Zorobabel, le serviteur qui a dû se réveiller deux fois

Lucien Jouve (1996)

Premier réveil — Esdras 1

Alors que les tribus de Juda et Benjamin sont encore en déportation à Babylone, au terme des soixante-dix ans décrétés par Dieu, retentit la proclamation de Cyrus: «Qui d'entre vous… est de son peuple,… qu'il monte à Jérusalem,… et qu'il bâtisse la maison de l'Éternel…» (Esdras 1). Zorobabel est du nombre de «ceux dont Dieu a réveillé l'esprit» par cette proclamation et qui «se lèvent» (verset 5).

Qu'il est beau, le réveil de cet homme! Les termes mêmes de la proclamation: «son peuple — son Dieu — avec lui — la maison de l'Éternel — la maison de Dieu — Jérusalem» ont fait vibrer les cordes sensibles de son cœur. Il est prêt à quitter Babylone. Ainsi réveillé, ce prince de Juda (Zorobabel était de la lignée royale, descendant de Josias par Jehoïakim — 1 Chroniques 3:15-19) accepte la responsabilité des saints ustensiles (verset 8) et prend la tête de l'expédition jusqu'à Jérusalem. A destination, son énergie spirituelle est toujours là: «Zorobabel, fils de Shealthiel, et ses frères, se levèrent et bâtirent l'autel du Dieu d'Israël» (3:2). Sa préoccupation première est d'offrir «des holocaustes à l'Éternel» (verset 3). Premier fruit béni d'un réveil: le culte rendu à Dieu. Ensuite, les pensées et les affections de cet homme se tournent vers la maison de Dieu. Il en pose les fondements et se préoccupe des serviteurs de cette maison: les lévites (verset 8). Deuxième fruit béni d'un réveil: l'Assemblée est l'objet des affections et l'on cherche à être abondamment pourvu de dons pour son édification.

Mais tout réveil véritable suscité par Dieu provoque l'animosité de Satan, et Zorobabel est confronté aux «ennemis de Juda et de Benjamin» (chapitre 4). Il s'oppose avec fermeté à la proposition de coopération: «Nous seuls, nous bâtirons» (verset 3). Alors l'ennemi change ses tactiques et les diversifie (versets 4, 5). Il rend lâches les mains du peuple de Juda. Il leur firent peur. Ils soudoyèrent contre eux des conseillers pour faire échouer leur plan. Et là l'énergie spirituelle de Zorobabel ne peut plus endiguer le flot de l'opposition, et les travaux sont suspendus.

C'est qu'il faudra un plus grand que Zorobabel pour résister à l'ennemi sans jamais fléchir. Satan opposa à notre Seigneur toutes les formes de tentations possibles: «Il fut tenté en toutes choses» (Hébreux 4:15). Toutes, en fin de compte, «pour faire échouer le plan» de la rédemption. Et si, pour un moment, les mains de Zorobabel qui avaient fondé ne peuvent achever (cf. Zacharie 4:9), notre Seigneur, lui, dira à son Dieu: «J'ai achevé l'œuvre que tu m'as donnée à faire» (Jean 17:4).

Deuxième réveil — Esdras 5:1, 2; Aggée 1

Les mains de Zorobabel qui ont fondé la maison sont maintenant inactives pour l'œuvre de Dieu. Ou plutôt, avec celles du peuple, elles sont actives dans une autre direction, celle de leurs propres intérêts: «vous habitez dans des maisons lambrissées», «vous courez chacun à sa maison» (Aggée 1:4, 9).

A cause de cela la bénédiction divine est «retenue» (verset 10).

Mais les paroles qui lui sont personnellement adressées, à lui gouverneur de Juda, par le prophète (verset 1), touchent sa conscience comme la proclamation de Cyrus avait touché son cœur. Avec le grand sacrificateur et le reste du peuple, «il écoute la voix de l'Éternel» (verset 12). La parole de Dieu réveille à nouveau son esprit: «L'Éternel réveilla l'esprit de Zorobabel, fils de Shealthiel» (verset 14).

Alors il se lève (Esdras 5:2); avec d'autres, il vient et travaille à la maison de l'Éternel (Aggée 1:14), assuré de la présence de Dieu (verset 13). «Ses mains lassées» se sont remises à l'ouvrage — et cela, en sachant que l'ennemi n'est pas loin et contre-attaque à tout réveil. En effet, il s'approche et dit: «Qui vous a donné ordre de bâtir cette maison et d'achever cette muraille?» (Esdras 5:3). Mais Zorobabel et ses compagnons expérimentent que «l'œil de Dieu» est sur ceux qui le craignent, sur ceux qui s'attendent à sa bonté (Esdras 5:5; Psaumes 33:18). Aussi «ils ne les firent pas cesser».

C'est alors que, dans ces circonstances difficiles, les encouragements venant de Dieu se multiplient pour Zorobabel et ses compagnons: «Sois fort, Zorobabel» (Aggée 2:4), «travaillez; car je suis avec vous».

«Ma parole… et mon Esprit, demeurent au milieu de vous; ne craignez pas» (verset 5). Et l'Éternel parle de cette maison pour «un long avenir» (versets 7-9); envers et contre tout, «il fera sortir la pierre du faîte avec des acclamations: Grâce, grâce sur elle!» (Zacharie 4:7).

Plus encore, Zorobabel apprend la venue «d'un homme dont le nom est Germe», qui «bâtira le temple de l'Éternel», et qui «sera sacrificateur sur son trône» (Zacharie 6:12, 13). Il apprend que la fille de Sion (si misérable aujourd'hui) doit se réjouir, car son roi vient à elle, juste, humble, ayant le salut, et qu'«il dominera d'une mer à l'autre» (9:9, 10). Mais il apprend aussi qu'il sera «estimé» pour rien par son peuple (11:13), qu'il sera «percé» (12:10), qu'il sera «blessé» dans la maison de ses amis (13:6). Et il apprend la chose la plus étonnante qu'il ait jamais entendue, que ce Messie promis sera «frappé» par Dieu lui-même (13:7).

Ces extraordinaires visions d'un Messie à venir soutinrent Zorobabel dans son dur labeur. Avec ses compagnons il bâtit et prospéra «par la prophétie d'Aggée le prophète et de Zacharie fils d'Iddo» (Esdras 6:14). Il put achever son ouvrage, joyeux dans l'espérance. Le ciel était encore sombre, mais l'horizon s'illuminait. Courage, «la Consolation d'Israël» est en vue!