Zacharie

Chapitre 14

En commençant ce chapitre, il est utile de répéter que les événements des chap. 12 à 14 ont lieu dans le dernier jour, et non dans la dernière demi-semaine de Daniel, temps de l’Antichrist et de la Bête romaine; un ou deux des faits qui nous sont rapportés remontent, tout au plus, aux derniers jours de cette période. Cette remarque sert à éclaircir une des questions les plus difficiles de la prophétie, celle des deux sièges de Jérusalem, au commencement de notre chapitre1. Quand auront lieu ces deux sièges? Quel intervalle de temps les sépare? Zacharie, dont l’habitude est de présenter des faits, séparés par un long intervalle, comme formant un seul événement continu, ne nous renseigne pas à ce sujet. D’autres prophètes établissent clairement la différence. Une certaine confusion entre le dernier jour et la dernière demi-semaine de Daniel, m’avait fait supposer que le premier siège aurait lieu vers le commencement de la demi-semaine. J’ai dû abandonner cette pensée. Le chapitre 8 de Daniel, bien que mentionnant les jours, au point de vue de la prophétie accomplie par l’histoire d’Antiochus Épiphane (v. 8-14), me semble indiquer qu’entre la fin de la demi-semaine de Daniel et la destruction du roi du Nord ou de l’Assyrien, les événements du dernier jour trouveront largement leur place. Ce sera le temps qui séparera le premier du second siège de Jérusalem. Je recommande du reste ce sujet à l’étude attentive de ceux qui s’occupent des détails de la prophétie 1.

1 Voir: «L’histoire prophétique des derniers jours et les Cantiques des degrés», par H. R.

«Voici, un jour vient pour l’Éternel, et tes dépouilles seront partagées au milieu de toi. Et j’assemblerai toutes les nations contre Jérusalem, pour le combat; et la ville sera prise, et les maisons seront pillées, et les femmes violées, et la moitié de la ville s’en ira en captivité; et le reste du peuple ne sera pas retranché de la ville (v. 1-2).

Ce passage a trait au premier siège de Jérusalem. Au «dernier jour» après le jugement de l’Antichrist et de la Bête romaine, Jérusalem sera attaquée par les nations environnantes. Cette attaque aura lieu, si ce n’est sous la direction personnelle de l’Assyrien, au moins sous son patronage. Jérusalem sera prise, mise à sac; la moitié des habitants de la ville sera emmenée en captivité; mais le reste du peuple ne sera pas retranché. Parmi ceux qui seront épargnés se trouve le faible Résidu, dont une partie, les «deux témoins» de l’Apocalypse a déjà subi le martyre. C’est la dernière épreuve qui atteint la ville malheureuse et coupable.

Plus tard, le roi du Nord ou l’Assyrien revient d’Égypte avec son immense armée, entoure la ville bien-aimée et c’est alors qu’ont lieu les événements mentionnés au v. 3 de notre chapitre: «Et l’Éternel sortira et combattra contre ces nations comme au jour où il a combattu au jour de la bataille.» C’est ici une allusion à ce qui s’était passé lorsque le Seigneur, sorti du ciel avec toutes ses armées, avait anéanti celles de la Bête et du faux prophète. Mais maintenant, un nouvel événement a lieu: «Et ses pieds se tiendront, en ce jour-là, sur la montagne des Oliviers qui est en face de Jérusalem, vers l’orient.» Alors se réalisera ce que les anges annonçaient aux disciples, témoins de l’ascension du Seigneur sur la montagne des Oliviers. «Ce Jésus qui a été élevé d’avec vous dans le ciel, viendra de la même manière que vous l’avez vu s’en allant au ciel.» (Actes 1:11-12.) Au moment même où Jérusalem, humiliée, parle depuis la terre et où sa parole s’élève de la poussière comme un murmure (És. 29:3-4), l’heure de sa délivrance a sonné: le Seigneur apparaît aux siens, la montagne des Oliviers se fend «par le milieu, vers le levant et vers l’occident, une fort grande vallée.» Un grand tremblement de terre accompagne cette apparition de l’Éternel des armées (És. 29:6). La population s’enfuit comme aux jours d’Osias (Amos 1:1), à travers la vallée produite par ce phénomène extraordinaire. Je ne pense pas que cette fuite soit celle du Résidu de Jérusalem; j’y vois au contraire, celle du reste de la population apostate. Le mot «vous» la désigne, comme on le voit aussi en Malachie 3:5-7. Elle fuit pour rencontrer un jugement plus terrible encore de la part du Seigneur. Au milieu de Jérusalem affligée et humiliée, resteront «les pauvres du troupeau», le Résidu, qui verra dans la personne du Sauveur l’homme, jadis ressuscité d’entre les morts pour aller s’asseoir à la droite de la Majesté dans les cieux.

