Job

Job 30:1-31

Monologue de Job (4e partie)
Job parle de sa misère actuelle

30 « Et maintenant, ceux qui sont plus jeunes que moi se moquent de moi, ceux dont je n'aurais pas daigné mettre les pères avec les chiens de mon troupeau.

2 À quoi donc m'aurait servi la force de leurs mains ? La vigueur a péri avec eux.

3 Desséchés par la privation et la faim, ils rongent les lieux arides, depuis longtemps dévastés et déserts.

4 Ils cueillent le pourpier de mer parmi les buissons et ont pour pain la racine des genêts.

5 Ils sont chassés du milieu [des hommes] — on crie après eux comme après un voleur —

6 pour habiter dans d'affreux ravins, dans les trous de la terre et des rochers1.
1 ou : et dans les rochers.

7 Ils hurlent parmi les buissons, ils se rassemblent sous les ronces.

8 Fils d'insensés et fils de gens sans nom, ils sont chassés du pays.

9 « Et maintenant, je suis l'objet de leur chanson et je suis le sujet de leurs propos.

10 Ils m'ont en horreur, ils se tiennent loin de moi et ne se retiennent pas de me cracher au visage.

11 Car Dieu1 a délié ma corde et m'a affligé. Ils ont rejeté [tout] frein devant moi.
1 littéralement : il.

12 À ma droite se lève une jeune génération. Ils poussent mes pieds et préparent contre moi des chemins de malheur.

13 Ils détruisent mon sentier, ils contribuent à ma ruine, eux à qui personne ne viendrait en aide.

14 Ils arrivent comme par une large brèche, ils se précipitent1 au milieu des décombres.
1 littéralement : se roulent.

15 Des terreurs m'assaillent, elles poursuivent ma gloire comme le vent et mon salut est passé comme un nuage.

16 « Et maintenant, mon âme se répand en moi, les jours d'affliction m'ont saisi.

17 La nuit me transperce les os [et les détache] de dessus moi, et les douleurs1 qui me rongent ne dorment pas.
1 littéralement : ceux ; c.-à-d. : les maux.

18 Par leur grande force, elles deviennent mon vêtement ; elles me serrent comme le col de ma tunique.

19 Dieu1 m'a jeté dans la boue et je suis devenu comme de la poussière et de la cendre.
1 littéralement : il.

20 « Je t’appelle au secours, mais tu ne me réponds pas ; je me tiens là et tu me regardes !

21 Tu t'es changé pour moi en [ennemi] cruel ; tu me poursuis avec la force de ta main.

22 Tu m'emportes sur le vent [que] tu me fais chevaucher et tu me fais fondre dans la tempête.

23 Car je sais que tu me ramènes à la mort et à la maison du rassemblement de tous les vivants.

24 « Toutefois, dans sa ruine, n'étend-il pas la main et, dans son malheur, ne crie-t-il pas au secours ?

25 N'ai-je pas pleuré pour celui dont les jours étaient durs et mon âme n'a-t-elle pas été attristée pour le pauvre ?

26 Car j'attendais le bien, mais le malheur est arrivé ; je comptais sur la lumière, mais l'obscurité est venue.

27 Mes entrailles bouillonnent et n'ont pas de repos ; des jours d'affliction sont venus sur moi.

28 Je marche tout noirci, mais non par le soleil ; je me lève dans l'assemblée, je crie au secours.

29 Je suis devenu le frère des chacals et le compagnon des autruches.

30 Ma peau devient noire [et se détache] de dessus moi, et mes os sont brûlés par la sécheresse.

31 Et ma harpe est devenue un [instrument de] deuil et mon chalumeau1 [accompagne] la voix de ceux qui pleurent.
1 chalumeau : petit instrument de musique, ancêtre de la clarinette.

Quel contraste entre ce chapitre et le précédent! Comblé d'honneurs, jouissant d'une popularité flatteuse, Job s'est trouvé du jour au lendemain, objet de mépris et de moquerie. Le monde est hypocrite et traître. Les croyants qui ont cru pouvoir lui accorder un moment leur confiance ont fait tôt ou tard cette pénible découverte. Le cœur humain trouve du plaisir dans le malheur des autres. Ne s'est-il pas réjoui avec malice de l'abaissement de Jésus? (comp. v. 9 et Ps. 69:13 ps 69.9-13).

Les bénédictions terrestres de Job avaient ainsi pu se flétrir. Celles du chrétien en revanche sont des «bénédictions spirituelles dans les lieux célestes en Christ» (Éph. 1:3 ep 1.3-14). Ni Satan, ni le monde, ni la mort même, ne pourront jamais les lui enlever... Job qui estimait que sa piété lui donnait droit à la prospérité, va maintenant jusqu'à se plaindre de Dieu. Sommes-nous sûrs que cela ne nous arrive jamais? Et avec encore bien moins de raison apparente!

«JJe t’appelle au secours, mais tu ne me réponds pas» (v. 20). Ce sont les paroles du Ps.22:3 ps 22.1-3. Mais quel contraste entre l'amertume de Job, qui prête à Dieu des sentiments d'animosité et de cruauté (v. 21), et la parfaite soumission du Seigneur Jésus qui n'abandonne à aucun moment sa confiance en son Dieu.