Josué

Josué 1:1-18

Le livre de Josué nous fait entrer avec Israël dans le pays de la promesse pour en prendre possession. Un nouveau conducteur remplace Moïse: Josué que nous connaissons pour l'avoir vu, jeune homme, combattant (Ex. 17:9, 10 ex 17.9-13), apprenant (Ex. 33:11 ex 33.7-11), servant (Nomb. 11:28 nb 11.26-30), rendant témoignage (Nomb. 14:6... nb 14.4-10). Formé par les longues années de désert, il est appelé maintenant à de grandes responsabilités. Au moment d'y faire face, il est encore une fois encouragé par l'Éternel (v. 6, 7, 9) et par ses frères (v. 18), avec cette exhortation: «Que ce livre de la Loi (pour nous toute la Parole de Dieu) ne s'éloigne pas de ta bouche, et médite-le jour et nuit...». Tel sera le secret de sa prospérité spirituelle... et de la nôtre (v. 8 fin).

Le livre de Josué illustre les vérités développées dans les «Éphésiens». De même que les fils d'Israël pour la conquête de Canaan, les chrétiens ont des combats spirituels à livrer pour la possession des lieux célestes. Et il leur est dit comme à Josué: «Fortifiez-vous dans le Seigneur... tenez donc ferme...» (Éph. 6:10, 14 ep 6.10-20). Moïse représentait Christ conduisant les siens hors du monde. Josué personnifie l'Esprit de Jésus (c'est le même nom hébreu) les introduisant dans le ciel avec Lui.

Josué 2:1-13

Deux grands obstacles s'opposent à l'entrée du peuple en Canaan. En premier lieu le Jourdain qui constitue la frontière. Ensuite, sur l'autre rive, la forteresse redoutable de Jéricho. Josué y envoie ses deux espions. Leur mission semble s'être bornée à cette visite chez Rahab et à prendre connaissance non de la puissance de l'ennemi mais de celle de Dieu opérant dans le cœur de cette femme. Rahab a entendu ce que Dieu avait fait pour son peuple. Elle a cru en Lui. Enfin la voici qui agit, car «la foi sans les œuvres est stérile», et Jacques la prend comme exemple de cette vérité, elle, cette misérable Cananéenne, en compagnie d'Abraham lui-même (Jacq. 2:20, 25 jq 2.20-26). Aux yeux des hommes, l'acte de cette femme — une trahison — est parfaitement répréhensible. Mais il n'en fait ressortir que mieux la différence entre une œuvre de foi, agréable à Dieu, et une «bonne œuvre» louée par les hommes. Ce que fait un croyant est loin d'être toujours compris et approuvé par le monde.

La foi de Rahab lui vaudra une place d'honneur dans deux listes remarquables du Nouveau Testament: la généalogie de Jésus Christ (Matt. 1:5 mt 1.1-6) et l'énumération des fidèles témoins du ch. 11 des Hébreux où elle sera la seule femme nommée avec Sara (Héb. 11:31 hb 11.30-31).

Josué 2:14-24

Le fait que Rahab était non seulement une ennemie mais une personne peu recommandable souligne la profondeur de la grâce divine. Comme une autre Cananéenne au temps du Seigneur, sa foi la fait participer spirituellement aux «miettes» qui tombent de la table des enfants d'Israël (Matt. 15:22... mt 15.21-28). Le moyen par lequel sa maison va être protégée nous rappelle la Pâque et le sang de l'agneau sur les portes et fait de Rahab une vraie fille d'Israël. En prévision du jugement qui va tomber sur Jéricho, elle et les siens sont invités à se placer sous la protection du cordon d'écarlate. Remarquons que celui-ci est aussitôt attaché à la fenêtre. Se mettre sans tarder à l'abri du sang rédempteur, voilà ce que Rahab nous enseigne, si nous ne l'avons pas encore fait, car le jugement vient sur le monde aussi sûrement qu'il est tombé sur Jéricho. Cette femme proclame sa certitude que le Dieu d'Israël remportera la victoire et elle se fie à la promesse qu'elle reçoit de sa part.

Le compte rendu des deux espions est bien différent de celui des dix éclaireurs de Nomb. 13 nb 13.26-33. «Oui, l'Éternel a livré (non pas livrera) tout le pays entre nos mains.» Ce v. 24 est l'accomplissement textuel de ce que déclarait 40 ans plus tôt le cantique de la mer Rouge (Ex. 15:15 fin ex 15.13-18).

Josué 3:1-13

La mer Rouge barrait à Israël la sortie d'Égypte; le Jourdain lui ferme à présent l'accès en Canaan. Et la traversée de ce fleuve va nous apprendre une nouvelle vérité de toute importance: celle de notre mort avec Christ. Dès ici-bas l'enfant de Dieu est invité à posséder le ciel par la foi et à en jouir. À cela correspond l'entrée en Canaan. Mais de même que pour y pénétrer, il fallait traverser le Jourdain, fleuve de la mort, de même un chrétien ne peut entrer en possession du ciel et en goûter actuellement les joies sans avoir réalisé qu'il est mort avec Christ. La croix où mon Sauveur a laissé sa vie frappe et condamne ma volonté naturelle corrompue, ce vieil homme qui veut sans cesse reprendre le contrôle de ma vie et qui pourtant n'a aucun droit d'entrée dans le domaine céleste. Que de tourments il me cause! Mes efforts pour le corriger sont inefficaces. Comment le mettre hors d'état de nuire, le faire mourir? Eh bien, j'apprends avec bonheur que c'est ce qui a été accompli une fois pour toutes à la croix et qu'il me suffit de l'accepter aussi simplement que le pardon de mes péchés! Jésus n'a pas seulement été crucifié pour moi. Je suis, moi, crucifié avec lui (Gal. 2:19, 20 gl 2.19-21). Telles sont les choses merveilleuses que Dieu a faites en notre faveur (v. 5).

Josué 3:14-17; 4:1-8

L'arche, la première, pénètre dans les eaux et ouvre un passage au peuple. L'entrée de Christ dans la mort nous fraye un chemin par lequel nous ne sommes «pas passé auparavant», un chemin nouveau et vivant (v. 4 js 3.1-5; Héb. 10:20 hb 10.19-22). Avant la croix, personne n'était définitivement sorti de la mort après y être entré. Mais Christ l'a fait, de sorte qu'à présent nous la traversons avec lui sans en connaître l'amertume. «Ils passèrent le fleuve à pied, là nous nous sommes réjouis en lui» (Ps. 66:6 ps 66.5-7). Nous constatons que l'arche est restée dans le lit du fleuve jusqu'à ce que toute la nation ait achevé de passer (v. 17). Merveilleuse garantie de la sécurité du peuple! La mort ne peut nous engloutir. Christ s'y est tenu à notre place. Mais pensons à ce que cela fut pour le Prince de la vie que de livrer lui-même son âme à la mort. Le livre de Jonas ch. 2 v. 4... jn 2.2-8 mentionne toutes les terribles vagues qui ont passé sur Lui dans leur pleine réalité. Les eaux l'ont environné jusqu'à l'âme... (voir aussi Ps. 42:8 ps 42.8). Cher Sauveur! Pour toi la souffrance et la mort; pour nous la délivrance, la vie, le bonheur. Les eaux n'ont pu éteindre, le fleuve n'a pu submerger l'amour fort comme la mort qui l'avait conduit dans ces flots afin de nous en arracher (Cant. 8:6, 7 ct 8.6-7).