Après avoir décrit cet événement, le prophète ajoute: «Et l’Éternel, mon Dieu, viendra, et tous les saints avec toi» (v. 5). Tout ce que ce chapitre nous révèle est comme le prélude de ce grand fait: l’Éternel, le Dieu des prophètes, viendra. La Parole nous présente la venue du Seigneur sous plusieurs faces. Après sa première venue comme homme ici-bas, nous avons sa venue du ciel comme Étoile du matin pour recevoir les siens auprès de Lui. Ensuite sa venue, quand il sortira du ciel avec ses armées pour frapper les nations avec la Bête et le faux prophète. Puis sa venue quand il sera vu des siens sur la montagne des Oliviers et les délivrera de l’Assyrien. Enfin, dans notre passage, sa venue en gloire avec tous les saints pour établir le royaume et poser les bases de son gouvernement. Ce sera le moment où il s’assiéra sur le trône de sa gloire, et où toutes les nations seront assemblées devant lui pour être récompensées ou jugées selon sa justice rétributive (Matt. 25:31-46.).

Ce passage nous montre que le royaume s’établit à la suite de la délivrance de Jérusalem, non pas au même moment sans doute, mais, lorsque la gloire du Seigneur apparaît sur la montagne des Oliviers, tout obstacle à Son règne a disparu. Nous avons déjà fait remarquer que Zacharie rattache toutes les bénédictions futures au sort de Jérusalem qui forme avec Juda le point central d’où le prophète contemple les événements à venir. Sa vision prophétique correspond à ce qui nous est dit au Ps. 132:13-18: «L’Éternel a choisi Sion; il l’a désirée pour être son habitation: C’est ici mon repos à perpétuité; ici j’habiterai, car je l’ai désirée. Je bénirai abondamment ses vivres, je rassasierai de pain ses pauvres; et je revêtirai de salut ses sacrificateurs, et ses saints exulteront en chantant de joie. Là je ferai germer la corne de David. J’ai préparé une lampe à mon Oint. Je revêtirai de honte ses ennemis; et sur lui fleurira sa couronne.»

La partie céleste du royaume est aussi comprise dans cette parole: «Tous les saints avec toi». C’est le commencement de toute son œuvre.

 

Arrivés à ce point, il importe que nous jetions de nouveau un regard en arrière et que nous résumions ce que Zacharie nous enseigne au sujet de la personne du Seigneur sous ses aspects divers.

Dans le premier chapitre, il est l’Ange de l’Éternel qui dirige, sous une forme encore mystérieuse, tous les événements des royaumes du monde pour les faire concourir à l’établissement de son royaume et à la gloire de son peuple avec Jérusalem pour centre.

Dans le troisième chapitre, il est le vrai souverain Sacrificateur, entouré de ceux dont il a fait ses compagnons. Il est en même temps le fondement de toutes les pensées de Dieu, celui sur lequel s’élèvera le temple futur bâti par l’Éternel.

Au quatrième chapitre, il est le vrai Roi, le Seigneur de toute la terre, et la pierre du faîte, sortant avec acclamations, sur laquelle la faveur de Dieu est inscrite à toujours.

Au chapitre sixième, la sacrificature et la royauté sont réunies dans sa personne et, comme tel, il est couronné et assis sur son trône.

Au chapitre neuvième, il apporte à Jérusalem le salut comme Roi de justice et Roi de paix.

Au chapitre onzième, il est présenté à Israël comme son Berger, rejeté et vendu pour trente pièces d’argent, mais reconnu par les pauvres du troupeau.

Au chapitre douzième, il est vu comme le Messie par ceux qui l’ont percé.

Au chapitre treizième, toute sa carrière depuis son entrée dans le monde jusqu’à la croix nous est retracée. C’est en vertu de son sacrifice qu’Il pourra dire à Lo-Ammi: «C’est ici mon peuple», et que son peuple pourra dire: «C’est ici mon Dieu».

Enfin, au chapitre quatorzième, il apparaît en personne pour délivrer Jérusalem et vient régner comme l’Éternel, le Dieu d’Israël, environné de tous ses saints.

