s'était passé avait de quoi épouvanter et faire trembler le monde (représenté ici par les gardiens du sépulcre), mais non ceux qui par grâce appartenaient à Jésus Christ crucifié et ressuscité. «Pour vous, n'ayez point de peur; car je sais que vous cherchez Jésus le crucifié; il n'est pas ici; car il est ressuscité, comme il l'avait dit» (Matthieu 28:5, 6; Marc 16:6).

«N'ayez point de peur», avait aussi dit un jour un ange du Seigneur aux bergers de la contrée de Bethléhem, «car aujourd'hui… vous est né un sauveur». Mais le chemin de ce Sauveur — qui avait été couché comme un petit enfant dans la crèche — s'était avéré totalement différent de ce que ces bergers avaient pensé. Il avait abouti à la croix, à la mort, et au sépulcre! Or voilà que de nouveau un ange du Seigneur apparaît, proclamant» un grand sujet de joie», et disant «n'ayez point de peur» à ces âmes troublées. Cette apparition était bien nécessaire, car partout où Satan a perdu son pouvoir sur une âme humaine (pour toujours, comme il le sait fort bien), il fait tout ce qu'il peut pour la remplir de crainte, et même de terreur. Et cette crainte oppresse le cœur, le rend sans force, incapable d'apprécier pleinement les bénédictions qui découlent de l'œuvre de Christ!

C'est pourquoi ces paroles «n'ayez point de peur» nous sont adressées comme elles l'ont été aux femmes. «Je sais que vous cherchez Jésus le crucifié», que vous recherchez la communion avec celui qui a été méprisé de tous. Rappelons-nous aussi que son abaissement a été suivi de sa victoire glorieuse, et de son triomphe sur le péché, sur la mort et sur Satan. N'y a-t-il pas de quoi être confus, en regardant en arrière à tous nos efforts, nos soucis, nos perplexités et nos peurs inutiles!

«Il est ressuscité, il n'est pas ici, … comme il vous l'a dit» (Marc 16:6, 7). Tous les soucis et les peines inutiles dont nous avons parlé ont leur seule source dans la négligence à l'égard de la parole du Seigneur. C'est pour cela que les anges ajoutent à leurs encouragements un avertissement et une réprimande: «Pourquoi cherchez-vous parmi les morts celui qui est vivant? Il n'est point ici, mais il est ressuscité. Souvenez-vous comment il vous parla quand il était encore en Galilée» (Luc 24:5, 6). Que de peine et d'inquiétude superflues, que de trouble, de doute et d'anxiété inutiles ces femmes auraient pu s'épargner si, comme Marie, la mère du Seigneur, elles avaient conservé toutes ses paroles dans leur cœur! (Luc 2:19, 51). Jacob aussi, jadis, avait gardé la parole de Joseph (Genèse 37:11), mais, malheureusement, pas assez longtemps. De même, le psalmiste s'écrie: «J'ai caché ta parole dans mon cœur» (Psaumes 119:11). Son désir était de l'apprendre, d'y prendre garde continuellement, de la méditer tout le jour, de ne jamais l'oublier, de l'observer et de la pratiquer à toujours. Oui, «bienheureux sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la gardent» (Luc 11:28).

Au témoignage de la parole de Jésus s'ajoute maintenant la preuve du sépulcre vide. «Venez, voyez le lieu où le Seigneur gisait» (Matthieu 28:6; Marc 16:6). La place était vide. Il n'y était plus, exactement comme il le leur avait annoncé. Bientôt, celui qu'elles cherchaient en vain parmi les morts se présenterait à elles vivant, ce qui allait constituer l'une des diverses «preuves assurées».

Après avoir vu le sépulcre vide, «le lieu où on l'avait mis», les femmes pouvaient porter aux disciples l'heureux message de sa résurrection. Il importait que cela se fasse au plus vite. C'est pourquoi les anges disent: «Allez promptement, et dites à ses disciples qu'il est ressuscité des morts» (Matthieu 28:7). Les autres disciples ne devaient pas rester dans l'ignorance ou dans la peine. Ils devaient le revoir, et leur tristesse être changée en joie (Jean 16:20). «II s'en va devant vous en Galilée; là vous le verrez, comme il vous l'a dit» (Marc 16:7). Quel message, donné par Jésus, puis confirmé par les anges! «Et vous donc, vous avez maintenant de la tristesse; mais je vous reverrai, et votre cœur se réjouira: et personne ne vous ôte votre joie» (Jean 16:22). «Et elles se souvinrent de ses paroles» (Luc 24:8).

