Le Fils de l'homme

J.G. Bellett

«Le Fils de l'homme» est un titre d'une signification très étendue. Il exprime l'homme dans sa perfection, un homme selon Dieu. Il nous dit, en quelque sorte, que l'homme se tient comme un être nouveau en Jésus, et qu'en lui se voit la beauté humaine et morale dans toute sa plénitude. Mais ce n'est pas seulement toute cette perfection morale qui est exprimée dans ce titre de «Fils de l'homme», ce sont toutes ses souffrances et toutes ses gloires se rapportant à lui comme tel. Comme Fils de l'homme Jésus fut humilié (Psaumes 8), mais comme tel il est aussi exalté à la droite de la Majesté dans le ciel (Psaumes 80:17). Comme tel il n'avait pas un lieu où reposer sa tête (Luc 9:58), mais comme tel aussi il vient à l'Ancien des jours pour prendre le royaume (Daniel 7:13). Le jugement lui est donné «parce qu'il est fils de l'homme» (Jean 5:27). Il est prophète, sacrificateur, roi, héritier et seigneur de toutes choses, Tête et Époux de l'Église comme tel. Comme Fils de l'homme il a le pouvoir sur la terre de pardonner les péchés (Matthieu 9:6), et il est aussi Seigneur du sabbat (Marc 2:28), bien qu'il doive rester trois jours et trois nuits dans le sein de la terre (Matthieu 12:40). Comme Fils de l'homme il était le semeur fatigué, et il sera comme tel le glorieux moissonneur de la moisson. Il a été crucifié et ressuscité comme tel (Matthieu 17:9, 22, 23). Mais en même temps, comme Fils de l'homme il avait constamment sa propre place dans le ciel (Jean 3:13, 14). Et comme le Fils de l'homme il est le centre de toutes choses, célestes et terrestres (Jean 1:52). C'était en effet dans l'homme que Dieu avait autrefois mis son image, et quand le premier homme, qui était de la terre, eut brisé cette image, le Fils de Dieu entreprit de la rétablir, pour accomplir dans l'homme et par l'homme le propos divin, mettant l'homme à cette place d'honneur et de confiance que Dieu avait autrefois prévue pour lui.

Ainsi ce titre ou nom du Seigneur, le «Fils de l'homme», a une portée très étendue et très élevée; il se lie étroitement à sa personne avec toutes ses douleurs mais aussi toutes ses dignités, excepté naturellement ce qu'il possède en lui-même comme étant «Dieu sur toutes choses béni éternellement». Il est l'homme oint, le temple humain sans souillure, élevé au commencement par le Saint Esprit puis rempli par lui (Luc 1:35; 4:1). Il est l'homme abaissé qui chemina dans la douleur ici-bas jusqu'à la mort de la croix (Philippiens 2:6-11). Il est l'homme exalté couronné maintenant de gloire et d'honneur et qui bientôt aura tout pouvoir (Hébreux 2:5-9).

Comme «Fils de l'homme», il s'occupe de l'homme; et c'est sous cet aspect que Luc nous le présente spécialement. Dans cet évangile, il s'entretient avec la famille humaine. Il vint comme l'homme oint, pour manifester l'homme selon la pensée du ciel, représentant le Dieu bienheureux au milieu de la famille humaine qui s'était profondément révoltée contre lui. Il était le seul sans tache; et par là il mettait en évidence l'état de ceux parmi lesquels il grandissait. Il était venu pour cela. Il pouvait, en perfection, montrer en lui-même l'homme selon Dieu, et, par contraste, ce qu'est l'homme adonné au mal. Ainsi, il est par-dessus tout dans cet évangile l'homme social, vu dans ses rapports avec les hommes en tous lieux où il les rencontrait, de sorte que partout tous pouvaient trouver et connaître l'Homme oint.

D'après «Les Évangélistes»