Apporter, offrir à Dieu (suite)

Pierre Combe

Apporter ce qui contribue à l'édification dans l'Assemblée

Avant toute chose, ce que nous apportons dans la présence du Seigneur, c'est l'état de nos cœurs. Que la prière de David «Crée-moi un cœur pur, ô Dieu! et renouvelle au-dedans de moi un esprit droit» (Psaumes 51:10) soit aussi la nôtre! Le Saint Esprit ne pourra agir en nous et par nous que dans la mesure où il n'est pas attristé. C'est par lui seulement que nous recevrons ce qu'il a préparé pour la jouissance de nos âmes (Jean 16:14), et que nous pourrons apporter ce qui est agréable au Seigneur, accomplir tout service. Or, dans la vie du rassemblement, n'adoptons-nous pas parfois une attitude passive? Nous venons dans l'idée de recevoir. Il nous arrive peut-être même de nous plaindre de ne rien recevoir, au lieu de nous demander si nous ne sommes pas nous-mêmes appelés à apporter ce qui pourra contribuer à l'édification. On dira alors: Je n'ai pas de don pour l'édification; c'est peut-être vrai, mais la Parole nous dit que ce qui édifie, c'est l'amour (1 Corinthiens 8:1). La seule lecture de quelques passages appropriés peut être en grande bénédiction. Sans faire de longs exposés, les cinq paroles prononcées avec intelligence spirituelle peuvent suffire pour instruire, pour encourager (1 Corinthiens 12:19). Que dit le Seigneur à ses disciples qui lui proposent de renvoyer les foules afin qu'elles achètent des vivres? «Vous, donnez-leur à manger.» Qu'avaient-ils? Cinq pains et deux poissons. Qu'est-ce pour une grande foule? Les paroles que le Seigneur exprime alors sont riches en enseignement et en encouragement: «Apportez-les-moi ici» (Matthieu 14:16-18). Multipliant ce qui lui est apporté, il rassasiera lui-même les foules et il y en aura de reste. Le peu qui est déposé à ses pieds peut, par sa grâce, être en bénédiction pour tous. Ainsi, «tout le corps… produit, selon l'opération de chaque partie dans sa mesure, l'accroissement du corps pour l'édification de lui-même en amour» (Éphésiens 4:16).

L'apôtre Paul, en 1 Corinthiens 3, nous enseigne quels sont les matériaux qui peuvent être apportés sur le fondement de l'édifice, qui est Christ. Tout d'abord, la nature du fondement impose des conditions quant à la qualité des éléments qui sont posés dessus. Ensuite, nous avons une sérieuse mise en garde quant à la manière d'apporter, d'édifier: «Que chacun considère comment il édifie dessus!» (verset 10). Ce que le serviteur apporte doit être fondé sur Christ. De plus, l'édification est un service individuel, une responsabilité personnelle: «Chacun recevra sa propre récompense selon son propre travail». L'Assemblée n'édifie pas, n'enseigne pas; elle est édifiée, elle est enseignée par l'exercice des dons. Si l'ouvrier pose sur le fondement des éléments qui sont en accord avec celui-ci, et qui de ce fait supportent l'épreuve du feu, il recevra une récompense, l'approbation du maître.

En revanche, si ce qui est apporté est sans valeur, il ne reste rien du travail effectué et celui qui l'a accompli en éprouvera une perte. Quant à lui-même, il n'est pas consumé; «il sera sauvé, mais toutefois comme à travers le feu».

Le mauvais travail du troisième ouvrier, qui consiste à apporter des éléments corrupteurs ou destructifs sera suivi d'un jugement particulièrement sévère. Combien il est grave en effet de penser pouvoir bâtir la maison de Dieu avec des éléments qui lui sont étrangers! Les ordonnances lévitiques prescrivent ce qui ne devait pas être apporté sur l'autel d'or, à savoir aucun encens étranger, ni holocauste, ni offrande de gâteau, ni libation (Exode 30:9), ni non plus de feu étranger (Lévitique 10:1). Veillons donc à ce que nous apportons dans le rassemblement.