Josué 4:9-24

Sur l'ordre de l'Éternel, Josué a fait retirer douze pierres du fond du lit du fleuve pour en faire un monument à Guilgal (v. 20). Dans le Jourdain, il en dresse douze autres que les eaux vont recouvrir (v. 9). «Que signifient pour nous ces pierres?» (v. 6 js 4.5-9). L'épître aux Romains traduit leur langage. Elles représentent les croyants identifiés avec Christ dans sa mort (au fond du fleuve) ainsi que dans sa résurrection (sur la rive du pays — Rom. 6:5 rm 6.3-11).

Et l'unité du peuple est proclamée par ces douze pierres (douze tribus) qui constituent ensemble un seul monument. Car cette œuvre puissante a été accomplie en faveur de tous les rachetés, même si beaucoup n'en ont pas conscience. Le double mémorial l'atteste pour toujours.

Ainsi la croix m'a valu trois grandes délivrances qu'illustrent la Pâque, la mer Rouge et le Jourdain:

  • La Pâque m'apprend que je suis délivré du jugement de Dieu.
  • La mer Rouge m'enseigne que je suis libéré de mes ennemis extérieurs: Satan et le monde.
  • Le Jourdain enfin m'annonce que j'ai le droit de tenir pour morte la chair, ce tyrannique ennemi intérieur.

Les deux premières vérités sont saisies au moment de la nouvelle naissance. La troisième correspond à ce qu'on appelle l'affranchissement.

Josué 5:1-15

Et nous voici sur cette rive de la résurrection! Qu'y trouvons-nous? Pénible découverte! D'abord les ennemis extérieurs qui ont reparu. Mais courage! Ils sont sans force (v. 1), déjà vaincus par Christ à la croix (Col. 2:15 cl 2.13-15). L'ennemi intérieur, la chair, est là également. N'a-t-elle donc pas été déclarée morte, ensevelie dans les profondeurs du Jourdain? Assurément! Aux yeux de Dieu, c'est là sa place. Mais il faut que nous nous tenions nous-mêmes comme morts au péché (Rom. 6:11 rm 6.8-13), ne lui reconnaissant aucun droit de se manifester. La circoncision correspond à ce jugement que nous avons à porter sur chaque réapparition de la chair en nous. Quand il est pratiqué, alors nous découvrons les ressources et les joies qui nous attendent sur ce «rivage» des lieux célestes. En premier lieu le vieux blé du pays qui vient remplacer la manne: image d'un Christ glorifié dont le racheté se nourrit. Puis vient la Pâque: elle peut être célébrée sous les murs mêmes de Jéricho. «Tu dresses devant moi une table, en face de mes ennemis» (Ps. 23:5 ps 23.1-6). Enfin voici l'Ange promis par l'Éternel dès les premiers jours de l'Exode (Ex. 23:23 ex 23.20-25). Jésus est pour nous dans le ciel et dirigera nos combats si nous lui en laissons la direction.

Josué 6:1-14

Comme un gardien redoutable veillant à l'entrée de Canaan, se dresse la puissante forteresse de Jéricho barrant le chemin du peuple. Obstacle terrifiant! À quoi correspond-il pour nous? Quand le nouveau converti, passé depuis peu de la mort à la vie, s'apprête à vivre sa foi, Satan cherche aussitôt à l'effrayer. Il place devant lui de grosses difficultés: un témoignage à rendre devant des camarades moqueurs, l'abandon d'une habitude, un aveu ou des excuses à faire à quelqu'un qu'on a offensé. Bien plus, dans certains pays ceux qui se déclarent chrétiens ont à affronter de vraies persécutions. Comment faire face à ces réactions inévitables de l'Ennemi? En laissant le Seigneur tout diriger à sa manière. À nous, il demande une pleine confiance en lui, du zèle (voyez-les se lever de bonne heure), un témoignage bien clair auquel correspondent les sept trompettes. Puis encore la persévérance! Sept jours et sept fois le septième jour! La persévérance doit accomplir son œuvre (Jacq. 1:4 jq 1.2-8). Et enfin la condition principale: il faut réaliser la présence du Seigneur avec nous dans notre marche quotidienne. L'arche qui s'était tenue pour Israël dans le Jourdain est maintenant avec lui pour lui donner la victoire (v. 6).

Josué 6:15-27

Elle devait paraître bien dérisoire et inoffensive aux habitants de Jéricho, la ronde de ces sonneurs de trompettes autour de leurs murailles. Avait-on jamais vu un siège entrepris de telle façon? Les moqueries n'ont pas dû manquer! Mais «Dieu a choisi les choses faibles du monde pour couvrir de honte les choses fortes» (1 Cor. 1:27 1cr 1.26-31). À côté des puissants moyens visibles dont l'homme se prévaut, la foi agit à sa manière invisible. Selon la promesse du Seigneur, si nous en avons comme un grain de moutarde, Dieu ôtera de notre chemin les obstacles les plus effrayants (Matt. 17:20 mt 17.19-20). «Les armes de notre guerre ne sont pas charnelles, mais elles sont puissantes par Dieu pour la destruction des forteresses» (2 Cor. 10:4 2cr 10.3-6). Faisons usage de cette arme invincible: la prière. S'il y a des «Jéricho» sur notre route, apprenons comme Israël à en faire le tour avec le Seigneur (l'arche) en élevant nos voix vers Dieu. Quand son moment sera là, nous verrons tomber les murailles comme celles-ci tombèrent le septième jour.

Israël a reçu une instruction entendue de tous: la ville sera anathème, maudite. Seule Rahab est épargnée avec les siens, en réponse à sa foi. Le cordon d'écarlate, facile à localiser lors des 13 tours de la ville, était à sa place.

