Des chemins de bénédiction

Pierre-Éric Fuzier

Pensées sur le deuxième livre des Psaumes

Le deuxième livre des Psaumes nous présente prophétiquement les sentiments du résidu croyant de Juda quand il traversera la détresse, chassé loin de Jérusalem dans «le pays du Jourdain et des Hermons, de la montagne de Mitsear» (Psaumes 42:6). Il se termine par le psaume 72, composé «au sujet de Salomon», décrivant la gloire du règne à venir après les souffrances de Christ (Psaumes 69) et les épreuves des siens. Ainsi les psaumes qui composent ce livre nous conduisent, à travers les craintes et les joies, les prières et les louanges, depuis le temps de la dispersion et de l'épreuve jusqu'à la joie du royaume millénaire.

Les chemins par lesquels, moralement, passent ces fidèles sont aussi pour nous aujourd'hui riches d'enseignements. Nous souhaitons attirer l'attention sur quelques-uns de ces «chemins de bénédiction».

1. Connaître le Bien-Aimé — Psaumes 42 à 49

(Lire d'abord: Psaumes 42:1-3, 9-11; 44:1-3, 9, 23-26; 45:1-11; 46:1-3; 47:1-4; 49:16-20.)

Le psaume 45 est au cœur des huit psaumes des fils de Coré qui ouvrent ce deuxième livre1.

1 Seul le psaume 43 n'est pas expressément attribué aux fils de Coré; il se présente comme une strophe qui aurait été détachée du psaume 42.

Il nous présente une personne, le «Bien-Aimé», dont la gloire et la beauté remplissent le cœur des fidèles. Il est lui-même la réponse aux souffrances et aux questions exprimées dans les psaumes 42 à 44. Dès qu'il est là, la peine et la tristesse font place à la confiance et à la paix (Psaumes 46 à 48).

Il est celui qui est unique, en qui tout est merveilleux, «plus beau que les fils des hommes». Il est Dieu, dont le trône est pour toujours et à perpétuité (verset 6; cf. Hébreux 1:8), et en même temps l'homme que Dieu, son Dieu, a béni à toujours et élevé au-dessus de ses compagnons (verset 7). Dans sa gloire brille le témoignage de ses souffrances et de sa mort, et la beauté de son humanité (verset 8). Il est digne de remplir le cœur de l'épouse, de telle sorte qu'elle oublie son peuple et la maison de son père. En même temps, il se tourne vers elle, désirant sa beauté (versets 10, 11).

Mais comment ce cantique a-t-il été «composé», formé dans le cœur des fidèles? Les psaumes 42 à 44 nous le montrent.

Ils expriment la soif du cœur, le profond désir de jouir, dans la paix, de la présence de Dieu. Le fidèle a avec lui une relation vivante et personnelle: «mon Dieu», dit-il, «le Dieu de ma vie», «le Dieu de l'allégresse de ma joie» (42:6, 8; 43:4).

Il y a autre chose: le cœur connaît un lieu pour s'approcher de Dieu, pour goûter sa présence — la maison de Dieu, où les siens se rassemblent (42:4). C'est aussi «ta montagne sainte et tes demeures», «l'autel de Dieu» (43:3, 4): le lieu de la communion et du culte.

Le psaume 44 est le psaume de l'épreuve, de la tribulation, qui conduit le résidu pieux à réaliser sa totale faiblesse; un seul peut se lever, les aider, les racheter, c'est le Seigneur.

Ils méditent sur le passé, sur les «jours d'autrefois» (versets 1-3), ils sont instruits par leurs propres expériences (versets 4-8) et apprennent ainsi que le Seigneur seul est leur salut et leur gloire. Pourtant l'épreuve se renforce encore (versets 9-16), jusqu'à ce qu'ils réalisent qu'il les délivrera non pas à cause de leur justice, quoiqu'il la reconnaisse pleinement, mais à cause de sa bonté (verset 26).

Et lorsqu'ils ne peuvent plus s'attendre à rien qu'à cette bonté, il paraît à leurs yeux, au psaume 45, menant en avant son char «à cause de la vérité et de la débonnaireté et de la justice» (verset 4):

  •                      la vérité, car il ne peut changer, il est fidèle à lui-même, à ce qu'il avait fait autrefois pour son peuple (cf. 44:1-8),
  •                      la débonnaireté, car il a été touché par leur opprobre et par leur peine (cf. 44:9-16),
  •                      la justice, car il a connu leur fidélité dans l'épreuve (cf. 44:17-22).

Le Seigneur ne veut-il pas, aujourd'hui comme autrefois, nous apprendre de telles leçons? Ne cherche-t-il pas en nous cette «soif» de sa présence dans sa maison, dans l'assemblée, à sa table, là où nous pouvons ensemble lui apporter notre culte? S'il nous fait traverser l'épreuve, n'est-ce pas aussi pour nous apprendre que ce n'est pas par nos efforts, notre force ou notre fidélité (même si elle est précieuse pour lui) que la bénédiction nous sera assurée, mais d'abord par sa bonté et par sa grâce?