Par le prophète Malachie, l'Éternel adresse à son peuple des paroles très sévères pour lui reprocher son mépris. Celui-ci se traduisait, entre autres offenses, par l'offrande de pain souillé, ou d'une bête boiteuse ou malade. N'ayant pas eu à cœur de Lui donner gloire, ayant fait par cela broncher beaucoup de gens, corrompu l'alliance de Lévi, frustré l'Éternel quant à ses droits sur son peuple et dans sa maison, Israël infidèle connaîtra le feu de l'affineur. Néanmoins, il en sortira un résidu précieux à son cœur, qui apportera, dans un jour futur, l'offrande dans un vase pur, à la maison de l'Éternel (Ésaïe 66:20).

Que le Seigneur nous accorde la grâce de lui apporter ce qui le glorifie, ce qui édifie, fruits de cœurs éprouvés et soumis qui tremblent à sa parole et qui craignent son nom!

On ne paraîtra pas à vide devant ma face (Exode 23:15)

La répétition de cette mise en garde (cf. Exode 34:20; Deutéronome 16:16) en souligne l'importance. Et pourtant, ne nous arrive-t-il pas de nous présenter à vide dans la présence du Seigneur, notamment à l'heure de l'adoration?

Relevons, en conclusion de notre sujet, quelques exemples d'adorateurs qui paraissent devant Dieu en ayant préparé ce qu'ils avaient à cœur de lui offrir.

En Deutéronome 26, l'Israélite entré dans le pays de la promesse, le possédant et y habitant, devait venir au lieu que l'Éternel avait choisi pour y faire habiter son nom. Porteur d'une corbeille remplie des prémices de tous les fruits de la terre donnée, il devait la remettre au sacrificateur, qui la posait devant l'autel de l'Éternel. Après avoir évoqué leur misérable origine et l'oppression des Égyptiens, les Israélites devaient proclamer la délivrance de l'Éternel en réponse à leur cri et à leur esclavage, comme aussi leur introduction dans un pays ruisselant de lait et de miel. En apportant ainsi l'offrande qu'ils avaient préparée, ils accomplissaient un acte qui typifie l'adoration. Néanmoins, le thème de leur louange avait principalement pour objet la reconnaissance pour ce que l'Éternel avait fait pour eux.

David, dans sa remarquable prière de 1 Chroniques 29:10-19, va plus loin. Il est heureux d'offrir à son Dieu l'abondance qu'il a préparée pour bâtir une maison pour son nom. Dans ses accents de reconnaissance, il évoque cinq attributs divins dignes de louange: la grandeur, la force, la gloire, la splendeur et la majesté. Cette action de grâces comporte plusieurs éléments qui se retrouvent dans l'adoration chrétienne: le rappel de l'indignité de celui qui s'approche et de la faveur qui lui est accordée d'offrir volontairement, le fait que toute bénédiction a sa source en Dieu seul, l'attente d'une demeure qui n'est pas d'ici-bas, enfin le désir que les pensées du cœur du peuple de Dieu soient occupées de lui.

Dans le Psaume 45, les fils de Coré, qui peuvent se souvenir d'avoir été mis à l'abri du jugement qui a frappé leur père, traduisent prophétiquement la louange du résidu futur à la vue du Libérateur, au jour de son apparition. Dans ce psaume messianique, le psalmiste ne parle plus de lui-même, mais de celui qu'il a contemplé et dont il a discerné la beauté. Son cœur bouillonne; et sa plume, guidée par l'Esprit Saint qui l'inspire, transcrit sans hésitation ce qu'il a composé. Les perfections de l'Homme Christ Jésus font qu'il est incomparable. C'est le porte-bannière entre dix mille, celui dont toute la personne est désirable. L'attrait de sa beauté réside dans la grâce. «Combien grande est sa bonté! et combien grande est sa beauté!» (Zacharie 9:17). Ce n'est plus l'épée à deux tranchants qui sort de sa bouche (Apocalypse 19:15), mais la grâce qui est répandue sur ses lèvres, qui prononce de bonnes paroles, des paroles de consolation (Zacharie 1:13). Non seulement ses adorateurs le bénissent, mais il est béni à toujours de la part de Dieu.