Josué 7:1-15

Après Jéricho, voilà Aï, une ville de petite apparence; il semble vraiment facile d'en venir à bout sans déranger tous les hommes de guerre, 3 000 suffiront. Contre toute attente Israël est battu. C'est au tour du cœur du peuple de se fondre comme s'était fondu peu avant le cœur de ses ennemis (ch. 5 v. 1 js 5.1). Josué, découragé, tombe sur sa face et se lamente. Mais l'Éternel l'invite à se lever et à comprendre la raison de la défaite. L'anathème, autrement dit le péché, empêche Dieu de combattre en faveur des siens. Grande leçon pour chacun de nous! Notre conscience est comme le camp d'Israël. Une faute que nous cachons, que nous refusons de confesser aux hommes et à Dieu, nous prive de sa communion sans laquelle un chrétien est battu d'avance. Chose plus grave encore: il s'agit du grand nom que nous portons (v. 9), celui de Christ, qui sera déshonoré par notre défaillance. «Que feras-tu pour ton grand nom?» est une prière intelligente. Celui qui parle ainsi sait faire passer la gloire de Dieu avant ses propres intérêts. «Aide-nous, ô Dieu de notre salut, à cause de la gloire de ton nom! Et délivre-nous, et pardonne nos péchés à cause de ton nom», demandera Asaph au Ps. 79:9 ps 79.8-10.

Josué 7:16-26

Pour le jugement comme pour le combat, Josué se lève de bonne heure. L'affaire doit être réglée sans retard. Quand Dieu a éclairé notre conscience, il ne faut pas laisser traîner les choses. On procède au tirage au sort et le filet se resserre autour du malheureux coupable. Enfin le doigt de Dieu se dirige vers lui. «Acan... fut désigné» (v. 18). Quoi de plus terrible que d'être démasqué ainsi par Dieu lui-même? Lors du dernier souper avec ses disciples, Jésus leur désigna le traître en tendant à Judas le morceau après l'avoir trempé (Jean 13:26 j 13.21-30).

«Mon fils — dit Josué — donne gloire à l'Éternel». La gloire de Dieu exige toujours la vérité entière. Alors Acan raconte sa triste histoire. C'est celle de toutes les convoitises, telles que Jacques nous en montre l'engrenage funeste (Jacq. 1:14:15 jq 1.13-18): les yeux, puis le cœur, enfin les mains pour saisir et cacher. «J'ai péché... — avoue Acan — j'ai vu tel et tel objet... je les ai convoités et je les ai pris; et voilà...» Le beau manteau de Shinhar (Babylone), l'argent, l'or étaient bien cachés dans la tente où Dieu seul les avait vus.

Mais n'oublions pas la conclusion: «le péché étant parvenu à son terme produit la mort». Pénible devoir: le méchant doit être ôté du milieu de l'assemblée d'Israël! (comp. 1 Cor. 5:13 1cr 5.1-13).

Josué 8:1-13

Le péché caché était la principale raison de la sévère défaite essuyée par Israël. Mais celle-ci avait aussi un autre motif. La victoire de Jéricho avait manifestement donné au peuple confiance en lui-même. Chose d'autant plus surprenante qu'il s'agissait alors d'un miracle! Quelle était la part d'Israël dans la destruction de la terrible forteresse? Mais que de fois nous ressemblons à ce peuple! Quand le Seigneur nous a délivrés d'une situation difficile, au lieu de nous appuyer davantage sur lui pour l'épreuve suivante, nous cessons d'éprouver le besoin de son secours. Et c'est la chute! D'autre part notre cœur est ainsi fait que, si pour de grandes difficultés nous sommes prêts à nous confier en Dieu, pour les petites nous estimons souvent pouvoir nous en tirer tout seuls. L'histoire de la prise d'Aï nous apprend que nous avons un besoin continuel du Seigneur.

Que de peine il va falloir maintenant pour remporter la victoire! Au lieu des 3 000 soldats prévus, il en faut dix fois plus avec une manœuvre compliquée. La restauration est souvent une opération longue et pénible. À Jéricho, le peuple devait apprendre à connaître la puissance de Dieu; à Aï, il est nécessaire qu'il fasse l'expérience de sa propre faiblesse.

Josué 8:14-23

«Que feras-tu pour ton grand nom?» — avait demandé Josué (ch. 7 v. 9 js 7.6-9). Maintenant que le péché est ôté, qu'Israël s'attend à Lui, Dieu répond en donnant la victoire. Et l'artisan de cette victoire, celui dont le nom revient continuellement dans notre récit, c'est Josué, ici de nouveau figure de Christ, conduisant les siens dans leurs combats. Par son javelot étendu vers la ville, sur l'ordre de l'Éternel, Josué montre qui dirige la manœuvre, et rappelle qu'il existe un plan d'ensemble, une stratégie, dont lui seul a connaissance. Eh bien, voilà ce que Jésus est pour nous! C'est lui qui connaît le rôle que doit remplir chaque soldat, lui qui place chacun à son poste, lui enfin qui donne le signal de chaque mouvement. En regardant à Christ, comme le combattant à l'étendard de son chef, nous saurons ce que nous avons à faire, nous prendrons courage. Et puis, sachons-le, nous ne sommes pas seuls à livrer bataille; nous avons des frères et des sœurs qui soutiennent les mêmes luttes. Toutefois ce ne sont pas comme au temps de Josué des combats publics, glorieux et spectaculaires. Nos victoires, en général, nous les remporterons à genoux dans notre chambre; le Seigneur seul en sera témoin.

Josué 8:24-35

Aï est conquise puis brûlée, ses habitants massacrés, son roi pendu, son butin préservé au profit du peuple «selon la parole que l'Éternel avait prescrite» (v. 27). Ayant payé chèrement le prix de la propre volonté, Josué et Israël se conforment cette fois strictement aux instructions divines. Deut. 21:22, 23 dt 21.22-23 défendait de laisser le cadavre d'un pendu sur le bois pendant la nuit et Josué obéit aussi (v. 29), preuve qu'il considère déjà la terre comme à eux. Appliquons-nous à justifier le plus possible notre comportement par l'Écriture. Quelle force aurait notre témoignage si nous pouvions répondre à toute question, concernant notre conduite, notre tenue; c'est ce que le Seigneur demande, me demande, dans sa Parole. Contemplons Jésus sur la croix. À l'ultime instant de sa vie d'homme obéissant, il dit encore «afin que l'Écriture soit accomplie: J'ai soif» (Jean 19:28 j 19.25-30).

La scène qui suit (v. 30 à 35) répond, elle aussi, aux instructions du Deutéronome (Deut. 11:29 dt 11.26-32; 27:11... dt 27.11-19). Hommes, femmes, enfants, tout le peuple est réuni, y compris l'étranger (donc Rahab s'y trouve probablement) au lieu désigné pour y écouter la Loi. Et le centre de ce rassemblement, c'est l'arche sainte, type de Christ. L'adoration et la joie s'expriment par les holocaustes et sacrifices offerts.