Mais que le cœur humain est décevant! Lorsque, précédemment, Jésus avait parlé aux siens de sa mort et de sa résurrection, ils n'avaient pas compris ses paroles, pourtant si claires1. Et maintenant, bien que rappelées dans une nouvelle lumière, ces paroles ne parviennent pas encore à calmer entièrement leurs cœurs (Luc 24:7). Il est vrai que, suivant les instructions des anges, elles sortirent promptement du sépulcre et «coururent l'annoncer à ses disciples». Mais elles le firent «avec crainte et une grande joie» — deux sentiments fortement contradictoires. Marc décrit ainsi leurs sentiments: «Et sortant, elles s'enfuirent du sépulcre. Et le tremblement et le trouble les avaient saisies; et elles ne dirent rien à personne, car elles avaient peur» (Marc 16:8).

1 Cf. Matthieu 16:22; 17:23; Marc 9:32; Luc 9:45; 18:34. Les Évangiles nous font part de trois occasions bien distinctes où Jésus annonce sa mort et sa résurrection: Matthieu 16:21; 17:22; 20:17; Marc 8:31; 9:31; 10:32; Luc 9:22, 44; 18:31.
Les paroles du Seigneur produisent souvent bien peu d'effet sur nos cœurs lents à croire et remplis de nos propres pensées! Lui, cependant, «ne se lasse pas et ne se fatigue pas» (Ésaïe 40:28). Souvent, à notre honte, c'est notre faiblesse même qui éveille sa condescendance et le fait étendre sa main vers nous en grâce. C'est bien ici le cas, lorsque Jésus s'approche de ces femmes qui vacillent entre la «crainte et une grande joie».

«Et comme elles allaient pour l'annoncer à ses disciples, voici aussi Jésus vint au-devant d'elles, disant: Je vous salue» (Matthieu 28:9). Quelle rencontre! Mais, pouvons-nous aussi ajouter, quelle salutation! À deux reprises, nous avons déjà entendu cette même salutation dans l'histoire du Seigneur. Traduite littéralement, elle signifie «Réjouissez-vous». Une fois elle fut prononcée perfidement par Judas: «Je te salue, Rabbi» (réjouis-toi), avait-il eu l'audace de dire alors qu'il livrait son maître par un baiser! Et de même, les soldats qui, par dérision, fléchissaient les genoux devant Jésus, crachant contre lui et frappant au visage celui qu'ils avaient couronné d'épines et vêtu d'écarlate, lui disaient «Salut, roi des Juifs!» (Matthieu 26:49; 27:29).
C'est ainsi que les hommes — tant Juifs que Gentils — ont traité le Seigneur de gloire. Hélas, ils sont allés plus loin encore, en lui donnant sur la croix la place de mépris et de suprême ignominie. Cependant, dans les conseils de grâce de Dieu, cette croix devait devenir le moyen par lequel la délivrance et la félicité éternelle allaient être la part de ces quelques âmes faibles mais entièrement dévouées à ce Nazaréen méprisé. C'est à elles que cette joyeuse salutation «Je vous salue» est maintenant adressée par leur Seigneur crucifié et ressuscité, tandis qu'elles s'en reviennent du sépulcre où on l'avait mis, encore remplies de crainte. Bientôt pourtant, les cieux retentiraient d'une salutation telle qu'on n'en avait jamais entendue, et qu'on n'en entendrait jamais plus, lorsque «l'auteur du salut éternel» y entrerait, «salué par Dieu souverain sacrificateur» de son peuple, pour toujours (Hébreux 5:9, 10).

Quand nous serons ravis ensemble à la rencontre du Seigneur, en l'air, nous entendrons aussi cette salutation, comme les femmes qui s'en revenaient du sépulcre: «Réjouissez-vous». Alors aussi se réalisera ce que nous aurons si souvent anticipé sur la terre:

Bientôt, dans le ciel, d'âge en âge,
Chantant le cantique nouveau,
Les rachetés rendront hommage
Devant la face de l'Agneau.
Comblés de joie en sa présence,
Et l'admirant dans sa beauté,
Ils proclameront sa puissance
Et magnifieront sa bonté.

Ce que Marie de Magdala n'avait pas eu la permission de faire fut accordé à ces femmes, conformément au caractère de l'Évangile de Matthieu: «Et elles, s'approchant de lui, saisirent ses pieds et lui rendirent hommage» (Matthieu 28:9). En fait, en tant que Roi d'Israël, il voulait maintenant rencontrer les «pauvres du troupeau», ses» frères», le résidu fidèle d'Israël. Il les rencontrerait non pas à Jérusalem, ni au temple, mais en Galilée, là où il avait auparavant établi le contact avec son peuple terrestre — et c'était bien le seul endroit où cela pourrait se faire. Jésus répète maintenant ce qu'avait dit l'ange: «N'ayez point de peur; allez annoncer à mes frères qu'ils aillent en Galilée, et là ils me verront» (Matthieu 28:10).
Mais avant de partir pour la Galilée, les disciples reverraient le Ressuscité, individuellement et collectivement, selon ce qui est écrit: «Après avoir souffert, il se présenta lui-même vivant, avec plusieurs preuves assurées, étant vu par eux durant quarante jours» (Actes des Apôtres 1:3).

