Vivre Christ

Jacques Duron

Pour moi, vivre c'est Christ (Philippiens 1:21)

Voilà un homme qui sait de quoi il parle. Il se trouve en prison, mais malgré sa situation difficile, son seul désir est de vivre dans les détails la vie de Celui qui l'a appelé.

Paul n'a aucune volonté propre. Si Dieu l'appelle à passer par la mort, pour lui «c'est un gain» (Philippiens 1:21), s'il est appelé à vivre, sa vie ne peut être que Christ.

Sa vie n'était pas faite de bonnes intentions, de statuts bien établis, et de commandements bien ordonnés. Elle était la contemplation des perfections de son Seigneur, dans la soumission à sa volonté et dans la dépendance du Saint Esprit (2 Corinthiens 3:18).

Perfection de Christ dans son être

«Car en lui habite toute la plénitude de la déité corporellement» (Colossiens 2:9; cf. 1:19).

Ainsi que l'annonçait le type de l'offrande de gâteau pétrie à l'huile puis ointe d'huile (Lévitique 2:4), Christ est conçu du Saint Esprit — de sorte que «la sainte chose qui naîtra sera appelée Fils de Dieu» (Luc 1:35) — puis «l'Esprit Saint descendit sur lui sous une forme corporelle, comme une colombe» (Luc 3:22).

Il est Dieu (Jean 1:1), le Fils de Dieu (Romains 1:4), Fils de l'amour du Père (Colossiens 1:13), Fils unique (Jean 1:18), Fils de l'homme (Luc 9:44); il n'a pas connu le péché (2 Corinthiens 5:21).

Perfection de Christ dans sa marche

Il peut dire par l'Esprit prophétique: «C'est mes délices, ô mon Dieu, de faire ce qui est ton bon plaisir, et ta loi est au-dedans de mes entrailles» (Psaumes 40:8).

Dans son jeune âge (environ douze ans) il demande à ses parents: «Ne saviez-vous pas qu'il me faut être aux affaires de mon Père?» (Luc 2:49).

Dans la force de l'âge, alors qu'il était effectivement entré au service de son Père, il déclare: «Ma viande est de faire la volonté de celui qui m'a envoyé» (Jean 4:34), et encore: «Je fais toujours les choses qui lui plaisent» (Jean 8:29).

Dans une abnégation parfaite, il dit: «Selon que le Père m'a commandé, ainsi je fais» (Jean 14:31). En tant qu'homme, Fils de l'homme, il était pleinement et entièrement dépendant du Saint Esprit (Luc 4:14).

En présence des gloires de Celui qui est infini, nous sentons la limite de nos pensées, et nous sommes bien loin d'exprimer toutes ses perfections.

Paul donc avait continuellement devant lui celui qui avait magnifié la gloire de Dieu, qui avait satisfait aux exigences de la justice et de la sainteté de Dieu, et qui avait honoré son Père.

Et Paul, qu'était-il?

Qu'était-il pour pouvoir refléter cette personne glorieuse? Quant à sa nature régénérée, il était «racheté» par le sang précieux de Christ (1 Pierre 1:18), «justifié» (Romains 4:25; 8:1), «saint» (1 Corinthiens 6:11), «enfant de Dieu» (Jean 1:12), «fils» (Romains 8:14; Hébreux 2:10), «héritier» (Romains 8:17), «adopté» (Éphésiens 1:5), «agréable dans le Bien-aimé» (verset 6), «participant de la nature divine» (2 Pierre 1:4), «le temple du Saint Esprit» (1 Corinthiens 3:16).

Ces caractères et cette position de Paul dépendaient uniquement de l'œuvre parfaite et glorieuse que Christ lui-même avait accomplie à la croix.

La position de tout vrai croyant est la même.

Et ce qui distinguait Paul des autres croyants, c'est qu'il était, comme il le dit lui-même, «le premier des pécheurs».

Quant à sa marche, le désir ardent de Paul était de vivre Christ. Il fallait, pour qu'il en soit ainsi, qu'il abandonne bien des choses, même la religion à laquelle il avait attaché beaucoup de prix: «Les choses qui pour moi étaient un gain — dit-il —, je les ai regardées, à cause du Christ, comme une perte» (Philippiens 3:7). À la vue de l'excellence et de la beauté de Christ, il regardait même toutes choses comme une perte (verset 8).

Son but était de refléter de plus en plus Christ, son Maître. Il dit: «afin que je gagne Christ… et que je sois trouvé en lui,… pour le connaître, lui,… étant rendu conforme à sa mort» (versets 8-10).

Après avoir exprimé son désir, son but, son objet, il peut ouvrir son cœur et inviter ses frères au verset 17: «Soyez tous ensemble mes imitateurs».

En effet sont appelés à suivre le Maître et à imiter son serviteur tous ceux qui sont au bénéfice de l'œuvre que le Seigneur Jésus a accomplie à la croix.

Quant à notre nouvelle nature, nous sommes identiques à Paul. Quant à notre marche, ce qui est laissé à notre responsabilité, nous devrions avoir le même désir que lui.