Josué 9:1-16

Tandis que le peuple de Dieu puise sa force dans la dépendance du Seigneur, le monde recherche la sienne dans l'association. Son proverbe: l'union fait la force est à la base de groupements de tout genre, y compris religieux. Voyez ici tous les peuples ennemis se rassembler «pour faire la guerre à Josué et à Israël, d'un commun accord» (v. 2). Quand il s'agit de combattre la vérité, des hommes naturellement en inimitié les uns contre les autres savent se retrouver sur un même terrain. Hérode et Pilate réconciliés se sont rassemblés contre Jésus «avec les nations et les tribus d'Israël» (Luc 23:12 lc 23.6-12; Act. 4:27 ac 4.24-28).

Pendant que la conjuration se forme, absorbant l'attention d'Israël, l'ennemi va surprendre celui-ci par une habile supercherie. Lorsque Satan ne parvient pas à ses fins par la force, il essaie d'autres artifices. Les avances, les flatteries sont souvent le piège dans lequel nous tombons quand nous avons négligé de consulter le Seigneur (v. 14). L'Ennemi, derrière ses agents, voit d'un bon œil une coopération avec les enfants de Dieu et saura se faire aimable pour les tromper sur ses véritables intentions (Esdr. 4:2 ed 4.1-5). Soyons sur nos gardes, car une telle alliance est d'abord une désobéissance, ensuite la porte ouverte à beaucoup d'infidélités (Ex. 34:12, 15, 16 ex 34.10-17).

Josué 9:17-27

Précédemment devant Aï, le peuple s'était estimé assez fort. En présence des Gabaonites, il s'est cru assez sage. Il n'a pas éprouvé le besoin de consulter l'Éternel (v. 14 js 9.7-16). Quelle confusion lorsque, trop tard, la vérité est découverte! Il faudra dorénavant supporter ces Cananéens, et nous les retrouverons plus tard, fâcheusement liés à l'histoire d'Israël (2 Sam. 21 2s 21.1-9). Les Gabaonites expliquent pourquoi ils ont agi de la sorte. Et nous nous demandons peut-être ce qu'ils auraient pu faire d'autre, sinon se laisser exterminer par les Israélites. Eh bien, l'exemple de Rahab prouve qu'il était encore temps de venir se mettre avec foi et en reconnaissant leur caractère d'ennemis, sous la protection du Dieu d'Israël dont ils avaient entendu la renommée! (ch. 2 v. 9 fin js 2.8-11). Mais les gens de ce monde ressemblent à ces Gabaonites. Ils espèrent se soustraire au jugement en liant extérieurement leur sort à celui du peuple de Dieu. Ils voudraient échapper à la colère qui vient, obtenir une assurance pour la mort qu'ils redoutent, mais sans confesser leur état, sans se mettre au bénéfice de la pure grâce de Dieu. Aussi, à la différence de Rahab qui devint la femme de Salmon, prince de Juda (Matt. 1:5 mt 1.1-7), les Gabaonites demeurent dans l'esclavage: coupeurs de bois et puiseurs d'eau.

Josué 10:1-11

De nouveaux ennemis surgissent. Ils ont pour chef le roi de Jérusalem, Adoni-Tsédek (seigneur de justice). Quelle différence entre ce personnage et un de ses prédécesseurs Melchisédec (roi de justice), roi de Salem (Gen. 14:18-20 gn 14.17-20). Ce dernier avait béni Abram puis béni le Dieu Très-Haut qui avait livré les ennemis entre les mains du patriarche. Adoni-Tsédek se place au contraire à la tête des ennemis du peuple d'Abraham. Il réunit ses alliés contre Gabaon qui, de son côté, fait appel à son nouvel allié. Fâcheuse conséquence de l'infidélité du ch. 9! Ayant l'Éternel avec lui, le peuple avait-il besoin d'une autre alliance? Elle ne fait qu'accroître le danger.

Mais Dieu va donner malgré cela la victoire. Israël part de Guilgal, lieu de la circoncision, figure du jugement de la chair. L'épître aux Colossiens nous en fait comprendre la portée spirituelle. Morts et ressuscités avec le Christ, nous avons aussi à mortifier nos membres (Col. 2:20; 3:1, 5 cl 2.20-3.7). À cela correspond le retour à Guilgal, grand secret de la victoire. Pour triompher, le combattant de la foi doit d'abord réaliser qu'il est sans force. Il est ainsi préparé à laisser Dieu seul agir. L'Éternel combat lui-même des cieux en faveur de son peuple Israël.

Josué 10:12-27

À la prière de Josué, l'Éternel arrête le soleil et la lune environ un jour entier. Il montre ainsi à ces peuples païens qui est le Dieu qui combat pour Israël, en même temps qu'il montre aux siens jusqu'où il peut aller en réponse à leurs prières (Marc 9:23 mc 9.17-29). Mais n'est-ce pas un miracle bien plus grand encore que Dieu prolonge depuis 2 000 ans déjà le jour de sa grâce? Et, au lieu que ce soit comme ici pour permettre le jugement et la vengeance, son but actuel est la conversion des pécheurs. Il use de patience envers le monde (peut-être envers vous?) et «fait lever son soleil sur les méchants et sur les bons» (Matt. 5:45 mt 5.43-48). Chacun trouve cela naturel, mais pensons souvent, en voyant paraître un nouveau jour, à cette longue patience de Dieu.

Le soleil ne se couchant pas, les ennemis fuient la lumière et cherchent les ténèbres, essayant de se cacher (v. 16; Jean 3:19-21 j 3.19-21 et Apoc. 6:15-17 ap 6.12-17). Mais la victoire est remportée et les cinq rois sont tirés de la caverne. «Approchez-vous — dit Josué à ses capitaines — ne craignez pas! Mettez vos pieds sur les cous de ces rois!» (v. 24, 25). C'était le signe du triomphe, anticipation du moment proche où le Dieu de paix brisera Satan sous nos pieds (Rom. 16:20 rm 16.17-20; Ps. 110:1 ps 110.1-4).

Josué 10:28-43

Elles tombent l'une après l'autre, ces villes formidables, «grandes et fortifiées jusqu'aux cieux» (Deut. 1:28 dt 1.26-31). Leurs rois, leurs géants, tous leurs habitants, sont frappés irrésistiblement par «Josué et tout Israël». Remarquons la répétition continuelle de cette dernière expression. Elle évoque l'union indissoluble de Christ et des siens. Celle-ci implique que nos ennemis sont aussi et d'abord ceux du Seigneur. Nul ne peut s'attaquer à moi sans avoir affaire à mon Chef. En le laissant passer le premier, je ne puis qu'être vainqueur. Au contraire, sans lui j'ai perdu la bataille. C'est pourquoi l'Ennemi s'efforce de me priver du contact (ou de la communion) avec mon Sauveur. Il sait que «séparés de lui nous ne pouvons rien faire», même si nous, de notre côté, nous l'oublions souvent (Jean 15:5 j 15.1-8). Quelle page triomphante s'inscrit ici! Puisse-t-il y avoir dans l'histoire de ma vie chrétienne une liste semblable de victoires remportées secrètement avec le Seigneur! Victoire pour la vérité, victoire pour la pureté, victoire sur telle ou telle tentation... Jeune homme, jeune fille, votre âge est tout spécialement celui des combats. Faites-vous partie de ceux à qui l'apôtre Jean peut écrire: «Je vous écris, jeunes gens, parce que vous avez vaincu le Méchant»? (1 Jean 2:13 1j 2.12-17).