Ce tableau n’est-il pas merveilleux et digne d’admiration? Lui est le centre éternel de toute bénédiction! Et cependant ce ne sont pas là tous les caractères de Christ. Lisez le premier chapitre de l’évangile de Jean, vous y verrez ses gloires, se multipliant à l’infini. Et ce chapitre lui-même, dans son incomparable richesse, ne les contient pas toutes. Lisez l’épître aux Éphésiens et vous l’y trouverez comme le centre des conseils de Dieu, la Tête glorifiée dans le ciel, ayant pour corps son Église sur la terre, unie à son Chef par le Saint Esprit. Et vous l’y trouverez encore comme l’Époux qui a aimé son Épouse et se la présentera sainte et sans défaut dans la gloire.

Prosternons-nous devant Lui! Chantons le cantique nouveau: «Tu es digne!» Oui, «digne est l’Agneau qui a été immolé de recevoir la puissance, et richesse, et sagesse, et force, et honneur, et gloire, et bénédiction!»

 

Le jour de la manifestation du Seigneur, pour délivrer son peuple et sa ville bien-aimée en fendant la montagne des Oliviers, est accompagné d’autres phénomènes miraculeux. «Et il arrivera, en ce jour-là, qu’il n’y aura pas de lumière, les luminaires seront obscurcis; mais ce sera un jour connu de l’Éternel, pas jour et pas nuit; et au temps du soir il y aura de la lumière» (v. 6-7). Ce jour rappelle la journée de la croix, où il y eut des ténèbres sur tout le pays; mais ici, la lumière brillera au temps du soir, à l’heure où une profonde obscurité règne d’habitude sur la terre. «Le temps du soir» est celui où l’épouvante s’étendra sur la multitude des peuples, parce que l’Éternel les reprendra, et avant le matin elles ne seront plus. (Voyez És. 17:12-14.) C’est à ce moment-là, que le jour se lèvera pour la ville bien-aimée.

«Et il arrivera, en ce jour-là, que des eaux vives sortiront de Jérusalem, la moitié vers la mer orientale, et la moitié vers la mer d’occident; cela aura lieu été et hiver» (v. 8). Voici un nouveau phénomène d’ordre à la fois symbolique et terrestre. Mais c’est surtout à ce dernier point de vue que notre chapitre semble envisager les changements géographiques qui, ayant lieu à la suite de l’apparition du Seigneur, accompagneront l’établissement de son règne, et en rehausseront la splendeur.

Ici, les eaux vives sortent de Jérusalem, sujet particulier de la prophétie de Zacharie. Au chap. 47 d’Ézéchiel, elles sortent de dessous le seuil de la maison, du sanctuaire, et se déversent à l’orient dans la mer Salée ou mer Morte qu’elles vivifient. Ézéchiel ne mentionne pas le lieu où débouche le second bras de la «double rivière» (v. 9). Mais Zacharie nous renseigne sur sa direction. Elle passe à travers Jérusalem (car nous savons, d’après Ézéchiel, que le temple sera séparé de la ville elle-même); la moitié sort vers la mer Orientale (la mer Morte) comme en Ézéchiel, l’autre moitié vers la mer d’Occident, la Méditerranée. À Jérusalem même, les ruisseaux de ce fleuve réjouiront «la ville de Dieu, le saint lieu des demeures du Très-Haut» (Ps. 46:5).

Au point de vue symbolique, ces eaux représentent l’Esprit de Dieu, comme puissance de vie, faisant tout fructifier sur son passage (Jean 7:38, 39; 4:14). C’est dans ce sens que l’Apocalypse nous montre le fleuve d’eau vive sortant du trône de Dieu et de l’Agneau, dans la nouvelle Jérusalem, et apportant à tous les bénédictions vivifiantes et divines. Dans Zacharie, où l’allusion symbolique n’est pas non plus négligée, nous voyons la vie succéder à la lumière qui a paru au temps du soir.

«Et l’Éternel sera roi sur toute la terre. En ce jour-là, il y aura un Éternel, et son nom sera un.» «En ce jour-là», — car ce n’est pas autant de la suite des événements que le prophète nous entretient, que des divers aspects du dernier jour — l’Éternel, le Dieu d’Israël, le Christ, sera Roi, mais ce Roi est celui qui est appelé «mon Dieu» au v. 5. Il sera Roi, non seulement sur son peuple, mais sur toute la terre. Les nations reconnaîtront le Dieu d’Israël comme «le seul Dieu». Dieu est un, selon la révélation juive (Deut. 6:4; Marc 12:29, 32), un aussi selon la révélation chrétienne (1 Tim. 2:5). Mais la religion future et universelle se rattachera à l’unité du Dieu d’Israël, manifesté, comme tel, dans la personne de Christ.