Chapitre 5

Simon Pierre et l'autre disciple

Toutes les femmes qui se sont rendues au tombeau, ce matin de la résurrection, ont reçu un message destiné aux disciples. Mais auparavant, Marie de Magdala était allée de son propre chef annoncer à plusieurs d'entre eux que le sépulcre était vide: «On a enlevé du sépulcre le Seigneur». Le lien qui l'attachait au Seigneur la liait aussi à ses chers disciples. Elle sait où les trouver et elle sait lesquels d'entre eux avaient joui d'une intimité spéciale avec le Maître. C'est vers eux qu'elle dirige ses pas. «Elle court donc, est-il écrit, et vient vers Simon Pierre et vers l'autre disciple que Jésus aimait» (Jean 20:2).

Nous savons que le disciple ainsi désigné est l'auteur de l'évangile de Jean (21:20, 24). Quel beau trait de caractère chez ce disciple! Il s'abstient toujours de s'appeler lui-même par son nom, préférant parler de lui comme du «disciple que Jésus aimait». De tout ce qu'il nous dit de lui-même, ce qui lui importe le plus, c'est d'être aimé par Jésus. Et dans chacune des cinq scènes où il se désigne ainsi, on le voit occuper une place particulière. Lors du dernier souper, il se tient tout près de Jésus, «dans le sein de Jésus» (13:23), et il est le seul d'entre les disciples à se tenir près de la croix (19:26). Il est le premier d'entre eux qui arrive au sépulcre (20:2-4), et, à la mer de Tibérias, il est le premier à reconnaître le Seigneur (21:7). Finalement, il est celui dont Jésus déclare, faisant certainement allusion à son ministère prophétique:1 «Si je veux qu'il demeure jusqu'à ce que je vienne…» (21:22). Et Jean écrira plus tard: «Nous, nous l'aimons parce que lui nous a aimés le premier» (1 Jean 4:19).

1 L'Apocalypse, vision révélée à Jean, le conduit jusqu'au retour du Seigneur et au-delà.

Mais est-ce par hasard que, dans l'incident de la visite au sépulcre, l'Esprit de Dieu emploie le plus faible des deux mots grecs signifiant «aimer» (phileo, et non agapao comme dans les quatre autres passages mentionnés)? Contrairement à son habitude, Jean ne jouit peut-être pas pleinement ici de l'amour de Jésus, car il a le cœur lourd, attristé par la tournure des événements. Il semble qu'il n'a rien fallu de moins que le message pressant de Marie pour le faire réagir et l'inciter à se rendre au sépulcre avec Pierre, après quoi d'ailleurs tous les deux retourneront chez eux.

Une fois sur le chemin du sépulcre, ils pressent pourtant leurs pas: «Et ils couraient les deux ensemble; et l'autre disciple courut en avant plus vite que Pierre» (20:4). Quelle course remarquable et significative que celle-là!

Si Jean ne jouissait pas pleinement alors de l'amour de Jésus, combien plus ce devait être le cas pour Simon Pierre! Aussi son pas est-il plus lent et moins énergique que celui de «l'autre disciple». Comme nous comprenons bien cela! Le sentiment écrasant de sa culpabilité, dont nous pouvons mal imaginer le poids, l'accablait entièrement et ralentissait sa course. Depuis cette nuit où il avait renié son Seigneur par trois fois, il n'avait eu aucune occasion de s'approcher de lui pour lui confesser son péché et implorer son pardon. Il semblait, en vérité, qu'une telle occasion ne lui serait plus jamais offerte. En effet, qu'était-il arrivé depuis ce regard inoubliable de son Seigneur, depuis ces larmes de repentir amer avec lesquelles il avait quitté le palais de Caïphe? On avait emmené le Seigneur loin de lui, on l'avait mis sur la croix puis dans le sépulcre. Oh! qu'avaient dû être pour Simon Pierre les heures et les jours qui avaient suivi!

Ainsi le disciple qui habituellement surpassait les autres en zèle et en énergie se laissait maintenant distancer par son ami! Celui-ci «courut en avant plus vite que Pierre, et arriva le premier au sépulcre; et s'étant baissé, il voit les linges à terre; cependant il n'entra pas» (20:4, 5). Ce que vit Jean confirmait ce que Marie avait dit. Le sépulcre était vide, et cette preuve paraît l'avoir convaincu momentanément. «Simon Pierre donc, qui le suivait, arrive; et il entra dans le sépulcre» (20:6). Pierre ne comprend pas l'hésitation de Jean. Avec l'impulsivité qui le caractérise, il devance son compagnon, un besoin intérieur le contraignant à entrer dans le sépulcre pour s'assurer lui-même des faits.