Josué 11:1-11

À Gabaon, au ch. 10 js 10.1-6, la confédération des rois du Sud a été taillée en pièces. À présent le Nord du pays se rassemble autour de Jabin roi de Hatsor, un peuple innombrable, pour faire la guerre contre Israël. «Tous ces rois-là se donnèrent rendez-vous» (v. 5). «Les rois de la terre se soulèvent, et les princes se liguent ensemble contre l'Éternel et contre son Oint», annonce le Ps. 2 en parlant des temps à venir.

Que dit l'Éternel à Josué? «Ne les crains pas... je les livrerai tous tués devant Israël» (v. 6). Et la victoire est suivie d'une destruction qui n'épargne personne. Nous avons de la peine à comprendre ces terribles jugements. Ne sommes-nous pas les disciples d'un Maître qui recommande: «Aimez vos ennemis; faites du bien à ceux qui vous haïssent...»? (Luc 6:27 lc 6.27-31). Ne sommes-nous pas les enfants d'un Père qui exhorte: «Si ton ennemi a faim, donne-lui à manger; s'il a soif, donne-lui à boire...»? (Rom. 12:20 rm 12.9-21). Mais s'il y a un temps pour la grâce (c'est le nôtre), il y aura de même un temps pour la colère. Elle atteindra ceux qui auront refusé la grâce. Le jugement des Cananéens après les siècles de la patience de Dieu en est une illustration solennelle.

Josué 11:12-23

Les ennemis qu'Israël vient de combattre et de vaincre représentent ceux qui font la guerre aux chrétiens, autrement dit Satan et ses anges. Notre lutte est «contre les seigneuries... contre les puissances spirituelles de méchanceté qui sont dans les lieux célestes» (Éph. 6:12 ep 6.10-13). Beaucoup de personnes s'imaginent que le diable et les démons sont actuellement en enfer. Mais la Bible nous montre Satan encore dans le ciel, ou parcourant la terre pour nuire aux hommes (Job 1:6, 7 jb 1.6-12). Sans doute, si nous sommes croyants, l'Ennemi ne peut nous ôter notre salut (Jean 10:28 j 10.27-30). En revanche il s'efforce, en nous faisant la guerre, de nous empêcher de jouir de nos bénédictions célestes; il essaye de nous reprendre le terrain que des victoires précédentes nous ont permis d'occuper. C'est pourquoi le même chapitre 6 des Éphésiens nous exhorte non seulement à combattre et à tout surmonter, mais ensuite à tenir ferme (Éph. 6:13 ep 6.10-13). La Parole nous rappelle aussi dans de tels moments, que nous sommes les bien-aimés du Seigneur. Elle affirme que ni seigneuries, ni puissances, ne pourront nous séparer de l'amour de Dieu. Au contraire, dans toutes ces choses, nous sommes plus que vainqueurs par celui qui nous a aimés (Rom. 8:37-39 rm 8.31-39).

Josué 12:1-24

Le livre de Josué se divise en deux parties de chacune douze chapitres. La première, que nous terminons aujourd'hui, retrace la conquête de Canaan par Israël; la seconde (ch. 13 à 24) décrit principalement le partage du pays entre les tribus. La conclusion de la première partie: «et le pays se reposa de la guerre» (ch. 11 v. 23 js 11.21-23), est suivie au ch. 12 de la longue énumération des rois abattus. Deux l'ont été de l'autre côté du Jourdain: Sihon et Og; 31 ont été vaincus dans le pays même. Il est encourageant de voir Dieu faire lui-même cette récapitulation. C'est la preuve qu'il n'a perdu le souvenir d'aucune victoire que nous avons remportée avec le Seigneur et sait ce que chacune représente d'efforts, de renoncements. Courage donc, soldats de Jésus Christ! Dans nos combats, un souverain Arbitre «marque les points» sans erreur possible: le roi de Hébron, un; le roi de Jarmuth, un; le roi de Lakis, un...

Que le Seigneur nous fasse la grâce d'être, chacun à son poste, de fidèles combattants! Le moment viendra bientôt de déposer les armes pour goûter près de Jésus le repos céleste. Oui, qu'il nous soit permis de dire alors avec l'apôtre: «j'ai combattu le bon combat», et de recevoir la couronne promise «à celui qui vaincra» (2 Tim. 4:7 2tm 4.5-8; Apoc. 2 et 3 ap 2.1-3.22).

Josué 13:1-14

L'Éternel rappelle à Josué qu'il reste un très grand pays dont il faut prendre possession. Les frontières lui avaient été indiquées (ch. 1 v. 4 js 1.1-6). Elles sont faciles à retenir:

  • Au sud: un grand désert;
  • Au nord: une grande montagne, le Liban;
  • À l'est: un grand fleuve, l'Euphrate;
  • Enfin à l'ouest: une grande mer, la Méditerranée.

Le pays à occuper par la foi a également ses frontières qui sont celles du monde tel qu'il se présente pour nous:

  • Aride, sans fruit pour Dieu (le désert);
  • Plein d'orgueil et de vanité (la montagne);
  • Prospère et affairé (le fleuve);
  • Impétueux, sans cesse agité (la mer — Jude 13 jd 1.11-13; És. 57:20 es 57.19-20).

Gardons-nous, chers enfants de Dieu, de franchir ces frontières. Beaucoup l'ont fait par entraînement ou simple curiosité, et la plupart n'en sont jamais revenus. En revanche il reste à l'intérieur des limites «un très grand pays à posséder». Les trésors inépuisables de la Parole, les richesses insondables de Christ attendent que nous nous en emparions, «afin que — selon la prière de l'apôtre — nous soyons capables de comprendre avec tous les saints quelle est la largeur, et la longueur, et la hauteur, et la profondeur... et de connaître l'amour du Christ...» (Éph. 3:18, 19 ep 3.14-19). Chrétiens, voilà les dimensions infinies de notre héritage en Lui!

Josué 13:15-33

Les fils de Ruben, de Gad et la demi tribu de Manassé ont reçu leur part d'héritage avant tous leurs frères. Cette part, nous nous souvenons qu'ils l'ont eux-mêmes choisie, sans attendre que Dieu la leur attribue (Nomb. 32 nb 32.1-5). Importante leçon pour chacun de nous! Que de fois, comme eux, nous n'avons pas su attendre. Nous nous sommes laissés conduire par les circonstances (la région de Basan et de Galaad convenait à l'élevage et ces tribus avaient des troupeaux). Nous avons choisi la solution la plus facile ou bien, par prudence, la première qui se présentait, alors qu'avec un peu de patience nous aurions obtenu une part meilleure: celle que Dieu avait préparée pour nous.