La bénédiction la plus précieuse, c'est de le connaître lui. Dès qu'il a sa place dans le cœur des siens et au milieu d'eux, tout est changé. La confiance et la joie sont assurées pour la foi (46:1-3; 47:1). Le cœur a trouvé son refuge, ses sources de joie et de paix, sa tranquillité, dans la certitude de la grandeur de son Dieu. Affermi, il s'ouvre alors vers les autres, comme l'évoque l'appel aux nations du psaume 47 pour s'associer à la louange du peuple de Dieu (versets 1, 9). Cette louange s'approfondit enfin dans la méditation de ce qu'est Dieu, connu «dans ses palais» comme la retraite des siens (48:3), «au milieu de son temple» pour sa bonté (verset 9), «jusqu'aux bouts de la terre» pour sa justice (verset 10). Et la beauté de Sion, «la ville de notre Dieu», n'évoque-t-elle pas pour nous celle de l'Église (versets 1, 2)?

Cette première série de psaumes se clôt avec le psaume 49, qui met en contraste la vanité de l'homme avec la beauté du Bien-Aimé qui a été chantée au psaume 45, le néant de toutes ses possessions avec la merveilleuse richesse du Dieu qui a racheté notre âme.

2. Les saints devant Dieu et dans le monde — Psaumes 50 à 59

(Lire d'abord: Psaumes 50:1-5, 22, 23; 51:1-4, 15-17; 52:1; 53:1.)

Au psaume 50, Dieu paraît solennellement pour juger son peuple. Il fait la différence entre le juste et le méchant, regardant au cœur, au-delà des apparences de la profession religieuse. Toutefois, la première pensée qu'il exprime ici est: «assemblez-moi mes saints».

Ce rassemblement des saints ne peut être qu'une œuvre de grâce. De nous-mêmes, nous ne pouvons rien apporter à Dieu, le seul fondement sur lequel nous pouvons nous approcher est un sacrifice accompli (verset 5). Pour Israël, il s'agissait du sacrifice de l'alliance, alliance que l'homme s'est montré bien incapable de garder (Actes des Apôtres 15:10, 11). Quant à nous, nous avons été approchés par le sang de Christ (Éphésiens 2:13; cf. Hébreux 10:19); et c'est en vertu de son sacrifice accompli que nous pouvons nous approcher de Dieu et nous tenir en sa présence. C'est là que se trouve le chemin du salut, de la délivrance (versets 14, 15).

Il est beau de voir que la pensée de Dieu de rassembler les siens est exprimée après que le Seigneur, dans sa gloire et dans sa beauté, nous ait été présenté au psaume 45: c'est sa personne connue et aimée qui nous rassemble.

Mais précisément parce que c'est devant Dieu et autour de Christ que nous sommes appelés à nous rassembler, une profession religieuse sans réalité vivante n'a pas de place là. La stérile répétition de la parole de Dieu alors qu'en même temps on s'associe au méchant et qu'on calomnie son frère est une chose odieuse pour Dieu (versets 16-20). «Quiconque ne pratique pas la justice n'est pas de Dieu, et celui qui n'aime pas son frère» (1 Jean 3:10).

En contraste avec le méchant, celui qui sacrifie la louange le glorifie, et à celui qui règle sa voie, il fera voir son salut (verset 23). Le vieillard Siméon (Luc 2) nous donne une belle illustration de cette attitude qui plaît à Dieu:

  •  il «règle sa voie» lorsque, conduit par l'Esprit, il vient dans le temple,
  •  il voit le salut de Dieu, quand il prend le petit enfant Jésus dans ses bras,
  •  il glorifie Dieu, en lui sacrifiant la louange.

Cet homme «juste et pieux» s'efface entièrement devant ce petit enfant qu'il tient dans ses bras, mais dont il a discerné la grandeur et l'excellence: celui qui, au-delà de toute délivrance temporelle, est «le salut de Dieu». Il peut maintenant, si le Seigneur le juge bon, s'en aller en paix, non pas parce que sa justice ou sa piété auraient atteint leur niveau le plus élevé, mais parce que la promesse divine est accomplie pour lui et que son cœur est rempli de la grâce de Dieu.

Puissions-nous régler nos voies nous aussi, nous laisser instruire et conduire par l'Esprit de Dieu.

Si le psaume 50 nous présente la pensée de Dieu d'assembler ses saints, faisant la différence entre le juste et le méchant, le psaume 51 nous apprend qui sont ceux qu'il revendique ainsi pour lui. Il nous le montre dans David, brisé par son péché, ou plutôt par la parole de Dieu qui a transpercé sa conscience et, en même temps, lui a apporté la grâce.

Il connaît… non pas ses mérites, mais ses transgressions, non pas seulement ce qu'il a fait, mais ce qu'il est par nature (verset 5). Il s'est tenu devant Dieu, et a apprécié ces choses dans la lumière et selon la mesure de Dieu: «Contre toi, contre toi seul j'ai péché… Voici, tu veux la vérité dans l'homme intérieur…» (versets 4, 6). Il ne lui reste alors qu'une ressource, le travail que Dieu lui-même, dans sa grâce, va opérer en lui (versets 7-12).