Sommes-nous moins privilégiés que Paul? Certainement pas. Nous avons le même Esprit qui habite et agit en nous, le même Sauveur qui a accompli l'œuvre de la croix aussi bien pour Paul que pour chacun de nous. Pour lui, c'était un combat continuel. Et il nous dit:

 «Marchez par l'Esprit, et vous n'accomplirez point la convoitise de la chair. Car la chair convoite contre l'Esprit, et l'Esprit contre la chair» (Galates 5:16, 17).

Le chrétien dans sa marche individuelle

Le Seigneur pouvait dire à son Père dans la prière de Jean 17: «Ils ne sont pas du monde, comme moi je ne suis pas du monde» (versets 14-16). L'apôtre Jean a écrit plus tard: «Le monde entier git dans le méchant» (1 Jean 5:19). Est-ce suivre Jésus que de laisser vagabonder nos cœurs au milieu de ce monde, cherchant ce qui peut satisfaire nos convoitises? — «convoitise de la chair, convoitise des yeux et orgueil de la vie» (1 Jean 2:16). Nous ne trouverons pas notre Maître dans ce monde, car «notre bourgeoisie est dans les cieux» (Philippiens 3:20), et «notre vie est cachée avec le Christ en Dieu» (Colossiens 3:3). Paul avait son Maître devant les yeux et ceux qui le regardaient marcher pouvaient apercevoir quelques reflets de celui qui était l'objet de son cœur. Qu'en est-il de nous?

Le chrétien dans sa marche familiale

Le Seigneur Jésus a dit: «Laissez venir à moi les petits enfants, et ne les en empêchez pas; car à de tels est le royaume des cieux» (Matthieu 19:14).

La maison du chrétien est partie intégrante de lui-même. S'il veut suivre son Maître, est-il possible qu'il laisse aller ses enfants dans le monde, voire même qu'il les y pousse afin qu'ils accèdent à une place élevée?

L'apôtre inspiré adresse aux parents cette exhortation: «Élevez vos enfants dans la discipline et sous les avertissements du Seigneur» (Éphésiens 6:4). En Deutéronome 6, nous lisons: «Et ces paroles, que je te commande aujourd'hui, seront sur ton cœur. Tu les inculqueras à tes fils, et tu en parleras, quand tu seras assis dans ta maison, et quand tu marcheras par le chemin, et quand tu te coucheras, et quand tu te lèveras» (versets 6, 7).

Les enfants israélites devaient-ils rester en Égypte et continuer à manger «des concombres, des melons, des poireaux, des oignons et de l'ail» (Nombres 11:5), résultat du travail de l'homme, alors que les parents au désert se nourrissaient de la manne, le pain que Dieu avait préparé pour son peuple?

Que chaque chef de famille chrétien puisse déclarer avec force et confiance comme Josué: «Moi et ma maison nous servirons l'Éternel» (Josué 24:15)!

Le chrétien dans sa marche collective

Si la vie familiale découle de la vie individuelle, à plus forte raison la vie collective dépend de l'une et de l'autre.

Vivre Christ collectivement ne consiste pas seulement à venir dans le lieu où le Seigneur a promis sa présence et nous invite, c'est aussi et d'abord jouir ensemble de lui moment après moment, en réalisant que nous formons un corps avec tous ceux qui sont au bénéfice de son œuvre. Si nous sommes occupés de lui de manière habituelle, notre désir est d'être là pour le rencontrer lui. Ce n'est pas le nombre ni la qualité de ceux qui sont là — ni leur rang social, leur éloquence, ou même leurs dons — qui arrêtent nos pensées, mais la présence de celui qui est et sera le centre de notre louange éternelle. «Les disciples se réjouirent donc quand ils virent le Seigneur» (Jean 20:20).

La chair et le monde n'ont pas leur place dans ce lieu. La contemplation par la foi de l'objet de nos cœurs et la convergence de nos pensées sur celui qui est le centre du rassemblement ne peuvent qu'ouvrir nos bouches en faisant déborder nos cœurs de reconnaissance et d'adoration.

Dans ce temps de grande connaissance intellectuelle, nous nous délectons parfois de belles et bonnes paroles; mais reconnaissons que les vérités merveilleuses de l'Écriture ont parfois peu d'influence dans nos vies: individuelles, familiales et collectives.

Que notre Dieu Sauveur nous donne à chacun de revenir à «ce qui était dès le commencement» (1 Jean 1:1) et de «considérer bien nos voies» (Aggée 1:5, 7; 2:15, 18), ayant nos regards fixés en haut, attendant celui qui vient. «Je viens bientôt; tiens ferme ce que tu as, afin que personne ne prenne ta couronne» (Apocalypse 3:11).

«Or, à celui qui a le pouvoir de vous garder sans que vous bronchiez et de vous placer irréprochable devant sa gloire avec abondance de joie, — au seul Dieu, notre Sauveur, par notre Seigneur Jésus Christ, gloire, majesté, force et pouvoir, dès avant tout siècle, et maintenant, et pour tous les siècles! Amen» (Jude 24, 25).

Gloire à Dieu! force, puissance,

Hommage, éternel honneur,

Amour et reconnaissance,

À Jésus Christ le Sauveur!