Ici, la louange est encore plus élevée. L'adorateur ne parle plus de lui-même, il ne limite pas son adoration à ce que la bonté de Dieu a fait pour lui, mais il exalte Sa personne. Au jour où la gloire de l'Éternel entrera dans la maison par le chemin de la porte qui regarde vers l'orient, le résidu pourra voir l'Agneau se tenant sur la montagne de Sion. Il verra de ses yeux le roi dans sa beauté et contemplera le pays lointain (Ézéchiel 43:4; Apocalypse 14:1; Ésaïe 33:17).

Nous arrivons à la scène de Béthanie, citée dans plusieurs évangiles. Marie vient, portant un vase plein de parfum de nard pur et de grand prix (Marc 14:3). Dans son amour pour son Seigneur, elle a préparé son offrande. Instruite aux pieds de son Maître, elle discerne le moment où elle doit l'apporter. Seule cette digne femme a fait quelque chose pour la sépulture de Jésus. Marie de Magdala et ses compagnes, qui ont préparé elles aussi des aromates pour embaumer le corps du Seigneur, sont arrivées trop tard. A Béthanie, pendant que le roi est à table, le nard exhale son odeur (Cantique des Cantiques 1:12). Acte d'amour incompris et méprisé, blâmé même par ceux qui sont présents, mais combien apprécié du Seigneur qui l'approuve publiquement. «Laissez-là; — dit-il — pourquoi lui donnez-vous du déplaisir? Elle a fait une bonne œuvre envers moi». Et le souvenir de cet acte sera rappelé en tout lieu où l'évangile sera prêché.

Dans cette scène, nous n'entendons pas une parole de l'adoratrice. Elle s'efface. Le thème de sa louange, c'est son Seigneur et le langage en est le parfum dont l'odeur remplit la maison.

Que le Seigneur nous préserve de nous présenter à vide devant lui! Qu'à l'image de ces adorateurs, nous paraissions devant sa face avec des cœurs préparés, des cœurs qui ont quelque chose à exprimer au sujet de Celui qu'ils ont contemplé dans le secret de la communion avec lui!

On lui apportera la gloire et l'honneur

Si, dès le début de la Genèse, des hommes de foi ont ressenti le besoin d'offrir des sacrifices et des holocaustes à l'Éternel, si, durant l'économie de la loi, la sacrificature constituait le service que Dieu attendait de son peuple (Exode 19:6), et si, à l'époque actuelle, le Seigneur a fait des siens un royaume de sacrificateurs (ou d'adorateurs) pour son Dieu et Père (Apocalypse 1:6), ce service prendra-t-il fin au jour de sa venue? Certainement pas. Lorsque nous serons introduits dans la maison du Père, toutes les aspirations du nouvel homme seront pleinement satisfaites. Nous n'aurons alors plus rien à demander, mais nos bouches seront ouvertes pour exprimer une louange parfaite, céleste et éternelle.

Durant le règne millénaire, les nations de la terre lui apporteront la gloire et l'honneur (Apocalypse 21:26), alors que, dans la maison du Père, la louange constituera l'activité des saints glorifiés.

La Parole mentionne différentes catégories d'adorateurs célestes. En Apocalypse 5, les vingt-quatre anciens chantent un cantique nouveau; proclamant la dignité du Vainqueur, ils tombent sur leurs faces devant l'Agneau qui est au milieu du trône. Autour d'eux, les anges, qui ne chantent pas, célèbrent à haute voix l'Agneau qui a été immolé. Puis, «toutes les créatures qui sont dans le ciel, et sur la terre, et au-dessous de la terre, et sur la mer, et toutes les choses qui y sont», rendent honneur et gloire à Celui qui est assis sur le trône et à l'Agneau.

Ainsi donc, apporter la louange, l'adoration, voilà le service par excellence! Il commence sur la terre et se poursuivra dans l'éternité. Dans celle-ci retentiront les accents d'un cantique sans cesse renouvelé.

Qu'en attendant ce jour éternel, nos cœurs, remplis de l'amour de Christ, soient disposés à offrir, «par lui, sans cesse à Dieu un sacrifice de louanges, c'est-à-dire le fruit des lèvres qui confessent son nom» (Hébreux 13:15).