Ces tribus nous apprennent encore une autre leçon: en choisissant les premiers ce qui leur paraissait le meilleur (comme Lot avec Abraham — Gen. 13 gn 13.5-13), les Rubénites et les Gadites montrent leur égoïsme vis-à-vis de leurs frères: Moi d'abord! En effet, ils se sont servis les premiers et leur portion d'héritage, ils la reçoivent avant tous les autres. Mais elle est loin d'être la meilleure comme ils l'avaient pensé. Les premiers deviendront les derniers. Ainsi, le meilleur c'est toujours ce que Dieu nous donne, même s'il nous faut l'attendre un peu.

Josué 14:1-15

L'Éternel avait désigné par leur nom ceux qui auraient la charge de partager le pays entre les tribus (Nomb. 34:16-29 nb 34.16-29). Les fils de Juda s'avancent à présent vers eux pour recevoir leur lot et Caleb prend la parole. Pendant plus de 40 ans, il a attendu ce moment. Sans se plaindre d'une punition qu'il n'a pas mérité personnellement, il a marché dans le désert avec le peuple, soutenu par son espérance. Il s'est appuyé sur les promesses de Dieu et maintenant les rappelle à Josué. «Donne-moi cette montagne dont l'Éternel a parlé» (v. 12). Exemple magnifique de la persévérance de la foi! Mais il y a encore autre chose à admirer chez cet homme: Ma force, dit-il, n'a pas changé. À 85 ans je suis aussi fort qu'à 40. Quel était son secret? És. 40:31 es 40.27-31 le révèle: «Ceux qui s'attendent à l'Éternel renouvelleront leur force... ils marcheront et ne faibliront pas». Par cette force divine, Caleb, un vieillard par l'âge, un jeune homme par la vigueur, va maintenant s'emparer d'Hébron et abattre la force humaine des fameux Anakim, ces géants qui avaient autrefois tant effrayé le peuple. Oui, «bienheureux l'homme dont la force est en toi... Ils marchent de force en force» (Ps. 84:6, 8 ps 84.2-8).

Josué 15:1-19

Après l'attribution du lot de Juda, voici un autre exemple de foi hardie et courageuse. Et c'est de nouveau dans la famille de Caleb que nous la trouvons. Auprès de celui-ci, Othniel son neveu et Acsa sa fille avaient été à bonne école. Jour après jour, pendant les longues années du désert, ils avaient pu l'entendre, appliquant l'instruction de Deut. 6:7 dt 6.4-9, leur parler du bon pays qu'il avait visité, du fruit miraculeux qu'il en avait rapporté. Jour après jour aussi, ils avaient pu le voir, fidèle dans sa marche persévérante, puis dans ses combats pour la pleine possession de ce pays. De telles paroles, un tel exemple, ont porté leurs fruits. Ce pays de Canaan, centre des pensées et des affections de leur père, Othniel et Acsa ont eux-mêmes appris peu à peu à l'aimer. Et, le moment venu, la foi apparaît. Celle d'Othniel s'empare de Kiriath Sepher. Celle d'Acsa réclame une portion supplémentaire de la terre de Canaan. Quelle joie pour Caleb qui avait dit à Josué: «Donne-moi cette montagne» (ch. 14 v. 12 js 14.6-15), d'entendre sa fille lui réclamer: Donne-moi... donne-moi aussi...! (v. 19; comp. Matt. 11:12 mt 11.7-15). Avec une telle préparation et une femme digne de lui, Othniel se qualifiera pour exercer plus tard les fonctions de juge en Israël (Jug. 3:9-11 jg 3.8-12).

Josué 15:20-63; 16:1-10

Le moment tant attendu est arrivé où Israël peut prendre possession de son héritage. Juda est le premier à recevoir son lot, détaillé ville par ville comme pour souligner l'intérêt que l'Éternel attache à chaque parcelle de ce pays qui est le sien. Ayons, nous aussi, une vision toujours plus large du peuple de Dieu, en particulier pour l'embrasser dans nos prières.

Hélas! À la fin de chaque délimitation nous allons trouver une restriction, un mais. La victoire n'est pas complète. Juda ne parvient pas à déposséder les Jébusiens (v. 63). Jusqu'au règne de David, ceux-ci conserveront une place forte à Jérusalem: la forteresse de Sion (2 Sam. 5:6-7 2s 5.6-10). Éphraïm n'est pas davantage capable de déposséder le Cananéen de Guézer (ch. 16 v. 10). Asservis au tribut, ces vaincus ne sont-ils pas bien inoffensifs? Au contraire, comme l'a annoncé Moïse, ils vont constituer des pièges au milieu d'Israël, entraînant celui-ci au mal et à l'idolâtrie. Qu'en est-il de notre cœur, chers enfants de Dieu? Est-ce que nous n'y tolérons pas certains «ennemis» qui ne nous semblent pas dangereux? Nous sommes habitués à leur présence; il nous en coûterait de les juger. Que le Seigneur nous en donne le courage pour que lui soit seul à régner sur notre cœur! (Rom. 6:12... rm 6.3-14).

Josué 17:1-18

Manassé reçoit son lot et aussitôt reparaissent les cinq filles de Tselophkhad avec leur belle ténacité. Se réclamant du commandement de l'Éternel à Moïse (Nombr. 27:6, 7 nb 27.1-11), elles revendiquent l'héritage longtemps attendu. La moitié de leur tribu a opté pour l'autre côté du Jourdain, mais pour elles la question ne se pose pas. C'est en Canaan, au milieu de leurs frères qu'est leur héritage. Et rappelons à cette occasion que si les femmes chrétiennes ne sont pas appelées à certains services publics tels que la prédication, leur part céleste, leur jouissance des bénédictions d'en haut, ne sont nullement inférieures à celles de leurs frères.

D'une manière générale, remarquons avec quel soin l'Éternel trace les limites de chaque tribu. L'une après l'autre, chacune reçoit son lot avec en premier lieu l'indication du contour, puis la liste des villes qui s'y trouvent. Dieu attend des siens, en retour, de l'empressement pour se les approprier. Or voyez Éphraïm! Sa montagne ne lui plaît pas: elle lui demande trop d'efforts; il réclame un autre lot, non par foi mais par paresse. Que de pertes nous faisons, comme cette tribu, par manque d'énergie, notamment dans le domaine qui nous est toujours dévolu: celui de la prière (Jacq. 4:2 fin jq 4.1-10)!

