Notre Dieu est un feu consumant

F. Schmid

«Notre Dieu est un feu consumant» (Hébreux 12:29)

L'infini du seul Dieu vivant et vrai reste insaisissable aux capacités limitées de ses créatures. Les multiples aspects des révélations de son Être peuvent même provoquer l'impression de contradictions. Comment ce Dieu juste et saint peut-il être aussi le Dieu des pardons? Comment le Dieu de toute consolation peut-il frapper ses enfants pour les discipliner? Sans chercher à concilier ce qui échappe à l'intelligence humaine, prosternons-nous dans l'adoration. «Qui peut te connaître, Dieu d'éternité?»

Un des caractères glorieux de notre Dieu et Père dont nous nous occupons moins volontiers que d'autres se trouve dans le verset cité en titre. Créateur de toutes choses, Dieu peut aussi détruire, anéantir. Sur la terre, l'Éternel fit pleuvoir des cieux sur Sodome et sur Gomorrhe du soufre et du feu, et il détruisit ces villes (Genèse 19:24, 25). Dieu peut consumer ce qui est incompatible avec ses pensées, comme la corruption et la méchanceté humaine. Il déterminera souverainement selon sa sagesse le moment où «les cieux en feu seront dissous et les éléments embrasés se fondront» (2 Pierre 3:12). Quand Satan assemblera Gog et Magog pour le combat contre le camp des saints et la cité bien-aimée, du feu descendra du ciel de la part de Dieu et les dévorera (Apocalypse 20:9).

Une muraille de feu tout autour

Dans l'Ancien Testament, l'Éternel se présente à Israël comme celui qui passe devant son peuple, un feu consumant, pour détruire ses ennemis et les abattre devant lui (Deutéronome 9:3). Nous y trouvons aussi cette vision mystérieuse d'une muraille de feu tout autour du peuple dans la cité sainte (Zacharie 2:5), muraille qui tient tout adversaire à distance. Déjà la colonne de nuée faisait séparation entre les Israélites et ceux qui les poursuivaient, à leur sortie d'Égypte, de sorte que «l'un n'approcha pas de l'autre de toute la nuit» (Exode 14). Méditons cela avec gratitude! Combien de fois, souvent à notre insu, l'ennemi de nos âmes aurait aimé frapper et blesser le peuple de Dieu, mais il n'est pas parvenu à ses fins parce que le Tout-Puissant s'est interposé.

Quand tu marcheras dans le feu

Cependant les élus de Dieu ne sont pas épargnés d'expériences qui les font «passer par le feu». Tout en étant racheté à grand prix, devenu précieux aux yeux de l'Éternel, gardé comme la prunelle de son œil, ce peuple unique qui lui appartient en propre passera par des eaux sans être submergé, et marchera dans le feu sans être brûlé ni consumé (Ésaïe 43:2). Épreuves, tribulations, détresses sont et seront la part des bien-aimés de l'Éternel sur la terre. Combien de soupirs et de larmes, combien de douleurs et de souffrances, de blessures et de maladies, pendant une vie de pèlerinage dans le désert! Certes, l'indignation et le feu de la colère du Dieu juste et saint n'épargnent aucune expérience nécessaire à ceux qu'il a choisis pour les introduire un jour dans sa propre gloire.

Mais parmi les hommes qui ont joui d'une révélation particulière de la pensée divine, l'un a pu dire par l'Esprit Saint: «Le Seigneur ne rejette pas pour toujours; mais, s'il afflige, il a aussi compassion, selon la grandeur de ses bontés». Oui, «ce sont les bontés de l'Éternel que nous ne sommes pas consumés, car ses compassions ne cessent pas» (Lamentations de Jérémie 3:31, 32, 22).

N'est-ce pas la réalité préfigurée dans le buisson tout ardent de feu et qui pourtant ne se consume pas (Exode 3)? Un buisson à épines, ne portant point de fruit, sans valeur ni intérêt pour l'homme, mais objet des intentions de Dieu selon ses conseils éternels! Un ensemble d'êtres humains nullement meilleurs que leurs semblables, mais choisis par Dieu qui habite au milieu d'eux, comme le Juste et le Saint, sans les consumer. Quelle glorieuse réalité!

Le feu de l'Éternel brûla parmi eux

Néanmoins, le feu brûle et reste, fondamentalement, consumant. Au désert, la nuée couvrait le tabernacle de la tente du témoignage comme l'apparence du feu, continuellement, jusqu'au matin, comme pour consumer toute chose étrangère à la pensée de Dieu et incompatible avec la sainteté du lieu (Nombres 9:15, 16). En Deutéronome 4, dans une sérieuse mise en garde contre l'idolâtrie, Moïse avertit: «l'Éternel ton Dieu est un feu consumant» (verset 24). Au chapitre suivant, il rappelle l'effet qu'avait produit «la voix du Dieu vivant parlant du milieu du feu». Le peuple avait déclaré à Moïse: «tout ce que l'Éternel, notre Dieu, t'aura dit, nous l'écouterons, et nous le pratiquerons» (Deutéronome 5:26, 27). Autrement dit: nous désirons vivre en harmonie avec la volonté de Dieu pour éviter que le feu de sa colère ne nous consume, ne serait-ce que partiellement. Et Dieu s'était exclamé: «Oh! s'ils avaient toujours ce cœur-là pour me craindre et pour garder tous mes commandements, afin de prospérer, eux et leurs fils, à toujours!» (Deutéronome 5:29). Car le désir de notre Dieu est de ne pas avoir à intervenir comme le feu qui consume, mais de bénir abondamment, selon les richesses de sa grâce.