«Tout le pays, de Guéba à Rimmon qui est au midi de Jérusalem, sera changé pour être comme l’Araba, et Jérusalem sera élevée et demeurera en son lieu, depuis la porte de Benjamin jusqu’à l’endroit de la première porte, jusqu’à la porte du coin, et depuis la tour de Hananeël jusqu’aux pressoirs du roi» (v. 10). Nous trouvons ici un quatrième phénomène; il clôt la série des événements miraculeux ayant pour sphère le territoire d’Israël. Chacun sait qu’une profonde dépression de terrain, dans laquelle coule le Jourdain, s’étend du lac de Génésareth à la mer Morte. Cette dépression est la plus remarquable que l’on connaisse sur toute la surface du globe. Le lac de Génésareth, que le Jourdain traverse d’abord, est enfoncé de 208 mètres, et la mer Salée (ou mer Morte), de 394 mètres au-dessous du niveau de la Méditerranée. Primitivement cette vallée était souvent appelée Araba, comme en témoignent les passages suivants: Deut. 1:7; 3:17; 4:49 Jos. 3:16; 8:14; 11:2; 12:1, 3, 8; 18:18; 2 Sam. 2:29; 4:7; 2 Rois 14:25; 25:4; Jér. 52:7; Amos 6:14. Dans une foule d’autres passages, le mot Araba peut être traduit par «plaine». De nos jours, la partie de cette vallée qui s’étend de la mer Morte à la langue orientale de la mer Rouge (nommée Akaba) a gardé le nom d’Araba, mais elle n’a pas de rapport avec le passage de Zacharie que nous venons de citer. Guéba est une ville de Benjamin au nord de Jérusalem, elle joindrait par une ligne horizontale le Jourdain aux environs de Jéricho; Rimmon est une ville de la tribu de Siméon qui joindrait, de la même manière, la mer Morte vers les deux tiers de son étendue du côté du sud.

Ces divers points établis, il semble que tout le pays compris entre Guéba et Rimmon sera changé et amené au niveau de l’Araba, c’est-à-dire de la vallée du Jourdain. La conséquence de ce phénomène extraordinaire sera que Jérusalem, «demeurant en son lieu», sera élevée à tous les regards au milieu de la terre d’Israël. Elle dominera tout le pays et sera vue de loin, cette cité du grand Roi. Toutes les tribus, toutes les nations, accourront à la montagne de la maison de l’Éternel pour adorer. «Et il arrivera, à la fin des jours, que la montagne de la maison de l’Éternel sera établie sur le sommet des montagnes, et sera élevée au-dessus des collines; et les peuples y afflueront; et beaucoup de nations iront, et diront: Venez, et montons à la montagne de l’Éternel, et à la maison du Dieu de Jacob» (Michée 4:1-2).

«On y habitera, et il n’y aura plus d’anathème; et Jérusalem habitera en sécurité» (v. 11). Après tant de malédictions et de menaces de la part de Dieu, après tant de revers, de sièges et de pillages, la cité sainte sera tranquille, un asile paisible et sûr pour ses habitants. C’est à ce moment que ceux-ci, délivrés à tout jamais de l’Assyrien, verront de leurs yeux le Roi dans sa beauté, et qu’il sera dit: «Regarde Sion, la cité de nos assemblées solennelles! Tes yeux verront Jérusalem, une demeure tranquille, une tente qui ne sera pas transportée» (És. 33:16-20).

 

Les v. 12 à 20 nous parlent des plaies qui atteindront les nations, soit avant, soit après l’établissement du règne millénaire de Christ. Il est bon de se souvenir que les trois derniers chapitres du prophète traitent du dernier jour comme d’un ensemble et qu’il ne faut pas y chercher une succession chronologique des faits prophétiques. Dans les v. 12 à 15, Zacharie revient en arrière pour décrire la plaie qui frappera les nations assemblées contre Jérusalem, alors que Juda prendra part au combat, comme nous l’avons vu précédemment. Outre le jugement guerrier, dont le Résidu de Juda sera en partie l’instrument, l’Éternel frappera de plaie tous les peuples qui auront fait la guerre contre Jérusalem. Leur chair se fondra, leurs yeux se fondront dans leurs orbites, leur langue dans leur bouche. De plus, ils s’élèveront l’un contre l’autre, pour s’entre-détruire. C’est aussi ce qu’on trouve en Ézéchiel au sujet de la destruction de Gog, le roi du Nord (Ézéch. 38:21-22). Même les bêtes seront frappées et leur plaie sera pareille à celle de l’homme. Ce dernier avait oublié Dieu, sans lien moral avec Lui; il sera assimilé, dans le jugement, à la bête brute, au niveau de laquelle il s’était ravalé.