Josué 18:1-28; 19:1-51

Sept tribus n'ont pas encore reçu leur héritage. Josué fait procéder alors à un relevé cadastral du pays et distribue les différents lots par tirage au sort. Naturellement Dieu dirige le sort selon sa volonté. Le hasard n'existe pas et un chrétien ne devrait jamais invoquer la chance ni la malchance.

Dans le Psaume 16, nous entendons quelqu'un (par avance Christ lui-même), qui déclare: «Les cordeaux sont tombés pour moi en des lieux agréables; oui, un bel héritage m'est accordé» (Ps. 16:6 ps 16.5-7). Exerçons-nous à découvrir la beauté et la richesse de tout ce que Dieu nous a donné en Christ. Et soyons reconnaissants (Col. 3:15 cl 3.12-15)! Josué qui appartient à la tribu d'Éphraïm donne l'exemple à ses frères en choisissant son héritage dans la montagne qu'eux avaient dédaignée (ch. 17 v. 16 js 17.14-18). Et cet héritage porte un nom significatif: Thimnath-Sérakh veut dire «portion abondante».

Les longues listes de villes nous rappellent que nous, «chrétiens des nations», étions «privés du droit de cité en Israël». Mais maintenant, «approchés par le sang du Christ», nous sommes devenus «concitoyens des saints» (Éph. 2:12, 13, 19 ep 2.11-22). «Notre citoyenneté est dans les cieux» (Phil. 3:20 ph 3.20-21). Bientôt nous habiterons la cité céleste.

Josué 20:1-9; 21:1-40

De l'autre côté du Jourdain, trois villes de refuge pour le meurtrier ont déjà été établies par Moïse (Deut. 4:41-43 dt 4.41-43). Trois autres le sont à présent dans le pays même, au nord, au centre et au midi. Chacune d'elles est située sur une montagne (ch. 20 v. 7), nous rappelant cette parole du Seigneur Jésus: «Une ville située au sommet d'une montagne ne peut pas être cachée» (Matt. 5:14 mt 5.13-16). Vue de tous et en particulier du malheureux coupable qui courait pour s'y réfugier, la cité de refuge était un rappel constant de la grâce de Dieu. La première de ces villes, Kédesh se trouvait en Galilée, contrée chère à tout enfant de Dieu. C'est là que Jésus de Nazareth a vécu 30 années, là qu'il a servi, guéri, enseigné les disciples et les foules. Sichem en Éphraïm est souvent identifiée avec cette «ville de la Samarie, nommée Sichar, près du champ que Jacob avait donné à son fils Joseph» (et de ce fait incluse dans le lot d'Éphraïm fils de Joseph: ch. 24 v. 32 js 24.29-33). Elle aussi évoque le divin Voyageur, lassé du chemin, qui s'assit un jour auprès de sa source (Jean 4:5... j 4.4-10). Enfin Hébron, citadelle de la mort vaincue, qui devient lieu d'asile, haute retraite.

Le ch. 21 est consacré au lot des Lévites. 48 villes leur sont attribuées, réparties sur le territoire des autres tribus.

Josué 21:41-45; 22:1-6

En contraste avec les Lévites dont l'Éternel était la portion, nous retrouvons les deux tribus et demie qui, elles, sont fermement attachées à leurs biens terrestres. Comblés des trésors pris à l'ennemi, bénis par Josué, il semble que tout aille bien pour ces hommes de Ruben, de Gad et de Manassé. Eh bien non! Ils vont faire une grande perte en repassant le Jourdain jadis traversé de manière si remarquable. L'arche cette fois n'est plus avec eux pour le passage. Elle demeure en Canaan. On dira peut-être: Que devaient-ils faire? Leurs familles se trouvaient de l'autre côté! Le ch. 22 v. 19 js 22.10-20 prouve qu'il était temps encore de les faire venir dans le pays. D'ailleurs le Seigneur Jésus ne dit-il pas: «celui qui aime fils ou fille plus que moi n'est pas digne de moi...»? (Matt. 10:37 mt 10.34-42). Hélas, beaucoup de jeunes chrétiens après avoir bien commencé, bien combattu, se sont éloignés du Seigneur ainsi que du reste du peuple de Dieu. Et souvent, c'est à cause du foyer qu'ils ont fondé selon leur pensée, sans respect des droits de Dieu. Il nous semble entendre la question attristée du Seigneur à ses disciples: «Et vous, voulez-vous aussi vous en aller?» (Jean 6:67 j 6.66-69). Lecteur, s'il vous posait aujourd'hui la même question, répondriez-vous comme son disciple Pierre? (Jean 6:68 j 6.66-69).

Josué 22:7-20

«Partagez le butin avec vos frères», enjoint Josué à ceux qui s'en vont (v. 8). Qu'il s'agisse de vérités bibliques ou d'expériences chrétiennes, le Seigneur nous invite à faire part à d'autres des richesses spirituelles amassées dans le pays de la promesse. De même que ces hommes ont pu raconter à leurs familles la traversée mémorable du Jourdain et les victoires glorieuses de Josué, un enfant de Dieu parlera volontiers des «choses merveilleuses» accomplies pour lui par le Seigneur ou découvertes dans sa Parole (ch. 3 v. 5 js 3.1-6).

Au moment de se séparer, les guerriers de Ruben, Gad et Manassé dressent sur la rive du Jourdain «un autel de grande apparence». Leurs frères des autres tribus s'inquiètent aussitôt, prêts à intervenir. Que signifie cet acte? Un défi à l'Éternel? Une proclamation d'indépendance? Quoi qu'il en soit, voilà une première difficulté qui n'aurait pas été soulevée si ces tribus étaient entrées en Canaan. L'enquête est conduite par Phinées, sacrificateur qui dans une autre heure critique de l'histoire du peuple a fait la preuve de son zèle. Jaloux de la jalousie de l'Éternel (Nomb. 25:11 nb 25.10-15), il joint l'amour pour Dieu à l'amour pour ses frères. Deux sentiments qui sont d'ailleurs inséparables! (1 Jean 4:20, 21 1j 4.17-21).

Josué 22:21-34

Les fils de Ruben, de Gad et de Manassé s'expliquent sur leurs intentions, et leur sincérité est reconnue par leurs frères. Mais à quoi bon cet autel imposant? N'y avait-il pas déjà près du Jourdain un monument autrement représentatif: le monceau de douze pierres, symbole de l'unité du peuple dans sa position céleste (ch. 4 js 4.1-9)? Mais précisément les deux tribus et demie ont perdu (comme tant de chrétiens) la pleine jouissance de leurs privilèges. Dans la chrétienté ont été édifiés beaucoup «d'autels» qui ont grande apparence. Échafaudés par l'imagination des hommes, au lieu de témoigner de l'unité de l'Église, ils proclament plutôt son morcellement. Et la légitime indignation des neuf tribus et demie nous montre combien nous avons à prendre au sérieux la division du peuple de Dieu. Ériger et mettre en avant de grands principes, même s'ils sont conformes à l'Écriture, ne saurait remplacer la réalité de la jouissance du «pays». Le croyant qui a fait l'expérience de celle-ci n'est pas toujours en mesure de donner aux autres beaucoup d'explications. Mais il peut les inviter: «Venez et voyez» (Jean 1:39, 40, 47 j 1.37-47). «... si vous avez fait l'expérience que le Seigneur est bon — dit l'apôtre Pierre — duquel vous approchant... vous êtes édifiés une maison spirituelle...» (lire 1 Pier. 2:3-5 1p 2.1-5).