Une fois dans le sépulcre, «il voit les linges à terre, et le suaire qui avait été sur sa tête, lequel n'était pas avec les linges, mais plié en un lieu à part» (20:6, 7). Tout devient clair pour lui aussi. Les linges et le suaire, ces signes de la mort, sont là, mais ils sont là bien en ordre. Si le corps de Jésus avait été volé du sépulcre par des hommes, ceux-ci n'auraient jamais laissé un tel ordre derrière eux. La manière même dont les linges se trouvaient rangés était une preuve frappante que le Seigneur avait brisé les liens de la mort sans aucun effort, et qu'il était sorti du tombeau en Vainqueur. Toute l'armure de «l'homme fort», de» celui qui avait le pouvoir de la mort», gisait à terre, gage de la victoire de Celui qui était «plus fort» que «l'homme fort» (Luc 11:21, 22; Colossiens 2:15).

Maintenant Jean décide à son tour de s'assurer de ce qui en est. «Alors donc l'autre disciple aussi, qui était arrivé le premier au sépulcre, entra, et il vit, et crut» (Jean 20:8). La foi de Jean, à ce stade, ne dépassait pas celle de Thomas, à qui Jésus devra dire: «Parce que tu m'as vu, tu as cru; bienheureux ceux qui n'ont point vu et qui ont cru» (20:29).

Le véritable fondement de notre foi n'est ni dans ce que nous voyons ni dans nos expériences (aussi importantes qu'elles soient), mais dans l'infaillibilité de la parole de Dieu. Voilà pourquoi, dans le cas de ces deux disciples, le Saint Esprit ajoute: «car ils ne connaissaient pas encore l'Écriture, qu'il devait ressusciter d'entre les morts» (20:9). L'heureux moment approchait où il leur ouvrirait l'intelligence pour entendre les Écritures (cf. Luc 24:45).

«Les disciples s'en retournèrent donc chez eux» (Jean 20:10). Convaincus par la preuve qu'ils viennent de constater, leurs pensées sont maintenant tout à ce que leur Seigneur a accompli. Toutefois, ils ne se préoccupent pas encore de lui personnellement, à la différence de Marie de Magdala, qui, bien que beaucoup plus ignorante qu'eux, le désirait de toutes les fibres de son cœur. À ce qu'il semble, l'appréciation de Pierre n'était pas même à la hauteur de celle de Jean. Luc nous dit que lorsqu'il quitta le sépulcre, «il s'en alla chez lui, s'étonnant de ce qui était arrivé» (24:12). Le fardeau qui pesait si lourdement sur ce malheureux disciple assombrissait toutes ses pensées.

Et maintenant, la miséricorde de notre Seigneur, qui vient toujours au secours des siens dans leur faiblesse, va briller de tout son éclat. Le disciple qui était tombé si bas va en faire l'expérience. Le Seigneur ne l'avait-il pas averti, et n'avait-il pas prié pour lui afin que sa «foi ne défaille pas», avant même que Pierre fût conscient de l'imminence du danger? Et maintenant, quels étaient les termes du message adressé par les anges aux femmes qui étaient venues au sépulcre? «Mais allez, dites à ses disciples et à Pierre: Il s'en va devant vous en Galilée» (Marc 16:7). De quelle compassion le Seigneur use à l'égard de celui qui l'avait si misérablement abandonné et déshonoré! Dans sa sollicitude, il voulait que ce disciple reçoive de façon particulière la bonne nouvelle de sa résurrection d'entre les morts.

Mais cela ne suffisait pas. Il fallait que Simon Pierre soit le premier des onze disciples à rencontrer le Seigneur ressuscité (1 Corinthiens 15:5). Nous ne savons ni où ni comment cette rencontre a eu lieu, et aucun compte-rendu ne nous en est donné dans la Parole. On peut imaginer Pierre prosterné aux pieds de Jésus jusqu'à ce que celui-ci le relève, mais cette scène, comme aussi le dialogue qui s'est alors échangé, reste un secret entre ce disciple et son Seigneur. Le Saint Esprit, avec beaucoup d'égards, a recouvert tout cela de silence pour toujours. Et pourtant, le fait lui-même a tellement impressionné les autres disciples qu'ils dirent à ceux qui se joignirent à eux ce soir-là: «Le Seigneur est réellement ressuscité, et il est apparu à Simon» (Luc 24:34). Aujourd'hui encore, ce fait continue à parler avec force à tous ceux qui y réfléchissent.

À suivre