Cependant, en Lévitique 10:1 et 2, le feu sortit de devant l'Éternel et dévora Nadab et Abihu; ils moururent pour avoir méprisé le commandement de Dieu. En Nombres 16:35, «il sortit du feu de la part de l'Éternel, et il consuma les deux cent cinquante hommes qui présentaient l'encens». Au chapitre 11, versets 1 et 2, du même livre, à la suite des plaintes du peuple, «le feu de l'Éternel brûla parmi eux, et dévora au bout du camp». Moïse pria l'Éternel, et le feu s'éteignit. Ce ne fut qu'un incendie partiel, un jugement limité aussi dans le temps, une épreuve mesurée. Nous trouvons ce mot en Jérémie, dans son émouvante prière: «corrige-moi, mais avec mesure, non dans ta colère, de peur que tu ne me rendes chétif» (10:24). Prière à laquelle Dieu répond d'une manière tout aussi touchante: «Ne crains point… je ne te détruirai pas entièrement, et je te corrigerai avec mesure» (46:28).

Ses yeux, comme une flamme de feu

Ce Dieu qui se présente comme un feu consumant, est-il aussi revêtu d'un tel caractère au temps de la grâce et en ce qui concerne l'assemblée qu'il s'est acquise par le sang de son propre Fils? Les exemples historiques de l'Ancien Testament ont-ils une application pour nous aujourd'hui, ou concernent-ils uniquement le peuple terrestre de Dieu sous le régime de la loi et avant l'œuvre de Christ? La citation en Hébreux 12:29 est-elle rappelée aux Juifs seulement?

Nous connaissons la terrible fin d'Ananias et de Sapphira, sa femme, en Actes 5. Ils avaient menti à Dieu; le mari tomba et expira… la femme à son tour tomba et expira. Quel en a été le résultat au milieu des saints? «Une grande crainte s'empara de toute l'assemblée» (verset 11). Tout comme sous l'ancienne alliance, la sainteté et la présence divines exigent invariablement de la révérence.

Au milieu des sept lampes «qui sont les sept assemblées», le Seigneur Jésus apparaît au début de l'Apocalypse avec des yeux comme une flamme de feu; et ses pieds sont semblables à de l'airain brillant, comme embrasés dans une fournaise. Notre adorable Sauveur se présente dans la sainteté qui le caractérise comme juge. Mais il marche néanmoins au milieu des sept assemblées marquées par tant de faiblesses et de manquements, dont quelques-uns sont mentionnés. N'est-ce pas saisissant de le voir ainsi, semblable à l'Éternel au milieu du buisson ardent qui ne se consume pas?

La personne du Seigneur Jésus nous est chère lorsque nous le considérons dans son humanité à travers les récits des évangiles; quand ensuite nous le contemplons sur la croix de Golgotha; ou encore sous ses traits du Pasteur souverain dispensant ses tendres soins à chacune de ses brebis. Cependant, dans quelle mesure le connaissons-nous comme le Juste et le Saint dont les yeux sont trop purs pour voir le mal, et qui daigne quand même prendre place au milieu des siens? L'entendons-nous parler à nos cœurs et à nos consciences, comme il le fait à l'adresse des sept assemblées? Il leur dit en quelque sorte: Je connais… je sais…, et je vous aime malgré tout, je vous aime de cet amour éternel qui ne variera jamais. Réalisons-nous que notre Dieu est «un feu consumant», qui veut brûler tout ce qui n'est pas conforme à sa pensée, mais qui, dans son amour insondable et à cause de l'œuvre et de l'intercession de son Fils, ne va jamais nous consumer?

L'or éprouvé par le feu

Les desseins divins comprennent un objectif suprême de l'action du feu: notre foi, semblable à l'or éprouvé par le feu, par diverses tentations et des afflictions, doit tourner à louange et à gloire et à honneur… (1 Pierre 1:6, 7).

Les pensées de Dieu comprennent aussi l'objectif immédiat et pratique rappelé en Hébreux 12:28. Du fait que notre Dieu est un feu consumant, retenons la grâce (ou soyons pleins de reconnaissance), et servons Dieu «d'une manière qui lui soit agréable, avec révérence et avec crainte».

Servir, certes, motivés par l'amour qu'il a versé dans nos cœurs, mais aussi imprégnés de la vision et de la réalité de sa sainteté, avec un respect toujours accru. Servir Dieu, faire quelque chose pour le Seigneur, oui, mais toujours dans une attitude qui recherche sa volonté jusque dans les détails, et sa seule gloire.

Qu'il nous soit accordé de ne jamais oublier non plus que notre ouvrage, quel qu'il soit, sera tôt ou tard éprouvé par le feu, épreuve qui entraînera pour nous récompense ou perte, selon ce qui subsistera.