Mais il y aura un résidu d’entre les nations qui étaient venues contre Jérusalem, comme il y aura un Résidu de Jérusalem, de Juda et d’Israël. Celles qui auront été épargnées monteront d’année en année à Jérusalem et au temple, pour se prosterner devant l’Éternel et célébrer la fête des Tabernacles, cette fête qui suit la moisson et la vendange. Elle représentait pour Israël la joie d’un repos paisible sous des tabernacles de feuillage, en souvenir de l’habitation sous des tentes au désert (Deut. 23:43). Ce souvenir n’était accompagné d’aucun regret, d’aucune amertume pour le peuple, car il était dit: «L’Éternel, ton Dieu, le bénira dans toute ta récolte et dans tout l’ouvrage de tes mains; et tu ne seras que joyeux» (Deut. 16:15). Maintenant les temps de jugement et d’humiliation sont passés. Le grand jour des expiations où Israël affligeait son âme (Lév. 16:29, 31) a eu lieu pour les fidèles lors de la «grande lamentation de Jérusalem» (12:11). Ils ont alors regardé vers Celui qu’ils avaient percé et qui, une fois pour toutes, avait fait propitiation pour leurs péchés. Jamais, dès lors, ce jour ne pourra se renouveler pour le peuple de Dieu, ni celui de la Pentecôte, car Israël aura reçu définitivement l’effusion du Saint Esprit, la pluie de la dernière saison. La fête des Tabernacles subsistera seule avec la Pâque, mémorial de l’expiation et de la délivrance accomplie (Ézéchiel 45:21, 25).

Les nations, comme nous l’avons dit, auront part à la fête des Tabernacles, mais, si une immense multitude d’entre elles sera sauvée (Apoc. 7:9-12), elles ne le seront pas comme nations. Il faudra qu’elles se soumettent au sceptre de fer du Messie, sinon elles seront brisées (Ps. 2:9). Nous voyons ici, que celles qui ne monteront pas à Jérusalem, à la fête des Tabernacles, pour se prosterner devant le Roi, seront frappées d’une plaie. La pluie qui fertilise leur territoire leur sera refusée, fait littéral, comme tous ceux que contient ce chapitre, mais image aussi des bénédictions spirituelles dont se privent ceux qui n’obéissent pas au Seigneur. Telle sera la peine de leur péché, plaie bien différente, du reste, de celle qui avait atteint les nations révoltées contre Dieu et contre son Oint.

En ce jour-là, ajoute le prophète (v. 20-21), tout, à Jérusalem (car c’est toujours Jérusalem qui est en vue), sera sanctifié et consacré à l’Éternel, de telle sorte que, pour cuire les sacrifices, toute chaudière à Jérusalem et en Juda pourra servir aussi bien que les chaudières de la maison de l’Éternel.

«Et il n’y aura plus de Cananéen dans la maison de l’Éternel des armées, en ce jour-là» (v. 21), selon ce que dit aussi le prophète Ézéchiel: «C’en est assez de toutes vos abominations, maison d’Israël, que vous ayez amené les fils de l’étranger, incirconcis de cœur et incirconcis de chair, pour qu’ils fussent dans mon sanctuaire — ma maison — pour le profaner, quand vous avez présenté mon pain, la graisse et le sang; et ils ont rompu mon alliance par toutes vos abominations! Et vous n’avez pas vaqué au service de mes choses saintes, mais vous avez établi pour vous des étrangers pour vaquer à mon service dans mon sanctuaire» (Ézéch. 44:6-8).

Appliquons-nous ces paroles. N’est-ce pas aussi le crime de la chrétienté professante au sujet du culte de notre Dieu? Des incirconcis de cœur n’ont-ils pas une part au service des choses saintes? Quelle humiliation pour le peuple de Dieu, que le mélange de ce qui est pur avec ce qui est impur, que l’introduction de l’incirconcis et du Cananéen dans la maison de Dieu! Quel déshonneur pour Celui dont il est dit: «La sainteté sied à ta maison, ô Éternel», car «Il est saint; l’Éternel, notre Dieu, est saint!» (Ps. 93:5; 99:3, 5, 9).

Souvenons-nous constamment du caractère de notre Dieu. Comme Celui qui nous a appelés est saint, nous aussi soyons saints dans toute notre conduite, et si, par les humiliantes expériences du temps présent, quant à l’Église et quant à nous-mêmes, nous sommes obligés de constater combien nous avons déshonoré le Seigneur, portons nos regards en avant, vers cette scène future où tout sera consacré à l’Éternel et où Il trouvera Lui-même son repos dans tout ce qui sera conforme à sa sainteté et à son amour!