Josué 23:1-11

À son tour Josué termine sa carrière. «Fortifiez-vous beaucoup pour garder et pour mettre en pratique tout ce qui est écrit...», dit-il aux chefs du peuple (v. 6). C'était la parole que l'Éternel lui avait dite au commencement (ch. 1 v. 7 js 1.5-9), ce que Moïse avait maintes fois répété. Et c'est encore aujourd'hui l'enseignement qui nous convient. Bien des personnes trouvent l'Évangile vieilli, démodé. Elles ont «des oreilles qui leur démangent» pour entendre des nouveautés (2 Tim. 4:3 2tm 4.1-8). Remercions le Seigneur de nous avoir donné des serviteurs qui ne se lassent pas de répéter les mêmes vérités et les mêmes exhortations. «Vous écrire les mêmes choses n'est pas pénible pour moi — affirme Paul aux Philippiens — et c'est votre sûreté» (Phil. 3:1 ph 3.1-3). Ne nous lassons donc pas, nous, de les écouter!

Faire mention des dieux des nations est un premier pas qui amène à jurer par eux, puis à les servir, enfin à se prosterner devant eux (v. 7). C'est pourquoi, l'épître aux Éphésiens nous enjoint de ne pas même nommer les choses impures, folles et malséantes du monde «comme il convient à des saints» (ch. 5 v. 3, 4 ep 5.1-5). Peut-être ne prenons-nous pas toujours assez soin de notre langage. Que ce dernier nous fasse reconnaître comme disciples de Jésus! (Matt. 26:73 en contraste avec v. 74 mt 26.69-75).

Josué 23:12-16; 24:1-5

Par la bouche de Josué, l'Éternel prévient les chefs du peuple des conséquences désastreuses d'un retour en arrière (v. 12). Plusieurs images suggèrent au v. 13 les dangers qui menacent inévitablement ceux qui mondanisent. Le filet commence par faire tomber; le piège attrape et retient; le fouet est l'emblème de la servitude. Enfin les épines dans les yeux, c'est l'aveuglement cruel. Ainsi Samson, pris au piège, perdra successivement avec son naziréat, ses forces, sa liberté, sa vue et sa vie.

Au ch. 24 Josué convoque tout Israël et commence par rappeler les grands moments de son histoire. Il est pour cela nécessaire qu'il remonte à un lointain passé, non seulement par une référence flatteuse à Abraham dont Israël se réclamait volontiers (Jean 8:33, 39 j 8.31-40), mais jusqu'au père de celui-ci, Térakh qui avait servi des idoles. Josué veut leur dire par là: l'idolâtrie n'est pas seulement le propre des populations arriérées qui vous entourent: elle est dans votre nature. Vous n'êtes pas meilleurs que les autres. Encore une fois, laissons parler l'épître aux Éphésiens: «Vous étiez morts dans vos fautes et dans vos péchés, dans lesquels vous avez marché autrefois, selon le cours de ce monde... et nous étions par nature des enfants de colère, comme aussi les autres». (Éph. 2:1-3 ep 2.1-10).

Josué 24:6-15

Si nous nous sommes reconnus parmi ces misérables trouvés «au-delà du Fleuve», servant les idoles de ce monde, relisons et admirons maintenant ce qu'a fait pour les siens le Dieu «qui est riche en miséricorde» (Éph. 2:4... ep 2.4-10). Car nous sonderons les profondeurs de la grâce de Dieu dans la mesure où nous comprendrons à quel point nous en avions besoin. Les adieux de Josué au peuple nous font penser à ceux de Paul aux anciens de l'assemblée d'Éphèse (Act. 20:17... ac 20.17-36). Le fidèle apôtre rappelle lui aussi la grâce et la puissance de Dieu qui donne un héritage à tous les sanctifiés (Act. 20:32 ac 20.17-36). Il souligne la responsabilité qui s'ensuit et exhorte à prendre garde, à veiller... (Act. 20. 28, 31 ac 20.17-36). Et il peut invoquer son propre exemple: il a servi le Seigneur (Act. 20. 19ac 20.17-36 ) et il n'a d'autre désir que d'achever ce service reçu de lui (Act. 20:24 ac 20.17-36). C'est aussi la conclusion de Josué. Son ministère paraît terminé. «Moi et ma maison, nous servirons l'Éternel» , déclare-t-il pourtant dans une inébranlable décision de cœur. Ce «moi et ma maison nous servirons» ne répond-il pas d'une manière toute naturelle au «tu seras sauvé toi et ta maison» d'Actes 16 v. 31 ac 16.25-34? Le croyant et les siens sont sauvés pour servir. Imitons Stéphanas et sa famille qui s'étaient consacrés au service des saints (1 Cor. 16:15 1cr 16.15-18).

Josué 24:16-33

À l'exhortation de Josué, à l'exemple qu'il donne personnellement, Israël répond par une prompte profession de foi. Il s'engage à servir l'Éternel. Mais les bonnes intentions ne suffisent pas. Et le v. 16 montre leur aveuglement, car les dieux étrangers sont toujours là, (v. 23) en sorte que Josué est obligé de leur dire tant qu'il en est ainsi: «vous ne pourrez pas servir l'Éternel» (v. 19). «Aucun serviteur ne peut servir deux maîtres», confirme le Seigneur (Luc 16:13 lc 16.9-13).

Les bonnes dispositions d'Israël dureront tant qu'il aura de pieux conducteurs: Josué, Eléazar, Phinées... (comp. 2 Chron. 24:2 2ch 24.1-4). C'est l'occasion de nous interroger une fois encore: Sommes-nous attachés à Christ par une foi vivante et personnelle? Ou bien nous sommes-nous contentés jusqu'ici de suivre par entraînement et imitation ceux qui nous ont enseignés? Dans ce cas, que ferons-nous quand ils nous auront quittés?

Josué termine sa course. Fidèle conducteur, il a marché dans le désert la marche de la foi. Il a combattu ensuite le combat de la foi. Nous avons reconnu en lui quelques traits du grand Conducteur, du Vainqueur du monde, du Chef de la foi, de celui qui l'accomplit pleinement. Demandons à Dieu qu'il nous apprenne, dans la marche comme dans le combat, à fixer les yeux sur Jésus (Héb. 12:2 hb 12.1-3).