Le fruit de cette œuvre de la grâce de Dieu dans l'âme est, pour le croyant, la joie du salut et un esprit de franche volonté qui s'exprime dans le témoignage (verset 13), dans la louange (verset 15) enfin dans l'intercession pour Sion (verset 18), image pour nous de l'intérêt que nous pouvons porter à l'assemblée.

Répétons-le: les saints que Dieu revendique pour lui, qu'il se plaît à rassembler, ce sont des pécheurs brisés, objets de sa grâce et remplis par lui de la joie du salut. Apprenons de David, ce croyant qui, après être passé par les plus profonds exercices devant Dieu, se lève délivré, le cœur sondé et humilié, mais la bouche remplie de louange, et qui, après s'être tenu seul devant Dieu, pense à la bénédiction de Sion et au culte qui y est offert.

Les psaumes 52 à 59 présentent le fidèle poursuivi par la haine et l'opposition des méchants. Ceux-ci sont sous la sentence de Dieu; mais pour un temps, il garde le silence (50:21).

Prophétiquement, ce sont les souffrances du résidu de Juda, confronté à l'oppression de l'Antichrist, «homme fort» (52:1) et insensé (53:1). Pour nous, même si le monde ne manifeste pas son opposition par la persécution, il est nécessaire que nous prenions conscience de son vrai caractère, de son inimitié envers Dieu: «le monde entier gît dans le méchant» (1 Jean 5:19). Nous comprendrons mieux alors quelles ressources nous avons dans la bonté de Dieu (Psaumes 52:1, 8), quelle est la valeur de la prière (54:2; 55:1, 16, 22), quelles sont les délivrances de Dieu (54:1; 56:13; 57:3; 59:1, 2).

3. De la dispersion à la victoire — Psaume 60

(Lire d'abord: Psaumes 60:1-12.)

Le psaume 60 se lie dans un sens aux précédents. Il est aussi une expression des leçons apprises dans la détresse et l'amertume. Il nous rappelle la vanité de toute délivrance qui vient de l'homme (verset 11).

Mais les expériences personnelles des psaumes précédents font place ici à l'expérience collective du peuple de Dieu.

Nous pouvons penser que ce psaume a été écrit après que David ait été oint roi sur la maison de Juda (2 Samuel 2:4), puis sur tout Israël (2 Samuel 5:3), et que l'arche ait été amenée à Jérusalem (2 Samuel 6:2-19).

C'est en effet à ce moment-là que David est vainqueur des Philistins, des Syriens et des Edomites (2 Samuel 8). Ce psaume commence par rappeler les circonstances douloureuses et les détresses par lesquelles le Seigneur avait fait passer son peuple avant de le délivrer et de l'établir dans son héritage. Il repasse ainsi son histoire sous la discipline du Seigneur, jusqu'à la bénédiction qui en est le fruit.

Le premier enseignement de cette discipline est que c'est Dieu lui-même qui a fait passer les siens par ce chemin de souffrances — «tu nous as dispersés», «tu as fait voir à ton peuple des choses dures» (versets 1, 3). Que sont ces choses? Nous pouvons penser à la triste fin de Saül sur la montagne de Guilboa, à la longue guerre entre la maison de Saül et la maison de David (2 Samuel 3:1), à la «brèche d'Uzza», lorsque l'Éternel frappa celui-ci parce qu'il avait mis la main sur l'arche (2 Samuel 6:7-9). Nous voyons dans ces scènes le jugement de Dieu sur la volonté de la chair, sur le mépris de l'autorité de son roi, et sur la négligence de sa Parole.

Mais lorsque ces leçons sont apprises, lorsque la discipline est acceptée comme venant de Dieu lui-même, sans que l'on cherche à y échapper en prétendant qu'on est étranger à ses causes, alors il intervient en grâce et en délivrance pour son peuple:

  • il donne une bannière, un centre de rassemblement pour ses bien-aimés (versets 4, 5). Pour nous, c'est Christ lui-même, le Bien-aimé du psaume 45, dont le nom seul rassemble les siens;
  • il donne la possession de l'héritage et la victoire à son peuple rassemblé (versets 6-8);
  • il conduit ce peuple, qu'il avait pour un temps rejeté, et manifestera sa puissance en délivrance (versets 9-12).

Quel merveilleux chemin suit ainsi le peuple bien-aimé, de la dispersion au rassemblement, et du rassemblement à la victoire! Combien il est nécessaire pour nous, collectivement aussi bien qu'individuellement, de ne pas mépriser la discipline du Seigneur — dont la fin est la paix (Hébreux 12:4-13) — et de nous humilier sous sa main, afin qu'il nous élève, dans sa grâce, quand le temps sera venu (1 Pierre 5:5, 6)!

À suivre